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    scooby le 30 janvier 2021
    Le masque et la plume

    En temps normal
    A la fin du récital
    Nous faisons tomber le masque
    Sauf pour le carnaval

    Aujourd'hui tout a changé
    Les théâtres sont fermés
    Nous devons porter un masque
    Pour se sentir protéger

    Mais cela ne suffit pas
    Aussi nous voila privé
    De notre culture, nos activités
    Il faut faire profil bas

    Notre moral en prend un coup
    Toutes les générations sont concernées
    Du plus jeune au plus âgé
    Sommes-nous dans un monde de fous?

    Pourtant il faut garder espoir
    Nous sortirons un jour du noir
    Reprendrons une vie un peu plus normale
    Les cinémas rouvriront leurs salles

    Nous en garderons une trace
    Cela restera dans nos souvenirs
    Et pour notre avenir il faut
    Aller de l'avant, faire face
    SarM le 30 janvier 2021
    Big-Bad-Wolfce n'est pas un simple texte mais carrément une nouvelle ! J'ai beaucoup aimé ^^
    Par contre on ne sait pas trop pourquoi il imprègne de sang la plume d'oie...
    Darkhorse le 30 janvier 2021
    Content de te revoir Big-Bad-Wolf  
    Un masque très utile pour cet acteur à la double casquette !
    La plume d'oie trempée dans le sang doit être la preuve requise par le commanditaire je pense.

    Merci SarM . J'ai acheté le livre dont tu parles, en ayant beaucoup entendu parler et attiré par les réactions assez clivantes à son propos. Mais c'est justement son côté choquant (et le message qu'il y a sûrement derrière) qui m'attire. J'essaierai de le lire cette année.

    Merci mfrance,  c'est difficile d'imaginer ce que ressentent les gens dans la même situation que Samuel. Mais une chose est sûre, ce doit être très compliqué...
    SarM le 30 janvier 2021
    " La plume d'oie trempée dans le sang doit être la preuve requise par le commanditaire je pense. "

    Oui j'imagine aussi, mais ce peut être le sang de n'importe qui, ont-ils dans ce monde la capacité de vérifier l'ADN ;)
    Cet élément m'a semblé un peu tomber comme un cheveu sur la soupe, pourtant je comprends qu'il y soit fait mention en rapport au thème "Le masque et la plume".
    Big-Bad-Wolf le 30 janvier 2021
    SarM  Darkhorse  Merci à tous les deux ! Et merci également d'avoir souligné le manque par rapport à la plume d'oie, cela venait d'un faux raccord dans le copié/collé de mon texte sur Word ! C'est corrigé à présent, et oui, vous en aviez bien deviné l'utilité !
    Cathye le 30 janvier 2021
    Bonjour,
    Toujours et encore de beaux textes.

    Scooby et Big-Bad-Wolf de retour.

    @Evysev : en plein dans l'actualité

    @Darkhorse : me revoilà 


    Et voici ma petite contribution. 

    Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent…

    Dario tire sur la manche de sa maman qui hésite à se détourner de son chemin. Son panier regorge de légumes et il lui faut encore se rendre chez le boulanger. Et pour le dîner, confectionner des pizzas pour sa grande famille, donc continuer ses achats, plus loin encore, derrière l’avenue principale.
    Et ça pèse lourd au bout de son bras !
    Déjà les badauds se pressent, s’interpellent tout en se dirigeant vers le lieu des festivités, sachant à l’avance qu’ils s’y amuseront, le sourire étirant leurs lèvres.
    Mais le petit garçon insiste et sa moue boudeuse fait succomber la pauvre maman qui se décide tout d’un coup à se laisser entraîner.
    Du milieu de la foule, déjà compacte, se dresse un morceau de bois. Intrigué, Dario abandonne la main qui le retient et court pour découvrir, en se faufilant entre les spectateurs, un énergumène au front bosselé, portant un masque noir au nez retroussé et un costume multicolore.
    Un peu essoufflée, la maman le rejoint, essuyant au passage quelques grognements de mécontents qui ne veulent rien manquer de ce qui va se dérouler.
    Dario stoppe net, déçu, les mains sur les hanches en signe de désapprobation, parce que l’autre porte encore le même vêtement avec toujours ces petits morceaux d’étoffe, en forme de losange et de couleurs différentes, cousus pour cacher les trous, lui a maintes fois expliqué sa maman, parce qu’il est pauvre. Et d’ajouter, c’est son costume de scène qu’il ne doit surtout pas enlever car tout le monde l’attend avec. Mais en fait, il s’en moque car il guette avec impatience les pirouettes, les acrobaties et toutes les facéties dans lesquelles le pitre excelle. Et le bâton, pfff, juste pour faire peur.
     
    Mais on le sait, l’Arlequin est très paresseux et ne pense qu’à manger…
     
    Puis, le rejoint, ce valet bouffon, moustachu jusqu’aux oreilles, et sous le masque, la maman grimace devant la couleur plutôt verdâtre que sombre, un gros nez, des yeux enfoncés qui louchent et des lèvres épaisses qui lui donnent un air inquiétant. A la vue du poignard pendu à la ceinture du manteau, le petit garçon se serre tout contre sa maman qui montre du doigt le curieux couvre-chef en forme de toque aux liserés verts. Rusé comme le renard, intriguant sans scrupule, manipulateur au langage mielleux et fanfaron lorsqu’il ne craint rien, il n’en a pas moins les talents de danseur et de musicien qui l’aident bien à s’enfuir lorsqu’il est sur le point d’être puni.
     
    Mais tout le monde connaît les fourberies de Scapin…
     
    Tout à coup, les enfants présents entonnent une chanson bien connue, encouragés par les adultes qui tapent dans leurs mains pour maintenir le rythme et accueillir le nouvel arrivant. Sa bosse dans le dos et son ventre proéminent, parce qu’il mange trop, assurent les enfants en opinant de la tête, lui donnent un aspect disgracieux et un air nigaud qui le rendent méchant (Dario mime un lion qui rugit). Doublé d’un voleur et menteur. Entre autres gros défauts.
    Affublé d’un masque noir au long bec crochu de corbin et d’un chapeau en pain de sucre, agrémenté selon son humeur, de plumes de coq, armé d’un énorme gourdin qui lui sert essentiellement à payer ses dettes, il est lent à se mouvoir mais possède un esprit vif surtout lorsqu’il s’adresse directement au public de sa voix de fausset. Alors tous de rire à gorge déployée, certains se tapant sur les cuisses pour mieux renchérir.
     
    On connaît tous un secret de Polichinelle.
     
    Mais le public s’impatiente quand arrivent, enfin, les maîtres.
    D’abord, un riche marchand vénitien, personnage très important dont les défauts servent de prétexte à de bons tours, toujours bougon, avare et méfiant, voleur en affaire et sévère avec ses serviteurs, qui le lui rendent bien, d’ailleurs. Il se croit encore beau et fringant alors qu’il est maigre et voûté. Il porte sur ses jambes, trop grêles pour les contenir, de belles chausses encore bien conservées de sa jeunesse lointaine. Et pour attirer l’attention sur sa virilité, qui appartient au passé, personne ne l’ignore, une volumineuse braguette. Car il rêve d’épouser une belle et très jeune fille. Inutile de préciser que toutes le fuient.
    Il porte toujours une bourse à sa ceinture, un masque de couleur pâle, dont le nez ressemble à un bec d’aigle, des yeux sournois et une barbichette. Sa voix de crécelle n’arrange rien.
    Son passe-temps favori est de compter son argent, et son désir, marier sa fille selon ses propres convenances. Pas gagner l’affaire.
     
    Il existe peut-être un Pantalon (Pantalone) près de vous…
     
    Son ami (ou ennemi parfois), n’est pas mieux loti que lui, un gros nigaud stupide, un âne prétentieux qui sait tout, a tout vu. Il impressionne et affirme un ramassis de bêtises énormes, de maximes absurdes et de longues phrases vides de sens, impossibles à interrompre. De belles apparences qui lui valent chaque jour d’être invité. C’est le roi des goinfres.
    Il s’affiche savant, ce « Docteur », souvent vêtu d’amples robes noires, plus grandes les unes que les autres, qui cachent son gros ventre. Coiffé d’un bonnet de notaire ou d’un vaste chapeau de médecin, il porte un demi-masque sur le front et son nez, plutôt imposant et charnu, qui repose sur deux grosses moustaches noires.
     
    Il en existe des charlatans autour de nous…
     
    Et pour les défendre, voilà le Capitaine. Figure militaire. Qui en raconte des histoires de bravoure. Et qui se dégonfle au moindre obstacle. De belles moustaches lui assurent pourtant un air farouche et batailleur. Il se croit beau dans son costume flamboyant, avec son chapeau à plumes, portant cape et épée, ce qui fait trembler les plus jeunes, et claironne partout que les femmes tombent à ses pieds. Mais toute sa prétention réside dans son masque dont le nez n’a rien à envier à celui de Cyrano. Un pic, non, que dis-je, une péninsule. Très vite ridicule, parce que stupide, facilement manipulable par les autres compères lorsqu’ils mettent en doute sa vantardise.
     
    … des Matamore, ou des fierabras, aussi…
     
    Dans la foule, une voix réclame les amoureux au moment précis où ils se présentent. Très appréciés, car ils sont à l’origine des jalousies, des conflits et des amours contrariées de ces anciens d’un autre monde. La belle amante s’évertue à contrecarrer le projet initial d’une union arrangée par son père dans laquelle ne dominent que les questions d’argent et de patrimoine.
    Foin des sentiments et de l’amour.
    Ainsi, les obstacles au mariage des deux tourtereaux ne manquent pas. Aussi instruit l’un comme l’autre, beaux, jeunes et élégants, au langage fleuri, ils s’expriment à l’aide de poésie, de vers ou de chansons dans le seul but, évident, de perturber et de destabiliser les discours bien rôdés, et forcément, bienveillants.
    Mais les valets et les servantes veillent…et intriguent.
    D’ailleurs, voilà Colombine, une de leurs meilleurs alliés. Dario est heureux, il l’aime beaucoup parce qu’elle danse aussi, qu’elle répond toujours (comme lui) et puis son maquillage est joli (elle ne porte pas de masque). Elle s’habille de deux jupons, un corsage à rayures et un tablier blanc. Dotée d’un franc-parler, insolente et malicieuse, elle sait être piquante quand son maître la poursuit de ses assiduités alors que l’Arlequin tente de la séduire. Intelligente et loin d’être sotte, elle n’a de cesse de manigancer dans le dos de son maitre afin de favoriser les amours de sa jeune maîtresse.
     
    Voilà un conflit permanent, savamment orchestré entre les différents protagonistes. La marque de fabrique de ces trublions reste la répartie, l’improvisation à répétition puisqu’ils ne s’appuient sur aucun texte écrit, sauf un canevas en guise de support, et des pantomimes très marquées
    décuplant ainsi l’ hilarité afin d’emporter l’adhésion d’un public qui de toute façon est acquis à leur cause. Des spectateurs friands de ces joutes verbales qui se régalent, se délectent de reconnaître les personnages incarnés.
     
    Mais la maman pense déjà à rentrer. A son tour, elle entraîne son fils.
     
    Alors, si le cœur vous en dit, la place est libre. Je vous emmène à la Commedia dell’arte
    Graffiti_Muriel le 30 janvier 2021
    On m’a volé ma plante !!!

    Coup de théâtre ! Le rideau rouge se lève enfin ! On assiste à une représentation où chacun tient son rôle à la perfection. La mise en scène est ficelée en cinq actes. Les personnages défilent tour à tour sur scène enfilant masques du sourire, de la répartie et du fou rire. Les quiproquos sont sans équivoque dont seul le public est tenu pour confident.

    C’est un vrai dialogue de sourds entre les protagonistes. La voisine d’à côté accuse Monsieur Trigent de lui avoir volé…sa plante verte ! Le jeu des comédiens en fait la démonstration. On ressent l’émotion. On peut assister aux allées et venues incessants sur les planches qui grincent à chaque passage et entendre les portes qui claquent au rythme des tirades. Chacun crie à tout bout de champ son texte appris sur le bout des doigts. Répétition après répétition, chaque mot, chaque phrase est posée en mémoire de ces longues nuits à le réciter pour que tout s’accorde en une soirée sur cette scène, tout soit exposé au grand public en actes forts et en intensité. Le décor est d’une simplicité orné d’une table en bois, d’une chaise renversée et de la fameuse…plante verte.

    Le dramaturge, à la plume acérée, a créé un environnement où chaque personnage se fond, s’invite au fil des scènes et des rebondissements. La représentation théâtrale est cocasse d’une prose travaillée et rythmée. Le ton est juste. On rit ouvertement, on rit beaucoup. Dans le public, les visages se tordent de plaisir à chaque aparté. Les zygomatiques fonctionnent comme pouvait le prévoir le metteur en scène dans son imaginaire et les péripéties qui nous assaillent çà et là. Cette comédie moderne, sous les feux de la rampe, se veut délirante et amusante à n’en plus finir par tant de rebondissements.

    On oublie tous nos soucis du quotidien…Exaltant. L’humour a le premier rôle, celui de nous faire oublier la tristesse, les sales gueules, les mécontents, les mauvais jours…c’est ça l’ivresse du moment. Le théâtre est l’art d’assembler et d’unir les gens joyeux dans des moments de partage et de rire. Le dénouement est proche. On s’en doutait un peu…La plante verte a retrouvé sa propriétaire…
    Darkhorse le 31 janvier 2021
    Cathye a dit :



    @Darkhorse : me revoilà 





    Ah, enfin !

    À travers les yeux de Dario,on se régale de cette fascinante galerie de personnages !
    Cathye le 31 janvier 2021

    Darkhorse :  mais je n’y croyais pas...la tête à autre chose.  Et il y a 15 jours le carnaval de Venise m’a sauvée  pour aboutir à la Commedia...ces défis sont vraiment un bonheur. Et ravie que tu te sois régalé. 
    Au sujet de ton texte, je dois avouer qu’il m’a donné mal aux yeux..la pratique du théâtre peut en effet être très révélatrice. Bravo en tout cas car  l’exercice pas facile 👏👏.
    Au plaisir de te retrouver sur le prochain défi.

    Et crois-tu que notre ami Walex va nous jouer une scène avant que le rideau ne tombe 😅? 

    Darkhorse le 31 janvier 2021
    Cathye a dit :



    Et crois-tu que notre ami Walex va nous jouer une scène avant que le rideau ne tombe ?? 


    Son entrée ne devrait pas tarder !
    Cathye le 31 janvier 2021
    Darkhorse : c’est aussi ce que je pense 🧐😅
    Walex le 31 janvier 2021
    Le masque et la plume

     

                                                   Trois coups résonnent
                                                Silence dans l’assemblée
                                                         Lever de rideau


    Walex le 31 janvier 2021
    Acte I, scène 1

    Le rideau s’ouvre sur des champs, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne. Lumière tamisée. Au loin, se dresse un château. Sur la droite se devine l’entrée d’une ferme, depuis laquelle entrent deux chiens, l’un massif, impassible et solidement armé, et l’autre petit, nerveux et visiblement frileux.

    Jack Russel : Dis,
    Valérie Rottweiler : Oui, quoi encore ?
    Jack Russel : Tu peux me rappeler ce que l’on fait là, déjà ?
    Valérie Rottweiler : On effectue des rondes.
    Jack Russel : Mais pourquoi ?
    Valérie Rottweiler : Pour monter la garde, pardi !
    Jack Russel : Mais à quoi ça sert ? Voilà dix fois que l’on passe par là, et absolument rien n’a changé.
    Valérie Rottweiler : Ne cherche pas et tais-toi, c’est les ordres alors obéis.

    (Silence)

    Jack Russel : N’empêche, on tourne en rond, cela ne nous amène pas loin cette affaire. Tout ça pour ce pacha.
    Valérie Rottweiler : C’est nous les pas chats, lui c’est effectivement un chat. Et je t’ai demandé de te taire.

    (Nouveau silence)

    Jack Russel : Il fait quand-même un froid de canard.
    Valérie Rottweiler : Ce n’est pas ce qui va faire peur aux racailles.
    Jack Russel : Justement, que fait-on encore ici, si même les rats caillent ?
    Valérie Rottweiler : Tu commences à m’ennuyer.
    Jack Russel : Chut !
    Valérie Rottweiler : Comment ça, « Chut » ?

    (Jack Russel renifle le sol en suivant une piste invisible et jusqu’à atteindre sur la gauche de la scène deux panneaux représentant chacun une botte de foin)

    Jack Russel : Là !
    Valérie Rottweiler : Quoi là ?
    Jack Russel : Non, je ne pense pas que c’était un Koala, mais une chose est certaine, il s’est bien fait plumer.

    (Ils déplacent le premier panneau. Derrière, gisent plusieurs plumes de volatile.)

    Valérie Rottweiler : Lance l’alerte, je reste ici monter la garde.

    (Jack Russel sort. Quelques instants plus tard, résonne le chant du coq)
    Walex le 31 janvier 2021
    Acte I, scène 2

    Même décors. Valérie Rottweiler est restée immobile à sa place. Entrent Jack Russel suivi du coq fermier Alan, la vache laitière Fleurette, de son copain Côme cochon, d’un groupe de poules pondeuses composé de Angère, Dogue, Kiès et Opo, puis d’un petit poussin.

    Fleurette : La vache, Alan, qu’est-ce qui t’a pris de nous réveiller si tôt ?
    Alan : Figure-toi que je l’ignore ! Demande à Jack, c’est lui qui me l’a demandé.
    Fleurette : Jack, pourquoi as-tu demandé à Alan de nous réveiller ?
    Jack Russel : C’est Valérie qui m’a demandé de le faire.
    Fleurette : Bon. Valérie, pourquoi as-tu demandé à Jack de demander à Alan de nous réveiller ?
    Valérie : Pour ça.

    (Valérie se pousse pour les laisser découvrir les restes de la victime)

    Alan : Doux saigneur ! Quelqu’un a mangé une poule !


    (Stupeur dans l’assemblée des poules. Opo, la poule en culotte, s’avance.)

    La poule Opo : Quelle infamie !
    Fleurette : Et il ne reste que des plumes ! Mais qui cela peut-il bien être ?
    Valérie : Un renard, peut-être ?
    Côme, le cochon : Un renard avec des plumes ? Gruin ! Gruin ! Quelle drôle d’idée !
    Jack Russel : Non, si un renard était passé par là, je l’aurais senti.
    Valérie : Et j’ai trouvé ça, aussi.

    (Le Rottweiler retourne le panneau en forme de botte de foin. Au dos est écrit : « Le homard m’a tuer. »)

    Fleurette : Voilà qui nous résous l’affaire. Il en reste plus qu’à savoir ce que ferait un homard, ici, en pleine campagne.
    Alan : S’il y avait un homard dans la région, je crois que ça se saurait. Personne n’a rien vu ?

    (Une petite voix s’élève de derrière le panneau de la seconde botte de foin)

    Petite voix : Moi, j’ai vu !
    Valérie : Qui parle ? Sors de là !

    (Apparaît un rat des champs)

    Valérie : Que fais-tu là-dedans ?
    La souris : J’y ai passé la nuit au chaud.
    Jack Russel : Je t’avais bien dit que les rats caillent !                       
    Valérie : Silence. Parle ! Et à quoi il ressemblait, ce homard ?
    Alan : Je croyais que c’était un renard ?
    La souris : Non, non, non, ce n’était ni un homard, ni un renard. C’est un loup que j’ai vu !

    (Effroi dans l’assemblée des poules)

    Opo, la poule en culotte : Un loup ! C’est horrible ! Il faut immédiatement prévenir le chat ! Allons-y !

    (Sortent chiens, poules, coq, vache et cochon)

    Côme, en sortant : Gruin ! Gruin ! En même temps, un homard peut très bien être un loup de mer…
    Fleurette : Meuh oui, bien entendu !

    (Le petit poussin inspecte les lieux du crime, avant de repartir suivre la troupe)
    Walex le 31 janvier 2021
    Acte I, scène 3

    Les mêmes, en bas d’un vieux mur en pierre de la ferme. Plus haut, un chat se lave les pattes. La troupe est en ébullition.

    Sacha, le chat pacha : Qu’entends-je, vous dites qu’un loup est entré dans la ferme ?
    La poule Angère : Un énorme loup !
    La poule Dogue : Un loup ignoble et féroce !
    La poule Kiès : Avec de grandes dents acérées comme des couteaux !
    La poule Opo : Et des yeux rouges comme le sang !
    Sacha : Et qui donc l’a vu ?
    La souris : Moi ! Moi, je l’ai vu, je vous le promets.
    Sacha : Le rat dit des salades ! Tout ceci est ridicule !
    La souris : Je vous assure, je suis bonne pâte.
    Côme : Gruin ! Je confirme, le rat vit au lit.
    Sacha : Je ne crois pas un mot de tout cela. Ce ne devait être qu’un simple chien errant !
    Valérie : Errant ?
    Jack : Et petit rantanplan ?
    Sacha : Partez, et qu’on ne me dérange plus avec cela. Et si cela devait à nouveau se produire, faites appeler mon laquais !

    (La troupe s’éloigne, le poussin en dernier)

    Sacha : Sauf toi, la souris ! J’ai encore quelques questions à te poser. Laissez-nous seuls…

    (La troupe sort, sans le rat. Le chat saute sur celui-ci, et part le manger derrière le mur de la ferme. Le poussin réapparaît, entend les bruits, et horrifié, ressort prestement)
    Walex le 31 janvier 2021
    Acte II, scène 1

    Même décors qu’à la première scène. À nouveau, entrent les deux chiens de garde.

     Jack Russel : Alors, l’omelette à l’os à moelle ?
    Valérie Rottweiler : D’abord, tu ne peux pas faire d’omelette sans avoir d’œuf.
    Jack : Sans avoir de quoi ?
    Valérie : Ben d'œufs...
    Jack : De ?
    Valérie : Des œufs !
    Jack : Oh, désolé…
    Valérie : Oui, et des os, évidemment, ainsi que du lait.
    Jack : Ça ne sent pas bon.
    Valérie : Pourtant, je peux t’assurer que c’est succulent !
    Jack : Non, je veux parler de l’odeur !

    (Jack Russel renifle le sol en suivant une piste invisible et jusqu’à atteindre un panneau en forme d’arbre)

    Jack : Là, c’est juste derrière !

    (Valérie retourne l’arbre. Plusieurs plumes jonchent le sol. Sur le dos du panneau est écrit : « L’agneau n’y mousse »)

    Valérie : Que cela signifie-t-il encore ? Lance l’alerte, je reste ici monter la garde.
    Jack : On ne pourrait pas changer les rôles pour une fois ?

    (Valérie bombe le torse. Jack Russel sort en courant. Quelques instants plus tard, résonne le chant du coq)
    Walex le 31 janvier 2021
    Acte II, scène 2

    Même décors. Entrent une seconde fois, vous l’aurez compris, les mêmes que lors du premier acte : Jack Russel, le coq fermier Alan, la vache laitière Fleurette, son copain Côme cochon, le groupe de poules pondeuses désormais munies de pancartes et de banderoles avec de banales inscriptions du type : « On ne veut pas être mangées », puis le petit poussin.

     La vache Fleurette : Je me demande bien ce qui se passe encore.

    (Le groupe arrive au pied de l’arbre)

    Alan : Doux saigneur ! Quelqu’un a mangé une poule ! Encore !

    (Effarement dans l’assemblée des poules)

    Valérie : Ne faites pas les étonnés, vous vous doutiez bien de ce qui avait pu se passer !
    Opo, la poule en culotte : Vous pensez que c’est encore un coup du loup ?
    Fleurette : Et il a mangé un mouton à présent !
    Côme, le cochon : Un mouton avec des plumes ? Gruin ! Gruin ! Ça m’étonnerait !
    Fleurette : Mais il a écrit que c’est un mouton.
    Valérie : Non, il a écrit que l’agneau n’y mousse.
    Côme : Donc si ce n’est pas l’agneau qui mousse, alors qui est-ce ?
    Alan : Et si c’était… le loup qui mousse ?
    Fleurette : Vous pensez qu’il a la rage ?
    Jack : Il faut immédiatement prévenir Sacha !

    (Entre un canard en costume)

    Valérie : Voilà justement son laquais !
    Le canard laquais : Notre pacha de chat m’envoie savoir de quoi retourne ce raffut. Je constate qu’une poule a de nouveau été dévorée. Quelqu’un a-t-il vu ce qui s’est passé ?

    (Chacun fait non de la tête. Une petite voix s’élève du dessus du panneau de l’arbre)

    Petite voix : Moi, j’ai vu !
    Valérie : Qui parle ? Sors de là !

    (Apparaît un petit moineau)

    Le canard : J’imagine que toi aussi tu as vu un loup ?

    (Le petit moineau fait oui de la tête)

    Jack : Brrr, ça laisse un froid de canard tout ça !
    Valérie : Non, ça c’est toi, tu es simplement trop frileux.
    Le canard : Ne perdons pas de temps, le défi d’écriture est bientôt terminé, et le chat commence à avoir… hum, je pense… plein de choses à te demander ! Viens, suis-moi !

    (Sortent le canard et le petit moineau d’un côté, puis la troupe, sans le petit poussin)

    Côme, en sortant : Gruin ! C’était tout de même vachement bâclé comme acte.
    Fleurette : Ça tu l’as dit ! J’imagine que le troisième n’aura qu’une seule scène à peine…
    Côme : Gruin ! J’ai hâte d’y être pour voir ça !

    (Le poussin reste seul quelques instants au centre de la scène, pensif)

    La poule Opo, au loin : Tu viens poussin ?
    Le poussin : J’arrive, maman !
    Walex le 31 janvier 2021
    Acte III, scène 1

    Les mêmes qu’à la première scène, même endroit, même heure. Au bord de la scène, juste devant les spectateurs, un panneau en forme de nénuphar. À nouveau, entrent les deux chiens de garde.

     
    Jack Russel : Je trouve cela étrange, on n’a revu ni la souris ni le moineau.
    Valérie Rottweiler : Ne t’en fais pas pour eux, ils doivent être sous grande protection.
    Jack Russel : Tu crois que l’on va trouver quoi cette fois ?
    Valérie Rottweiler : Va savoir, cette pièce est décidément pleine de surprises.
    Jack Russel : Attention, là, un nid de poule !
    Valérie Rottweiler : C’est bon, je ne vais pas me renverser.
    Jack Russel : Non, c’est un vrai nid, juste à côté de la mare.

    (Ils atteignent le bord de la scène, et déplacent le nénuphar)

    Valérie Rottweiler : Le nid est fait de plumes de poule. Encore un coup du loup tu crois ?
    Jack Russel : Sans doute ! Et il y a un gros œuf au milieu. Quatre lettres sont écrites dessus : « 7-1-9-9 ».
    Valérie Rottweiler : C’est un œuf neuf.
    Jack Russel : Oui c’est bien ce qu’il y a écrit. La DLUO tu crois ? Et il est encore tout chaud !
    Valérie Rottweiler : Cela n’a ni queue ni tête.
    Jack Russel : Évidemment, c’est un œuf !
    Valérie Rottweiler : Tu sais ce qu’il te reste à faire.

    (Une petite voix se fait entendre)

    La voix : Ce ne sera pas la peine !

    (Entrent le chat et son laquais, suivis du coq fermier Alan, de la vache laitière Fleurette, de son copain Côme cochon, du groupe de poules pondeuses, puis du petit poussin)

    Jack Russel : On est déjà à la scène 2 ?
    Fleurette la vache : Non, on a préféré gagner du temps, on n’a pas attendu que le coq nous réveille.
    Côme le cochon : Et on a apporté ce pacha de chat, ça nous fera gagner une autre scène.
    Sacha le chat pacha : Faisons vite, je dois aller déjeuner. Alors, quelqu’un a-t-il vu quelque-chose ?

    (Sort une petite grenouille du panneau en forme de nénuphar)

    La grenouille : Coâ ?
    Valérie Rottweiler : Parle, grenouille, nous t’écoutons.
    Sacha : Et pas de mensonge amphibien !
    La grenouille : Alors je vous répondrai en fille bien…
    Sacha : Parfait.
    La grenouille : C’était hier, il était tard…
    Sacha, à son laquais : Je ferais mieux de poursuivre l’interrogatoire à l’écart…

    (Une autre petite voix…)

    La voix : Moi, j’ai tout vu !

    (Le petit poussin s’avance sur la scène)

    Sacha : Toi, poussin ? Humm, c’est encore mieux qu’une grenouille ! Viens, suis-moi !
    La poule Opo, s’interposant : Que nous racontes-tu là, poussin ?
    Sacha : Laissez-nous maintenant, nous avons à discuter en privé lui et moi.
    Opo, s’avançant vers le petit poussin : As-tu vu le loup enragé ?
    Le poussin : J’ai vu un loup, effectivement.
    Sacha : Allez allez, laissez-nous maintenant, il se fait faim…
    Le poussin : J’ai bien vu un loup, mais pas le genre de loup que vous pensez.
    Opo, s’avançant vers le petit poussin : As-tu vu le loup enragé oui ou non ?
    Le poussin : Le seul loup que j’ai vu, c’était un masque. Et derrière le masque… je t’ai vu toi, maman !

    (Le poussin baisse la culotte de la poule Opo, qui a l’arrière-train totalement déplumé. Stupéfaction dans l’assemblée)

    La poule Angère : Elles étaient à toi toutes ces plumes ?
    La poule Dogue : Ça veut dire que… aucune poule n’a été mangée ?
    La poule Kiès : On est bête, on aurait dû le remarquer qu’on était toutes là !
    La poule Opo : D’accord, d’accord, j’avoue tout, le masque de loup, les plumes, les messages, c’était moi !
    Valérie Rottweiler : Je n’aurais qu’une seule question : pourquoi ?
    La poule Opo, au petit poussin : Si j’ai fait tout ça, ce n’était que pour toi !
    Le poussin : Pour moi ?
    Opo : Le chat te tournait chaque jour autour, j’avais peur qu’il te mange, tu es une cible si facile pour lui… il fallait que je lui apporte de quoi satisfaire sa faim.
    Sacha, se léchant la patte : Elle a parfaitement raison, je n’aime pas m’épuiser à chasser, et ces proies venaient à point nommé... Hé, ne faites pas les étonnés, vous savez très bien que je suis un pacha !
    Fleurette : Mais… que voulaient dire tous ces messages ?
    Côme le Cochon : C’est vrai, Gruin, cette histoire de homard, d’agneau qui mousse, tout ça…  Cela n’avait aucun sens ! Gruin ! Gruin !
    La poule Opo : Justement, le but était que vous alliez voir le chat pour lui demander de l’aide, et que vous lui apportiez des témoins plus appétissants que mon petit poussin.
    Sacha : Une petite souris ou un moineau, je veux bien, mais une grenouille, quand-même…
    Jack Russel, en sortant : Voilà qui résous enfin notre mystère !
    Valérie Rottweiler, sortant également : Juste à temps avant la fin de la pièce !
    Le coq Alan, à la suite : Pile au lever du soleil. Cocoricoooo !
    La vache Fleurette, de même : Et pas de loup enragé dans les environs.
    Côme le cochon, enfin vous aurez compris : Quelle histoire mes amis, quelle histoire !

    (Suivent les poules et le poussin, ainsi que le canard laquais)

    Le poussin : Je t’aime maman.
    Opo : Moi aussi, je t’aime mon enfant !

    (Restent la grenouille et le chat au milieu de la scène)

    Sacha : Tout est bien qui finit vraiment très bien !

     (Et les rideaux se ferment, après quoi on entend une dernière fois le chant du coq)
    Darkhorse le 01 février 2021
    Il y a un air du grand méchant renard de Benjamin Renner dans ta ménagerie complètement déglinguée,  Walex  

    OSOLEMIO le 01 février 2021
    OUAH ! Walex  :  ça déménage à la ferme  ) ) )  





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