Le Livre qui parle [corriger]

Un merveilleux récit de voyage, écrit en 1953, qui nous replonge hors du temps en de lointaines contrées (pays baltes, Perse, Afghanistan). Nicolas BOUVIER possède une écriture fine et vivante, alternant pragmatisme et lyrisme , touchant parfois à la philosophie. Certains passages sont tout simplement admirables de lucidité et de poésie. Il porte un regard acéré sur le monde, mais sans jugement en s'attachant avant tout à l'humain. Lorsque l'on réalise qu'il n'avait que 25 ans à l'époque, on ne peut qu'être admiratif face à cette érudition et à cette extraordinaire prise de recul sur le monde. Ce livre m'a vraiment transporté et je recommande chaudement cet auteur suisse trop longtemps méconnu.

Pour moi, c'est une écriture au vitriol. Les personnages sont terrifiants tant ils sont pédants, méprisants et médisants; ou qu'ils n'assument pas clairement ce à quoi ils aspirent... Quand Dorian va constater les effets de son portrait, il va avoir le sentiment qu'il parvient à s'éloigner de la mort. Sentira-t-il pour autant que son humanité le quitte également..?

Tesson, on aime ou on déteste, en tous les cas on n'est pas indifférent ! Pour ma part j'adore ! Bien sûr qu'il nous donne des leçons, bien sûr qu'il nous fait croire que c'est simple de tout plaquer et partir, bien sûr qu'il nous fait croire que tout est mieux ailleurs et qu'on n'a rien compris. Moi ça me fait réfléchir ! A mon quotidien, à mes envies, à mes souhaits de vie. Je ne serai jamais une vraie vagabonde mais fugacement, l'été, sur un sentier de randonnée, je me ferai croire que je suis libre. Et c'est Sylvain Tesson qui m'aura donné les clefs de lecture de ce monde parallèle intérieur. Entre les cabanes en bois, les déserts, les forêts, les grottes, les balades, ce petit précis m'a fait voyager en un frôlement de pages tournées. J'ai adoré !