Curieux, cette passation de pouvoir entre un scénariste (David Mamet) et un écrivain. On est plus habitué à voir le contraire, mais là, va savoir, Mr Englade a dû adorer le film pour vouloir ainsi le transformer en roman.
Du coup, c'est plutôt visuel, bien découpé, bien foutu.
Deux personnages sont inventés, le très fidèle bras droit de Hoffa, Ciaro le petit italien joué par Danny de Vito (qui a aussi réalisé le film), et l'aristo mafieux, Dally.
Tout le reste est juste.
Sauf la fin. Que personne ne connait. En vrai.
C'était aussi pour moi une manière de rester du côté des Kennedy, tout en vivant autre chose. C'est que Jimmy Hoffa - pas du tout italien, plutôt germano-irlandais - était la bête noire de Bobby Kennedy, qui l'a même qualifié avec humour de "l'homme de sa vie", tellement il focalisait dessus.
Pourquoi Dan de Vito a-t-il voulu en faire un film ? Sans doute voulait-il le réhabiliter, le montrer sous un autre angle que le mafieux chef du Syndicat des Teamsters (Camionneurs) qu'il avait rendu surpuissant. Ellroy lui taille des costards, la légende ne lui fait pas de cadeau, mais Dan de Vito nous présente un homme bien intéressant. Peut-être un peu trop socialo pour l'Amérique. Tout le début de son combat est plutôt valeureux. Il s'est gâché en fréquentant des voyous, comme dirait ma grand-mère !
On apprend que pour ne pas s'endormir, les routiers aux horaires abusifs s'allumaient une clope qu'ils coinçaient bien court entre deux doigts. S'ils venaient à s'assoupir, la clope ne tardait pas à les brûler et les réveillait ainsi. Hoffa repère les forçats de la route comme ça, aux brûlure de leurs doigts.
Des routiers qui roulaient des 20 heures d'affilée, dormant à peine, rétamés de fatigue, sans moufter au risque d'être virés aussi sec - tout ça pour un salaire de misère, n'avaient que de pauvres syndicats plutôt impuissants à faire valoir leurs droits. Lui, il a le talent d'orateur, le gosse de Detroit (qu'il ne quittera à peu près jamais) kinenveu se révèle bon organisateur de coups éclairs, à la poigne d'acier, ne lâchant rien - et puis non-buveur, et fidèle avec ça.
Alors la grève. Les gars motivés un par un par l'infatigable Irlandais, les groupes de chauffeurs enfin réunis, la foi au ventre. Et en face, les fameux jaunes, laissés pour compte engagés par les patrons furieux, et les flics, qui tiraient dans le tas. C'était pas rien, les grèves, à cette époque. Des échecs cuisants (comptant des dizaines de morts), puis petit à petit, des résultats. Un pays bloqué, des routiers qui font la loi, c'était gagné, ils avaient obtenu des horaires et des salaires dignes de ce nom.
Bon, après, que Hoffa, fort de son statut de héros du "Plus Grand Syndicat du Monde" et à la tête d'une fortune incroyable… ait profité de l'argent des caisses du Syndicat pour blanchir l'argent de ses potes grands mafieux, pour faire du trafic boursier ou immobilier,
moi toujours pareil, je m'en fous il fait bien ce qu'il veut.
Mais il semblerait qu'au niveau de la loi, ça soit moyennement permis, rhô ils sont tatillons.
Bobby Kennedy l'était, en tous cas.
Bobby chéri l'a tellement harcelé, inlassablement, que Hoffa n'avait qu'une idée en tête : buter ce salaud. Avec ses copains de la Mob (la pègre), dont Carlos Marcello le parrain de la Nouvelle Orleans était le plus énervé, ils ont su se montrer très participatif dans l'assassinat de Giovanni Fitzgeraldo Kennedy. de ça, Danny de Vito/Ken Englade ne parle pas. Il y a déjà beaucoup de choses à raconter, il faut choisir.
Bien humain, notre gars Hoffa, en ces pages. Lui et son copain à la vie à la mort, je les ai bien aimés. Ei j'ai retenu ces deux conseils :
- Ne laisse jamais personne monter dans ton camion.
et
- Si quelqu'un demande à te parler, qu'importe ce qu'il y a écrit sur sa carte, qu'importe pour qui il travaille. Si il n'a pas fréquenté le même lycée que toi et si tu n'as pas baisé sa soeur, tu ne lui dis rien.
Voilà maintenant vous êtes prévenus.
P.S. Retenez le nom du restaurant Dinner où Hoffa a été vu pour la dernière fois : le Machus Red Fox.
Je n'en dis pas plus, mais ça peut valoir des millions.
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Alors j’ai vraiment beaucoup beaucoup aimé ce livre, l’intrigue réellement intéressante et assez surprenante mais alors il faut que je m’exprime sur la fin :
Comment c’est possible qu’ils aient pas compris avant que Païkan a pris la place de Coban alors qu’ils ont tous vus les souvenirs d’Eléa pendant toute une soirée.. comment personne ne s’en ai rendus compte j’aimerais vraiment savoir parce que je m’y attendais vraiment pas et ça m’a surpris dans le bon sens. Aussi le fait qu’Éléa donne son sang a soi disant Coban sans le regarder c’est louche… peut-être qu’elle ne voulait plus voir la tête de la personne qui l’a mise dans cette situation ? Enfin bon ça finis tragiquement dans un roméo et Juliette moderne mais très appréciable qui nous fait comprendre que cette planète est foutu et que si il y a une civilisation après nous elle sera foutue aussi parce que l’être humain est un idiot primitif qui pense qu’à la guerre
Mais très bon livre je vais explorer les écrits de cet auteur
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Waouw ! Michel Bussi m’a fait sentir dans la peau d’une crêpe qu’on tourne et retourne dans une poêle chaude. Jusqu’à la dernière phrase, on est ébloui par la légèreté de sa plume, le rythme de son récit et les multiples retournements de situations. On se prend d’affection pour Folette, on hait ceux qu’elle considère comme responsables de la mort de sa mère puis on se perd dans les (fausses) confidences avant le grand final. Un chef d’œuvre à lire absolument !
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