AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet



    HarletteBab le 03 décembre 2018
    Les rayons de nos supermarchés sont déjà remplis de chocolats, foie gras et autre joyeuse boustifaille : le mois de décembre et son marathon alimentaire ont bien commencé...
    (On vous voit, ceux qui trichent sur leur calendrier de l'Avent ! )

    Ce mois-ci, nous vous proposons d'attendre les fêtes de fin d'année en réfléchissant sur un thème de saison : "Chaud les marrons !"



    Vous avez jusqu'au 31 décembre, minuit, pour participer. Une fois encore, la taille de votre texte est libre, et vous pouvez interpréter le sujet comme bon vous semble...

    Bon défi !
    MonsieurHyacinthe le 05 décembre 2018
    [ Bonjour à tous,
      je découvre les propositions d'écriture du site.
      J'espère poster au bon endroit.
      Bien à vous ! ]


     

                     ON NE LUTTE PAS CONTRE LES MARRONS


    Voyez comme il impressionne, depuis les éperons jusqu'au colt ! Du clinquant dans les godasses, du ténébreux dans le collimateur. Oh non, frêles donzelles, Chucky Barn Widget n’est pas là pour rire. Le regard froid, même son miroir se détourne, intimidé par le gaillard. On ne zieute pas Chucky sans crainte. 300 kilos de muscles à tout casser, et malgré tout, le pied léger, ce gus n'a vraiment pas l'air d'un rigolo. Autant vous dire que ça file droit dans le Wisconsin. En voilà du héros sans peur ni reproches, un homme crasseux aux valeurs propres. Ça, c’est du cowboy de compétition !

    Enfin, tout ça, c'est sans compter l'ennemi ! Fichtre, diantre, zut ! C’est qu’on le canarde ! Il détecte une première salve, vive, traîtresse, dans le dos, en direction de sa tête. Ni une, ni deux, notre cowboy esquive. Il s'en faut de peu qu'elle atteigne sa cible, il s'en faut d'un rien que Chucky ne soit touché. Vite, cowboy, réagir ! Analyser la situation. Mesurer les risques. Identifier l'origine et montrer du répondant. Pas d’hésitation, ça vient de la porte battante du saloon. Les tripots du Far West sont décidément mal famés.

    Pas le temps de crier gare, seconde salve dans la foulée. Aïe ! Chucky flanche sévère. Cette fois, il l'a prise en plein dans l'oreille. Mince ! Le vent tourne vite dans cette région aride. Plus possible de riposter, il lui faut admettre la position stratégique de l’adversité, s’avouer en péril sous son feu et la jouer fine.

    — Léo ! À table mon poussin, la dinde et les marrons sont chauds ! Et tu me retires ton déguisement avant de manger !

    — D’accord maman ! Une minute. J’arrive.

    Que voulez-vous ? L'homme a des valeurs, on vous a dit. C'est un amant fidèle et un hôte fiable sur l'horaire, surtout le soir de Noël. Mieux vaut endormir l’opposant et le brosser dans le sens du poil. Il y aura des ouvertures, des opportunités. La vengeance des cowboys se livre à froid. Sur le sol, quelques restes de Chucky Barn Widget. On ne lutte pas contre les marrons. Ni contre maman.
    Irenoux le 06 décembre 2018
    Je suis comme Patricia Kaas, une fille de l’Est. Dans ma région, le 6 décembre n’est pas un jour comme les autres. C’est LE jour de l’année que les écoliers attendent avec impatience. D’ailleurs, je ne faisais pas exception à la règle. Dans mon école aussi il venait, et moi, je n’étais qu’émerveillement. Qui ça, “il” ? Saint-Nicolas, pardi !


    Accompagné de son acolyte le Père Fouettard, aussi impressionnant que craint, le Saint Homme venait chaque année dans ma classe. Son programme ? Distribution aux enfants sages, de pain d’épices, de clémentines et de bonbons. Son compagnon, quant à lui, s’occupait de nous effrayer en simulant quelques coups de fouet. Juste de quoi nous remettre dans le droit chemin. Leur venue était systématiquement préparée avec minutie. Nous confectionnions de jolis dessins représentant Saint-Nicolas, avec sa crosse emblématique, sa mitre et sa barbe blanche, que nous remplacions souvent par de gros morceaux de coton. C’était notre Père Noël avant l’heure, en sorte.


    Il n’y a pas qu’à l’école que c’était l'effervescence. En ville aussi. Sa venue était l’occasion pour la mairie, d’allumer les décorations lumineuses dans les rues et d’organiser un grand défilé. Nous bassinions notre mère pour qu’elle nous y emmène. Malgré nos moufles, nos écharpes et nos cagoules, on se pelait les miches, mais nous n’aurions raté cet événement pour rien au monde. On suivait Saint-Nicolas sur son char, décoré chaque année avec plus ou moins de goûts par les services municipaux. Il déambulait dans la ville et nous lui faisions de grands signes de la main dès qu’il posait son regard sur nous. À la fin du défilé, il remettait les clefs de la cité à monsieur le maire et nous écoutions son discours avec une attention toute relative. En fait, nous fixions déjà le ciel, dans lequel nous pourrions observer, quelques instants plus tard, un feu d’artifice qui n’étincelait pas davantage que nos mirettes.


    Mais le moment que je préférais, je dois l’avouer, c’était le retour à la maison. Mon père avait allumé le Godin qui trônait au salon. La chaleur des flammes nous réchauffait instantanément. Une drôle de poêle trouée y était déposée, dans laquelle des châtaignes fendues commençaient à dorer. Le feu crépitait et une odeur particulière envahissait la maison. On s’installait autour de la table basse en débattant sur le char de l’année et le feu d’artifice “qui ne valait pas le 14 juillet”, en attendant que retentisse le fameux “Chaud les marrons, chaud !”. On s’empressait alors de se brûler les doigts sur l’écorce calcinée. Je faisais rouler les marrons dans mes mains en soufflant dessus, pour les faire refroidir plus vite. La gourmandise n’attend pas.


    C’est ça, ma madeleine de Proust à moi. Une odeur de marrons grillés. Désormais, dès que je croise un marchand ambulant, j’ouvre grand les narines, ferme les yeux et replonge dans mes souvenirs d’enfance dont la saveur est aussi douce que celle des marrons chauds.
    CudilleroPlume le 08 décembre 2018
    Haïku :


    Marrons d'automne
    Tintent de leur empreinte
    Le froid de l'hiver
     le 09 décembre 2018
    Chaud les marrons !

    samedi 1 décembre 2018
    15:13

    Un essaim de Playmobil, genre "travaux public", vibrait autour du rond-point. Sa voiture roulait au pas, contournant l'attroupement aux reflets jaune fluo. Le groupe de rebelles, extrême et joyeux, alimentait l'espace de ses conversations autour d'un brasero qui crépitait ardemment. On entendait scander des slogans en direction des véhicules : " Macron ! Démission ! " ; à la radio, l'animateur s'essoufflait bruyamment entre deux titres mainstream. Le carrefour dépassé, Kévin accéléra sur la départementale défraîchie pour arriver à l'heure à son rendez-vous, au pôle emploi de Grandville ; Grandville, France, autrement dit : le trou du cul du monde.
    L'entrée de l'agglomération, avec son radar et ses succursales commerciales, avait un air de ville à vendre. Il enfila une succession de ronds-points où l'on pouvait lire sur des calicots tendus les revendications des habitants pour la sauvegarde de l'hôpital local dont le démantèlement programmé avait déjà eu raison des principaux services sanitaires comme les urgences ou la maternité. Pas de gilets jaunes en vue. Ils avaient déplacé le pôle emploi en périphérie, un bâtiment tout neuf, sécurisé comme un coffre-fort ; là, il fallait montrer patte blanche, taper son code de demandeur d'emploi sur le terminal pour pénétrer dans l'enceinte des services.
    Il avait vu la sécheresse, puis les vagues successives de pyrales du buis qui avaient tout envahi à la fin de l'été, et maintenant l'automne finissait avec cette prolifération des gilets jaunes. Les chaînes d'infos faisaient des scores d'enfer en diffusant les émeutes qui défiguraient la capitale depuis des semaines, on vivait une époque formidable, un vent insurrectionnel avait émergé et une majorité de la population manifestait son mécontentement, criait sa misère jusque là invisible. Kévin n'avait jamais vu ça, il avait 52 ans et lui aussi avait de quoi être mécontent. Cela faisait trois années qu'il galérait pour survivre, avec sa fille, entre stage et chômage, entre contrats précaires et resto du cœur ; aujourd'hui il allait rencontrer sa conseillère à l'emploi pour faire le point sur sa situation professionnelle. Il avait peu d'espoir ; cette formalité servait, pour l'essentiel, à vérifier s'il effectuait des recherches effectives d'emploi afin de conserver ses droits à l'allocation.
    En se rapprochant, Kevin comprit rapidement que son rendez-vous était mort. Un groupe conséquent de gilets jaunes barrait l'entrée du parking calmement devant leur banderole,
    " Dégage! Démission! Le Peuple est dans la rue! "
    " Tout ça pour ça ! J'ai rien contre la révolution, il y a tellement longtemps que j'espérais un tel moment, mais là ça tombe franchement mal. Je suis déjà dans une merde noire et voilà que mes efforts vont faire flop dès que le roi démissionnera, pfff !" Kévin se parlait à haute voix tandis qu'il rebroussait chemin au volant de sa Dacia. "Quelle dèche !"
    Il roulait à présent tranquillement pour rejoindre son domicile, ses pensées se mélangeant aux images qui défilaient devant lui. Le rond-point se profilait au loin, il sorti du vide-poche le gilet jaune qui lui servait de passeport et le déposa devant le pare-brise de son véhicule, bien visible. Il reconnu la fumée qui s'échappait du brasero, le groupe, autour, se réchauffait en chantant. A l'entrée du carrefour, il ralentit, il entrouvrit la fenêtre de son auto. Une femme approcha et lui proposa de s'arrêter pour venir partager les marrons chauds avec l'attroupement des manifestants. Kévin se dit qu'il n'avait rien à perdre, il gara sa Dacia sur l'accotement et s'approcha du centre.
    " Les marrons sont chauds, viens te joindre à nous l'ami ! "
    Kévin retrouva instantanément le sourire, oublia momentanément ses soucis.
    Sflagg le 09 décembre 2018
    Salut !


    Petit texte sans véritable fin, mais j'avoue quand le débutant je ne savais pas vraiment où j'allais et qu'en route je n'ai toujours pas trouvé de réponse, donc au final je ne suis pas arrivé bien loin.


                                                                                              La jeune femme aux marrons chauds :

     
     En ce quatorzième jour du mois de février 1925, jour où débute l'histoire qui nous intéresse, la neige tombe sans interruption depuis le milieu de la nuit et la température ne dépasse pas les –5 °C. Il est à peu près dix heures du matin et cela fait déjà deux heures que Catharina Wozdylasky se trouve à son poste, sur une petite place de Paris, à vendre ses marrons chauds. Elle est frigorifiée, mais au fond, elle ne se plaint pas. Elle, elle peut toujours réchauffer ses mains au-dessus de son poêle. Pas comme le vieux Lucien qui, de l'autre côté de la place, vend des journaux. De plus, étant originaire de la Pologne elle avait déjà eu à supporter des températures beaucoup plus basses. Quoique, en cherchant bien, cela ne fût pas souvent et il y avait très longtemps, lorsqu'elle était encore qu'une toute petite fille, avant qu'elle et toute sa famille n'immigrent pour la France. Alors, comprenez bien qu'aujourd'hui, âgée de vingt ans, dans des vêtements mités et trop légers pour la saison, cela lui paraisse encore plus loin.

      Une petite brise se lève alors, la faisant frissonner, et elle se pense intérieurement :

     "Tien ! il manquait plus que le vent pour que cette matinée soit vraiment pourrie. Si je ne m'attrape pas un bon rhume d'ici ce soir j'aurais vraiment beaucoup de chance. Et tout ça pour quoi, ma fille ? Pour rien, pour dix sous, quinze maximum, une misère quoi ! Qu'est-ce que je fiche là, franchement ? J'aurais mieux fait de rester au lit, j'y aurais été mieux qu'à me les geler sur ce trottoir.

     — Allons ! Allons ! Ne désespère pas, ça pourrait être pire, regarde ce pauvre M. Lucien, il n'a pas de poêle lui pour réchauffer ces vieilles articulations. Tu penses un peu aux douleurs qu'il doit ressentir le soir en se couchant. Ça se voit que tu ne sais pas ce que c'est toi que d'avoir des rhumatismes. Et bien moi, je peux te dire que c'est beaucoup plus gênant qu'un petit rhume de rien du tout. Alors, arrête de te plaindre et affronte le froid la tête haute ! Et si tu n'es pas capable de le faire pour toi, fais-le au moins par respect pour lui et son grand âge, ça sera déjà mieux que de ronchonner dans ta barbe. Penses-y ! Ça ne peut pas te faire tant de mal que ça,  au contraire tu en sortiras même plus grandie."

     La petite voix qui lui répond, c'est la voix qui lui parle depuis aussi longtemps qu'elle puisse s'en souvenir. Une petite voix qui avait d'abord était celle qu'elle donnait à son doudou. Une vieille chaussette noire de papa, en fait, que maman avait bourrée de tissus et à laquelle elle avait cousu d'autres bouts de tissus et des morceaux de laine pour lui faire le nez, les yeux, la bouche et surtout les cheveux. De longs cheveux blonds, de très longs cheveux blonds, car c'était une fille son doudou. Une poupée qu'elle avait surnommée Zonia de son accent zézayant de petite fille. Une poupée qu'elle avait eue pour ses deux ans et qu'elle avait emmenée lorsqu'à six ans ils avaient quitté la Pologne.

      Zonia avait toujours été là pour protéger Catharina de ses peurs d'enfant. Elle éloignait les monstres qui se cachaient sous son lit, la consolait lorsqu'elle était triste, lui tenait compagnie quand elle était malade et faisait bien d'autres choses encore. Même le jour du grand voyage elle avait été là, la rassurant, l'encourageant, et tout cela, bien sûr, en lui parlant de cette fameuse voix. Une voix de fille de dessin animé, dirions-nous aujourd'hui, une voix à la Maya l'abeille par exemple, ou, plus simplement, comme il l'aurait dit à l'époque, une voix un peu niée et enfantine. En clair une voix qui rassurait les enfants et surtout qui avait rassuré Catharina pendant cette partie de la vie où l'on se sent si indépendant, si fragile, si petit, et où l'on trouve tout ce qui nous entoure si inquiétant, si dangereux, si grand.

      Depuis, sa poupée avait disparu. Son père avait décidé un jour, alors qu'elle avait dans les neuf ans, que sa vieille poupée toute gangrenée devait rejoindre le Père-Lachaise des doudous. Il n'avait jamais été très délicat. Elle avait beau avoir pleuré toutes les larmes qu'elle contenait et crié aussi fort que sa petite voix aiguë le lui permettait : "Que sa petite Zonia n'était pas morte et que s'ils l'enterraient et bé que elle, elle irait s'enterrer aussi et que après il faudrait pas venir la pleurer, car ce serait bien fait pour eux." Peine perdue, sa chère Zonia, son inoubliable Zonia, sa seule amie Zonia partit tout de même pour le grand Père-Lachaise des doudous, ce qui signifie tout simplement qu'elle finît à la décharge municipale. Et ainsi disparut la propriétaire originelle de la voix.

      La voix, elle, par contre, ne disparut pas, continuant de la guider, muant avec l'adolescence en une voix plus mûre et dont le discours aussi se transformait. Elle devenait plus pertinente, plus perfide, plus troublante au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de sa maturité.

     Catharina en est arrivée là de ses réflexions sur cette voix  qui a gardé le nom de Zonia et qui au fond ne la dérange pas tant que ça. "Je te suis bien utile en fait et au fond tu m'aimes bien n'est-ce pas ?" Dis d'ailleurs cette dernière comme pour répondre à la dernière pensée de Catharina. Lorsqu'une troisième voix vint s'insinuer dans leur conversation y mettant par delà même fin :

    "Bonjour Mlle Catharina ! On rêvasse ? Je vous tirerais bien mon chapeau d'y arriver par un tel froid, mais j'aurais trop peur que mes oreilles ne se transforment en glaçon instantanément. L'homme qui vient de parler partit d'un rire franc, riant à sa propre plaisanterie. C'est le brigadier Dubourdeil, le gendarme assigné à la surveillance du quartier, son premier habitué de la journée. Ce qui veut dire qu'il est à peu près dix heures et quart, elle le sait, car c'est l'heure où il passe tous les jours pour lui acheter une portion de marrons, histoire de se réchauffer et de mieux faire passer sa ronde.

    — Bonjour brigadier ! Je remarque que si cette froidure ne m’empêche pas de me perdre dans mes pensées, il n’a pas non plus encore réussi à geler votre sens de l’humour.

    Tout en répondant au représentant de l’ordre, elle attrape une page d’un des journaux de la veille que lui vend au quart de son prix le vieux Lucien. Elle roule ensuite la feuille de chou en cône et la remplit d’une portion de marrons chauds à peine un peu plus grosse que celle qu’elle donne à ses autres clients. Mais n’allez pas croire que c’est par peur de l’uniforme, non ! Bien au contraire même, car, quoiqu’elle n’ose se l’avouer, elle a un petit faible pour le jeune policier toujours souriant. Souriant, et pour cause, vu que lui aussi a le béguin pour la jeune femme, ce qui justement le met en joie chaque fois qu’il la voit. Hélas pour eux, d’ici quelques minutes, cette idylle, même pas encore naissante, se verra tuée dans l’œuf, avorté à tout jamais. Mais ça ne sera que dans quelques minutes, pour le moment l’espoir subsiste encore.

    Elle tend le cornet de marrons au brigadier qui, en échange, lui donne un sou. Ce dernier, sans même enlever ses gants pour ne pas se geler les doigts à cause du froid ni se les brûler à cause de la chaleur des marrons, se met en suivant à en décortiquer un et le manger.

     C’est à ce moment-là qu’arrive le troisième personnage de cette histoire, mais aussi le second des habitués de Catharina : le charbonnier Luigi Bonenni, qui n’est pas qu’un client, mais aussi son fournisseur de charbon, car il faut bien du charbon pour faire cuire les marrons. Luigi est un vieil italien, arrivé en France alors qu’il était encore jeune, et qui, malgré le temps écoulé, a toujours son accent d’origine. Ce qui plait énormément à Catherina qui, elle, a perdu le sien assez vite après sa propre arrivée dans le pays.

     Les salutations de politesse même pas entamées, elle est déjà en train d’enrouler une nouvelle page de journal en cône et de la fourrer d’une portion (normale, ce coup-ci) de marrons chauds, qu’elle tend à l’homme qui lui ne la paye pas en échange. Il retirera la somme du prix du charbon qu’il est venu lui livrer. Ils se sont arrangés ainsi quand elle est devenue sa cliente au début de l’hiver. Lorsqu’elle a repris la place de sa mère, à présent trop âgée pour pouvoir continuer.

    — Bonjour les amoureux, ça roucoule ?

     Lance alors Luigi d’un ton moqueur. Ce qui fait aussitôt rougir les deux interpelés qui ne peuvent s’empêcher de s’en défendre.

    — Mais non ! Bredouille l’un.

    — Même pas vraie ! Ajoute la seconde. "

     C’est à ce moment précis qu’aurait dû débuter leur histoire, bien aidé par le charbonnier. Sauf qu’au lieu de ça, c‘est toute autre chose qui commence. Une chose qui va changer leur vie à tous et pour toujours. Une chose qui va, hélas, empêcher que leur amour voie le jour. Une chose incroyable, inimaginable, extraordinaire et j’en passe. Une chose que je ne saurais même pas comment vous l’expliquer, vous la décrire, vous en parler. Ce qui tombe bien, vu que de vous en conter le début m’a donné envie de marrons chauds et que si je veux pouvoir en manger, il va falloir que je me dépêche de descendre aller en acheter au vendeur du coin de la rue avant qu’il ne ferme. C’est pour ça aussi que je suis obligé de mettre un terme à ce récit qui pourtant partait si bien. Dommage !...     


    S. Flagg, Decembre 2018.


    Bonne lecture et bonne chance à tous !!
    cheyenne-tala le 10 décembre 2018
    Bonjour à tous, je participe pour la première fois à un défi d'écriture sur Babélio.
    Voici mon texte:


    Recroquevillée sur moi-même, le dos contre la paroi de notre grotte, j’attends.

    Mon ventre vide ne me laisse aucun répit, se rappelle sans cesse à mon esprit, s’impose dans mes pensées.

    Je resserre la fourrure de bête autour de moi, attentive aux bruits qui m’entourent.

    Ma mère reviendra-t-elle les bras chargés de baies ? De racines ?

    Mon père arrivera-t-il à capturer du gibier ?

    C’est peu probable. Depuis quelques jours, le froid s’installe et l’hiver sera bientôt là. Les esprits de la forêt semblent nous avoir abandonnés.

    Mon regard se pose sur le tas de marrons devant l’entrée de la grotte. J’en ai ramassé une pleine brassée ce matin. Ces petits cailloux marron enveloppés de piquants sont amusants. Certains sont nus, lisses et parfaitement inutiles, comme les glands.

    Je pensais m’en servir comme projectiles pour éloigner les animaux, mais après tout quel intérêt, puisque nous allons mourir de faim…

    Je me lève pour voir si mes parents reviennent. Il commence à faire nuit, et le silence me fait peur.

    Je rajoute quelques brindilles dans le feu qui brûle près de l’entrée et m’assieds à côté.

    Je saisis distraitement un caillou marron et le jette dans les flammes, puis un autre et encore un autre.

    Au bout de quelques minutes, des claquements secs se font entendre au cœur du brasier, me faisant sursauter ! Un de ces cailloux roule vers moi, tout fumant.

    Le feu l’a ouvert, révélant sa chair granuleuse, odorante, appétissante.

    Se pourrait-il qu’il se laisse manger à présent ? Il faut que je goûte, mon ventre me le commande.

    Prudemment, j’extrais ce qu’il y a à l’intérieur, juste une petite pincée.

    Le goût est curieux, nouveau, bon.

    Je reproduis la même expérience avec les autres cailloux, et bientôt je me sens mieux.

    Ravie de ma découverte, je décide de préparer un petit monticule de marrons chauds.

    Si mes parents reviennent bredouilles, ils seront heureux de se rassasier avec mes cailloux.

    Peut-être ne mourrons-nous pas de faim, finalement.

    PS : Ce soir, mon père est revenu avec un gros oiseau, que nous avons décidé d’appeler dinde. Nous l’avons dégustée avec mes marrons chauds.
    Big-Bad-Wolf le 11 décembre 2018
    Hello !
    J'ai découvert le défi d'écriture ce mois-ci, et donc j'ai tenté l'exercice. J'ai été un peu prolifique même si j'ai essayé de faire court... Et j'ai dû le poster en deux messages ! Bonne lecture et bonne chance à tous ! 


    Des marrons pour la fête de l'hiver.

    La neige tombait en milliers de petits flocons silencieux, drapant la ville d'une chape caractéristique de ces nuits d'hiver. Les passants emmitouflés dans leurs épais manteaux ou leurs longues capes rentraient la tête dans les épaules pour échapper à la bise hivernale, têtes et couvre-chefs saupoudrés de poudreuse à la manière des gâteaux traditionnels que l'on trouvait sur les étals des boulangeries. La nuit était tombée depuis un moment déjà, et les torches éclairaient sommairement les rues principales d'éclats tremblotants. Dans une ruelle secondaire, Llonfeln se tenait recroquevillé contre le mur d'une masure pour se tenir chaud. De sous ses cheveux châtains en bataille luisait son regard bleu océan qui ne quittait pas la route pavée qui grimpait le long de la colline à seulement quelques pas de lui. Le gamin des rues frissonna et rentra un peu plus son visage dans le châle crasseux qui entourait son cou. En cet instant il aurait aimé être là-haut, dans les cuisines du château. Seulement voilà, il en avait été chassé, et il ne tenait qu'à lui de trouver une solution.

    Il s'était battu avec Claudius. Encore. Et cette fois, Anna l'avait purement et simplement jeté dehors. Le garçon se sentait blessé par ce geste bien plus que par les coups que lui avait porté son rival. Peut-être parce qu'il n'avait nulle part d'autre où aller. Ou peut-être encore parce que la cuisinière en chef était sans doute ce qui se rapprochait le plus d'une mère pour lui. Orphelin depuis quelques années déjà, Llonfeln n'avait jamais connu son père. En revanche, il ne pouvait pas ignorer ce qu'il lui avait légué, et qu'il arborait chaque jour de sa vie. Au fil de ses pensées qui se déroulaient dans sa tête, le gamin alla suivre la courbe de son oreille droite dans un geste machinal. Son doigt s'attarda sur la pointe légère qui en ornait le sommet. Les rues n'étaient pas un endroit pour un petit demi-elfe. Pas plus que les cuisines du château royal, visiblement, comme Claudius s'amusait à le lui rappeler assez souvent. Leur dernière dispute en date, il y a deux jours, avait débuté comme toujours, mais s'était envenimée lorsque Llonfeln avait écrasé une louche de potage dans le visage du petit commis de cuisine. Quelques coups échangés plus tard, et alors qu'ils roulaient au sol enchevêtrés comme des chats en pleine rixe sans prêter la moindre attention au chaos créé dans les cuisines, Anna les avait séparés en les attrapant par le col avant de jeter l'orphelin dehors, rouge de colère, en lui disant que ce n'était plus la peine de revenir, et qu'elle n'avait pas besoin d'un tel chaos à quelques jours seulement de la grande fête de l'hiver.

    La fête de l'hiver... Elle allait débuter d'ici quelques heures seulement. Llonfeln tâcha de ne pas pleurer de frustration en songeant qu'il aurait dû donner un coup de main en cuisine, puis se tenir au chaud non loin de la cheminée après avoir fait sa part et faire bombance des restes de table. À moins de trouver une solution, il aurait le ventre creux. Allons ! Il était presque un homme maintenant. Il avait presque dix ans. Une moue décidée plaquée sur ses traits, il s'était redressé légèrement pour regarder passer les cavaliers et les carrosses avec un air de défi. Un frémissement contre sa poitrine l'amena à baisser les yeux. Une petite tête reptilienne sertie de grands yeux clairs se glissa hors de son col et le regarda bien en face.
    « On va pas rester comme ça dans le froid, Pyûn. Tu peux me croire ! »
    La petite créature aux écailles turquoise poussa une sorte de petit roucoulement d'assentiment, avant de rentrer docilement dans le vêtement lorsque son petit maître appuya du doigt sur sa tête. Le gamin se releva en ne prêtant pas attention aux protestations de ses muscles ankylosés. Sa décision prise, il attendit au coin de la bâtisse que passe un carrosse peint de couleurs vives, aux portières ornées de l'emblème du seigneur qui s'y trouvait. Dès que le véhicule se fut éloigné de quelques mètres, Llonfeln s'élança. De morphologie fine et sèche, il n'était pas sans rappeler une flèche alors qu'il courait dans la neige boueuse et fondue pour rattraper l'engin. Au moment opportun, il tendit le bras et parvint à attraper un ornement en forme de licorne qui lui servit à se hisser sur le garde-boue et à se plaquer contre la paroi pour ne pas se faire remarquer.

    Le coche gravit la colline au rythme du trot des chevaux dont les sabots claquaient sur les pavés et résonnaient curieusement dans la nuit d'hiver. Parvenu jusqu'au pont-levis qui marquait l'entrée du château, l'attelage s'arrêta afin que les gardes puissent procéder au contrôle d'identité de rigueur. Le cœur battant, le garçon des rues se laissa glisser à terre, dans l'ombre du carrosse, et se faufila pendant que la garde faisait le tour du véhicule. Habitué aux lieux, il n'eut pas de mal à se glisser jusqu'à la cour intérieure. Une fois entré, il ne faisait plus guère l'objet d'une quelconque attention, se fondant dans le décor et dans l'agitation. Il y avait beaucoup de passage, domestiques, personnel du château, garde ou invités qui se rendaient aux salles de réception. Sans hésitation, il fila tout droit en direction des cuisines, bien décidé à reprendre sa place en rampant devant Anna si nécessaire. Il comptait bien l'amadouer et faire valoir qu'une paire de bras supplémentaire ne serait pas de trop un soir pareil...

    Au passage, le semi-elfe plongea sa main dans l'eau glacée d'un abreuvoir alors qu'il longeait les barres d'attache devant les écuries. Il s'en servit pour se débarbouiller sommairement, tâchant de faire bonne figure après deux jours à errer dans les rues. Toutefois, avant même de parvenir jusqu'à la large porte de bois, il vit celle-ci s'ouvrir à la volée sur deux visages familiers. Un homme et une femme, travaillant tous deux aux cuisines, et qui portaient des seaux de déchets à aller jeter dans une petite pièce adjacente, dont le trou ménagé dans le sol donnait sur le fossé entourant le château. Ils avaient tous deux une mine fermée et l'air des mauvais jours. Sachant qu'il se ferait tirer les oreilles et qu'on ne lui permettrait pas de voir Anna s'il se faisait prendre avant d'arriver à bon port, Llonfeln se glissa entre deux chevaux qui attendaient d'être rentrés au box. Entre leurs jambes, il suivit à la fois la progression des deux cuisiniers et leur discussion qui s'amplifiait avec leur approche.
    « Ca va nous retomber dessus à tous, pour sûr !
    - Comment est-ce qu'on aurait pu savoir ? C'est pas si facile que ça à voir, des souris !
    - On aurait dû faire attention. Ouvrir l’œil et voir les premiers signes avant l'infestation totale. Maintenant, impossible de préparer correctement le cygne noir aux marrons blancs pour la réception de ce soir... Autant dire que ce sera pas vraiment la fête de l'hiver, sans le plat le plus important. »

    Llonfeln les laissa passer en sentant son cœur manquer un battement. Des souris, dans la réserve des marrons blancs ? C'était une réserve à part, sécurisée depuis le moment où les précieux fruits avaient été récoltés et entreposés. Il fallait qu'il y fasse frais et sec pour que la conservation soit la meilleure. Les marrons blancs étaient l'ingrédient le plus important et traditionnel des repas de la fête de l'hiver. Leur rareté et leur goût raffiné faisaient leur cherté, mais il n'était pas rare d'en trouver quelques-uns plus modestement dans les assiettes de membres du peuple durant la fête. Autant dire que leur disparition aux dents des rongeurs était une catastrophe, et serait sans doute interprétée par les prêtres comme un très mauvais présage pour l'année à venir. Pyûn avait escaladé l'épaule de son jeune maître à l'intérieur de ses vêtements, et passé la tête hors du col. Le semi-elfe réfléchissait à toute vitesse. S'il pouvait procurer des marrons blancs aux cuisines à temps, nul doute qu'on lui pardonnerait et qu'il pourrait revenir... Mais comment s'y prendre ? Et où en trouver ? La réponse s'imposa d'elle-même à son esprit. La forêt des brumes. Celle-ci s'étendait au Nord de la ville, à perte de vue. On y trouvait des marronniers blancs, ou marronniers des elfes, un peu partout. Mais si les gens évitaient de s'y rendre, c'était en raison des esprits de la nature qui en gardaient farouchement l'accès. Le gamin sentit la peur lui étreindre le cœur un instant. Puis il croisa le grand regard bleu clair de Pyûn et prit une inspiration.
    « C'est notre seule chance Pyûn. On n'a pas vraiment le choix. »

    ***
    Big-Bad-Wolf le 11 décembre 2018
    (suite et fin du texte !)

    ***

    La certitude du gamin avait toutefois commencé à fondre comme la neige sous les premiers baisers du soleil de printemps lorsqu'il se retrouva à la lisière de la forêt. Il s'était faufilé hors de la ville en passant entre les grilles du canal qui la traversait. Puis, il avait dû marcher un bon moment à la seule lueur d'une torche de fortune, jusqu'à se retrouver devant la frontière arborée. Les branches nues étaient tendues telles des doigts rachitiques sur le ciel grisâtre. Llonfeln pouvait encore renoncer. Mais alors, ce serait tirer un trait pour de bon sur son ancienne vie et le confort que cela lui apportait. Le semi-elfe eut une grimace de défi. Il savait où trouver les arbres. Tout ce qu'il lui fallait, c'était un peu de courage. Avec un étrange ronronnement, Pyûn grimpa sur son épaule, sortant enfin pour de bon de sa tenue. Le petit dragon étira ses ailes ankylosées, mais sa présence donna du courage à l'enfant. Il inspira lentement, fit un premier pas, puis un autre, avant de s'enfoncer dans les bois.

    Les marronniers des elfes poussaient à proximité d'une source claire. Llonfeln le savait, et il n'avait qu'à tendre l'oreille pour se diriger. La torche limitait sa visibilité, mais il refusait de s'en séparer. Son cœur battait un peu trop vite et un peu trop fort malgré tout son courage. La forêt bruissait de cent clameurs animales. Le hululement d'une chouette le fit sursauter malgré lui. Pourtant, il continua. Pas après pas, il s'enfonçait dans ce que son instinct lui disait être la bonne direction. Après tout, il était un demi elfe... Ne pourrait-il pas sentir instinctivement où se trouvaient les marronniers blancs ? Il ne savait pas si cette théorie tenait debout... Pourtant, il avait l'impression de connaître le chemin. Derrière lui, un étrange brouillard semblait monter du sol. À chaque seconde, il prenait plus de consistance. Lorsqu'il fut bien épais, de petites lueurs dansantes apparurent. Elles allaient toujours par paire.

    Tout à sa quête héroïque, le gamin n'avait rien remarqué. Il portait son regard en avant, vers les ténèbres. Et ce, jusqu'à l'instant où il vit un arbre blanc dressé à quelques pas devant lui. Un arbre qui avait toujours ses feuilles d'un blanc argenté même en hiver. Et qui portait des fruits, cachés dans de grosses bogues d'un blanc teinté de gris. Un sourire de vainqueur aux lèvres, Llonfeln posa sa torche contre un gros rocher et s'apprêta à grimper. Il s'étira avec presque trop de soin avant d'enlacer de son mieux le tronc du marronnier blanc. Il avait déjà escaladé des arbres, mais jamais comme celui-ci. Il était chiche en prises, et pourtant le semi-elfe parvint à s'élever. Non sans efforts, il parvint jusqu'aux premières branches. Avec un soin particulier, il entreprit de détacher les bogues à la main et en secouant les branches, tâchant surtout de ne pas trop se piquer les doigts.

    Au bas de l'arbre, alors que les précieux marrons blancs tombaient et parfois jaillissaient de leurs coques hérissées de piquants et fendues par la chute, la brume prenait forme. À mesure que la cueillette avançait, la menace prenait forme. Mais le gamin était bien trop absorbé par sa tâche pour y faire attention. Ce ne fut qu'au moment de redescendre qu'il les vit. Leur corps semblait fait de brume, mais leurs yeux ressemblaient à des flammes d'un bleu intense. Ils prenaient la forme de créatures des bois : renards, blaireaux, martres, cerfs... Une bonne demi-douzaine d'entre eux tournaient en rond au pied de l'arbre, prêts à laisser leur courroux s'exprimer. Llonfeln remerciait les dieux qu'il n'y ait pas encore de représentation de créatures plus redoutables, comme des loups, des ours, des lynx ou des sangliers... Mais l'affaire n'était pas réglée pour autant. Figé dans sa descente, il se retrouvait coincé sans oser se confronter aux gardiens des bois. Et le temps passait.

    Le secours lui vint d'une provenance inattendue. Pyûn déploya ses ailes avec un petit cri strident qui n'était pas sans rappeler celui d'un oiseau de proie, puis décolla pour mieux fondre sur les gardiens. Ceux-ci ne semblèrent pas se méfier, jusqu'à l'instant où le premier d'entre eux fut touché par une gerbe de flammes crachée par le dragonnet. Le renard touché s'évapora littéralement dans un très léger sifflement. Apparemment, ces créatures craignaient le feu... ou au moins celui des dragons, qui était pétri d'énergie magique. Cette constatation redonna du cœur et du courage au garçon, qui reprit sa descente à une vitesse inconsidérée tout en criant des encouragements à son animal.
    « C'est bien Pyûn ! Ouvre-nous la voie ! »
    Au moment où ses pieds prirent contact avec le sol, il se baissa tout en retirant son écharpe. Le plus rapidement possible, il jeta marrons blancs et bogues dans le tissu qu'il referma sitôt plein pour former un baluchon. Pyûn l'avait protégé jusque là, et il tenait encore à lui de continuer jusqu'à ce qu'ils soient sortis d'ici. Caracolant derrière la petite créature qui voletait en crachant du feu sur les gardiens furieux, Llonfeln ramassa sa torche au passage. Filant à travers les arbres, ne prenant pas attention au point de côté qui lui vrillait le flanc, il ne s'arrêta qu'après avoir laissé la lisière de la forêt derrière lui.

    Le souffle court, le semi-elfe se plia en avant en respirant bruyamment. Depuis les bois, les cris de frustration des gardiens se faisaient entendre dans la nuit. Leur pouvoir s'arrêtait en même temps que la frontière formée par les arbres. Le petit dragon vint se poser sur l'épaule de son jeune maître et fourra sa tête dans le creux de son cou pour l'y frotter affectueusement. En réponse, Llonfeln lui caressa le dos.
    « Tu nous as sauvés, Pyûn... Et on a ce pour quoi on était venus. Faut qu'on retourne au château maintenant. Et vite ! »

    ***

    Le gamin pensait ne pas avoir un jour couru autant que durant cette nuit de fête de l'hiver. Il avait l'impression qu'il allait s'effondrer d'un instant à l'autre. N'ayant plus la force de se faufiler, il passa les gardes à l'entrée du château en continuant à courir. Personne ne sembla vouloir l'arrêter. La cour était toujours pleine d'activité et de gens passant par là, mais il ne prit plus la peine de se cacher. Il était trop près du but. Pyûn volant derrière lui, il fila jusqu'à la large porte de chêne qui permettait l'accès aux cuisines. Comme par un signe des dieux, la porte s'ouvrit à l'instant même où il voulait y frapper pour entrer. Ou entrer tout court, d'ailleurs... Il n'y avait pas vraiment réfléchi.

    Emporté par son élan, il s'écrasa contre une femme ronde et d'âge mûr qui venait d'apparaître dans l'encadrement. Presque sonné, il recula d'un pas et son regard se fixa sur la cuisinière en chef qui le reconnut instantanément. Un sourire fleurit sur ses lèvres, et elle l'attira dans ses bras en le serrant contre elle sans cérémonie.
    « Llonfeln, enfin ! Je me suis fait un sang d'encre, je me demandais où tu étais passé !
    Le semi-elfe sentit son cœur se réchauffer, en même temps que l'incompréhension l'envahissait. Un peu perdu, il leva son grand regard bleu océan vers elle, presque ronchon.
    - Tu m'as dit de ne plus jamais revenir...
    - Et tu m'as crue ? J'étais en colère, espèce de grand nigaud ! Et tu ne peux pas savoir comme je m'en suis voulue en ne te voyant pas revenir...
    Tout sourire, et plutôt que de parler, Llonfeln s'écarta d'elle et lui tendit le baluchon qu'il tenait serré contre lui jusque là. Intriguée, Anna le prit et l'ouvrit, apercevant les précieux marrons blancs qui pourraient peut-être sauver le repas de la fête de l'hiver.
    - Des marrons blancs ! Comment... ? Où les as-tu trouvés ?
    - Dans la forêt. J'ai été les cueillir sur un marronnier des elfes dans la forêt des brumes.
    - Tu as réussi à... ? Impossible ! Mais c'est un vrai miracle...
    Fier comme un coq, le gamin se laissa entraîner par la cuisinière que le soulagement et l'admiration rendaient presque aussi rayonnante que lui, malgré la pression exercée par cette soirée. Au moment où la porte se refermait sur eux, Pyûn perché sur son épaule, Anna lui adressa des mots qui sonnaient comme les plus beaux du monde à ses oreilles.
    - Viens, tu vas me raconter tout ça au coin du feu avec quelque chose de chaud à manger. Mon garçon, tu as sauvé la réception de ce soir ! Je veillerai à ce qu'on en entende parler. Mais d'abord, mettons ces marrons à cuire pour la farce du cygne, nous sommes encore dans les temps. J'en garderai un ou deux pour toi. Linda, Marsalie, par ici ! Mettez-moi ça à cuire et surveillez-les bien ! On n'a pas le droit à l'erreur ! Et prévenez-moi immédiatement une fois que les marrons seront chauds. »
    EleanorTilney le 11 décembre 2018

    Antoinette descendait en direction du Vieux-Port, d’un pas soutenu mais précautionneux, parce qu’elle était enceinte de neuf mois. Neuf mois tout pile, la date prévue sur tous les papiers pour l’accouchement avait fini par arriver.

    Il lui était souvent arrivé de voir une date (de péremption, sur un paquet de gâteaux, ou sur un agenda) et de se dire : « Mon bébé sera là à cette date-là ».

    Antoinette aimait les chiffres, les plannings, l’organisation. Quel confort de pouvoir prévoir quelques éléments de la vie, de les arranger à sa convenance, de se fier à une logique. Les chiffres pouvaient être tout à la fois précis et poétiques.

    Elle tourna à droite sur la place et la vue se fendit sur le port, les bateaux et la Saint Vierge dorée.  Elle s’arrêta. Laissa à cette vue le temps de lui donner le sentiment d’espoir et de liberté qui naissait depuis qu’elle y avait un jour emmené ses deux plus grands enfants. Ce jour à la chaleur parfaite, elle avait regardé ses petits jouer ensemble en finissant les surimis-mayonnaise du pique-nique. Un élan de confiance l’avait traversée en regardant leur complicité, et en se reposant. Elle allait y arriver, dépasser la date du divorce, retrouver de la joie et de l’énergie, inventer des choses à faire et les faire.

    Elle finit de descendre les marches démesurées de la place et bifurqua en direction de la bouche de métro. Devant le grand hôtel qui faisait le coin arrondi était stationnée une petite locomotive qui grillait des marrons. Le grilleur de marrons était un peu effrayant : une cicatrice accidentée partageait son crâne aux cheveux épars, il avait les yeux très rouges, des dents très grises et un pull en laine avec un trou de la taille d’une mandarine, comme si une mite géante avait bien diné le soir précédent.

    Juste avant elle s’était avancé un homme élégant. Il voulut lui céder sa place. A son refus, il n’insista pas et commanda deux cornets de marrons chauds. Quand il les eut dans ses mains soignées, aux ongles rongés jusqu’au sang (même les petites peaux tout autour), il se tourna vers Antoinette et lui en tendit un avec joli sourire distingué :

    « Voilà pour vous »

    « Merci, c’est très gentil à vous »

    « Le bébé est prévue pour quand ? »

    « Pour aujourd’hui. C’est une fille » répondit  Antoinette en anticipant la classique question numéro deux.

    Un éclair alarmé alluma le regard de Vivien.

    « ça n’a pas commencé encore » tenta de le rassurer Antoinette.  « J’ai rendez-vous à la maternité pour s’assurer que tout va bien. »

    « Et vous y allez à pied ? »

    « Je vais prendre le métro. Après les marrons. »

    Sans parler, Vivien lui désigna un banc et l’accompagna. Sa sollicitude la rendit vaguement triste, comme souvent quand quelqu’un avait une attention gentille pour elle.

    Le plaisir des marrons l’emporta. Elle en adorait la couleur, les fines ridules qui les striaient, la lourdeur douce et réconfortante. Lorsqu’elle était petite, elle les ramassait avec sa maman lors d’une longue promenade pour atteindre les châtaigniers qui bordaient le cimetière.

    Mais le soleil fort et cru qui éclairait les rangées de bateaux rendait irréel les vieux souvenirs d’hiver.

    Ils se présentèrent, avec la pudeur que donne le sentiment d’un moment  important.

    Les marrons étaient mangés, les cornets en papiers débordaient des coques brisées et les doigts d’Antoinette noircis. Elle les essuya sur un mouchoir en tissu qui avait la tiédeur de sa poche de pantalon.

    « Je vais vous accompagner » posa Vivien, qui ne se souvenait plus à quand pouvait bien remonter son dernier voyage en métro.

    MOREAUAlbert le 12 décembre 2018
    Brizac remonta l'avenue de la Mal Armée, d'un pas preste, la tête en éclat d'obus de trop ruminer sa journée de travail, le corps contracté à se faire mal à son lumbago, tapi dans l'ombre de sa ceinture de cuir.

    C'était un jour morose qui venait de s'écouler sous un temps maussade. La nuit venait. Les lampadaires de l'avenue claquèrent leurs minces halos sur le sol ciré d'humidité. Les pas de Brizac suivirent cette lumière, hypnotisés comme des papillons de nuit. Un vent sournois déplaça l'air, secouant les branches des arbres. L'automne répandait l'or de son été sur le trottoir.

    Les fruits éclatèrent, sautant de leurs bogues tels des lutins égaillés par tant de liberté. La tête de Brizac reçu cette dépression tapageuse qui dans l'instant mis fin à sa bataille intérieure.

    Le reflet des fruits répandus percuta le cerveau de Brizac qui pris à droite la rue Chafouin et s'arrêta au 18. Sans autre préambule, il tapota le code magique et grimpa l'escalier cossu jusqu'au 3ème. Une fièvre l'avait pris et rien n'aurait pu le détourner de son dessein.

    Au premier coup de sonnette, il entendit le pas léger et tranquille d'Honorine. Il ferma les yeux, déglutit et se défendit de trop penser à l'avance à ses fesses galbées, douces et coquines, à leurs tessitures de miel chocolaté qui allaient bientôt faire son bonheur.
    Laerte le 13 décembre 2018
    Bonjour, le sujet du mois de décembre a beaucoup de succès, c'est bien, mais la concurrence va être rude.
    Voici ma participation:

    Le marchand de marrons.

    -          Chauds, les marrons, chauds !

    Blanche soulève le rideau et regarde par la fenêtre : c’est un marchand de marrons qui s’est installé sur le trottoir devant la maison de retraite. Dans le cerveau de la vieille dame, des souvenirs surgissent. Des souvenirs heureux et douloureux à la fois.

    Toute songeuse, elle retourne s’asseoir. C’était il y a longtemps, si longtemps.

    Alors qu’elle s’apprête à se remémorer cet épisode de sa vie, ses pensées sont interrompues par le bruit dans la chambre d’à côté. Elle imagine sa voisine qui doit encore râler peut-être à cause des marrons, peut-être pour autre chose. De toute façon, Germaine n’est jamais contente. Comme Norbert,  juste en face, de l’autre côté du couloir qu’elle n’a jamais vu sourire depuis deux ans qu’elle le connait. Ce sont des gens qui n’ont de cesse de récriminer pour tout et n’importe quoi. En fait, ils ne se font pas à l’idée de vieillir. Pourtant, ils ont eu tout le temps pour s’y habituer : la vieillesse n’arrive pas brutalement. On ne se réveille pas un matin en constatant qu’on est devenu vieux pendant la nuit. On est prévenu dès l’enfance, et il vaut peut-être mieux devenir vieux que mourir prématurément. Et puis, c’est tellement agréable de voir des jeunes qui s’épanouissent. Il ne faut pas être envieux et regarder les autres vivre avec bonheur. Justement, elle attend son aide-soignante préférée, la jeune Ophélie, une petite brune, toujours de bonne humeur.

    -          Chauds, les marrons, chauds !

    L’appel du marchand ambulant ramène les pensées de Blanche vers sa propre jeunesse. Elle se souvient du beau Serge qu’elle avait croisé un jour et qui avait brusquement rempli sa vie. Il faisait ça, lui aussi : il vendait des marrons dans la rue. Alors qu’elle passait à côté de lui, il avait souri. Elle avait été éblouie. Cela avait été comme un rayon de soleil qui perce à travers un gros nuage sombre. Elle ne se rappelle plus exactement comment c’était arrivé, mais elle s’était retrouvée dans ses bras, heureuse avec juste un petit remord, une petite culpabilité.

    Il faut dire qu’elle était déjà mariée à cette époque. Son mari n’était pas un mauvais homme, bien au contraire. Il travaillait dur et ramenait sa paye à la maison sans la dépenser au bistrot. Il n’était pas brutal ou colérique. Il était simplement taiseux, taciturne, morose. Il ne criait jamais, non, il se taisait. Quand il rentrait à la maison, il se mettait devant la télé, toujours silencieux. Au début, elle avait essayé de lui faire raconter sa journée ou de lui raconter la sienne. Elle avait finalement renoncé car elle ne récoltait que des grognements indistincts. Au lit, si au début, elle avait eu du plaisir à faire l’amour avec lui, c’était vite devenu beaucoup moins intéressant. Après quelques mois de lit commun, elle avait simplement attendu qu’il ait fini. Ce n’était pas une corvée, mais ça ne lui apportait rien.

    Avec Serge, ce fut autre chose. C’était toujours lumineux. Ils se retrouvaient en se cachant, à la va-vite, jamais pour plus d’une heure. Il confiait son matériel au café voisin et il l’emmenait dans l’hôtel où il logeait. Là, Blanche connaissait plus que le plaisir, une extase. Même pour un moment trop court, c’était toujours merveilleux.

     Evidemment, lui était plus libre. Il menait une existence errante. Après l’hiver, il lâchait les marrons et se mettait aux pralines. Le brasero était toujours le même, il fallait juste changer de chaudron, et hop ! Il changeait de métier.

    Il avait une autre activité moins licite : le bonneteau. Aux alentours d’un hippodrome où se rassemblent beaucoup de joueurs, il se postait avec une petite table et trois cartes à jouer et il faisait ses petites arnaques avec deux comparses. Il aurait voulu impliquer Blanche dans le jeu pour attirer les gogos, mais elle avait refusé. Ce genre d’activité la terrifiait, en plus du risque d’être reconnue. Elle préférait de loin le chaudron auprès duquel elle pouvait se réchauffer, même pour cinq minutes.

    -          Chauds, les marrons, chauds !

    Ce cri, elle a aimé l’entendre quand elle s’approchait de Serge. Elle l’entendait de loin, c’était la promesse d’un moment de bonheur et de plaisir. Blanche était subjuguée. Elle le trouvait beau, attentionné, elle respirait avec lui un parfum d’aventure et elle se sentait valorisée parce qu’il s’intéressait à elle.

    Elle était amoureuse avec l’enthousiasme d’une collégienne.

    Cette période dura trois mois et cinq jours. Comme elle arrivait un soir à l’endroit habituel, elle ne trouva personne. Elle se mit à regarder partout. Pas trace de Serge, ni de son stand. Plus d’appels lancés à la cantonade pour attirer le chaland. Rien !

    Elle entra dans le café qui faisait le coin de la rue. Elle interrogea le serveur qui répondit qu’il ne savait pas. C’est le patron qui s’approcha d’elle et un peu gêné, lui remit une lettre. Elle venait de Serge, bien sûr. Fébrilement, Blanche l’ouvrit et découvrit une écriture maladroite qui ne manquait pas de fautes d’orthographe.

    Blanche, j’ai bocou aimer être avec toi. Tu ai une petite fame formidable. Mai je sui désolé, je ne peux pas rester lontam au même endroit. Je par dans le midi, là où je trouveré une nouvelle clientèle. On a passé de bons moman et je ne t’oubliré pas. Au rvoir, je t’embrasse.

     

    Blanche ressentit un froid glacial l’envahir. Elle se raccrocha au comptoir pour ne pas tomber, tandis que le cafetier lui versait un verre d’alcool fort. Elle regarda le verre comme si elle ne comprenait pas ce que c’était. Il lui fallut beaucoup de temps pour retrouver ses esprits. C’est  le patron qui la réveilla :

    -          Allez, ma petite demoiselle, vous mettez pas dans tous vos états. Il est comme ça ce garçon. Un jour ici, un jour ailleurs, il ne tient pas en place. Ce n’est pas à cause de vous, vous en faites pas. Peut-être qu’il reviendra.

    C’est cette dernière phrase qu’elle entendit. Elle s’y accrocha comme elle put. Elle finit par rentrer chez elle avec cette pensée. Elle retrouva son mari taiseux, et se mit à attendre. Ce qui la fit renaitre, c’est la découverte qu’elle était enceinte. Ce ne pouvait qu’être de Serge, elle en était convaincue. Il lui avait fait cet ultime cadeau avant de disparaitre. Et lorsque son petit garçon vint au monde, elle n’eut de cesse de retrouver en lui les traits de son amoureux.

    -          Chauds les marrons, chauds !

    Elle se rend compte aujourd’hui que ce cri n’a cessé de la hanter depuis toutes ces années, ces dizaines d’années. Son fils est un adulte qui vit sa vie. Elle ne le voit plus guère, en tout cas trop peu, toujours trop peu. Il ne sait rien de sa véritable ascendance mais il a hérité de son père officiel un penchant certain pour le mutisme.

    Le mari de Blanche est mort depuis plusieurs années toujours aussi silencieusement.

    Elle est seule dans cette chambre de maison de retraite où lui parvient l’appel du marchand de marrons. Ses yeux se sont embués puis se sont mis à couler sans qu’elle s’en aperçoive.

    C’est ainsi qu’Ophélie, la jeune aide-soignante la trouve un peu plus tard.

    -          Eh bien ! madame Blanche ! Qu’est-ce qui se passe ? Vous êtes toujours de bonne humeur. Quelqu’un vous a fait de la peine ?

    Blanche a un geste léger comme pour éviter des explications. Elle tourne la tête vers la fenêtre. Ophélie a suivi son regard et réagit :

    -          C’est le monsieur qui vend des marrons qui vous met dans cet état là ?

    Elle lui caresse la joue tendrement et ajoute :

    -          Attendez, je reviens tout de suite !

    Elle part brusquement, avant que Blanche ait pu faire le moindre geste.

    Cinq minutes plus tard, elle est de retour tenant dans sa main un cornet qu’elle tend à la vieille dame.

    Le cornet est chaud, très chaud, cela brule les doigts et dedans elle aperçoit des marrons grillés brun foncé, un peu noirs par endroit.

    Blanche a un sourire de remerciement pour la jeune femme, puis elle demande :

    -          Ophélie, vous êtes adorable. Alors, faites-moi encore un petit plaisir. Attendez cinq minutes et partagez avec moi ces marrons. Vous allez vous faire disputer par Germaine, mais de toute façon elle trouvera toujours un motif pour rouspéter.

    Et Ophélie, un peu émue, s’assoit sur le bord du lit et se met à décortiquer un premier marron. Les larmes de Blanche ont cessé de couler. Mais toujours sous le coup de l'émotion, elle en oublie le vouvoiement :

    -          Je te promets qu’un jour quand tu auras le temps, je te raconterai ce que ces marrons me rappellent. Mais surtout, écoute bien ce conseil d’une vieille bonne femme : profite de la vie ! Et quand l’amour se présente, vis-le ! Vis-le pleinement !

    FunamBulle le 15 décembre 2018
    L'ART DE L'ESQUIVE (N'EST VISIBLEMENT PAS DU RESSORT DE TOUS)

    Boxeur climatique, il envoyait des torgnoles bouillantes à l'adversaire, les mains torrides, les gants ardents, de véritables marrons chauds délivrés à l'ennemi. Énigmatique combattant à sang chaud pour un garçon plein de sang-froid.

    Boxeur atypique, il encaissait surtout les coups comme personne : aucune parade, tout dans la tête. Son nez hors du commun recevait les châtaignes les plus sévères, son arcade les directs, les uppercuts réservés à son menton d'acier. Un roc. Le « Pic de Normandie » tablaient les manchettes.

    Les obsèques auront lieu jeudi. Noël aussi.
    Oniro le 17 décembre 2018
    Ecrire des historiettes, c'est rigolo, mais pas pour tout le monde, surtout quand on est coincé dans un hôtel avec son épouse et qu'on passe son temps à taper, taper, taper, quitte à rater les beaux programmes télévisés qui nous enchantent les soirées... 


    « Tu as raté le show hier soir à la télé. Il était marrant, pour une fois ! », m'asséna mon épouse.

    Quel show ? On était en automne, pas encore en hiver. C’est fin décembre, aux réveillons, qu’on passait les shows. C’était ça ou « Le Magicien d’Oz » : pas le choix. Mais nous étions début décembre, toujours en automne, quoi qu’en prétende la météo hivernale. D’ailleurs, les prévisions météo, c’est comme les robinets mitigeurs des douches : elles vous mentent. Et puis, en cette saison, c’était les marrons chauds, pas les shows marrants, enfin pour autant que l’on puisse faire griller des marrons sur un radiateur d'hôtel.  Ce qui aurait été matière à un show, mais pas très marrant, en fait.

    Ce n’étaient même pas les marrons qu’on bouffait, mais les châtaignes, dans ce monde compliqué où on appelle « marron » des châtaignes malgré qu’elles soient aussi grosses que des marrons, sans pour autant oser prétendre au titre de « marrons ». Et où les marrons d’Inde sont en fait originaires des Balkans. Quant aux petits marrons, eux, ils n’ont de commun avec les potimarrons que la consonance. C’est à s’y perdre ! Et flanquer des châtaignes, cela n’a rien de marrant, sauf à un avocat marron.

    Et pourquoi pas une histoire de meurtre aux marrons chauds ?  J’imaginais un employé timide et effacé, affligé d’un patron tyrannique et qui tout d’un coup en aurait marre de se faire engueuler du matin au soir et qui lui ferait avaler son poids en marrons chauds, après l’avoir obligé à les peler, une à une, brûlantes. Je ne pourrais quand même pas les lui faire ingurgiter dans leur bogue spinescente : ce serait cruel…

    Comprenons-nous bien : il ne serait même pas question de le fourrer de châtaignes, l’exploiteur, mais bien de marrons bien riches en tanin et saponine. Tant qu’à faire, autant qu’ils ne soient pas comestibles.

    Je me laissais dévergonder par ces pensées malsaines et assassines, en laissant bêtement tiédir mes toasts. Mon petit déjeuner anglais, tout en saucisses, haricots, tomates et œufs  avait désormais pour moi l’attrait des publicités qui saucissonnent les bon films : son seul aspect me coupait l’appétit. 

    Je détournai le regard du massacre sur le plat qui avait fini par inonder de jaune les récifs de mon assiette, pour voir se trémousser de si bonne heure à la table voisine, trois ou quatre dames d’âge blet qui n'arrêtaient pas de cancaner, de rire, de s'esclaffer. Ambiance matinale aussi pénible à mes yeux qu’irritante à mes tympans.  Moi qui pensais qu’à cet âge-là on ne s’intéressait, à bout de souffle, qu’aux filets à cheveux et à la pâtée pour caniche…

    Je me penchai vers ma femme, toujours d’humeur bougonne, qui avait le nez plongé dans ses flocons d’avoine cuits à l’eau, sans le moindre grain de sucre roux pour adoucir leur détresse. 

    « Tu as vu ces vieilles taupes ? », lui murmurai-je,  « Se marrer ainsi de grand matin : c’est presque indécent, non ? »

    « Ce sont sûrement des veuves »,  grinça ma moitié sans lever les pupilles.

    Il fallait savoir quand se taire. 

    Je me tus.

    Si ça vous amuse, l'histoire dont ceci est extrait s'appelle "Jeu de Paumes" et on la trouve sur ma page FB @leshistoriettesdefrancois 
    Incognito668 le 18 décembre 2018
    "J'ai rien dit quand t'es devenu un zombi.
    Ton père et moi n'avions pas imaginé ce destin, mais on a fait avec, puisqu'il faut vivre avec son époque
    J'ai cherché des excuses : tu as toujours manqué de tonus, ta passion pour Bob Marley n'avait rien arrangé, ton adolescence avait été difficile et là tu vivais mal ta mort.
    Plus tard, quand tu as dévoré cette pauvre madame Michu qui t'a vu grandir, là aussi, j'ai essayé d'être compréhensive.

    Mais, là, tu te putréfies sur mon tapis préféré ! Zut ! Remets-toi en cause !

    Ton père s'est réfugié dans le jardin et ne veut plus te parler. J'espère que l'apocalypse va être rapide alors fais un effort, en attendant, au lieu de casser l'ambiance !" ​

    * * *

    Elle tenait sur ses genoux une tête d'homme, qui lui ressemblait en plus jeune.
    La tête était muselée par la lanière en cuir d'une laisse. Sa mâchoire et ses yeux ouverts bougeaient indiquant une vie inconcevable.
    La mère semblait lourdement triste et fatiguée.

    Putain de merde ! Comme dans un de ces mauvais films post-apo, sur lesquels je travaillais, jusqu'à ce coup de fil de mon agent, haletant, sidéré :
    "Jean, les critiques n'ont pas aimé ton dernier film... Ils se sont regroupés pour te chercher et te tuer... Et le taux de particules fines à Paris les a fait muter et rendus enragés".

    Je revenais à l'étrange vieille, sèche comme du fromage à pâte dure, devant moi.

    - "C'est votre fils ?"
    - "Mon petit-fils. Sa mère est partie, en délirant au sujet d'un tapis à nettoyer, sans dire où elle allait, ni quand elle revenait. Quant à mon fils, il s'est pendu dans son jardin."

    Je la regardais. Vieille, sale et squelettique, avec cette horrible tête en laisse.
    Elle me faisait pitié et depuis longtemps je n'ai rencontré une représentante de mon espèce.

    Je remuai les braises avec un morceau de bois, pour en dégager quelques boules noircies, que je lui offrais.
      - "Des marrons chauds ! Nous devons donc être en novembre ou décembre ?" demanda-t-elle en s'asseyant sur la paille, que j'avais étalé par terre.
    - "Sans doute. Je ne pourrai vous dire, le temps n'a plus la même importance maintenant."
    - "Vous savez", dit-elle d'un geste large du bras balayant le paysage désolé. "Toute cette merde n'est pas de la magie, ou la colère de Dieu. Je travaillais dans un laboratoire pharmaceutique et j'ai l'impression que les derniers pesticides couplés avec une série d'OGM ont empoisonné l'eau et la nourriture et causé tout ce qui s'étend autour de nous."
    - "Pourquoi vous et moi y aurions échappé alors ?"
    - "Vous je ne sais pas, mais moi j'ai toujours mangé bio."
    - "Où allez-vous ?"
    - "Récupérer les médicaments à mon ancien travail. Je connais les substances qui soignent et soulagent la douleur. Mais je dois d'abord retrouver le bâtiment et prendre ce qui peut encore servir."
    - "Je peux venir avec vous ?"

    Le visage fripé de la vieille n'avait plus l'usage du sourire depuis sans doute bien longtemps, pourtant du soulagement détendit l'expression sévère de ses yeux et de ses lèvres.
    egypte20 le 20 décembre 2018
    pourquoi je me sens visé, là ? peut être que c' est parce que j'ai déjà mangé le 23...
    pompimpon le 20 décembre 2018
    Le Grand Serin était devenu notre héros ce jour-là. Pourquoi l'avions-nous appelé ainsi ? Parce que sa mère l'affublait d'une terrible cagoule jaune. Elle était aussi effroyable que nos cagoules rouges, vertes ou marrons, mais il n'y en avait qu'une de jaune et c'était la sienne. Elle venait comme un point sur le i de sa petite et frêle silhouette d'enfant de sept ans.

    Il avait neigé sans discontinuer depuis la veille. Un moelleux manteau de coton recouvrait la cour de l'école, l'empreinte de nos pas déjà effacée, et les maîtres se demandaient s'ils allaient nous laisser sortir pour la récréation. Mais comment nous garder dans les classes en préfabriqué ? A la récréation de 10 heures, déjà, ils l'avaient bien tenté, en ouvrant les portes donnant sur le couloir séparant les deux classes et en nous permettant d'aller et venir.

    Nous étions surexcités, par l'approche de Noël et des vacances, par la neige qui tombait pile au bon moment. Nous avions hurlé en cavalant d'une classe à l'autre, à peine impressionnés par le fait de tenter une incursion en territoire inconnu, l'Autre Classe, celle qui faisait face à la nôtre.

    Ceux de l'Autre Classe étaient plus grands que nous, ils semblaient moins bruyants aussi.
    Mais notre invasion ne leur avait pas plu.
    "Qu'est-ce que ces petits morveux viennent faire chez nous ?"
    "Hop hop, fillette, file de là !"
    "Eh, Dupin, c'est pas ton petit frère, celui-là ?" Un des grands avait attrapé Lulu par le col de sa blouse et le secouait dans tous les sens en riant. Lulu se débattait tant et plus, et son frère ne bougeait pas, assis à son pupitre, leur tournant le dos, les oreilles en feu.
    Nous nous étions mis à trois sur le grand pour qu'il délivre Lulu, fâché de sa mésaventure, et vexé par l'attitude de son frère. Au moment où nous quittions leur classe, quelques grands nous coincèrent contre le mur du fond, près de la porte, et nous dirent :
    " Vous allez voir ce que vous allez voir, on va vous faire bouffer toute la neige de la cour !"

    Que faire ? Jusqu'au déjeuner, nous avions rongé notre frein pour parler avec les copains et trouver un plan. Mais celui qui semblait le meilleur consistait bien à courir de toute la force de nos petites jambes pour tenter d'échapper aux grands... A table, Noune affirma entre deux bouchées de purée qu'ils n'avaient pas le droit de s'attaquer à nous parce que nous étions plus petits.
    "On ne s'attaque pas à plus petit que soi dit mon papa."
    Pierrot lui répondit que ça n'empêchait nos aînés de nous cogner, filles et garçons, et qu'elle, Noune, était bien placée pour le savoir.
    Elle haussa les épaules d'un air désabusé.
    "Il n'empêche, on ne va pas se laisser faire !"

    Ben oui, mais comment ?
    Nous retournâmes en classe, la tête bruissante de grands mots, attaque, contre-attaque, mouvement sur le flanc ( alors ça, c'était mystérieux !), repli dans les tranchées... Le papa de Jeannot et celui de Jujunette etaient amateurs d'histoire, et parlaient beaucoup à ce moment-là d'un endroit où il y avait eu la guerre très longtemps, avec des trous où les soldats devaient se cacher. De ce fait, nous avions décidé que Jujunette et Jeannot en savaient plus long que nous tous en matière de "stratégie", un mot qui avait l'air très sérieux. Et comme ils le connaissaient, ils allaient être nos chefs. Ca n'avait pas l'air d'emballer vraiment Jeannot, dont la grande soeur était dans l'Autre Classe, mais Jujunette, elle, prit immédiatement son commandement. Elle n'avait rien à perdre, disait-elle, et Lulu était son meilleur copain, alors...

    Elle nous avait réunis avant de rentrer en classe, faisant trois groupes, les plus costauds d'un côté, ceux qui l'étaient moins d'un autre, et les plus petits restant face à elle. Ils étaient cinq, très petits pour leur âge, et maigrelets avec ça, Nono, Zouzou, Pipo, Noune et Bobo. Ils ne dirent rien, mais on voyait bien que ça ne les emballait pas, cette idée de ne pas participer à la bagarre. Dans les deux autres groupes, nous fixâmes rapidement ce que nous aurions à faire si jamais la récréation de l'après-midi, la grande récré, se faisait dehors. Les grands ne feraient rien si nous restions à nouveau dans les classes, mais gare à nous si jamais nous avions tous l'autorisation de sortir !

    Arriva l'heure de la grande récré. La sonnerie retentit dans toute l'école, et parvint jusqu'aux préfabriqués, au fond de la cour. Nous nous regardâmes les uns les autres, pour nous donner du courage.
    "Allez, les enfants, vous pouvez sortir."
    L'instituteur avait hésité, puis il avait entendu les enfants de l'Autre Classe s'élancer dehors en poussant de grands cris. Il n'avait pas eu le coeur de nous priver de cette belle neige toute fraîche.

    Nous peaufinions les détails de notre plan en mettant nos manteaux, nos gants, nos cagoules. Mais au moment où nous semblions tous prêts, nous fûmes bousculés par un petit groupe d'enfants, menés par Pipo, reconnaissable entre tous avec sa cagoule jaune.
    Tout le monde fonça dehors à leur suite. Et Pipo se mit à hurler :
    " Chaaaaauuuuuds les marrons !", un superbe cri de ralliement bientôt repris par tous.

    Les grands s'étaient abrités derrière un talus de neige, et ils commencèrent à nous bombarder de boules de neige bien tassées. Mais quel ne fût pas leur étonnement quand ils virent ce petit Pipo s'élancer vers eux, suivi de toute sa classe, toujours au cri de "Chaaaaauuuuuds les marrons !"
    Ils ne s'attendaient pas à un assaut pareil, et leur défaite fût rapide.

    Après avoir dignement fêté notre victoire sur les grands et la prise de leur bastion, Jeannot et Jujunette nous demandèrent de nous réunir autour des petits. Jeannot dit alors :
    "Vous cinq, vous avez été les plus courageux ! Et toi Pipo, tu as été le plus courageux de tous les plus courageux !"
    Nous étions tous bien d'accord.
    Jujunette ajouta :
    "Pipo, désormais nous écouterons toujours ce que tu as à dire. Nous ne t'empêcherons plus de jouer avec nous, juste parce que tu es petit."
    Là aussi, nous étions tous bien d'accord.
    "Et puis, "chaud les marrons !", maintenant, ce sera notre cri de ralliement !"
    Nouvelle vague d'assentiments.
    Mais tout ça avait un goût de trop-peu. Il fallait quelque chose de mieux que ça, de mieux qu'une médaille même.

    Il y eut un peu de flou dans les rangs, puis Pierrot s'avança :
    "Pipo, nous ne t'appellerons plus Serin à cause de ta cagoule. Tu te souviens, la semaine dernière, l'instituteur nous a parlé du Grand Condé ? Eh ben, si tu veux bien, tu seras notre Grand Serin !"
    Pipo était très fier, les autres petits aussi.

    C'est une histoire un peu longue, mais vous m'avez demandé pourquoi le café du village s'appelle "Le Grand Serin", et pourquoi on y vend des marrons chauds en hiver !
    CaraT le 23 décembre 2018
    Dans cette région du monde, un peu oubliée ou méconnue, ils ne connaissaient pas la tradition des marrons chauds qui accompagnait la période hivernale. Et pour cause : lorsque le thermomètre lui-même claquait des dents dans l’hexagone, il faisait, dans cette partie du globe, plus de trente degrés Celsius !
    Autant dire qu’avec de telles températures il ne venait pas facilement à l’esprit de déguster des marrons chauds... Mais plutôt des sorbets qui fondaient à vue d’oeil, des fruits de saison juteux et exquis, et des bûches à Noël, oui, mais des bûches glacées ! Mmmmhh, quel délice de céder ainsi à la tentation du froid, quand, tout autour de soi a les attributs d’une fournaise...  
    Passer Noël en tee-shirt ou en chemisette est sans doute difficile à appréhender, pour l’imaginaire collectif. Et un père Noël en tongs, allons, soyons sérieux ! Un transat en guise de traîneau, et des poissons exotiques en guise de rennes, quelle absurdité ! 
    Et pourtant... 
    Après avoir goûté aux joies candides mais glacées des boules de neige et des descentes en luge à défaut de skis, après avoir subi les affres d’hivers rigoureux, des routes verglacées et du pare-brise à racler, j’ai compris que je ne serais jamais aussi bien que chez moi. 
    Et depuis, dans cette région du monde méconnue et quelque peu oubliée, en « hiver », je me régale de marrons glacés !
    MaudVincent le 27 décembre 2018
    Je viens de lire les merveilleuses histoires qui précèdent et qui m’ont fait rêver. Ma contribution emprunte plutôt à l’essai…C’est la première fois que je participe : je ne savais pas dans quelle direction partir ! 

    Chauds les marrons ! 

    Chauds les marrons ! Cette expression évoque l’odeur réconfortante des marrons grillés par un après-midi d’hiver, au froid mordant, léchant les vitrines féériques des grands magasins tandis que le ciel et les joues se teintent de rose.

    Seulement les marrons sont presque tous brûlés, préparés dans des conditions d’hygiène douteuses à la sortie du métro, et de provenance incertaine. Aussi ai-je plutôt envie de crier « Chauds les marrons ! », un cri d’alarme pour notre planète, de sonner le tocsin écologique pour cette foule qui se goinfre insouciamment de foie gras et de chocolat, et emplit continuellement d’immenses centres commerciaux, bardés de décorations aveuglantes, à la recherche d’un amas de gadgets qui ennuieront dès le lendemain de Noël. C’est un immense aveuglement collectif occulté par la magie des lumières de Noël, qui brillent toute la nuit, alors qu’il n’y a personne pour les regarder. Le constat est flagrant : tout le monde s’accorde sur l’importance de l’écologie, mais préfère un vrai sapin, plus beau, oubliant les cadavres d’arbres empilés dans les rues dès le 1er janvier, et estime que Noël n’est pas Noël sans papier cadeau. Le papier cadeau ! La quintessence du gâchis généré par Noël ! Il ne sert à rien, sinon à procurer un bel effet au pied du sapin pendant un bref instant, avant d’être allègrement déchiré et jeté à la poubelle, sans un regard. Pourtant presque tous achètent encore du papier cadeau et poussent de hauts cris si vous suggérez de le réutiliser pour d’autres cadeaux !

    Paradoxalement, beaucoup disent ne pas aimer Noël, écœurés par ses excès et le matraquage commercial qui l’accompagne, se plaignant d’un estomac au bord de l’indigestion et de la laideur des décorations. Ces réactions soulignent l’absurdité d’un système qui nous dégoute par cela même qui devrait nous réjouir. L’ineptie d’un tel mode de vie est encore plus frappante lorsque nous pensons à ceux qui en sont exclus. Ils dorment dehors, dans le froid. Ils ont faim, tandis que nous nous empiffrons de dindes dont les pattes ont cédé sous leur poids, de saumons bourrés d’antibiotiques et de foie gras industriel. Ils sont au pas de nos immeubles et nous ne les voyons pas. Pour eux pas de cadeau, pas de beau sapin trônant dans le salon, pas de délicieuses odeurs de Noël émanant de la cuisine, pas de chaleur familiale, mais un banc ou un taudis glacial, l’indifférence et la solitude. Pourtant au cœur de ce système impitoyable, une lumière brille: celle d’un sourire échangé avec un pauvre homme, d’un café chaud partagé, de quelques mots qui réconfortent.

    Un petit sondage effectué auprès de collègues et d’amis sur leur manière de fêter Noël révèle la même lueur d’espoir. Aucun ne cède à l’attraction commerciale des calendriers de l’Avent en chocolat ou des nouvelles décorations. La plupart n’ont pas de sapin et ne le regrettent pas. Beaucoup ont une crèche. Tous prennent un soin extrême concernant le choix des cadeaux, cherchant avant tout à faire plaisir, et non des considérations plus pratiques. Quelques-uns s’essayent même à fabriquer leurs cadeaux.

    Alors pour notre bien et le bien de notre belle planète, pour éviter d’avoir chaque année des Noël où il fait 15 degrés ou menacés par des inondations (comme nos pauvres voisins Anglais fin 2015 !), retrouvons le vrai sens de Noël et des marrons grillés : le goût des bons moments en famille ou entre amis, et des joies simples : la beauté du givre scintillant le matin de Noël, un instant de quiétude, lové au coin du feu, la joie que répandent des bougies allumées, se régaler de pain d’épice ou de bûche mais avec mesure pour que le plaisir ne devienne pas dégout, ou se réjouir en prenant soin de ceux que l’on aime. Adoptons la sobriété heureuse pour que Noël redevienne une fête attendue avec impatience et une grande joie.
    secondo le 30 décembre 2018
    Cholaimaron avait deux défauts,

    En premier il croyait au père Noël

    En deuxième il prenait les marrons chauds

    Et se brûlait invariablement tel

    l'abruti restant collé au traineau.





Pour participer à la conversation, connectez-vous

{* *}