C'est nécessairement un coup de cœur, non pas avec un effet de surprise, mais un coup de cœur attendu depuis des dizaines d'années, sans doute inconsciemment repoussé pour le garder à l'horizon de mes lectures. Peut-être aussi parce que j'avais un peu peur qu'il me plaise moins que Le Seigneur des Anneaux, lu et relu (huit fois en anglais et français)... Le Silmarillion c'est spécial, et les fans vous intimident en vous disant que si vous aimez vraiment Tolkien, c'est LE livre qu'il faut lire. C'est la mythologie, le récit des origines de la Terre du Milieu, depuis la création du monde par le Dieu unique Eru Ilúvatar, avec les sous-dieux Valar, une sorte d'Olympe, jusqu'à la naissance des premiers-nés, les Elfes, puis les Nains, et enfin les Hommes. Tolkien rédigeait déjà une partie de cet ouvrage dans les tranchées en 1917, mais il fut obligé de mettre le manuscrit de côté après la publication du Hobbit : il fallait une suite, tant le succès était grand. Cette pause dura 14 ans, mais Tolkien travaillait encore sur le Silmarillion à un âge avancé, et sa mort le laissa inachevé, ainsi que les Contes et Légendes.
Dans ces quelques 400 pages, agrémentées d'arbres généalogiques, d'une carte et d'un précieux index alphabétique - j'ai aussi complété ma lecture par des passages de l'encyclopédie Tolkien, car le monde décrit change plusieurs fois, Tolkien nous relate les différents âges du monde, les deux premiers âges marquant une présence importante des Valar, qui s'effacent de plus en plus à mesure qu'ils sont déçus par la place qu'occupent le mal et l'ambition sans frein dans le cœur des hommes. Leur terre de l'Ouest, Valinor, sera pour finir retranchée du monde habitable, et seuls les Elfes (immortels sauf dans les combats et autres morts violentes) auront encore le droit de s'y rendre, une fois pour toute, sans retour possible. Valinor sera à jamais une sorte de paradis perdu, au-delà de la mer, l'expression d'une nostalgie aiguë de l'enfance du monde, quand tout était pur et sans tache.
Lors du premier âge, la Terre (Arda) connaît une sorte de préhistoire, plongée dans l'obscurité. Après l'arrivée des Elfes, elle est le terreau de la civilisation, mais aussi, rapidement, du Mal incarné par le Valar renégat Melkor, rongé par l'ambition. Le premier et le second âge verront les luttes des Elfes, puis d'une alliance entre les peuples, contre Melkor, puis son capitaine, Sauron. Nous verrons se dérouler les grandes batailles pleines de bruit et de fureur, entre seigneurs chevaliers, Elfes agiles aux arcs souples, Nains indépendants et fiers, et dragons, Balrogs, Orcs... Certains chapitres font le récit d'aventures de héros comme Túrin, Beren et Lúthien, Ëarendil, de rois elfes qui ont mal tourné, comme Fëanor, de l'ascension et la chute des Hommes au royaume de Númenor ; c'est une épopée, mais aussi un chant lyrique à un monde disparu, proche de la nature. Tolkien disait que toute son œuvre se justifiait par la création de la mythologie et de la langue elfique, et en effet, il ne cesse jamais de donner les correspondances entre les noms humains et elfiques, les différentes sources des récits, légendes, lais (mythologie dans la mythologie). Le Silmarillion lui permet également de déployer sa réflexion sur l'origine, l'identité, la responsabilité et surtout le vécu par rapport à l'immortalité ou la mortalité, le "don" qui différencie Elfes et Humains. C'est poignant, et une fois de plus, je me suis trouvée à regretter que les Elfes n'existent pas.
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Lecture assez difficile pour moi, j’étais partie pour un livre simple pour enfant pour me mettre dans le bain avant de commencer la saga du Seigneur des Anneaux mais… j’en ai bavé ! Le style d’écriture est particulier, au final tout va très vite et n’est pas vraiment décris, question suspens on est vite fixé !
J’espère que la Saga n’est pas dans le même style, j’appréhende un peu du coup !
Contente de l’avoir fini en tout cas !
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