La jeune Lili avait une vision bien à elle de son accouchement, quelque peu édulcorée, telle une caresse, une promesse. Quand on lui annonce que sa fille va naître à à peine sept mois, son monde s’écroule. Son quotidien ne gravite plus qu’autour du service de néonat, au grand dam de son compagnon qui ne parvient pas à trouver son équilibre entre les soins fluctuants, la précarité de la santé de la petite, sa femme tourmentée et le reste de la famille à modérer. Les émotions débordent de toute part, mettant à mal le couple, jusqu’à ce qu’ils rencontrent d’autres parents en salle des familles avec qui partager leurs doutes et leurs espoirs tout au long de ce parcours de combattant à l’hôpital.
De son côté, Élise est sur le point de fêter ses cinquante ans à Bordeaux. Sa fille Charline est en couple depuis quelques années avec un Anglais, et son fils Thomas vient d’emménager dans son tout premier appartement à Paris. Du jour au lendemain, elle affronte l’absence, les chambres vides, le silence… et le chien que Thomas n’a pas souhaité emmener avec lui. Un chien aussi déprimé qu’elle, qui se languit de sa vie d’avant et des êtres chers partis voguer au loin. Elle qui rêvait de trouver enfin du temps pour elle, le moment venu, elle ne sait qu’en faire. De cours de danse africaine en câlins dispensés auprès de nouveaux-nés hospitalisés, Élise va faire de nouvelles rencontres et apprendre à remettre ses envies et ses besoins sur le devant de la scène, après des années à veiller sur les autres. Elle va littéralement se réinventer.
Dans cette adaptation BD du roman de Virginie Grimaldi, la part belle est donnée aux émotions et aux pérégrinations psychologiques de ces deux femmes. À des moments diamétralement opposés de leur existence, elles composent néanmoins avec un dénominateur commun : la maternité. Comment la vivre sans se perdre soi-même ? Pot-pourri de culpabilité, de complicité, d’amour et d’abnégation, les auteurs enrichissent cet univers en introduisant d’autres couples en proie au même drame. Comme les différentes facettes d’un même kaléidoscope. La mise en couleurs à l’aquarelle apporte encore davantage de douceur à cette histoire et si j’avais deviné le joli retournement de situation en fin d’ouvrage, cela n’a rien enlevé à sa magie de l’ordinaire et à sa poésie. Cette révélation était telle la cerise sur le gâteau et est à merveille venue conclure cette ode à la maternité et à la famille. Une aventure humaine résolument optimiste en dépit des obstacles traversés, d’une douceur infinie comme l’évoque son titre. Je suis ressortie de cette lecture à la fois bouleversée et apaisée.
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