"Maikan" est construit par une alternance de chapitres entre le présent et le passé de 1936-1937, avec d'une part les personnages d'Audrey Duval, avocate, et Jimmy, dit le Nakota (personnages que nous retrouverons d'ailleurs dans le dernier roman de Michel Jean) et trois adolescents autochtones Virginie Paul, Marie Nepton et Charles Vollant. Dans ce roman, Michel Jean aborde le thème de la souffrance subie par les jeunes Autochtones arrachés à leur famille et envoyés de force dans des pensionnats par le gouvernement canadien dans un but d'assimilation. Ils y ont subis sévices et agressions sexuelles. Le lecteur sera sans doute assommé par les passages décrivant le calvaire des jeunes adolescents face aux prêtres pervers ou aux autres qui ferment les yeux dans le pensionnat de Fort George, complètement isolé près de la baie d'Hudson. Les retours au présent montrent l'avocate Audrey combattive et obstinée pour obtenir la vérité et réparation. Audrey ira jusqu'à Pakauashipu, à deux-milles kilomètres au nord de Montréal pour retrouver Marie.
Mais pour un ou deux survivants retrouvés, indemnisés alors qu'ils approchent quatre-vingt dix ans, combien sont morts dans le silence alors que leurs bourreaux vivaient tranquillement une retraite paisible ?
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C’est un curieux roman que celui que J.D. Kurtness nous donne à lire.
Le fil rouge, c’est l’histoire d’Emeraude Pic, enfant solitaire, qui devient océanographe et s’attache à faire revivre des écosystèmes détruits par la main de l’homme.
Mais l’autrice invite aussi au fil du récit d’autres personnages, une baleine, un boulanger, un calmar géant, un marin, un déserteur cannibale…, sans que l’on découvre vraiment quel est le lien entre eux, pas avant la fin.
C’est à la fois un peu décousu, déstabilisant et intriguant. Curieuse aussi cette quatrième de couverture qui raconte le dernier tiers du roman.
Ceci étant dit, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman très bien écrit.
Ce qu’il dit de l’écroulement programmé de notre monde est sombre mais l’autrice s’en tient aux faits scientifiques, ne dramatise jamais et le texte n’est pas dépourvu de lumière.
J’aurais aimé passer plus de temps avec certains personnages, leur évocation est parfois si brève qu’on les oublie trop vite.
J’aurais aimé aussi que ce roman prenne plus son temps pour raconter ces vies, mais cette rapidité dans l’enchaînement des générations, dans le récit de la vie d’Emeraude est peut-être là pour montrer que tout va vite et vite mal.
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