Faim de parcours.
Lorsque j'ai lu le résumé présenté lors de la dernière masse critique, j'ai su que ce livre me correspondrai : le résident d'un EHPAD, la "vie" dans un hôpital psychiatrique, la Seconde Guerre mondiale, une enquête... Chacun de ces thèmes aurait pu, à lui seul, attirer mon attention.
Un livre donc, qui avait tout pour me plaire. Alors j'ai eu peur, au début, d'en être déçue. D'avoir finalement développé trop d'attentes. J'ai commencé à pinailler, à m'attacher à des détails comme les poids et mesures (pourquoi "livres", pourquoi "pouces" ?). Finalement, c'est d'avoir cherché la réponse à ces questions toutes bêtes, qui m'a permis de me réconcilier avec ce livre très rapidement. En fait, ces termes qui m'avaient dérangés (très certainement parce que la lecture d'un livre sur la genèse du mètre était encore trop présente dans mon esprit), étaient parfaitement légitimes. Mieux, ils ont été pour moi le signe inattaquable que l'auteur était d'une précision exemplaire, ce qui est une qualité que j'apprécie.
Une fois mes premières réserves levées (ce qui fut très rapide), j'ai vraiment apprécié me laisser porter par les personnages. Pierre, 92 ans, dans son EHPAD mais dont la vivacité et la perspicacité force l'admiration. C'est un personnage très attachant. Gérôme Berthier, le commissaire qui enquête sur ce meurtre étrange, a lui aussi une présence agréable. II ne se laisse pas emporter par ses préjugés, laisse le maximum de portes ouvertes tant qu'il n'y a pas de réelles raisons de les fermer. C'est une attitude qui est assez admirable pour un représentant des forces de l'ordre, qui est le premier échelon de la justice. Justice... un mot qui trouve des sens différents dans la bouche de Pierre et de Berthier.
Si je craignais un peu que le fait de connaître l'identité du coupable rende le roman moins prenant, j'ai vite reconnu mon erreur. De chapitre et chapitre, passant si souvent de Pierre à Berthier, des motivations à l'enquête et ses recherches, on a toujours envie de connaître la suite. D'en savoir plus.
J'ai beaucoup apprécié ce livre que j'ai tant attendu puis un peu redouté. Son écriture est fluide et permet de se plonger dans l'histoire avec délice. Pas question de rythme effréné, ni pour autant de langueur. Le lire m'a donné envie d'en apprendre plus sur le sort des pensionnaires des hôpitaux psychiatriques pendant cette sombre période. Il me semble que c'est une belle réussite pour un livre quand il donne au lecteur l'envie d'en découvrir plus sans pour autant le laisser sur sa faim.
Alors un grand merci aux éditions In Octavo. Je garderai un beau souvenir de cette lecture qui m'a ouvert les yeux sur une triste réalité.
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La couverture et le résumé m’ont tout de suite interpelée lorsque j’ai fait mon choix lors de la dernière Mass Critique. Aucun regret ! Je remercie les éditions In Octavo pour cette belle découverte.
Dès les premières pages, nous suivons en parallèle deux histoires : celle de Pierre, résident de 92 ans en EHPAD, et celle de l'équipe du commissaire Berthier. Bien que sa vie semble paisible, Pierre nourrit en secret le désir de venger sa mère, décédée de faim dans un hôpital psychiatrique sous l'occupation allemande à Clermont-de-l’Oise. Pendant ce temps, le commissaire Berthier se retrouve face à un crime perpétré avec une arme datant de la Seconde Guerre mondiale. Ces deux histoires semblent converger, laissant entrevoir un lien entre elles.
Le lecteur jongle entre les époques et les perspectives. En alternant entre le point de vue de Pierre et celui de la police, le roman maintient un rythme haletant, permettant d’assembler peu à peu les pièces du puzzle. Le lecteur est concentré sur le déroulement de l'enquête. Pourtant, dès le début, on connaît l'identité du coupable. Malgré cela, on est addict, on cherche surtout à découvrir le modus operandi du criminel.
Le point fort de l’enquête réside dans la précision et la minutie de la recherche d’informations pour aboutir au suspect. Cédric, étudiant en droit, explore les archives avec une abnégation presque obsessionnelle, cela donne au récit une profondeur et une authenticité intéressantes avec une narration riche en détails.
Au-delà de l'intrigue, ce sont les personnages qui illuminent le récit. Pierre et ses compagnons d'EHPAD sont des figures attachantes, on suit avec tendresse leur quotidien entre scrabble et loto. Ils sont dessinés avec finesse, suscitant une gamme d'émotions chez le lecteur, allant de la tendresse à la colère en passant par la nostalgie. Leur amitié et leur solidarité apportent une touche de chaleur humaine à l’histoire.
L'équipe policière n'est pas en reste, très professionnelle, efficace et tenace.
L'immersion dans les années 40 est particulièrement crédible, avec un focus sur les hôpitaux psychiatriques et les horreurs commises à cette époque. Le roman explore également les défis actuels auxquels sont confrontés les EHPAD, offrant ainsi une réflexion sur les enjeux sociaux et humains.
Un roman qui offre une lecture complète, suspense, émotion et réflexion.
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