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Très régulièrement tout au long de ce livre, j'ai pesté, j'ai eu des haut-le-coeur, j'ai fulminé, parce qu'au-delà du cadre culturel bien spécifique de ce roman, il y est vraiment question de toutes les femmes du monde. Comptez le nombre de fois où vous identifiez une situation qui vous est familière ou un souvenir ou l'anecdote d'une personne plus ou moins lointaine et d'un temps plus ou moins proche, dans une remarque, une action ou une situation d'un personnage masculin ou féminin de cette oeuvre, ce récit est criant de vérité et a l'intérêt d'être polyphonique pour mieux l'amener. Il présente une variété de femmes d'origine palestinienne de différentes générations, les unes ayant vécu dans les premiers camps (Farida et la mère d'Isra), d'autres ayant grandi en Palestine puis immigré aux Etats-Unis pour se marier (Isra et Nadia), d'autres ayant toujours vécu aux Etats-Unis (Sarah et Deya), chacune avec son caractère, sa personnalité, forgée par la vie et surtout par la culture de leur famille, où l'on martèle à l'envi ce qui est le titre de la version originale, "a woman is no man". Au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, on le comprend toujours plus profondément et précisément. Je trouve que l'auteure ménage bien la construction progressive des problématiques rencontrées par ces femmes. Tout en subtilité, son propos s'épaissit au fur et à mesure, comme un mille-feuille, par l'alternance des points de vue de ces femmes si différentes, toutes engluées dans la volonté de bien faire, de faire honneur à leur famille, du moins de ne pas lui faire déshonneur, luttant intérieurement pour trouver comment appréhender leurs aspirations non conformes, et ce à travers le temps, naviguant entre les années 1990 et la fin des années 2000. On voit la pression des traditions et l'engrenage des culpabilités créant des désastres personnels et/ou familiaux (aussi bien pour les hommes que pour les femmes d'ailleurs même si les degrés ne sont évidemment pas les mêmes). On observe le cercle-vicieux de l'oppression des femmes par les femmes elles-mêmes. On constate le pouvoir libérateur de l'école et surtout des livres. Une oeuvre importante, je trouve, qui fait mal, mais qui fait du bien. + Lire la suite |