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    HarletteBab le 01 octobre 2018
    Bonjour à toutes et à tous !

    Félicitations à tous les participants du défi de septembre, vous nous avez régalés !

    Ce mois-ci, les éditeurs mettent à l'honneur les littératures de l'Imaginaire : fantastique, fantasy, science-fiction... 
    Le sujet de ce mois-ci est en lien avec ces thèmes, vous en avez peut-être déjà entendu parler dans des livres ou des films : "Les trous de ver" 

    (Pour info, le trou de ver est un concept théorique qui permettrait de voyager dans l'espace et/ou le temps, mais je ne vous en dit pas plus pour ne pas entraver votre imagination...)



    Comme chaque mois, le gagnant ou la gagnante remportera un livre, et il n'y a pas de limite pour la taille de vos textes, vous êtes totalement libres ! A vos plumes... Prêts ? Partez !
    egypte20 le 01 octobre 2018
    je m'inscrit!!
    egypte20 le 01 octobre 2018
    par contre cela finit quand???
    HarletteBab le 01 octobre 2018
    egypte20 , vous avez jusqu'au 31 octobre pour publier votre texte !
    egypte20 le 02 octobre 2018
    merci !!
    Nenna le 12 octobre 2018
    Comment est ce qu'on s'inscrit?
    Je suis très intéressée!
    Sflagg le 12 octobre 2018
    Salut !

    Nenna, il n'y a pas besoins de s'inscrire, juste de poster ici le texte avec lequel vous voulez participer.

    A+ !!
    Nenna le 15 octobre 2018
    Sflagg  , merci

    A +
    secondo le 22 octobre 2018

    Son radio réveil le propulsa brutalement dans la réalité avec une information parfaitement anachronique, les débuts prometteurs d’une nouvelle série télévisée avec un nom de formule de politesse « Amicalement Vôtre » !

    Il se dit qu'il avait dû mal comprendre, en ce moment au bureau il était vraiment épuisé,  quasi burnaouté, il lui fallait absorber toute cette pression de dingue sans jamais se dégonfler et il se disait qu'il finirait par éclater comme une grosse baderne qu'aurait été piquée par l'aiguille du non-respect des objectifs mensuels. 

    - Je perds pied et poings liés, déclara-t-il à haute voix. Okay, poursuivit-il en ricanant de sa trouvaille, j'ai compris ils refont la série, ils vont encore tout nous massacrer, comme si c'était facile de succéder à Tony Curtis et à Roger Moore, bande de nazes !

    -  A qui tu parles, lui demanda Ariane, sa femme,  en se frottant les yeux et en s'asseyant sur le lit.

    -  A personne chérie, je dis simplement qu'à part la conversion réussie de « Mission impossible » en film et de « L’arme fatale » en série, toutes les autres tentatives de reprendre des séries des années 70 sont absolument et  résolument nulles. Et note bien que je dis ça avant le café du mat...

    - Euh…qu'est-ce que tu me racontes, « Mission impossible » en film, j’suis pas au courant  et euh « L’arme totale » jamais entendu parlé !

    - Tu te fous de moi, allez, arrête de me faire marcher, laisse-moi passer, je vais me doucher.

    À ce moment-là il remarqua la tapisserie orange qui agressait sans pitié artistique les murs de sa chambre et l'abat-jour en corolle de fleur couleur abricot sur la table de chevet laquée brillante.

    - Qu'est-ce que c'est que ça ? Siffla-t-il en montrant du bout du doigt la tapisserie et le mobilier comme s’il désignait une bête morte au bord de la route.

    - Ben notre chambre, je ne comprends pas,  tu ne la reconnais pas ? tu te sens bien ? tu as de la fièvre?  lui demanda Ariane en fronçant les sourcils.

    Quand une évidence est trop en désaccord avec nos certitudes,  notre cerveau, relativement bien fait en termes de  protection de toutes sortes, peut créer un blackout complet en nous laissant l'oeil vitreux et l'âme perdue ou bien nous intimer de faire comme si on n'avait rien vu. Jean choisit la deuxième solution. Il se rendit dans la salle de bain en plissant les yeux pour ne voir que sa brosse à dents et son dentifrice Colgate. Puis il se doucha avec un savon Palmolive vert qui lui rappela son enfance mais n'en tint pas compte et repoussa le souvenir qui tentait de s'extraire de la mousse en se frottant énergiquement et en chantant à tue-tête "Imagine all the people sharing all the wooorld, You may say I’m a dreamer..."

    De retour dans la chambre il chercha désespérément ses vêtements dans l'armoire mais ne trouva que des vieilleries de jeans patte d'eph' et de chemises à cols démesurés.

    - On a fait une fête à thème ou quoi ? Elles sont où mes vraies fringues ?

    - Tu me fais marcher, chéri. Non, en fait tu m'inquiètes vraiment ce matin.

    - Laisse tomber, j'vais me déguiser en Mike Brant et comme ça je serai bien ridicule pendant ma présentation au numéro 2 ce matin. Et je vais me faire démonter, c’est sûr, number two n'est pas le genre de gars qui saisit toutes les occasions pour se marrer « but I’m not the only one » n’est-ce pas ?

    - Qu’est-ce qui t’arrives ce matin,  susurra  Ariane en l'embrassant dans le cou, tu chantes du John Lennon, tu joues ton numéro 6, tu veux me dire que tu es prisonnier de ton travail, c'est ça ?  non ?

    Il se dégagea de l'étreinte d'Ariane.

    - Tu me fais peur, qu'est-ce que tu as dit ? Je serai prisonnier ? un numéro ?

    - Mais je plaisante, bon sang, tu es franchement bizarre ce matin. Moi je ne prends qu'à 10 h, je retourne me coucher. J'en ai assez de tes excentricités matinales.

    Habillé-déguisé il sortit de la maison et se retrouva face une Renault 12 blanche flambant neuve qui l'attendait dans la cour.

    - Je deviens dingue, dit-il en se tenant le menton, ou bien je suis en train de rêver.

    Il se pinca le cou, aie ça fait mal, il regarda autour de lui, aie ça fait mal : Un véritable décor de cinéma pour un film des années soixante dix. Les voitures, les maisons, la rue, l'air, autour de lui tout criait "je ne suis pas de ton époque",  son année 2018 n'était pas là. Plus là.

    Il se rua dans la maison et faillit marcher sur Ariane qui, accroupie,  donnait du Ronron à Minouchka.

    - J'ai oublié mon portable.

    - Porte-table, qu'est-ce que c'est que ça ?!

    Il remua toute la maison, sortit tout ce qui se trouvait dans les placards et finalement le trouva, assez bien rangé, droit entre la laque Elnett et le déodorant Narta. Il l'alluma, sur l'écran une seule application, l'icone étrange de Vers-Space-Trou-Time, une pomme representant la terre avec un seul trou noir dans lequel vivait un ver goguenard et malicieux, le fameux Tim-spécial.

    - Ah,  bon sang de bon soir, je me souviens, j'ai gagné ce voyage dans le temps en jouant avec Tim-spécial.

    - J'ai appelé le docteur, tu sais. Ariane se tenait dans l'encadrement de la porte, le visage défait et regardait son mari assis par terre dans la salle de bain, la pochette d'un 45 tours de J J Cale à côté de lui, et le disque noir collé contre son oreille.
    Laerte le 24 octobre 2018
    Bonjour à tous, il y a semble-t-il, panne d'inspiration pour le thème du mois d'octobre. Après bien des tortures mentales, j'ai fini par sortir quelque chose. A vous, amis lecteurs, de voir si ça tient debout.

    EYJA ET FATOU

    Lors d’un voyage en Islande, émerveillé par sa beauté, j’avais cueilli une fleur et l’avais ramenée chez moi.

    Elle s’appelle Eyja. Elle est d’une blondeur qui frôle l’incolore et son regard bleu pale s’accorde merveilleusement à son teint de porcelaine. Si elle le veut, je passerai ma vie à l’admirer. Mais il ne faut s’y tromper : son apparence diaphane cache une détermination  et un caractère qui n’ont rien à envier à ses ancêtres vikings. C’est ainsi que la fille des aventuriers nordiques est devenue l’épouse du descendant des pasteurs africains et nous avons même fait deux enfants aux couleurs mêlées.

    Après quelques années, nous avons décidé d’acheter une maison. Après avoir longtemps cherché, nous avons trouvé celle qui nous convient. Une belle bâtisse en pierres apparentes telle qu’en rêvait Eyja qui trouve cela très exotique. La maison possède un étage et une cave. L’escalier fait le ravissement des enfants qui montent et descendent, se courent après en riant au grand dam de leur mère qui craint toujours le pire.

    Mais ce n’est pas le pire qui est arrivé. Ce fut plutôt une aventure extraordinaire.

    C’était un dimanche. J’étais descendu à la cave chercher du vin, lorsque j’ai constaté une chose curieuse : une fissure dans le mur qui semblait être apparue récemment, car je ne l’avais jamais remarquée. Je m’en approchais et posait ma main sur la fente. C’est alors que je fus attiré irrémédiablement malgré mes tentatives de résistance. C’était comme un mouvement de succion qui m’aspira littéralement et sans effort mais aussi sans douleur. C’était plutôt doux et confortable comme d’être plongé dans une eau tiède qui vous enveloppe avec tendresse. Ce fut très bref et je ressortis de l’autre côté.

    Je me retrouvais alors dans une salle qui contenait des tables et des chaises alignées. Il y avait aussi des murs sombres faits de matériaux sommaires. Une scène dramatique s’y déroulait : devant un gros homme noir au visage affolé se tenait un individu, un blanc plutôt grand qui tenait une jeune femme devant lui comme un bouclier. Elle se débattait mais sans réussir à se libérer de l’étreinte de celui qui la tenait. Aucune des trois personnes n’avait remarqué mon arrivée.

    Ma réaction fut immédiate et sans y réfléchir : j’avisais un pot en terre sur une table et me précipitant sur l’individu qui me tournait le dos, je lui assénais un coup sur la nuque. Il s’écroula entraînant la jeune femme dans sa chute. Elle se releva et me regarda avec des yeux écarquillés. J’eus juste le temps de m’apercevoir qu’elle était très jeune et belle avant que le gros homme se précipite pour me prendre les mains et les couvrir de baisers. Il me parlait dans une langue inconnue aux sonorités africaines.

    J’étais plutôt gêné par toutes ces manifestations d’autant que la fille se mit à ajouter ses propres remerciements. Je leur fis signe que l’autre commençait à s’agiter et qu’il n’allait pas tarder à retrouver ses esprits. Le gros homme m’appela à la rescousse et à tous les deux nous l’avons traîné tant bien que mal à l’extérieur.

    Je fus frappé par la chaleur qui régnait dehors. Visiblement, et je ne sais par quel truchement, je me trouvais en Afrique. L’action m’avait empêché de réfléchir à ma situation, mais il y avait quelque chose d’étrange et de déroutant dans cette histoire invraisemblable. Je me retrouvais sur le continent de mes ancêtres. Mais comment et où exactement ?

    Je n’eus pas le temps de me poser la question. Le gros homme me tira par la manche et m’entraîna à l’intérieur puis barricada la porte avec une grosse barre de bois. Il se remit à me parler dans sa langue. Je finis par lui demander :

    -          Vous parlez français ?

    Il me regarda avec étonnement et répondit dans un français parfait, teinté d’un léger accent :

    -          Oui, bien sûr, je suis l’instituteur du village. S’il te plait, Mon garçon, qui  es- tu? D’où viens-tu ?

    J’éludais sa question volontairement.

    -          Hé, est-ce que je sais seulement ce que je fais ici ? Pourquoi je suis ici ? Je ne sais pas. Comment s’appelle ce pays ?

    -          Ici, on est en pays Diola, en Casamance. A Ziguinchor.

    Ce fut une révélation. J’étais sur la terre même d’où provenaient ceux qui m’avaient précédé dans les temps anciens. Une idée folle se formait dans ma tête sur l’identité des personnes que j’avais en face de moi.

    -          Vous êtes l’instituteur ?  Et comment vous appelez-vous ?

    -          Oui, je m’appelle Amadou Diatta, et voici ma fille Fatou.

    J’avais la confirmation de ce que présumais : j’étais en face de mon arrière-grand-père et de ma grand-mère.

    Je n’eus pas le temps de m’appesantir sur la question parce que des coups violents ébranlaient la porte. Malgré la barricade, elle ne tarderait pas à céder sous les assauts du bonhomme dehors qui devait être furieux d’avoir été assommé et éjecté de la maison. Peut-être même était-il allé chercher du renfort. Le Sénégal était encore une colonie française. Il y avait tout à craindre des réactions des autorités.

    -          Vite, il faut faire quelque chose.

    Mon bisaïeul tira des tables pour les mettre contre la porte. En regardant mieux autour de moi, je découvris qu’on était dans la salle de classe de l’école. Je l’aidais à pousser toutes les tables, mais sans conviction.

    -          On ne tiendra jamais assez longtemps avant qu’il se lasse. Il veut Fatou pour en faire son esclave et il est prêt à tout pour ça. Le gouverneur est un de ses amis. C’est foutu, Mon Dieu !

    Il existait peut-être une possibilité. Je me mis à explorer le mur et ne tardais pas à découvrir la faille par laquelle  j’étais arrivé.

    -          Vite, venez !

    Je les pris par la main et les entraînais vers la paroi où se dessinait la seule issue par laquelle nous pourrions nous en sortir.

    -          Tenez-vous bien à moi. Attention !

    Je mis ma main dans la fissure et aussitôt, je me sentis aspiré avec la même douceur irrésistible. Je ressentis la même impression d’une eau tiède qui m’environnait.

    Et ainsi,  nous nous sommes retrouvés tous les trois dans ma cave où tout était calme et tout risque écarté.

    Je remontai vers la maison en me demandant comment j’allais expliquer ça à Eyja.

    Ce fut en effet, un beau remue-ménage quand je débarquais devant ma femme et mes enfants. Il fallut beaucoup de temps pour que les esprits se calment. Chacun voulut voir la faille dans le mur de la cave, et j’eus du mal à empêcher mon fils de s’en approcher de trop près. Eyja n’arrêtait pas de demander comment il était possible d’être passé d’un continent à l’autre et surtout d’une époque à l’autre. Je finis par trouver une explication sur Internet : j’étais passé par une faille dans le fameux continuum espace-temps cher aux auteurs de science-fiction et que les scientifiques appellent « un trou de ver ».

    Les plus effarés étaient mes ancêtres. Ils  avaient du mal à se faire à l’idée d’être en France où leur descendant vivait avec tout le confort moderne et les mêmes droits que les autres personnes. Et ce qui était le plus amusant, c’était la tête de mon arrière-grand-père stupéfait devant la beauté et la blondeur de mon épouse. Il n’arrêtait pas de dire :

    -          Qu’est-ce qu’elle est belle ! Mais tu devrais la nourrir mieux pour qu’elle soit moins maigre.

    Nous les avons installés chez nous, leur avons trouvés des vêtements européens. Ce fut un peu difficile pour Maame à cause de sa taille, mais finalement on y est arrivé. Les enfants écoutaient religieusement leur trisaïeul raconter des histoires de son pays. Ma femme passait des heures en conversation avec ma grand-mère qui n’était encore qu’une jeune-fille sans expérience de la vie. Tout paraissait si naturel alors que c’était complètement insensé.

    Et quelques semaines ont passé.

    Un jour, Fatou (vu son âge, j’avais du mal à la voir comme ma grand-mère) me prit à part et me dit :

    -          Ecoute, on ne peut pas rester comme ça. J’adore Eyja et tes enfants. Vous êtes tous très gentils avec nous et je suis très heureuse de voir ce que tu es. Mais il faut que chacun suive son destin. Il faut que je m’en retourne au Sénégal dans mon époque et que je vive ma vie. Il est écrit que je vais rencontrer un homme qui sera ton grand-père. Plus tard, je reviendrai en France avec mes enfants et je viendrai voir ta maison avant que tu l’habites. Et mon cœur sera gonflé de bonheur pour les moments que nous avons passés ensemble. Mais cela restera un secret, parce que c’est trop invraisemblable.

    Je hochais la tête. Elle avait raison, évidemment. A son jeune âge, elle avait déjà beaucoup de justesse dans sa façon de voir les choses.

    C’est ainsi qu’elle repartit un matin alors que le jour se levait. Nous avons gardé mon arrière-grand-père qui avait bien mérité de se reposer après toutes les années passées à enseigner dans ce village diola.

    C’est plus tard en examinant un mur de la maison que j’ai découvert une inscription gravée dans la pierre : « Fatou vous embrasse ». Quelque part dans le passé, elle était revenue comme promis et nous avait laissé un message. J’ai toujours soin d’y planter les plus belles fleurs.
    Pinceau le 24 octobre 2018

    Bonjour à tous
    2 jolis textes pour l'instant
    Bonne continuation à tous :)


    La distance qui nous sépare

    Tandis que l'automne
    Appuie onctueusement sur le champignon
    Rose profite de ce soleil radieux
    Pour sortir balader au parc

    Ascenseur encore en panne

    Une majorette ivre y avait joué de la trompette
    Dans la cage tout au long de la nuit

    Sac en bandoulière
    Poussette et bébé sous chaque bras
    Elle descend laborieusement
    Les marches des 4 étages de son immeuble

    Arrivée en bas en nage
    Rose installe le nourrisson dans sa poussette
    Empestent les fumées des pots d'échappements
    Voltigent les feuilles cuivrées des platanes
    Et en route pour un petit bol d'air

    Dès le portillon franchi
    Rose redécouvre le parc

    Arpentant ses allées boisées
    Rose toute chamboulée par ses rénovations
    Peine à reconnaître
    Le lieu métamorphosé qui a bercé son enfance

    Faut dire qu'elle n'y a pas remis les pieds
    Depuis des lustres
    Depuis sa fracture de la clavicule

    Histoire de se dorer la pilule
    Rose s'assoit sur un banc
    Les doigts de pieds en bouquets de marguerites
    Elle respire en savourant ce moment paisible

    Au lointain
    Dans le bac à sable
    Têtes blondes, brunes, rouquines
    Crépues, en brosse, en broussaille
    S'en donnent à cœur joie

    L'air de rien
    Pour l'instant dans sa poussette
    Son p'tit bout'chou gazouillant
    A l'unisson avec les oiseaux
    Avec son petit doudou et sa tétine
    Grandira bien vite
    Et d'ici peu de temps
    Aura des dents
    Parlera
    Saura marcher
    Puis courra les rejoindre
    Pour s'éclater avec les mômes du quartier

    Faudra bien qu'elle l'accompagne
    Mais rejoindre toute cette marmaille ne l'enchante guère
    Car là elle est peinarde loin de ce brouhaha
    Mais déjà la stridence des pleurs et des cris
    Provenant de l'aire de jeux
    Lui perfore les tympans

    Ça promet d'être coton

    Tandis que son bébé somnole
    Elle s'allume une cigarette
    La première depuis sa grossesse

    Seulement aux yeux des autres
    Puisqu'elle n'a jamais réussi à arrêter

    En observant les gamins
    Rose se demande comment sera sa fille

    Quelle tête aura-t-elle ?
    Ressemblera-t-elle
    A la petite avec ses couettes
    Et son petit pull marine
    Qui fait le pitre
    En équilibre sur le fil du rasoir ?

    Ou à celle qui rêvasse
    Dans sa salopette à carreaux
    Avec ses pansements sur les coudes
    Et sa morve au nez
    Au ras des pâquerettes ?

    Pourvu qu'elle ne devienne pas
    Comme la petite capricieuse
    Avec ses bouclettes blondes
    Dans sa petite robe rose
    Qui arrête pas de brailler
    Depuis une plombe

    Absorbée par le flot de ses réflexions
    Rose n'aperçoit pas la vieille dame voûtée
    Cheminant lentement dans sa direction

    Contemplant avec un brin de nostalgie
    La fontaine où elle barbotait gamine
    Elle s'en rappelle comme si c'était hier

    Dans sa tête soucieuse
    Galope à tout bout de champ
    Un tourbillon infernal de millions de questions

    Quel sera le futur de sa fille ?

    Pour le moment
    Un petit ange
    Mais adolescente
    Commencera-t-elle à filer un mauvais coton
    Et fera-t-elle les 400 coups ?

    Comme on dit
    Les chiens font pas des chats

    Sera-t-elle aussi nulle en math qu'elle ?
    Séchera-t-elle les cours autant que son père ?

    Sera-t-elle autant sensible à la peinture qu'elle ?
    Sera-t-elle aussi borné que lui ?

    Elle espère qu'elle ne sera pas
    Aussi casse-cou qu'elle
    Autant casse-couilles que son bouffon de père

    On peut dire qu'avec lui
    Elle était tombée de haut
    Sur le sacré numéro !

    Il en tenait une de ces couches !

    Elle s'en mordait encore les doigts

    Elle ne l'avait plus revu
    Depuis un soir de pleine lune
    Au début de sa grossesse
    Où il s'était barré
    Après lui avoir vidé tout son appart
    En lui laissant que des dettes
    Et des trous de clopes sur la moquette
    Et puis plus aucune nouvelle

    Elle s'était retrouvée
    Comme une conne
    En colère elle lui en voulait encore

    Sera-t-elle autant à fleur de peau qu'elle ?
    Pourvu qu'elle ne soit pas le portrait-craché de son géniteur

    Rose se demande si elle sera à la hauteur
    Pour élever correctement sa petite
    Si elle aura la patience nécessaire
    Si elle aura la force et le courage
    De surmonter toutes les épreuves
    Si elle sera une bonne maman
    Si seulement déjà elle pouvait retrouver un boulot
    Ça mettrait une noix de beurre dans les épinards
    Et du lait dans les biberons

    Comment vont-elles s'en sortir ?

    Quel sera son avenir
    Dans ce monde actuel
    Qu'elle trouve tellement plus dur et violent
    Que celui de son enfance ?

    Saisie par un lancinant raz de marée
    D’inquiétudes de doutes et d'angoisses
    Rose ne remarque pas auprès d'elle
    La présence de la vieille dame aux cheveux blancs

    « Oh ! Quel beau bébé ! »
    Murmure-t-elle de son pétillant sourire

    En un clin d’œil
    Rose redescend sur le plancher des vaches
    « Merci ! »

    Ses grands iris outremer penchés sur le landau :
    « Il s'appelle comment ce petit poussin ?
    ­- Violette !
    - Oh ! Comme elle est mignonne ! 
    - Merci ! Vous avez l'heure ? 
    - Non, mais j'ai le temps...Je peux m'asseoir là ? 
    - Bien sûr ! »

    Et c'est ainsi que s'engage leur conversation
    Et continue pendant un moment
    Mais de l'envers du décor où je me trouve
    Leurs paroles ne me parviennent plus

    Je distingue à peine leurs lèvres bouger
    Pendant qu'étendue sur la pelouse
    Perchée seule sur la petite colline d'en face
    Je m'allume discrètement un pétard
    En noircissant de mots éphémères
    Les pages de mon petit carnet vert

    Un chat noir et blanc trottine
    Puis vient se frotter à leurs jambes

    Se croisent accros du footing haletant
    Et chiens en laisse se reniflant

    Roucoulent les pigeons
    En bectant les pissenlits par la racine

    Mon stylo a bavé une grosse tache
    Sur la poche de ma veste
    Et me tartine les doigts d'encre

    Tiens, la vieille dame est partie
    Après avoir laissé sur le banc
    Un joli bouquet d'immortelles
    Rose prend sa fille dans ses bras
    Et assise sur le banc lui donne affectueusement le biberon
    Puis au fil de ses pensées
    Elle finit par piquer du nez

    Comme le temps passe
    A la vitesse de la lumière

    Le temps d'ouvrir les yeux
    Et déjà se dessinent
    A vifs et vastes coups de pinceaux
    Les chaleureuses teintes lascives du crépuscule
    Survolées par le croassement des corbeaux

    Parcourue de frissons
    Rose émerge de sa torpeur
    Elle regarde tout autour d'elle
    La poussette a disparu !

    Où est son bébé ?
    Que s'est-il passé ?

    Elle essaie de se lever
    Mais elle est clouée sur place
    Le crâne gelé dans un étau de brouillard
    Dévisageant ses mains
    Sidérée elle les trouve si ridées

    « Tu as pas froid Maman ? »

    Qui me parle ?
    Impression implosion de cerveau

    Non, mais je rêve ou quoi ?

    Et tandis que s'éloigne vers la sortie
    Le fauteuil roulant de Rose
    Poussé tendrement par Violette
    Toute éberluée dans son châle
    Rose recherche dans sa mémoire...

    C'est le troublant trou noir

    Éperdument elle fouille...

    Son dernier et unique souvenir ?

    Avoir hissé à bord du coffre d'une épave
    Le corps inerte de son ex le gros fumier
    D'y avoir foutu le feu
    Puis d'avoir pris le large

    Est-ce le bouquet final ?

    kods le 25 octobre 2018


                                                                                     Le rêve d’Alma

    Elle était assise sur un rocher toute émerveillée par les vagues qui se succédaient pour annoncer le lever d’une nouvelle journée. Chaque vaque représentait pour elle un nouveau un départ vers une autre destination. Son rire m’étonnait, malgré sa solitude elle me transportait vers une autre planète. Peut-être celle des âmes innocentes qui ne se soucient jamais de ce qui se passe autour d’elles. Ses petites mains s’agitaient chaque fois où elle voyait un navire ou une mouette qui s’approchait du vieux phare. De même, les mouvements de ses cheveux longs traduisaient sa joie en ces moments éternels. Elle se calmait un peu, je ne savais plus ce qui l’attirait exactement en regardant devant elle. C’était l’horizon qui apparaissait pour elle comme une énigme. Le ciel et la mer se confondaient pour construire un chef-d’œuvre basé sur toutes les nuances du bleu. Les nuages sous ses différentes formes telles qu’ils étaient imaginés par cette petite fille et le reflet des rayons du soleil sur la surface de la mer symbolisaient la beauté divine. Personne ne pouvait découvrir le grand secret de sa grande attention accordée aux sonorités qui accompagnaient les vagues et surtout leur rythme harmonieux. Les murmures de la mer l’attiraient pour créer une certaine magie avec ce monde maritime. Elle s’élevait soudain en se dirigeant vers le sable, sa petite robe blanche dansait avec le vent et était comparable à des pétales fins et splendides d'une rose. Toute enthousiaste, elle se mettait à genoux pour sculpter les petites graines dorées et rechercher les coquillages, les petites pierres et les algues. Rien ne vaut cet instant de quiétude qu’elle me faisait sentir, on a tous le pouvoir de se débarrasser de plusieurs maux juste en regardant la mer. L’âme trouve sa source d’inspiration et atteigne sa pureté face à face de ce panorama qui t’oblige à s’évader loin de ce monde cruel et des bêtises commises par l’humain. La mélancolie a bercé mon cœur pour quelques secondes, je me souviens de mon enfance, de mon petit village, de ma famille, surtout les moments vécus les plus heureux. Mais certaines blessures restent gravées dans la mémoire. Certainement, le plus dure pour moi: les bombardements étaient partout, le nombre élevé des martyrs, la peur et les cris des enfants, les larmes des femmes, l’image des cadavres, tout ceci est encore creusé dans ma tête jusqu’à maintenant. Cette image, qui était assez grisâtre, détruisait entièrement l’essence de l’humanité. Une réalité ôtant la dignité de l’être humain n’avait qu’un seul effet chez les gens, c’était de provoquer un sentiment d’amertume et état de panique continu. La dualité de la mort et la vie était le fondement de leur quotidien en créant à la fois une résistance et une force de tout un peuple. Celles-ci émanaient de leur propre conviction selon laquelle ce sont les petits actes qui mènent à un changement effectif dans l’avenir.

    J’ouvrais mes yeux en entendant un bruit, c’étaient les pêcheurs qui se rapprochaient de leur petit bateau, ils allaient partir pour une nouvelle journée de pèche. Parmi eux, il y avait un vieux qui était en train de préparer les filets, la souplesse de ses doigts lui permettait de travailler facilement les nœuds. Malgré les rides qui apparaissaient clairement sur ses mains, la fatigue aussi qui marquait les traits de son visage, sa façon de travail montrait sa patience et sa grande passion par la tâche qu’il accomplissait. Des belles mélodies  venant de cet homme  m'interpellaient, il s’agissait peut être des chansons traditionnelles. Il était en synchronisation totale avec le rythme lent des vagues. Les autres pêcheurs avançaient ensemble vers la mer en poussant leur bateau, pour annoncer une nouvelle aventure, oublier temporairement les regrets de la vie et suivre leurs espoirs et aspirations. Je me rappelais de de la petite fille, je regardais autour de moi, je n’ai rien trouvé, ni elle ni les traces de sa sculpture. Ce n’était qu’un beau rêve…

    J’étais consciente de l’importance du travail pour ce vieux pêcheur, le fait de partager avec ses amis le moindre des tâches était pour lui une sorte d’épanouissement et de valorisation de son temps. La coordination entre eux était garantie grâce à leur esprit d’équipe. Cette union collective, qui expliquait en grande partie leur succès, les assemblait durant chaque aventure en mer. Toute ma concentration était accordée aux mains de cet homme qui cherchait quelque chose dans son portefeuille. J’étais trop curieuse pour voir ce qu’il y avait dedans. J’apercevais une ancienne photo en noir et blanc mais un peu déchirée.  Des larmes coulaient rapidement sur ses joues. Il la mettait sur son cœur. Il créait à sa façon une manière de correspondance avec les détails appartenant à ce petit papier. Il oubliait pour un instant le présent pour confronter un passé lointain avec tous ses souvenirs. Il gardait en lui des détails qui ne peuvent plus s’effacer de sa mémoire. L’apparence ne reflète jamais l’intérieur d’une personne. Chercher au-delà de ce qui est visible aux yeux est une richesse. Une autre facette de sa personnalité se manifestait simplement à travers cette photo qui était encore mystérieuse pour moi. Pleurer n’est plus une faiblesse. Mais parfois aux moments les plus durs de la vie, les mots ne sont plus suffisants.  C’est une sorte d’exprimer un mal qui nous survient sans pouvoir réagir avec la parole. Ce qui est évident, cela dépasse la capacité de l’être humain à contrôler tous ses émotions dans une situation similaire à celle de ce vieux. Rares sont les personnes qui sont capables de nous transmettre cette sincérité. Son attachement à cette photo cachait un grand secret. Je sentais chez lui une sensibilité infinie qui est absente chez d’autres. Il n’avait pas même l’envie de parler pour expliquer ce qui se passait avec lui. Je comprenais toute seule qu’il cachait une grande douleur derrière cette apparence marquée par la force. Il quittait rapidement l’endroit en saluant son ami qui venait tout de suite pour le remplacer à cause de son mauvais état. Ce dernier lui adressait une phrase qui me surprenait: « Il ne faut jamais perdre l’espoir de trouver ta perle Alma ». Ces mots bouleversaient toute ma pensée en provoquant plusieurs interrogations, C’est qui cette Alma ?


     
     le 25 octobre 2018
    LE TROU DE VER

    Alexandre se souvenait parfaitement des évènements. Il avait repris sa lecture à l'endroit que le marque page fatigué lui avait indiqué. Il s'était concentré sur chaque mot, il aurait certainement pu les réciter de mémoire. Il avait annoté les pages, souligné quelques passages remarquables. C'était hier.
    Un bref passage devant le miroir de la salle de bain finit de le rassurer sur l'état de sa face. Rien n'avait vraiment évolué. Peut-être d'infimes saccages, imperceptibles à l'œil humain. A l'échelle cellulaire, sans doute. Aucune présence ne saurait échapper à son attention en alerte. Aucune trace d'une hypothétique incursion extérieure dans son quotidien. Pourtant, il ne pouvait comprendre les bouleversements soudains qui le malmenaient depuis plusieurs jours.
    C'était un recueil de nouvelles. Des courts textes écrits dans une langue claire, souvent poétique, jamais ennuyeuse. Le genre de livre que l'on aime à feuilleter, assuré d'y trouver là un réconfort salutaire. Le soir, avant de s'endormir, il a pris l'habitude de s'y plonger, le temps d'un chapitre ou deux, dans un ultime effort avant de déposer les armes aux pieds du Roi Sommeil.
    Allongé dans son lit, il posa le regard sur l'ouvrage laissé la veille, reposant à la surface du chevet envahi de poussières. Il s'empara du volume, tourna timidement les pages, sans les corner, jusqu'à l'emplacement de sa dernière lecture. Sur la table de nuit, le livre avait déjà imprimé sa présence, dessinant un rectangle parfait, tracé avec soin dans la poussière.
    Se pourrait-il qu'il ai vu des choses ayant échappé à son entendement ? Que des moments se soient soustraits au disque dur, mouchard de sa mémoire ? Il ne reconnaissait rien du texte égrainé sous ses yeux incrédules. Il était persuadé d'avoir souligné le mot "besace" et aucune trace n'était là pour le prouver. Le nom, même le nom, des protagonistes de l'histoire avait changé. Michel était maintenant une femme prénommée Jeannette. Panique. Son front mouillé de sueur, froide, il resta tétanisé quelques minutes dans la position du lecteur. Maintenant, il ne percevait plus les signes imprimés sur la page, le texte venait d'être flouté par un changement brusque de focale. D'un geste de dépit, il jeta le livre, celui-ci percuta violemment le mur opposé de sa chambre, avant de retomber sur le sol. Le silence, d'une gravité pesante le transperçait, toucha jusqu'à ses viscères. Est-il en train de devenir fou ? C'est peut-être ça. Non, impossible ! L'emplacement de sa chambre devait se situer juste à l'entrée d'un trou de ver. Forcément. Comment se fait-il qu'il ne l'ai pas compris plus tôt ?
    Cette nuit là, Alexandre tarda à s'endormir.
    Annickiefer le 25 octobre 2018
    HOLE ou la théorie du chaos

     

    -          Alors ! Qu’est-ce que tu deviens ?

    Adrien s’est penché au-dessus de la minuscule table pour que je l’entende par-dessus le brouhaha des conversations. Le café est bondé de trentenaires tirés à quatre épingles, propres sur eux, qui profitent de l’after-work pour se détendre. Je me sens mal à l’aise dans mes habits froissés sentant la sueur. J’enlève ma veste que je plie soigneusement pour que disparaisse le mot « sécurité ».

    -          Alors, dis-moi ! Depuis le temps…

    Sans attendre ma réponse, Adrien commande d’une voix autoritaire deux cognacs. Toujours la même assurance qui ne s’encombre pas de politesse, avec cependant moins de fragilité dans le ton, plus de gris dans ses yeux clairs bercés de rides blanches striant son teint hâlé. Il doit sourire en vacances, ce type, ai-je songé, et comme il ne doit pas bosser des masses… Adrien n’a pas changé d’une taille : grand et svelte, d’allure sportive, il porte des cheveux longs et une barbe soigneusement circonscrite sur un visage étroit au menton fier, sans un double pour le ridiculiser. Je l’observe en douce, caressant machinalement la graisse sous mon bouc, le ventre rentré sous peine de comparaison.

    -          Si je m’attendais à te voir là ! dit-il une fois la serveuse partie.

    Et moi donc ! Si mon chef m’avait prévenu de l’identité de la personne dont il fallait assurer la sécurité, je ne pense pas que je serais là maintenant, dans ce bar high-tech, face à ce type que je n’ai pas revu, en vrai, depuis plus de vingt ans. J’ai été gêné quand il m’a reconnu tout à l’heure, et sidéré qu’il m’invite à boire un verre. Flatté de l’intérêt que portait l’homme public à un de ses employés, mon patron a insisté pour que j’accepte l’invitation. Je n’ai guère eu le choix, et en suis encore à ruminer ma déconvenue tandis qu’Adrien, toujours satisfait de lui-même, se met à me conter sa vie.

    Je l’écoute à peine. Je la connais par cœur, sa vie, depuis qu’on s’est perdus de vue, non pas que je la suive de près, mais il suffit d’allumer la télévision ou de lire un magazine pour découvrir son sourire enjôleur qui en a tant fait succomber. Trois épouses, la dernière fiancée tout juste majeure, toutes belles comme des œuvres d’art qu’il collectionne par ailleurs. Il est désormais tellement riche qu’il ne sait plus comment dépenser son fric, ce qui ne l’empêche pas d’avoir le fisc sur le dos. Évoquer ce dernier sujet l’a brusquement abattu. Il lève vers moi un regard désabusé avant de finir son verre et de claquer des doigts à l’égard de la serveuse.

    -           Et toi ? Vas-y, raconte ! Adrien s’énerverait presque. Est-ce d’attendre la boisson ?

    Ça me revient maintenant. Hole ! On le surnommait Hole à l’époque, parce qu’il picolait comme un trou. J’avais fait sa connaissance à un festival de musique bretonne. Il sortait alors avec une belle blonde aux vêtements transparents qui en faisait bander plus d’un.

    Dans cette foule, nous ne nous serions sans doute jamais parlé si, lors d’une danse où nous étions tous alignés, les petits doigts entrelacés, on n’avait pas formé un cercle. Moi à un bout, lui à un autre, nos auriculaires finirent par s’imbriquer, à mon grand dam, dans la mesure où il faisait écran à la charmante blonde dans ma ligne de mire. A la fin de la danse, mes potes et moi sommes restés collés à la fille, la langue pendante, devant du même coup supporter cet échalas cynique aux allures de dandy. On voyait tout de suite qu’il avait la classe, qu’il n’était pas du même milieu, avec son écharpe en laine tissée esthétiquement balancée sur l’épaule et ses joints qu’il fumait ouvertement, osant même  en proposer aux policiers qui surveillaient le site. Ce gars-là ne craignait rien. Mes amis prétendaient que c’était un fils à papa et que le papa avait apparemment le bras long.

    La fille ne voyait que lui, subjuguée par ses faux airs de poète maudit. De fait, nous avons passé la nuit à l’écouter déblatérer des vers tragiques à moitié absorbés par les goulots de canettes, avec d’autant plus de bonne volonté que la fille, anesthésiée par son calme débit, finit par choir sur l’une ou l’autre de nos épaules. On en profita un peu pour malaxer un sein, embrasser la nuque. Le type s’en moquait. Il ne voulait pas s’attacher. L’amour est une corde pour se pendre. Seule la chair apaise ma soif, je laisse le cœur à la laitue, s’écria-t-il avant d’éclater d’un rire lugubre et de s’affaler dans l’herbe en ronflant.

    On s’est réveillés sous un soleil accablant, Hole et moi, au milieu des canettes vides et des papiers gras. Un type donnait des petits coups de semelles contre nos tibias. On s’est retrouvés à jeun et seuls au monde : la blonde s’était fait la belle avec mes potes. Immense une fois debout sur cette esplanade presque déserte, Hole semblait pourtant penaud et perdu comme un petit garçon. Mon cœur s’est remué, j’avais juste envie de le protéger. Il n’avait plus rien du fils à papa agaçant, prétentieux et morbide. On a sympathisé. Très vite, on a constaté qu’on suivait les mêmes études, mais pas dans la même université. Lui à la Sorbonne, moi dans une fac sans facture. Hole passait plus de temps sur les cours de tennis – il rêvait de devenir professionnel — ou les terrains de golf – juste pour partager un moment avec papa — qu’à réviser.

     Par la suite, Il m’invita parfois chez lui pour passer le week-end. Je préparais fébrilement mon maillot de bain, un short et de blanches socquettes de marque en me réjouissant de la perspective de profiter d’un luxe en d’autres temps inaccessible. Malheureusement, j’observais les vaguelettes azur de la piscine du balcon de sa chambre d’où je lui dictais les arguments utiles à sa dissertation. C’était surtout dans les matières scientifiques que Hole était nul. Moi, j’adorais lui expliquer les méandres d’une logique pour lui identique à un sac de nœuds, pour me venger, face à son air stupide, de ma déception de rester au balcon, en modeste spectateur d’un luxe inatteignable.

    En dehors des occasions où il avait besoin de mon aide, Hole ne m’invita jamais à le rejoindre, ne me présenta aucun de ses amis. Grâce à moi, il réussit ses examens, plutôt brillamment puisqu’il fut admis dans une grande école américaine, à moins que le patronyme paternel n’eût suffi à lui en ouvrir les portes. Quant à moi, je voulais devenir ingénieur. Je travaillais comme serveur en dehors de mes études, ma bourse ne suffisant pas à couvrir mes frais. Mon père profita durant trois jours de sa retraite d’ouvrier avant de cracher ses poumons noirs de suie. Mes parents avaient économisé toute leur vie pour que je puisse avoir ma chance et que ma petite sœur handicapée ne manque de rien. Sachant que le rien, en matière de handicap, coûte la peau des fesses.

    Un soir où j’étais plus désabusé que d’ordinaire, j’ai bu un coup et j’ai téléphoné à Hole. Il était aux Bahamas ou aux îles Caïmans avec son paternel, sans doute pour y planquer l’argent gagné grâce aux gosses des bidonvilles qui cousaient les ballons et les sweet vendus pour une fortune dans leurs boutiques prisées. Je laissais un message à leur bonniche asiatique. Hole ne rappela jamais.

    J’ai donc mis un terme à mes études. J’ai fait un tas de petits boulots. Depuis quelques mois, je suis agent de sécurité, je me tape les foires en journée, les entrepôts déserts la nuit, accompagné d’un Malinois mauvais comme une teigne, une matraque contre ma cuisse censée me rassurer.

    -          Alors, comme ça, tu es agent de sécurité ? m’interpelle Adrien en ramenant une mèche rebelle derrière une oreille parfaite. Je croyais que tu voulais être ingénieur. Tu te rappelles comme on devisait pendant des heures sur la relativité ? J’avais même un poster d’Einstein dans ma chambre, celui où il tire la langue.

    -          J’me souviens surtout que tes connaissances en sciences étaient relatives, et que c’est toi qui tirais la langue sur tes devoirs. Sans moi, tu aurais planté ton année et tu n’en serais pas là aujourd’hui.

    Une lueur méfiante anime le regard d’Adrien tandis qu’il scrute mon visage afin de percer mes intentions. J’étais resté silencieux jusqu’à sa dernière remarque, qui vient d’ouvrir les hostilités ou la boîte de Pandore dans laquelle j’ai amassé déceptions et frustrations mêlées. À l’affût tel un prédateur, je décortique tout ce qu’il est en espérant le dépecer : le ton méprisant quand il a parlé de mon travail, ses manies de beau gosse, d’éternel adolescent entretenu, à ce point assuré de sa suprématie qu’il arrange la réalité à son avantage. Je regrette cependant ma dernière phrase, qui dévoile en moi cette jalousie dont j’ignorais, avant de le revoir, qu’elle me consumait encore.

    -          Tu crois vraiment ? rétorque-t-il d’un ton mielleux.

    -          Non, tu as raison. Tu n’avais pas besoin de moi. Dans ton milieu, pas la peine d’être brillant pour réussir. Il suffit d’être bourré de tunes, d’avoir un nom, de connaître les bonnes personnes, les bons plans, de se montrer et le tour est joué.

    Adrien sourit, se déhanche un peu pour sortir d’une poche un papier plié. De sa poche de chemise, il extirpe un stylo doré. Il pousse nos verres de côté et aplatit la feuille sur la table, après avoir essuyé de son mouchoir les auréoles.

    J’aimerais lui arracher cet air prétentieux, effacer la lueur maligne qui allume ses pupilles. Heureusement, il baisse les yeux et trace une longue ligne dans la longueur de la feuille dépliée, au bout de laquelle il dessine à chaque extrémité une croix.

    -          Te connaissant, tu as dû entendre parler de la théorie du trou de ver, se lance-t-il avec son arrogance coutumière. Je suis le point A, tu es le point B. Chacun en bout de ligne. Tu vois, on n’aurait jamais dû se
    Annickiefer le 25 octobre 2018
    Excusez-moi : je ne sais pas faire court. Voilà la suite


    -          Te connaissant, tu as dû entendre parler de la théorie du trou de ver, se lance-t-il avec son arrogance coutumière. Je suis le point A, tu es le point B. Chacun en bout de ligne. Tu vois, on n’aurait jamais dû se rencontrer. Sauf si on plie la feuille de façon à ce que les deux points se superposent…

    -          Ou si un fils de prolo et un fils de bonne famille ferment une ronde à un Fest-noz.

    -          Tu es jaloux ? Tu croyais quoi ? Qu’il suffisait d’être mon pote pour faire partie de mon monde ? Tu voulais prendre un raccourci vers la réussite et le pouvoir ? Non, mon vieux, notre rencontre, c’était uniquement le fruit pourri du hasard.

    Je n’ai pas réfléchi. Mon poing est parti au milieu de son sourire provocateur pour le faire voler en éclats. J’ai fracassé sa belle gueule en criant :

    -          Ouais ! Et la théorie du KO ! Tu connais ?

     le 25 octobre 2018
    On se demande si l'art des Tagorhien ou des Barvent se defendent de n'avoir jamais été influencé par les Vishgus de la planète Vega!
    Par quoi remplace t'il leur pastelle ou leurs vaisselles de velours dans cette obscurité bourdonnante?
    Je ne sais pas trop je ne suis pas trop intéressé par l'art ou les histoires de cette région de l'espace car ce qui m'intéresse c'est de rendre la justice à la force de mon poing et de démonter des montagnes de fer jusqu'à en faire éclaté les miridus, les opales, les poulix et un bon verre de soparis.
    J'espère que l'on aura pas d'intervention à faire dans ce secteur aujourd'hui j'ai envie de me reposé et de profiter de ma fille pour l’emmener visiter le souk de Madian.
    - Pour ma part j'aime l'art j'aime le dialogue intime de la matière sont mon intérieur se partage se mélange jouissif de sécrétion hormonale qui me procure une extase intellectuelle.
    - Tu devrais plutôt t'occupé d'aller au marché pour acheter les oranges, les dattes et la liqueur verte pour le voyage intersidérale en cas d'appel.
    - Ah oui j’espère que l'on aura assez de vivre cette fois ci car si cela se passe comme la dernière fois ou l'on c'est fait absorber par un trou noir et que l'on a atterri du coté de la constellation d'Orion et que l'on a du supporter le peuple Zidelus avec leur tradition païenne et leur nourriture d'arbre de flurus, je dis non plus jamais.
    Il n’y a pas mieux que les fruits de notre belle planète Terre.
    Arrêter de trop parler et profiter pour vous ressourcer, Alban tu devrais aller au marché et prendre Kail avec toi.
    - Le dialogue suscite l'échange et c'est une forme d'art très apprécié des Tagorhien.
    - Tu dis cela car vous les Barvent vous êtes des bons orateur en revanche question art, ça nous rappelle nos ancêtre venu de l’Afriqua.
    - Oui on m'a raconté qu'ils étaient des bon guerrier dans ces régions d'ou peut être l'origine de ta force Zeldus?
    - Non du tout je suis originaire de Kategut dans les hautes terres de glace du signe Ahlus.
    Qui a fait ta réputation de justice de l'univers ?
    Ce sont mes exploits au service des peuples de la galaxie lorsque l'on m'a donné la science des ouvertures célestes en créent un vortex vitré de lumière ou l'on se désintégré entièrement pour être reconstitué à l’extérieur de ce puits de lumière.
    -Pour ma part ceci est de l'art et ceci est une puissance divine à savoir utiliser mais pas a enseigner car si cette force est en de mauvaise main cela sera de mauvais présage pour les générations futur.
    - peux tu m'ouvrir ton vortex pour que j'aille faire les courses sur la planète Zeluton pour acheter les fleurs de jilus excellente et parfumer qui nous laisse planer pendant des heures dans des mondes virtuels de bonheur.
    -Non! vas faire les courses à Madian pour ses oranges et ses dattes onctueuses.
    On est en période de repos donc moins j'en fais mieux je me porterais.
    Je ne supportâmes son autorité volontaire et sa rigueur intrinsèque mais bon il était notre gardien de notre galaxie et nous l'aimons naturellement, il mérite son repos avec tout ses exploits et c'est un homme de paix reconnus dans toutes notre univers et je penses que je vais lui faire son gâteau préféré en fibre de verre qui représente une déesse Tagorhienne et sans m'inspirer des gâteaux Visghus de la planète Vega
    johnnybigoude le 26 octobre 2018
    Petit texte rédigé sans prétention.



                   Dans l’espace depuis six mois Kurt Cobalt flottait pour rejoindre le reste de l’équipage resté à l’avant de la station « iris ». Comme toujours, il était le dernier à quitter les salles arrières. Il était le responsable de l’entretien de la base. A chaque nouveau rassemblement du personnel navigant, il devait vérifier pièce après pièce qu’aucun voyant d’alarme des nombreux panels de commande ne soient allumés. Quand il arriva au point de rassemblement, qui était le seul endroit avec le poste de pilotage où les pieds tenaient au sol, le commandant de bord avait déjà commencé le briefing du jour. Droit sur son estrade ce petit bonhomme chauve aux tempes rousses parlait à haute voix comme par peur de ne pas être entendu par la trentaine de personne regroupée juste pour l’écouter.

                    Kurt s’était assis sur la dernière chaise libre et il dévisagea le commandant comme si il était captivé par ce long discours ennuyeux. Sauf que son esprit, comme à chaque fois qu’il n’était pas occupé, commença à s’échapper pour remonter l’échelle du temps et se retrouver à la période même qui changea à jamais le cours de son existence.

                                                                                                            ***

                    En ce 1er juin 2358 , Il se revoyait heureux de retrouver sa femme Courtney et ses enfants comme chaque soir après avoir vécu une journée épanouissante à préparer navettes et engins spatiaux à leur destiné. Mais ce jour là, en arrivant dans le salon familiale il vit une silhouette étrangère assise à table face à son épouse. Quand elle se retourna il découvrit une femme blonde qu’il trouva instantanément tellement belle qu’il ne pu s’en approcher, il resta figé sur le seuil. Surprise, Courtney lui présenta l’invité, il s’agissait de Leila la mère d’une amie de son fils passée invité leur aîné à dîner . Elle et sa famille venait d’aménager dans le quartier. Kurt gêné, s’avança pour serrer la main de l’inconnue. Au moment où leurs deux mains se touchèrent il aurait voulu arrêter le temps pour rester là, face à elle juste à lui tenir la main et à la contempler. Mais l’instant fut bref puisqu’elle déclara devoir partir pour rejoindre son mari qui lui aussi avait du terminer sa journée. Quand il ferma la porte d’entrée derrière Leila il avait déjà compris qu’elle s’était enfuie avec son cœur et qu’à partir de ce moment rien ne compterait plus que de la revoir.

                                                                                                   ***

                    Un bruit sourd sorti Kurt de ses songes. Le commandant l’interpellé en frappant sur son présentoir pour lui signifié qu’une alarme sonnait dans la salle numéro 3. Il se leva et quitta le briefing sans regret. Il avança dans le labyrinthe de couloirs jusqu’à rejoindre la pièce où il devait intervenir. Quand il ouvrit la porte il découvrit sur le tableau lumineux un voyant inhabituel allumé, il s’approcha et il vit inscrit simplement le mot « danger imminent ». Sans prévenir, des lumières rouges se mirent à scintiller dans l’ensemble de la station. La situation devenait inquiétante et il ne savait pas du tout d’où provenait ces alertes. Devant la situation difficile, Il décida de tenter de joindre la terre pour essayer d’obtenir plus d’information, mais avant qu’il est pu y parvenir le commandant Peark entra dans la pièce. Kurt avait toujours été impressionné par la facilité de se déplacer de cet homme si lourd lorsque ses jambes le portaient et si léger quand il était débarrassé de cette contrainte. D’une voix sourde Peark déclara

    -          Quesque c’est que cette merde Cobalt !

    -          Mon commandant, je ne peux pas répondre à cette question parce-que je ne sais pas encore ce qu’il se passe.

    -          Putain, j’ai accepter de vous embarquer sur cette mission au dernier moment pour vos soi-disant capacité à solder n’importe quel problème en un temps record

    -          Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour arranger la situation mais pendant que l’on parle je n’avance pas beaucoup et j’ai bien peur que notre présente discussion ne commence sérieusement à me briser la tête avec tout mon respect bien-sûr.

    -          Je ne vous aime pas Cobalt, mais je suis obligé de faire avec, alors magner vous d’arrêter ce bruit et ces sirènes

    -          Bien mon commandant, vous permettez que j’appelle la terre ?

                    Le commandant ne répondit pas et sortit. Kurt pris le combiné pour joindre la base sur terre. Il tapa le code d’urgence et attendit avec impatiente la réponse qui ne vint jamais. Il n’obtint aucune réponse de la planète bleue. Son corps se mit à trembler quand il compris qu’il se trouvait face à un dysfonctionnent réel et important de la station, le plus dur étant qu’il n’avait pas la moindre idée d’où tout ce cirque pouvait venir. Il sortit de la pièce pour se rendre au poste de pilotage situé au premier étage. Il passa son badge devant le lecteur et la porte d’acier s’ouvrit. Devant lui se trouvait trois hommes et le commandant. Ils semblaient médusés en regardant quelque chose par la grande vitre qui donnait à l’extérieur.

    -          Commandant, il y a un problème, je n’arrive pas à joindre la terre. S’exclama Kurt

                    Sans répondre, Peark désigna la baie vitrée du doigts. Kurt s’avança pour voir ce que tout le monde semblait regarder. Au fur et à mesure qu’il avançait, il distingua une immense forme noire tourbillonnante qui avançait droit sur la station. Il n’avait jamais vu une chose pareil, son travail consistait à maintenir en état la station et il n’avait pas les compétences pour comprendre ce qu’il voyait à ce moment précis.

    -          Commandant, qu’est-ce-qu’il se passe dehors ?

    -          Cobalt, ce que vous êtes entrain de regarder s’appelle un trou noir et cette putain de saloperie de merde à pour habitude d’avaler tout ce qu’elle rencontre et je pense que nous sommes sur le point de faire sa connaissance.

    -          Et comment on peut éviter ça ?

    -          Je pense malheureusement qu’il est déjà trop tard, il faut regrouper l’ensemble de l’équipage et leur annoncer que nous allons tous mourir.

                    Alors que cette dernière phrase raisonnait dans la tête de Kurt le vaisseau se mit à trembler dans un bruit sourd. Sans s’y attendre Kurt sentit une énorme douleur au niveau de l’arrière de la tête qui lui fit perdre connaissance. Là, allonger au sol suite à la chute d’une poutre de maintien du plafond, loin de la panique qui avait envahi la station, Kurt se retrouvait de nouveau devant chez lui sur terre quelques mois plus tôt.

                                                                                                  ***

                    Un jour parmi d’autre où Il n’arrivait plus à cacher à sa femme le désir qu’il éprouvait pour Leila, il vivait de plus en plus mal la situation. Depuis leur première rencontre la situation avait évolué puisqu’ils se fréquentaient régulièrement. Jamais ils n’avaient franchi le cap de s’avouer leurs sentiments qui paraissaient pourtant réciproques. Quelques allusions et messages envoyés plein de sous-entendu que n’importe quel lecteur aurait pu déchiffrer. Chaque message de Kurt criaient je t’aime à Leila sans l’écrire. A chaque fois qu’il la quittait il sombrait dans une immense dépression. Chez lui, Il devenait invivable sans que sa femme ne comprenne pourquoi. Il lui servait les excuses habituelles, il était comme ça à cause de ses conditions de travail difficiles et des nœuds au cerveau que cela lui créaient. Mais en réalité du levé au couché il ne pensait qu’à Leila sans qu’il puisse trouver une solution pour que cela s’arrête. Tout son monde était entrain de s’effondrer, il se sentait minable à chaque fois qu’il regarder Courtney et ses deux enfants, il se frapper la tête contre les murs dès qu’il passait un moment amical avec Daniel le mari de Leila. Kurt sortait son plus beau sourire et ses meilleures blagues lors des soirées de couples qui étaient devenues régulières entre Kurt, Courtney, Leila et Daniel. Mais en réalité il détestait Daniel car il l’imaginait chaque soir allongé à coté de Leila se tournant vers elle lui glissant un baiser dans la nuque avant de faire descendre sa main le long de son corps pour finir entre ses cuisses. Il la voyait se retournant prise par l’excitation créée par les vas et vient du majeur de son amant. L’image de Leila chevauchant son mari en se mordant les lèvres le tuait, mais ce qui l’anéantissait c’était de savoir que lors de ces moments de passion elle ne pensait pas à lui, elle l’oubliait, il n’existait plus alors que lui était devenu incapable de toucher sa femme. Une seul solution lui paru envisageable la fuite, restait à trouver où il pourrait partir sans faire souffrir personne à part lui.

                                                                                                  ***
    johnnybigoude le 26 octobre 2018
    suite

    Quand il ouvrit les yeux, il se trouvait toujours allongé dans la salle de commandement. Il était seul, non sans mal il se remis debout. Quand il regarda à l’extérieur il s’aperçu que le trou noir avait triplé de volume, des morceaux de la station se disloquaient et étaient absorbés par le géant. Il devenait impossible de se déplacer dans la station tellement sa stabilité n’était qu’un lointain souvenir. Il s’accrocha au premier objet stable qui était à sa portée et il décida de fixer la bête en attendant la mort. Il voulait penser lors de ses derniers instants de vie à ses enfants et à sa femmes mais sa tête n’était occupée que part Leila et le dernier message qui lui avait laissé avant d’embarquer.

     «  Salut Leil,

                    Ce petit message matinal sera le dernier, dans une heure je serais parti pour un voyage dont je ne suis pas sur de revenir et si un jour je suis de retour la vie sera passée. Je pars car je ne peux plus survivre ainsi. je te vois partout mais tu es nul part, je pense à toi à chaque seconde, je te veux mais je ne t’aurais jamais car ton cœur est déjà pris alors que le mien est prisonnier d’une vie dont il ne veut plus. Je t’aime tellement que je déteste tous les autres, je m’obstine à les rendre malheureux pour ne plus être seul à souffrir. J’attends la mort sans avoir le courage d’aller la chercher. je dois partir pour toi et pour eux.

    Aujourd’hui à 6h45 je te l’avoue sans détour je t’aime et en même temps ce message sera mon adieu.

    Kurt »

    Après avoir rédiger ce message où il se mettait à nu, Kurt détruisit son portable.

                                                                          ***

                    Le trou noir devenait invisible, le bruit dans la station devenait insupportable pour les oreilles de Kurt. Son corps était parcouru par une douleur indescriptible. Un cri venu du fond des tripes sorti de sa bouche sans qu’il ne puisse le contenir. Il avait toujours pensé que face à la mort il se comporterait en héros, qu’il la regarderait droit dans les yeux pour la défier, mais non il mourrait dans un cri de peur et baigné de larme. Sa peau s’arrachait jusqu’à laisser découvrir ses os, le trou noir absorbait tout à commencer par Kurt. Tout à coup le bruit s’arrêta pour être remplacé par un silence angoissant. Kurt ne ressentait plus aucune douleur, son corps n’était plus, mais son âme persistait. Son esprit était bien vivant, libéré de son enveloppe. Lui qui n’avait jamais cru en aucun dieu venait de découvrir la mort et il se sentait tellement bien. Il s’attendait à voir une lumière blanche intense s’allumer pour l’attirer vers un monde meilleur mais au lieu de cela il distingua au loin une faible lueur rouge. Autour de lui il comprit qu’il était entouré de murs gris plongés dans l’obscurité et la lumière rouge était en fait le reflet d’un radio réveil qui indiquait 6h15. A quelques centimètres de cette projection il la vit, elle était là endormi, Leila. Son cœur n’était plus et pourtant il le sentait battre dans une poitrine perdue. Il la voyait devant lui, elle avait les yeux ouverts embués de larme. Il aurait voulu essuyer son visage et la couvrir de baiser, les six mois passés dans l’espace n’avaient rien changé à ses sentiments. Il se trouvait dans la chambre de la femme aimée sans pouvoir lui parler puisqu’il n’était plus. A ce moment là un autre visage apparu, celui de son mari Daniel, il venait de l’embrasser dans le creux de la nuque. Kurt vivait en direct ses pires cauchemars. La main de Daniel commença à descendre le long du corps de Leila mais au moment de se glisser sous la culotte Leila le stoppa en lui disant

    -          Il est trop tard dans dix minutes, je me lève.

    -          A chaque jour sa nouvelle excuse, râla Daniel

                    Sur ces derniers mots, Leila sorti de son lit laissant à sa frustration son mari. Elle enfila une robe de soie et sorti de la chambre. Kurt la suivi sans même le vouloir, le solide n’était plus un obstacle pour lui. il traversait portes et murs sans difficulté. Leila se fit couler un café et s’installa sur le bar de la cuisine tout en consultant son Smartphone. Daniel la rejoint pour lui aussi prendre son petit déjeuner. Pas un mot ne fut échangé entre les deux concubins, le silence était lourd, heureusement une sonnerie de notification venu du téléphone de Leila vint briser l’instant  de mal être qu’ils étaient entrain de vivre. Elle déverrouilla son écran et lu le message reçu, l’auteur était appelé simplement « lui » et le texte commençait par « Salut Leil, ... » Kurt comprit qu’il s’agissait de ce qu’il avait écrit le jour de son départ. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait devant lui, il était témoin d’une tranche de vie de Leila qu’il aurait voulu ne jamais connaître de peur d’être déçu. Que se passait t’il ? la mort consistait elle à vous faire revivre des moments de la vie des autres ? Tout en lisant, Leila se mit à pleurer, Daniel la regardait sans comprendre.

    -          Que se passe-t’il chéri ? s’exclama t’il

    -          NOOOOOOON, hurla Leila

    Elle ouvrit son répertoire et fit défiler ses contacts jusqu’à trouver « lui », elle appuya sur l’icone appeler mais tomba directement sur le répondeur de Kurt.

    -          Kurt, c’est Leila je viens de lire ton message, ne pars pas attends moi. Moi aussi je dois te voir.

    Sa voix était vacillante, la peine que lui avait causé ce message l’empêcher d’en dire plus. Daniel était affolé

    -          Leila ! qu’es-ce-qu’il t’arrive ?, que se passe t’il avec Kurt ? Leila ! réponds moi !

                    Trop tard Leila avait sauté dans ces vêtements et claquait la porte d’entrée. Elle sauta dans sa voiture et dans un grincement de pneu sorti de la propriété et s’engagea sur la route principale. Kurt sans le vouloir était sur le siège passager, témoin involontaire de cette scène. Tout au long des Kilomètres parcourus Leila pleurait. Kurt ne comprenait pas où elle se rendait quand il reconnu son domicile. Leila descendit de la voiture et sonna à l’entrée de la maison, Courtney sorti encore en robe de chambre.

    -          Leila il est tôt !

    -          Où il est ? questionna Leila

    -          Qui ?

    -          Kurt ! où est-il ? il faut que je lui parle, hurla Leila

    -          Mais, il est parti. Il a choisi d’embarquer pour une mission dont la durée est indéterminée. Il nous a abandonné les enfants et moi.

                    Cette dernière phrase raisonna dans la tête de Kurt comme un coup de masse. Faire du mal c’est facile mais en être témoin faut le pouvoir et il n’était pas ce genre de type. Sans un autre mot Leila bondit de nouveau dans sa voiture pour reprendre la route. Après trente minutes à vitesse maximale, elle arriva devant la base où travaillait Kurt. Elle couru à l’accueil et interpella la personne derrière le présentoir.

    -          Je veux parler à Kurt Cobalt

    -          Mais madame, la navette de Mr Cobalt a décollé il y a quinze minutes déjà.

                    A ces mots Leila s’effondra dans l’entrée de la base et Kurt se sentait partir tout en hurlant

    -          Leila, je suis là !

                    Mais en vain, il partait et tout autour de lui devenait silencieux et noir. Il voulait que tout s’arrête mais il n’était maître de rien. Au loin une nouvelle lueur brillait et de nouveau autour de lui des murs s’élevaient. Il se retrouvait dans le bureau du général de la base. Le général Mayer était assis et face à lui se trouvait un homme. En s’approchant Kurt fut saisi d’horreur quand il s’aperçut qu’il s’agissait de lui. Il était là discutant d’avenir avec le général.

    -          Mon général il faut absolument que vous me laissiez embarqué pour la station « Iris »

    -          Non Kurt il est trop tard je ne peux pas vous ajoutez, les autres membres de l’équipage ne l’accepterait pas.

    -          Mon général, je vous le demande comme une faveur, je dois partir, c’est vital pour moi.

    -          Rentrez chez vous Kurt, votre femme et vos enfants ont besoin de vous.

    -          Mon général, je ne voulais pas en arriver là mais vous m’y forcer. Vous rappelez vous de cette histoire de cul entre vous et le capitaine Mauls. Il ne faudrait pas que les membres de la base soient mis au courant de cette anecdote non ?

    -          Vous n’avez aucune preuve Cobalt !

    -          Peut-être mais avez-vous réellement envie de le savoir ?

                    Kurt se dégoûtait, tout au long de la discussion il n’avait pas arrêter de crier « - arrête, ne fais pas ça ». mais de nouveau tout devenait silencieux et noir autour de lui. Plus le temps passait et plus il se sentait faiblir et toujours pas de lumière blanche au bout d’un tunnel à l’horizon. Il se sentait partir, cette fois la mort, la vrai, venait le chercher et il se sentait soulagé. A peine le temps d’y penser et il n’était plus.

                                                                             ***
    johnnybigoude le 26 octobre 2018
    suite
                   
                  Quand il se réveilla, Kurt se trouvait dans sa voiture. Il leva les mains pour contrôler leur présence et elles étaient bien là. Il avait réintégré son corps et apparemment il se trouvait de nouveau sur terre. Le tableau de bord indiquait « 1er juin 2358, 17 : 45 ». kurt se frotta le visage et sortit du véhicule, il se trouvait devant chez lui. La voiture de Leila était garée un peu plus bas. Tout à coup le film de ce qu’il venait de vivre défila dans sa tête et il comprit qu’il se retrouvait le jour où il l’avait rencontré pour la première fois. Le jour où sa vie a basculé, le jour ou il décida de rendre malheureux ses enfants et sa femme, le jour où rien ne compta plus qu’elle, le premier de ses derniers jours. Il remonta dans la voiture et démarra. Ses pensées s’entrechoquèrent, quelque chose ou quelqu’un lui avait donné une deuxième chance. Il avait la possibilité de tout changer, de ne pas rentrer chez lui maintenant, de ne pas rencontrer Leila et donc de ne pas gâcher tout ce qu’il avait construit. Sauf qu’il n’en n’avait pas envie car il venait justement de vivre une expérience où il l’avait vu elle triste de le savoir parti, peut-être cette fois elle m’écrira. Il coupa le contact et descendit. Il s’approcha de la porte d’entrée, abaissa la poignée et entra.

    -          Chérie, c’est moi je suis rentré.
    CaraT le 28 octobre 2018
    Lettre à ma mie

    Ma bien-aimée,

    notre histoire a traversé les siècles tant elle a été belle. Elle le restera à jamais, je t'en fais le serment. 
    Si je désire aujourd'hui, de toute mon âme, traverser et l'espace et le temps, c'est pour te retrouver. Car t'en souvient-il, ma mie, comme nous étions heureux ?

    Toi, avec tes 17 ans, ta grâce et ta beauté n'ayant d'égales que la vivacité de ton esprit et la splendeur de ta foi. J'ai résisté, tu sais. Oui, Dieu m'en est témoin, j'ai essayé. J'avais le double de ton âge, j'étais ton professeur ; ton oncle avait mis en moi toute son espérance, en me confiant ton éducation. Las, la cruauté de sa vengeance, irréversible, aura été à la hauteur de sa confiance déchue. Notre amour secret fut plus honteux pour lui que le plus terrible des déshonneurs.

    Ô ma douce amie, me pardonneras-tu d'avoir cédé ? Te t'avoir aimée si fort ?

    Lorsque je repense à tout cela, parfois, je m'en veux. Mais de penser à la noblesse de nos sentiments mutuels ; de revoir, en pensée, l'enfant né de notre amour, me conforte dans le fait que j'avais raison. N'a-t-on pas toujours raison d'aimer ?

    Ma toute belle, je revis sans cesse, dans mon ailleurs, l'instant où le Destin t'envoya à moi. L'astre du jour dardait ses rayons avec une joyeuse insouciance, mais, déjà, je ne voyais plus que toi. Déjà, je devais faire montre d'une résistance à laquelle je n'étais pas habitué. Et j'étais bien décidé à ne pas céder. Mais ton parfum, ô mon tendre amour ! L'éclat sublime de tes yeux ! Ta grâce, d'une sensualité au-delà du supportable ! L'élégance et la fulgurance de tes traits d'esprit. Comment ? Comment aurais-je pu, dans ma simple condition d'homme, fait de chair et de sang, ne pas capituler ?

    J'ai rendu les armes, ma douce, oui. Ce combat n'était pas fait pour moi ; il était au-dessus de mes forces. Il me devenait inconcevable de ne pas me blottir contre toi. Je n'avais, le sais-tu ?, jamais connu de communion charnelle aussi intense. Etais-je né de la veille ? Et toi, mon tendre amour, qui découvrais le plaisir des sens. Toi qui me fis la grâce de t'offrir à moi toute entière, je te glorifie et te bénis. Plus intensément, je l'avoue, - honte sur moi ! - que notre Seigneur Jésus-Christ.

    Oh, bien entendu, elle fut belle, sincère, profonde, notre correspondance. Elle gardait nos nobles sentiments vivaces, et nous rapprochait alors que nous ne pouvions plus nous approcher. Ton oncle Fulbert, la vie, le Destin, peut-être, en avaient décidé ainsi.

    Mais je m'y refuse ! Désormais, tout mon être se rebelle contre tant d'infortune, et je veux vivre et revivre pour toi, pour nous, pour Astrolabe, notre cher enfant.

    Si je veux te retrouver aujourd'hui, ma splendeur, c'est pour changer le cours des choses.

    Car je t'ai attendue, mon amour, longtemps. Lorsqu'enfin tu me revins, je t'ouvris les bras pour les refermer à jamais autour de toi. Je ne te laisserai plus partir, je t'en fais la promesse. Je ne laisserai plus personne se mettre en travers de notre amour. Pour cela, ma mie, je vais ce soir traverser l'espace et le temps pour te retrouver. Alors nous referons ensemble le chemin qui nous mena à tant d'ardeur et de passion ; ensemble, nous tracerons notre route qui ne sera plus faite que de roses, mais sans ses épines. Attends-moi, mon Héloïse ! J'arrive ! Je viens...


    Ton Abélard, à jamais.





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