Artège [corriger]

Saint-Etienne-du-Rouvray, 26 juillet 2016, 9h45.

Pour la première fois depuis la Révolution française, un prêtre est tué en France au cours d'une messe. Âgé de 85 ans, il est agressé par deux islamistes au cri de "Allahou Akbar" et meurt poignardé devant quelques fidèles.

Ce petit ouvrage lui rend hommage. Discret, humble, pauvre, bienveillant, attentif aux autres quelle que soit leur religion, le père Jacques Hamel n'aurait jamais dû faire parler de lui. Et pourtant, "les gens dont on dit qu'il n'y a rien à en dire sont en général ceux qui nous en disent le plus" (page 19). Sa mort tragique, en martyr, y est pour beaucoup. Le livre est découpé en une vingtaine de courts chapitres, qui révèlent, témoignages à l'appui, de nombreuses facettes de la personnalité de l'homme d'Église, dont le procès en béatification est désormais ouvert. Un beau chapitre sur la sainteté mentionne d'ailleurs quelques extraits de l'homélie qu'il prononça à l'occasion du 1er novembre 2015, sa dernière fête de la Toussaint.

St Jean de la Croix disait qu'au soir de notre vie, nous serions jugés sur l'amour. Au soir de sa vie, habité par l'Évangile le père Hamel a simplement dit "Va t'en, Satan". Avec Ampère (cf. page 67), on peut donc redire : "L'homme était grand, mais on ne le voyait qu'à son ombre".

En refermant cette biographie de Charles de Foucauld, Sa vie, sa voie, il m'en reste un indicible intérêt pour cet homme pieux, qui cherche à être le dernier des derniers.

Charles de Foucault est né à Strasbourg. Il perd ses parents très jeunes et avec sa soeur va vivre chez son grand-père, le colonel de Morlet. Les deux enfants sont entourés d'amour par leurs proches et leur cousine Marie de Bondy devient leur seconde mère. Charles de Foucault s'engage dans l'armée et entre à Saint-Cyr. Son caractère est bien trempé et son esprit est celui de la rencontre, de la découverte, de l'ouverture. Il aime la solitude et l'action. D'ailleurs, lorsqu'il se trouve en Algérie, son désir de découvrir le Maroc est fortement ancré en lui. Et c'est déguisé en rabbin juif qu'il accompagne le rabbin Mardochée. Il en établira un compte-rendu qu'il adressera à la société de géographie. Cette rencontre avec l'Islam influencera sa vision du monde et le conduira à la rencontre de Dieu dans l'église Saint-Augustin de Paris. Il approche l'abbé Huvelin, vicaire de la paroisse. Auprès de cet homme d'église, il se convertit et veut devenir moine. Sa recherche du sacrifice extrême le conduit chez les trappistes, à Notre-Dame-des-Neiges. Cet enfermement ne lui convient pas. Il veut imiter Dieu. Dieu l'appelle de l'autre côté de la méditerranée, chez les infidèles en 1890. "Le Prieuré d'Akbès, ce sont des baraquements." En 1892, il prononce ses voeux et reçoit la tonsure. Il perçoit que Dieu a un projet évangélique pour lui, un projet de vie qui le rallie à son désir d'imiter Jésus, sa mission. En 1901, il est ordonné diacre. de retour à Tamanrasset, il rencontre la population où il existe encore l'esclavage, une abomination. Son tempérament anxieux, entier, attentionné le rend populaire auprès des autochtones, surtout les Touaregs dont il établira un dictionnaire de la langue. C'est un gros travail. Charles de Foucault est très occupé entre ses visites, l'élaboration de son association, le dictionnaire Touareg, l'aide aux nécessiteux. Il ne se ménage pas. Il fait toujours passer l'intérêt général avant l'intérêt particulier.

Sa correspondance avec ses proches, ses amis religieux, ses amis militaires est une mine d'informations et nous rend plus proche de cet homme exceptionnel.