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Le Dieu dans l'ombre

Une excellente lecture. Les descriptions de la nature sont sublimes. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Evelyn, je la trouve touchante et très réaliste. Je me suis beaucoup identifié à elle et j'ai trouvé de nombreuses réflexions très justes. C'est un livre féministe sans aucun doute même s'il ne le revendique pas. J'y ai vu un female gaze très marquant notamment dans les moments de sensualité.
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Summerland

Summerland, de Hannu Rajaniemi,

Le concept : 1938, Londres, alors que depuis un peu plus de vingt ans, une nouvelle technologie a permis de plus ou moins « explorer » « l’au-delà », d’y maintenir les âmes avec toutes leurs facultés cognitives, de communiquer avec… Ce qui a eu bien sûr d’énormes effets sur la société (avec entre autres une nouvelle caste de travailleurs, morts, qui ont globalement majoritairement des rôles correspondant à ce que l’informatique fait dans notre société à nous ; mais également un rapport à la mort, et donc à la vie, complètement différent ; et également des questions sur les successions, avec la reine qui continue à régner depuis la mort, …)

Dans ce contexte, on est sur une histoire d’espionnage et de contre-espionnage, avec un personnage principal agente du SIS qui cherche globalement à exposer une taupe tout en luttant contre la condescendance patriarcale de ses supérieurs et de ses collègues, et l’autre personnage principal qui est ladite taupe, travaillant secrètement pour le NKVD et « la Présence », une sorte d’IA locale constituée d’un amas d’intelligences, Lénine en tête, et ayant grâce à ça des compétences un peu surnaturelles d’ordinateur surpuissant si je schématise.

Le tout donne un contexte original et intrigant, assez bien exposé et exploité (même si je serais très intrigué de voir ce que l’auteur aurait pu imaginer pour la société quelques dizaines d’années plus tard !), posant des questions sur la mort, la vie, la succession, etc.

L’intrigue en elle-même est plutôt sympa aussi, pleine de traîtrises, d’agents doubles, bref, une histoire d’espionnage :p (N’en lisant pas beaucoup, je n’ai pas un avis très pointu sur la question ^^ ), et les personnages sont bien construits et intéressants !

Mon seul bémol serait que j’étais parfois un peu perdu dans les personnages secondaires, en particulier dans les diverses hiérarchies : ça va, c’est acceptable comme défaut principal sur toute une lecture 😉
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Feuillets de cuivre

« Le commissaire Ragon était occupé à noter le détail de sa dernière affaire sur l'un des carnets de cuir offerts jadis par sa défunte épouse. Il en appréciait en particulier la jaspure cuivrée de la tranche dont il faisait jouer les feuillets sous ses doigts ».



Cuir, cuivre, l'alliance du métal cuivré recouvert partiellement d'un cuir offre une classe inouïe. Jamais vue auparavant, cette manière de revisiter un grand classique du style industriel assure une originalité élégante. La couleur se marie avec de nombreux styles et les matières apportent une touche de caractère.

C'est ce que je ressens en découvrant la couverture du livre de Fabien Clavel.

Je l'entends me dire :

Oseras-tu, seras-tu capable de me suivre ?

La réponse est donnée dans mes feuillets de cuivre.



Chez cet auteur, le steampunk, c'est funk. de la puanteur dans la vapeur, de la contestation dans l'industrialisation, un 19ème siècle revu et corrigé en mode uchronie.

« Feuillets de cuivre », c'est un roman policier mâtiné d'anticipation, de fantastique et de science-fiction. Mais avec un fil rouge littéraire indéniable, ce sont les livres qui délivrent… la vérité pour résoudre l'énigme.



« N'oubliez jamais cela, Fredouille : tout est dans les livres. Notre vie n'est qu'un feuillet détaché de l'ouvrage gigantesque du monde ».



Fredouille, c'est l'agent, qui bredouille serait, sans l'inspiration livresque de l'inspecteur Ragon, qui devint commissaire grâce à son érudition phénoménale.

Car c'est un gros lecteur. C'est son embonpoint qui lui décerne un bon point, plus il dévore de romans, plus il augmente son tour de taille. Obèse, il pèse sur les malaises sans être mal à l'aise. C'est lui qui fait le poids sans écraser l'adversité, juste en cherchant la vérité, sa perspicacité est méritée.



« Une bibliothèque, c'est une âme de cuir et de papier. Il n'y a pas meilleur moyen pour fouiller dans le tréfonds d'une psyché que de jeter un oeil aux ouvrages qui la composent. La sélection, le rangement, le contenu, même la qualité de la reliure : tous les détails sont importants ».



Car ce roman, il est bourré, il chavire, il navigue dans les eaux sombres de l'époque victorienne. Bourré, oui, mais de références littéraires à toutes les pages, chez ces écrivains divins à qui est rendu l'hommage.



Ils fanent, les cytises, où sont tes années folles ?

Que sont devenues toutes tes idoles ?

Disparus Hugo, Maupassant, Flaubert,

Idem Zola, Verne, Baudelaire…



« Mais la présence des défunts, au lieu de l'inquiéter, l'apaisait. C'était une véritable forteresse de bois, de cuir et de papier que le commissaire s'était bâtie contre le monde extérieur. Elle faisait le pendant de son blindage de graisse. Ainsi son coeur, bien au chaud dans son carcan de saindoux, demeurait toujours à l'abri ».



« Feuillets de cuivre », ça commence par feu, ce roman ne manque pas d'artifices. L'auteur en utilise en changeant le cours des choses, l'art est de mise, arrêter de lire je n'ose.

Le montage de ce livre, c'est un vrai feu d'artifices. Une suite de petites enquêtes, avec différentes couleurs à chaque coup de pétard, qui s'enchaînent sans interruption, lancées par un pyrotechnicien du nom de Ragon.

Fabien Clavel met le feu avec toutes ses références, et chacun, excusez du peu, entre dans sa danse.

Puis la deuxième partie, c'est le bouquet final, on s'aperçoit que les nouvelles forment un roman, elles reprennent des éléments déjà vus dans les pages précédentes, en augmentant l'intensité dramatique.



On m'avait conseillé de l'ajouter dans ma liste « Des romans composés de nouvelles », en effet, il y a toute sa place. le mélange des ingrédients prend corps, et la cuisson finale donne toute la saveur à cette recette expérimentale.

Difficile de parler de l'intrigue, c'est le lecteur qui investigue.

Mais la technique de l'auteur est imparable, son style enlevé ajoute un grain de folie, comme dans les aventures de cette époque. Serait-il le Sue/Poe du mauvais genre ?



« - Me croiriez-vous si je vous disais que j'ai résolu toutes mes enquêtes à partir de livres ?

Fredouille prit un air incrédule.

- Et comment procédez-vous lorsque la victime ne possède pas de publications ?

- Dans ce cas, il s'agit d'un meurtre sans intérêt et sans finesse. Ces affaires ne méritent même pas d'être mentionnées. Elles reposent toujours sur le même canevas primitif. On les résout en un claquement de doigts ».



Et il y en a aussi pour Rabelais, Grimm, Perrault, car les contes font les bons amis. Ou pas. Tout dépend si on est du bon côté du miroir.



« - (…) Vous avez réussi à détourner les contes de leur propos premier : ils sont là pour aider l'humanité à vivre, pas pour lui nuire !

(…)

- Vous êtes d'une grande naïveté, commissaire. Vous êtes-vous réellement penché sur l'abîme que sont les contes ? Il y a là toute la boue humaine : craintes, envies, pulsions destructrices. (…) Jamais la littérature n'améliore quoi que ce soit. Elle se contente de constater la permanence du mal, voire de l'entretenir ».



Mais bien sûr, la référence numéro un, c'est le roman policier. Tous les codes du genre sont représentés : mystère de la chambre close, meurtres de prostituées, journal crypté, course-poursuite, découpe de corps dans le décor.



Clin d'oeil à de nombreuses oeuvres du 19 ème, la trame suit l'ordre chronologique dans le Paris du tournant du siècle. Pari osé, mais réussi.



Alors, les Babeliotes, si vous estimez ne pas avoir le temps de vous plonger dans tous ces romans qui ont fait les feuilletons des journaux, si vous pensez que les productions littéraires actuelles sont plus accessibles, ce livre est pour vous. Il propose tous les genres en un seul volume, une sorte de Sélection du Reader's Digest.

Quant à la chute finale, elle est diabolique et inattendue. de la belle ouvrage.



« Ragon s'éloigna de son pas lent et las, avec une saveur amère dans la bouche. Un goût de cuivre ».
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