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Citations les plus appréciées
Hannah Arendt
Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien (...). Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez alors faire ce que vous voulez.



If everybody always lies to you, the consequence is not that you believe the lies, but rather that nobody believes anything any longer (...). And a people that no longer can believe anything cannot make up its mind. It is deprived not only of its capacity to act but also of its capacity to think and to judge. And with such a people you can then do what you please.



Citation extraite d'un entretien de 1974, avec l'écrivain français Roger Errera (03 décembre 1933 -12 août 2014), sur la question du totalitarisme,
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Dina aussi entre dégoût et jubilation. Avoir les pleins pouvoirs sur un homme tel que lui ne peut laisser indifférente. Il est toujours étrange de découvrir l'homme derrière le monstre. L'enfant qu'il a été il y a longtemps. Y a-t-il eu de l'innocence, un jour, dans ce regard ? Un petit garçon qui s'écorche le genou en faisant du vélo et réclame un câlin à sa maman...
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Mais pourquoi "Emmaüs" ?

Rappelle-toi l'histoire qui est dans l'Evangile: deux compagnons marchent vers le village d'Emmaüs. Ils sont désespérés par la mort de Jésus. Mais un inconnu les rejoint et parle avec eux...

...Quand il partage le pain avec eux dans une auberge, les compagnons reconnaissent Jésus ressuscité, et repartent pleins de courage et de foi.

J'aimerais que cette maison soit comme l'auberge d'Emmaüs : un endroit où ceux qui viennent fatigués ou désespérés retrouvent espoir et forces ...



-p.16-
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Et tout ce que j'ai connu dans la vie, heurs et malheurs, m'a extraordinairement enrichi et servi chaque fois que je me suis mis à écrire. Je ne trempe pas ma plume dans un encrier, mais dans la vie. Écrire, ce n'est pas vivre. C'est peut-être se survivre. Mais rien n'est moins garanti. En tout cas, dans la vie courante et neuf fois sur dix, écrire... c'est peut-être abdiquer.
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Je professe les opinions les plus opposées, les croyances les plus diverses. C'est que jamais je ne pense, ne parle ou n'agis. Ce qui pense, parle ou agit pour moi, c'est toujours un de mes rêves, dans lesquels je m'incarne à un moment donné.

Je discours et c'est un autre moi qui parle. De vraiment moi, je ne ressens qu'une incapacité énorme, un vide immense, une incompétence totale devant la vie. Je ne connais aucun des gestes qui aboutissent à un acte réel.

Je n'ai jamais appris à exister.

J'obtiens tout ce que je veux, pourvu que ce soit en moi-même.
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En Angleterre, le soleil est Dieu. On ne le voit pas, il faut y croire. Il ne vient pas, on l'espère. Le voilà, on est déjà parti.
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Les noms ne leur suffisent pas, il leur faut des étiquettes — qui comptent davantage que l'objet étiqueté.



Chapitre 6 : Nu pour l'exil.
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Nichita Stănescu
À travers le tunnel orange

Ils ont fait feu sur des animaux sur des herbes et

des moustiques

et puis ont fait d’eau la pierre

mais les poissons qui étaient dedans, les grands,

pendent pour nous par-dessus les cercles – des

étoiles.

Ah, quelle empreinte est donc aussi ce ciel !

Moi, c’est derrière elle que je te trouverai,

peut-être feras-tu de nouveau du poisson pierre,

peut-être feras-tu de nouveau de la pierre

naissance de ruisseaux froids !



(traduit du roumain par Pierre Drogi)
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Les différents âges de la femme se présentent et s'enfoncent dans la vapeur. Leurs corps s'évanouissent peu à peu. Des corps qui ont donné la vie, subi le bistouri, trimé des décennies derrière leur machine à coudre, planté et déplanté des potagers, émigré, puis sont revenus, qui ont encaissé les coups puis l'abandon de leur mari et de leurs enfants, épuisés, immobiles sur des lits étriqués avec pour seule compagnie le vacillement du téléviseur dans le coin de la pièce et les souvenirs d'amours anciennes. Sous le verre crasseux du dôme, avec ce goutte-à-goutte incessant, ces réminiscences glougloutantes, ce savoir que renferme le corps se propageait par vaguelettes à travers chacune de nous, comme si nous ne formions qu'un seul et unique organisme. Plic, plic, plic. Dans le bassin des dames, nous sommes jeunes et vieilles à la fois.
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L’humanité ne saurait jamais atteindre une véritable conscience morale, de la même manière que l’homme ne pouvait s’élever du sol en tirant sur ses propres cheveux….
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Sa mère avait toujours été là, une évidence simple, douce et tactile, avec les mots qui encouragent, les sourires qui rassurent et les gestes qui apaisent. Là, des questions le tenaillaient. Pour la première fois il se rendit compte qu'il avait longtemps couru après son père, il l'avait cherché, attendu, espéré à une place que celui-ci n'occupait que rarement. Ce père là avait eu peu de mots pour dire même des choses ordinaires. Il ne touchait presque pas ses enfants. Certes, au retour de l'école ou du travail, il y avait la bise quotidienne, superficielle, ritualisée et contrainte, mais ça allait rarement au-delà. Ce père, maintenant, il ne le rattraperait plus. La fin de la mère avait laissé un vide, celle du père laissait un fardeau.
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Ma grand-tante, sa voisine, avait un jardin vivrier sous la vigne ombrageant sa cour, ainsi que des poulets et des chèvres dans sa grange. Ah, le frisson matinal de dénicher des oeufs bien cachés, l'odeur de la grange et des roses ! Chez elle, il y avait une pièce où l'on stockait et transformait la nourriture. Des bocaux de yaourt fermentaient pendant la nuit, emballés dans du papier journal, du fromage frais s'égouttait dans des torchons, des cagettes de pomme reposaient en prévision de l'hiver, du sirop de sureau pétillait en bouteille, et des rayons de miel dégoulinaient sur des plateaux. Elle était toujours affairée près d'une casserole bouillonnante ou d'un plan de travail où elle étalait la pâte, montait la mayonnaise avec des oeufs chauds et épluchait des légumes encore terreux pour les rôtir au four. Nous la regardions, subjugués, métamorphoser les machins peu ragoutants arrachés au sol en autre chose, telle une laborantine. Et les mixtures devaient sans cesse être goûtées, bien sûr. Puis venait la préparation des conserves, en début d'automne, un rite saisonnier lors duquel elle trônait, majestueuse, sur une chaise grinçante près d'un chaudron, à faire bouillir les bocaux pleins de bonnes choses avant de les fermer hermétiquement. Elle était comptable en semaine, gardienne des trésors de la terre le week-end. Nourrir était son talent, et bien qu'elle n'ait pas eu d'enfants, elle était une vraie mère pour nous tous.

Ainsi naquit mon enchantement pour la terre comestible.
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Travailler moins pour lire plus, puisque la lecture s'acoquine merveilleusement à la paresse, puisque les bons et vrais lecteurs sont très souvent, sinon toujours, de fieffés paresseux.

Travailler moins pour lire immodérément, insatiablement, jouissivement, certains diraient dangereusement, voir la pauvre Bovary citée par Salvayre pour faire genre.

(page 66)
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Les humains représentent 0,01 % des créatures vivantes, mais ont causé 83 % des pertes animales depuis les débuts de la civilisation. Une situation génocidaire d’une ampleur sans précédent. Qui, de plus, commence à profondément nuire aux humains eux-mêmes.
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Maryse Condé
Gloriyé ! Maryse Condé



Pointe-à-Pitre. Mercredi 3 Avril 2024. Caraib Creole News.

Maryse Boucoulon n’est plus, mais Maryse Condé est éternelle car les œuvres des écrivains sont des pyramides dressées contre le Temps, tant que des lecteurs essaieront de déchiffrer les signes laissés par ces écrivains.



Maryse Boucoulon n’est plus, mais Maryse notre aînée, notre grande sœur, notre camarade de la famille des lutteurs de l’émancipation guadeloupéenne nous accompagnera, tant que la mémoire et l’espoir guideront nos pas. Nous n’oublierons pas ses mots de soutien à la liste NOU lors de la campagne des régionales de 2021.



Elle a fait sa part en donnant une voix singulière à la Guadeloupe dans le concert mondial des arts et des lettres. Son œuvre est une traversée de la Guadeloupe avec comme plan de vol: une invitation à la complexité loin des simplifications identitaires. Son regard, parfois acide, sur nous-mêmes a toujours été porté par l’amour du Pays et nous dit en réalité que les chemins de l’émancipation peuvent diverger, mais que nous devons toujours avoir en ligne de mire l’essentiel Pays.



Pour ces raisons, notre marronage culturel au Centre des Arts à l’abandon, avait mis son nom et ses mots au fronton.



Elle s’en va, alors que la Guadeloupe, avait encore dans la bouche la saveur du kalalou de Pâques, son plat préféré. Nous y voyons un dernier clin d’œil à sa Guadeloupe, un dernier clin d’œil d’amour.



Bonne traversée de la mangrove Maryse
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L'arrêt est en haut d'une butte plantée de peupliers qui descend jusqu'à la façade de verre brun d'un immeuble administratif de Pôle emploi. Et sur toute la butte, du quai du tramway jusqu'en bas, tout le long du quai, recouvrant l'herbe sur toute la pente comme si les peupliers poussaient dans une décharge, c'est un immense dégueulis de poubelles, depuis des années probablement, parce qu'il y a des sacs plastique carrément décomposés qui s'effilochent dans le vent. Des canettes et des emballages de McDo ou de sandwich grec en polystyrène. Des choses indistinctes qui ont dû être organiques. Même des vêtements, à moitié déchirés. Ça n'a pas d'odeur parce qu'il fait froid et que l'endroit est nettoyé par les rats et les pigeons. Personne ne regarde par là. Paul est le seul à s'effarer, à contempler cette montagne de déchets qui roulent jusqu'au Pôle emploi, se demandant si c'est une négligence de la voirie, une vengeance de la pauvreté ou juste une manifestation du désastre.
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Les mères et les femmes ça suffit pas toujours. Pas quand tu passes quatre ans dans la boue et dans la merde. Le coeur faut le faire battre. tout le monde était en manque d'amour, en manque de tout, mais surtout d'amour. Et ça nous rendait fous. Le bruit. La peur et la privation de sommeil. Y en a qui désertaient uniquement pour retrouver leur femme. Et si c'était pas la leur, ça faisait bien l'affaire. On aimait bien s'raconter ces histoires de coeur et de fesses, ça nous faisait un peu de convivialité.
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A l'âge où j'étais alors, ce courage ivre persistait sans cesse. Un être grisé de vie ne prévoit pas la mort; elle n'est pas; il la nie par chacun de ses gestes. S'il la reçoit, c'est probablement sans le savoir; elle n'est pour lui qu'un choc ou qu'un spasme.



(p.65)
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Je suis une sorte de carte à jouer, une figure ancienne et inconnue, seul vestige d'un jeu perdu. Je n'ai aucun sens, j'ignore ma valeur, je n'ai rien à quoi me comparer pour me trouver, je ne possède aucune utilité qui m'aiderait à me connaître. Et ainsi, dans les images successives par où je me décris (non sans vérité, mais avec quelques mensonges), je me retrouve davantage dans ces images qu'en moi-même, je me raconte tellement que je n'existe plus, et j'utilise comme encre mon âme elle-même, qui n'est bonne, d'ailleurs, à rien d'autre. Mais la réaction cesse, à nouveau je me résigne. Je reviens en moi-même à ce que je suis, même si ce n'est rien. Et quelque chose comme des larmes sans pleurs brûle dans mes yeux fixes, quelque chose comme une angoisse qui n'a pas été, gonfle ma gorge sèche. Mais je ne sais pas même ce que j'aurais pleuré, si je l'avais fait, ni pour quelle raison je ne l'ai pas fait. La fiction me suit comme mon ombre. Et tout ce que je voudrais, c'est dormir.
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J’ai la tension qui dépasse largement la moyenne et atteint la mention très bien à 18. Mon cholestérol est aussi alléchant qu’un camembert baveux et coulant en vitrine d’une crèmerie. Et je ne te parle pas de mon palpitant qui danse Rock around the Clock au moindre effort. Bref, comme dit un pote, quand je reçois mes analyses de sang par courrier, il n’y a que l’adresse de bonne !

(page 9)
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