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Ceux d'en bas

Mariano Azuela fait partie de ceux que l’on a appelés « les romanciers de la Révolution ». Il a vécu de près la Revolution mexicaine en tant que médecin auprès de troupes de Pancho Villa. Son roman, que je relis en v.o., écrit en 1916, est un témoignage direct, sans le moindre recul, d’événements pris sur le vif. Son écriture par sa sécheresse expressive, sans le moindre jugement, sans ornementation, est d’une grande efficacité. Alternance des dialogues dans la langue de « ceux d’en bas » et de la narration à la 3éme personne du témoin présentiel qu’est l’auteur.

● Toute la première partie est dominée par une note épique et triomphale. Cependant les évocations de la brutalité, de la violence et de la barbarie des protagonistes abondent tout comme les allusions aux ambiguïtés morales des chefs et de leurs partisans.

● Dans la deuxième partie on passe, sans transition, de la bataille victorieuse qui clôt la première partie à sa célébration dans un restaurant. Bref, on passe de la bataille à la fête et du sang à l’alcool.

Et comme à la guerre « tous sont possédés par la violence et la frénésie » selon l’expression de O. Paz.

Dans cette partie le ton change. A la victoire et à l’espoir succède une tonalité plus sombre, plus désenchantée. Y sont évoqués tous les excès des vainqueurs : les pillages, le sexe, les viols, les assassinats, les beuveries, les rixes mortelles, la corruption, les abus, la vengeance. Autant de forfaits qui montrent une dégradation des idéaux de la Révolution.

● La troisième partie, très brève, est comme l’épilogue de ce roman. Six mois ont passé.

Le roman s’achève sur une nette impression de défaite et de vide. La Révolution semble terminée et il n’y a plus d’espoir, les objectifs n’ont pas été atteints, les promesses se sont évanouies et tout redevient comme avant. L’action guerrière cesse presque complètement et nous assistons à la débandade des troupes après la défaite de Villa. Les révolutionnaires, ceux d’en bas, sont maintenant des bandes de desperados à la recherche d’un refuge, de pain et d’eau. Mais les villages par lesquels ils passent, dévastés et lassés par tant de violence, leur sont maintenant hostiles.

J’avoue que ces descriptions horribles, ces épisodes sanglants, ces massacres inutiles où les combattants font montre d’une férocité inouïe m’ont lassé et dégoûté.

● Je ne dévoilerai pas la fin de l’histoire. Je dirai simplement que je suis sorti de ce roman tout couvert de poussière, de crasse et de sang. Et j’ai assisté au triomphe des instincts primitifs de l’homme et de sa furie destructrice. « Ceux d’en bas » loin de conserver leur dignité et de défendre leurs droits n’ont su que s’embourber dans une orgie de sang et de destruction. Et je me suis dit : « Tout ça pour ça ! ». Ėchec sur toute la ligne ! Mais, même si l’échec est patent, si les idéaux révolutionnaires sont passés à la trappe, si « ceux d’en bas » sont morts ou ont été floués, le concept de Révolution, lui n’est pas mort comme « cette pierre -que lance le protagoniste - et qui continue de rouler. »

Toutefois, cette Révolution mexicaine d’inspiration paysanne (Villa- Zapata) qui va voir finalement le triomphe de la bourgeoisie (Caranza- Obregón) est un exemple clair que Los de Abajo sont toujours les cruels dindons d’une farce bien cruelle...
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