"On y voit un jeune homme, avec des qualités brillantes et infiniment aimable, qui, entraîné par une folle passion pour une jeune femme qui lui plaît, préfère une vie libertine et vagabonde à tous les avantages que ses talents et sa condition pouvaient lui promettre."
Tel est le condensé de son livre que l'abbé Prévost écrit dans son Avis au lecteur de la première édition de Manon Lescaut...
Il a tout dit. Des Grieux c'est le petit imbécile du coin, un peu niais mais noble, qui tombe éperdument in love de la première nana qu'il voit au coin d'une rue, et se prend les pieds dans le tapis, lui fait sa cours et ne la lâche plus, aveuglé, prêt à tout pour la suivre et la posséder.
Mais Manon au contraire, c'est une fille des plaisirs, de l'abondance, de cette nouvelle attitude libertine de son siècle, qui pousse à l'abondance, le désir et les conquêtes sans réelle attache.
Bon, avec ce roman, on est dans le schéma typique du "ouais j'ai rencontré un mec et il m'a raconté toute sa Life que j'ai écrite parce qu'elle vaut la peine et que tout est vrai" mais tous les lecteurs savent que c'est faux, on fait semblant, fiction de la non-fiction.
On plonge aussi dans cette philosophie des Lumières qui fait passer l'individu au premier plan, gouverné non plus par un État, un rang ou une religion, mais par ses passions, victime de ses sentiments, bouleversé dans sa recherche d'un équilibre entre cœur et esprit (un peu à la manière des Égarements de Crébillon fils d'ailleurs).
3 étoiles parce que cette littérature me paraît vue et revue, je ne trouve pas qu'elle dérange les normes du XVIIIeme ; elle rentre dans les cases de l'époque : même syntaxe alambiquée ; mêmes hypotaxes ; mêmes caractères ; mêmes réflexions philosophiques ; mêmes valeurs.
Des Grieux m'a bien fait marrer ceci dit, tant il est candide et devient abruti par son amour pour Manon. C'est un peu le type du chevalier dégradé, et surtout sans aucune dignité au fil du roman (sauf si on lit sa dignité via ses actes amoureux)
Il est juste gangrené par sa passion, et se refuse à un bonheur que pourtant on lui tend toutes les 10 pages. Il pourrait s'en sortir le bougre ... ah, c'est frustrant.
Quant à Manon, j'ai trouvé dommage qu'on élide autant son comportement et ses sentiments. Elle me semble une figure complexe et peut-être avant-gardiste d'un embryon féministe, ou du moins décidé à faire valoir sa liberté sexuelle, bien qu'elle finisse par s'attacher définitivement à Des Grieux...
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Ce livre est de loin le livre féministe qui m'a le plus appris, mon regard sur la sexualité en général a changé . La diversité des témoignages apporte une richesse au livre. De plus, que l'auteure explique d'où vient toutes les informations et très interessant et rend le livre plus complet encore ! A lire !!!!
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— Philosophie et boudoir, une contradiction dans les termes ? Les premières pages s’ouvrent sur une "rayonnante obscénité", loin des dialogues platoniciens. Madame de Saint-Ange et Dolmancé initient Eugénie aux vertiges orgiaques ; et Sade de décrire ces "combinaisons érotiques", anatomiquement et crûment. Moins une apologie de l’isolisme sadien qu’un pamphlet contre les sectateurs d’une morale puritaine de l’après 1789, ce livre commande à se déprendre de toutes les contraintes sociales – athéisme, immoralité, cynisme – pour élargir la sphère de ses voluptés. Français, encore un effort si vous voulez être républicains, afin de "semer quelques roses sur les épines de la vie".
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