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    juliebabelio le 03 mars 2023
    Bonjour à vous ! 

    On se retrouve pour le nouveau défi d’écriture du mois de mars, un nouveau défi qui j’espère vous plaira.
    Ce mois-ci le thème portera sur : un vieil objet familial.
    Il est temps de se replonger dans les souvenirs de famille et de raconter l’histoire d’un vieil objet retrouvé. Quel est le vécu de cet objet ? A-t-il voyagé ? A-t-il appartenu à quelqu’un en particulier ? Est-il rattaché à des souvenirs ou des émotions fortes ? 


    Comme d’habitude, la taille et la forme de votre contribution sont libres, cependant, nous ne prendrons en compte pour le défi que le premier texte que vous posterez ici en répondant ci-dessous. Comme chaque mois, le gagnant ou la gagnante remportera un livre et vous avez jusqu’au 31 mars pour participer !


    Je suis impatiente de lire vos créations,  
    Julie 


    charlene_bzh le 03 mars 2023
    Bonjour à tous, voici ma participation pour ce mois-ci. 


    Je me dirige vers les escaliers à pas lents et légers. Je laisse derrière moi le bruit de la vaisselle qui s’entrechoque dans l’évier de la cuisine, les discussions qui peu à peu deviennent un murmure lointain, les sourires tristes de cette journée de deuil. Je délaisse la lumière du rez-de-chaussée, l’atmosphère bienveillante et bon enfant, les souvenirs plus ou moins lointains de chacun avec ma grand-mère. 

    J’ai besoin de solitude pour me la rappeler, de silence aussi pour me recueillir. Alors que je m’enfonce dans l’obscurité de l’étage, un parfum fleuri flotte et me ramène des années en arrière, alors que je n’étais qu’une petite fille. Ce couloir sombre à la tapisserie fanée me donne les frissons ressentis. Les volets clos des pièces renforcent l’atmosphère secrète et les souvenirs m’assaillent. Chacun de mes pas amortis par la moquette épaisse m’enfonce peu à peu dans la réminiscence de la personne qui a égayé mes mercredis de solitude, de la femme qui a essuyé les larmes de mes chagrins d’enfant, la précieuse qui a répondu à mes questions d’adolescente. Elle a toujours été là pour moi, c’est moi qui n’ai plus été là pour elle. Je verse une larme, puis une autre, trop longtemps contenues. Je parcours avec lenteur la pièce qui a été ma chambre. Il ne reste qu'un lit recouvert d’une courtepointe bleu ciel. La petite commode attenante contenait mes secrets de l’époque, elle est aujourd’hui vide et recouverte d’une fine couche de poussière. Sur les murs, une multitude de photos de moi, de mon frère, de mes cousins, de ma mère, de mes oncles et tantes. Je ne m’y attarde pas plus. 

    Je ferme les yeux et je continue mon voyage dans le passé. Je remonte le couloir en promenant mon doigt sur la tapisserie, juste en dessous de la frise. Il y a une rainure invisible pour l'œil, mais qui forme un léger renfoncement dans lequel j’aimais, enfant, suivre le chemin du bout de mon index. La nuit, lors de mes cauchemars, je remontais ce bout de couloir en suivant ce tracé secret qui m'emmenait à la porte de la chambre de ma grand-mère. Je me faufilais sous les couvertures pour me blottir contre elle, éloignant ainsi les monstres. Elle me prenait dans ses bras et je me rendormais apaisée.

    Aujourd’hui, je marque un arrêt sur le seuil. La porte est grande ouverte. Les persiennes baissées, les rayons du soleil ainsi atténués me laissent apercevoir sa chambre. J’hésite. Elle n’est plus là pour m’accueillir, elle ne peut plus me prendre dans ses bras larges et forts. Elle n’est plus là pour me consoler, alors qu’aujourd’hui mon chagrin est immense. J’ai beau fermer les yeux, son odeur n’arrive plus jusqu’à moi. J’écoute. Rien ne bouge. Le silence m’envahit. Les autres doivent être dehors. J’avance un pas, puis un autre et je suis rentrée. Tout est comme dans mon souvenir. La vieille armoire avec son miroir sur le devant. Le grand lit en bois et les oreillers bien disposés. Le bureau et la montagne de livres jamais rangés. La table de chevet et ses secrets bien gardés. Le tiroir est capricieux, il ne se laisse pas amadouer. Je n’ose pas insister, mais j’ai quand même très envie de voir s'il y a toujours son chapelet crème qu’elle égrenait régulièrement. Je tire un peu plus fort, mon envie est tenace. Le tiroir cède enfin. Dedans il y a des papiers en tout genre, des crayons, des photos. Je fouille un peu, honteuse de mon geste. Je remue le bazar et il apparaît. Je le sens au bout de mes doigts. Les grains tout doux, la croix tout au bout. Je le prends délicatement et je le fais glisser dans ma main. Il est les caresses qu’elle ne me donnera plus. Il est la douceur que je ne lirai plus dans son regard. Il est sa présence qui me fait défaut aujourd’hui. Je ne peux pas le remettre. Impossible. Je le glisse dans la poche de mon jean et referme le tiroir non sans effort. Il est là, dans ma poche. Un sourire naît sur mon visage, je suis tranquille. 

    J’entends qu’on m’appelle. Il va falloir refermer la maison. Je descends en courant les escaliers, plus légère, plus tranquille, plus sereine.
    Hekate2018 le 03 mars 2023
    Votre texte est très émouvant, charlene_bzh.
    franceflamboyant le 04 mars 2023
    Je trouve aussi !
    charlene_bzh le 04 mars 2023
    Hekate2018 le 04 mars 2023
    L’odeur rance de la poussière m’envahit alors que je rentre dans le grenier. C’est véritablement le seul endroit où je puisse être au calme dans cette maison. Le brouhaha de mes frères en train de se chamailler s’estompe doucement alors que je ferme la trappe. Enfin seule !

    Je regarde autour de moi. Malgré quinze ans passés dans la grande maison de mes grands-parents, je n’étais jamais allée dans le grenier. Je me souviens que, lorsque j’étais petite, mon grand-père me disait pour me faire peur que si je n’étais pas sage, le monstre du grenier viendrait me manger. Aujourd’hui, cette remarque me fait sourire.

    Les lattes du parquet grincent sous mes pieds. Je cherche un endroit où m’installer pour lire, mais n’en trouve pas. Il n’y a ni fauteuil, ni tabouret.

    Mais un objet attire mon attention. Calé dans un coin sombre de la pièce, un petit coffre en bois laqué est ouvert. Je ne peux résister à cette tentation et vais instantanément voir ce qu’il y a à l’intérieur. Je suis profondément déçue en voyant que ce ne sont que de vieilles lettres au papier jauni.

    J’en sort une de la boîte et, poussée par la curiosité, commence à la lire.




    21 mars 1965, New-York.




    Chère Léonore,




    Ça y est, je suis arrivé à New-York. J’aimerais tant que tu puisses admirer tous ses magnifiques immeubles !

    Mais je veux te parler de quelque chose qui va certainement t’intéresser : hier au soir, un groupe d’adolescents a trouvé un corps, alors qu’ils se promenaient dans Central Park. Ils ont alerté la police (donc, moi-même par extension). C’était une jeune femme, d’une trentaine d’années environ. Blonde, petite. Elle portait encore tous ses vêtements et son porte-monnaie était encore rempli.

    Cela devait bien faire trois ou quatre jours qu’elle était ici, car l’odeur qui en émanait était atroce. Elle était pendue à un arbre. Mon équipe en a rapidement conclu à un suicide, mais je n’y crois pas. Nous continuons les recherches.

    Je t’envoie quelques coupures de journaux sur l’affaire,  pour que tu puisses m’aider.




    Tendrement,




    Edgar.




    Edgar et Léonore sont les prénoms de mes grands-parents.  Je savais que mon grand-père avait été policier, mais je ne savais pas qu’il était allé à New-York. En tout cas, il ne m’en a jamais parlé. Un meurtre ? Grande adepte des romans policiers, je ne peux m’empêcher de lire les articles qui suivent la lettre dans la boîte.




    Le corps de Nelly Smith, new-yorkaise de vingt-neuf ans, a été retrouvé hier soir. Cette jeune avocate se serait pendue il y a quelques jours.

    Nelly avait défendu l’une des personnes les plus détestées de l’Amérique : le tueur en série James Ratcher. Ce dernier avait pour habitude de pendre ses victimes à l’aide d’un ruban noir, désormais sa marque distinctive.




    Je n’arrive pas à réprimer un frisson. J’ai bien évidemment entendu parler de James Ratcher. Il a terrorisé une grande partie de l’Amérique dans les années soixante. Il a finalement été condamné à mort en 1969.

    Je réfléchis. Nelly Smith avait défendu un tueur en série, donc bon nombre de personnes pouvait lui en vouloir. Mais pourquoi l’avoir tué avec le même modus operandi que celui du tueur?

    La seconde lettre m’aidera peut-être.




    26 mars 1965 Paris




    Edgar,




    Je n’y comprends rien. J’ai cherché tous les journaux relatant les meurtres de Ratcher, mais quelque chose m’échappe. Selon le mode opératoire du tueur, les victimes se retrouvaient pendues à un arbre. Exactement comme Nelly.

    Mais, il y a un problème.

    James Ratcher est en ce jour encore en prison. Il ne peut donc pas l’avoir assassinée. Pourquoi quelqu’un aurait-il reproduit une scène de crime similaire à toutes celles de Ratcher ?

    Pourrais-tu me donner la liste des ennemis de miss Smith, et son dossier ?




    Je t’embrasse,




    Léonore.




    L’idée de lire mon roman ne m’effleure même plus l’esprit. Je n’ai qu’une envie : savoir ce qu’il est arrivé à cette pauvre avocate.

    Je regarde la boîte. Il reste deux lettres, dont l’une assez épaisse, et une chemise en carton verte.

    Je continue.




    1 avril 1965 New-York.




    Léo,




    Merci de m’avoir répondu si vite. Voilà la liste des ennemis de la victime, ainsi qu’une copie du dossier médico-légal. Je sais bien que cela est normalement interdit par la loi, mais notre enquête n’avance pas.




    Encore merci,




    Edgar.




    Je sors la chemise verte et commence à la feuilleter. Je n’avais jamais vu un véritable dossier médico-légal, mis à part à la télévision ou dans mes romans.

    Sur certaines pages sont griffonnées quelques notes, telles que et si… ? ou encore non, impossible.

    À la toute fin, une feuille est agrafée.




    Mia Sam  ÇA NE PEUT PAS ÊTRE ELLE, UNE FEMME N’AURAIT JAMAIS EU ASSEZ DE FORCE POUR SOULEVER LA VICTIME.




    Cesar Amhert Jr ANAGRAMME DE JAMED RATCHER, IMPOSSIBLE, IL EST EN PRISON.




    Angelina Allan IDEM QUE POUR MIA SAM.




    Arthur Doyle IL NE RESTE QU’UNE POSSIBILITÉ.




    Christina Bales IDEM QUE POUR MIA SAM ET ANGELINA ALLAN.




    Donc, le coupable était Arthur Doyle. Si j’avais bien lu le dossier, c’était le procureur qui avait perdu le procès de Ratcher. Il en voulait apparemment à Nelly Smith.

    J’ouvre la dernière lettre, la résolution. Comme à chaque fin de roman policier, je suis fébrile. Ma main tremble légèrement.




    7 avril 1965




    Edgar,




    La solution était sous nos yeux. Te souviens-tu du procureur Arthur Doyle? Oui, celui-là même qui a perdu le procès Ratcher.

    Ça ne pouvait être que lui. Les trois femmes n’auraient jamais trouvé la force de soulever un cadavre, et Cesar Amhert Jr était le pseudonyme sous lequel se cachait James Ratcher. La seule…




    — Danaé ? Mais, que fais-tu ici ? Allons, laisses ces vieux papiers, et viens m’aider à mettre la table. J’avais bien dit à ton grand-père de cacher ce petit coffre.
    Snoopythecat le 05 mars 2023
    charlene_bzh  Texte très émouvant et vivant. Bravo
    Coparo le 05 mars 2023
    Bonne journée à tous !

    La clarine

    Nous étions dans notre maison de campagne, toi et moi, Maman, et explorions les vieilleries empoussiérées et pourtant précieuses accumulées dans tous ses recoins. Je ne sais si nous étions rustiques dans l’âme, mais cette maison l’était particulièrement, et il nous fallait faire un grand ménage pour pouvoir l’habiter, l’été, et la débarrasser de ses nombreuses toiles d’araignées et des ravages hivernaux causés par les fouines. Mais c’était aussi un musée à ciel ouvert, où se côtoyaient nos œuvres picturales d’enfance, vos sculptures, des tableaux, de vieux livres, la vieille Underwood que vous m’aviez offerte quand j’avais dix ans, des vestiges de métal rouillé récoltés dans la Chartreuse en démolition des environs, des bouts, des fragments, des éclats, des multitudes d’objets de peu, mais aussi des trésors.

    Tu te dirigeas vers un coin de la grande pièce, près de la cheminée, derrière le miroir fait dans un collier de mulet de bois et de cuir, et tu glissas sans hésiter la main derrière celui-ci. C’est là que tu avais caché un petit sac de toile, une sorte de petite gibecière beige, fermée par deux boutons dépareillés.

    « Regarde, me dis-tu, c’est ma mère qui avait cousu ce petit sac. Elle cousait beaucoup, faisait tout de ses mains et habillait ses sept enfants. Elle savait tout faire ! Le pain, le beurre, tuer le cochon, faire le pâté, le jambon, le fromage, couper le bois et j’en passe. Tu sais, elle était rude, cette vie dans la montagne et les alpages. J’ai gardé quelques objets en souvenir de mon enfance là-haut. »

    Et elle ouvrit le petit sac. D’abord elle sortit une petite bobine en bois, avec un reste de laine blanche filée entortillée autour.

    « Tu vois, ça c’est une bobine de bois dont se servait ton grand-père, mon père, pour filer la laine de ses moutons. Il en reste même un peu autour ! Incroyable ! »

    Puis elle puisa dans le sac et en sortit un peigne à myrtilles qui leur servait pour la récolte, l’été, dans les alpages. Et lorsqu’elle remua le sac j’entendis un son métallique.

    « Ah, dit-elle, elle est là ! Je l’ai cherchée partout ! »

    Et elle sortit une jolie petite clochette simple et patinée du sac. En la faisant tinter je la vis repartir au temps de son enfance, petite fille qui gardait les chèvres la journée, et les repérait au son des clarines. Elle resta comme absente, le regard au loin, faisant longuement retentir le son métallique et délicat.

    « Tu vois, quand les chèvres restaient au pâturage très longtemps et avaient envie de rentrer, elles agitaient leurs clarines, nous savions que c’étaient les nôtres et nous savions qu’elle avaient la languisson, comme on disait là-haut. Alors nous montions les chercher pour les ramener. J’adorais mes chèvres, si agiles, si fines, avec leurs regards  mordorés étranges, et leurs pupilles rectangulaires…

    Tiens, ma fille, je te la donne. Comme ça, quand tu seras sur ton île et que tu l’agiteras, tu penseras à moi…»

    Plus tard, lorsque nous étions au téléphone, par jeu, je faisais retentir la clochette, et tu me disais : « Mais comme c’est drôle ! J’ai l’impression d’entendre les clochettes des chèvres d’Oulles ! »

    Et nous nous mettions à rire.

                Aujourd’hui, maintenant que tu es partie si loin si loin, et quand j’ai la languisson de toi, j’agite la clarine et je te rejoins dans les grands pâturages de l’éternité.

     

    Saint-Pierre de La Réunion, le 5/03/2023
    charlene_bzh le 05 mars 2023
    Merci beaucoup Snoopythecat
    Coparo le 06 mars 2023
    charlene_bzh  Ah ces chapelets, de nacre ou d'ivoire, c'est tout un monde ! Agréable à lire. Hekate2018  J'aime bien l'idée de retrouver une correspondance et de faire revivre le passé en élucidant un mystère.
    franceflamboyant le 06 mars 2023
    S'il est possible pour beaucoup de traiter ce sujet au premier degré, pour moi, ça ne l'est pas. Tout ce qui peut toucher à ce type de souvenirs personnels  suscite en moi de nombreuses réticences. Y penser ? oui. Ecrire : non. Je vais donc prendre un biais particulier pour aborder le thème de l'objet disparu et des souvenirs de famille.


    Lanisha et le coffre mystérieux.

    1.

    Ville côtière PRS II
    Planète Herisem
    XXV° siècle

    Lanisha leva la tête : le crépuscule était rose, comme elle aimait. Dans très peu de temps, elle devrait quitter la plage pour la ville. Il n'y avait de quoi s'inquiéter. Sur cette planète, il existait deux types de villes : les plus heureuses jouxtaient l'océan. Il n'y avait plus qu'un seul qui entourait toutes les îles qui, désormais, constituaient l'univers. Leurs eaux turquoise en étaient dépourvus de tout poisson mais clémentes. On ne s'y baignait jamais mais on observait le jeu des vagues et c'était tout. C'était bien mieux de toute façon que d'être cantonné dans une ville du désert. Là, on était puni quoi qu'on en dise, même si on en était natif. La poussière envahissait tout, les routes, les rues, les alentours des magasins, les magasins eux-mêmes. On restait enfermés chez soi tout volet fermé quand on habitait encore en surface et on sortait peu. Si on vivait sous terre, on planifiait ses sorties en fonction des tempêtes de sable ou du soleil excessif. Ce n'était pas une vie d'autant que les divertissements étaient minimes dans ces villes-là.

    Larisha s'agita soudain : il fallait partir. Elle le fit sans hâte mais il avait trois cercles à franchir. Au premier, elle commença à comprendre qu'elle ne marchait pas assez vite. Le bleu pâle de cette zone fonçait à toute vitesse, rendant peu visibles les multiples tours qu'on y avait érigées. Refusant de s'inquiéter, elle jugea bon d'adopter le trop. Cela lui fut bénéfique car elle atteignit rapidement le cercle jaune, ce qui, d'emblée, la rassura. Elle y vit des gens aux fenêtres et quelques promeneurs. Contente, elle s'arrêta pour rire. Un regard inquiet la mit en alerte. Elle perdait du temps. Le jaune virait au rouge. Cette fois, elle courut à perdre haleine vers la zone verte, chercha son sauf conduit dans sa poche, le trouva et l'introduisit dans la borne horaire. Deux minutes de retard. Pas grave. Du reste, tout était calme. Elle rejoignit l'immeuble III A BZ, prit l'ascenseur et se crut en sécurité. Une sirène retentit pourtant et chez elle, elle fut réprimandée par les écrans multiples qui peuplaient les murs. Des messages en sortaient ; elle n'était pas à l'heure . La Société de comptage avait enregistré, la concernant, soixante manquements de ce type en moins d'un an ixien. Elle recevrait sous peu une réprimande de type quatre.
    -Pas de type quatre ! C'est impossible !
    -Sanction effective dans moins de trois jours.
    -Quelle sanction ?
    -Ville désert.
    -Je respecte la Grande Communauté, suis architecte, respecte les délais pour les commandes faites et livre des immeubles sans défaut. Je pratique le célibat, mets mes pensées dans le Diffuseur purifiant et n'ai pas de retour négatif. J'assiste aux Fêtes Sacrées, ne mange que ce qui est autorisé et fois par an des cures de transparence. Je ne comprends pas.
    -Il y a des taches suspectes en toi. Sur cette île comme sur les autres, les règles fondamentales sont les mêmes : ta vie se définit dans le présent. Ton passé remonte à hier. Toute relation familiale et amicale est sans fondement et donc sans existence. Jadis, ceux qu'on appelait les Humains avaient des sentiments. Ils ont disparu.
    -Je le sais.
    -Non. Tes taches. Inconsciemment, tu cherches où tu ne dois pas chercher.
    -J'aime juste la lumière à la plage et les mouvements de la mer.
    -Ton exil commence demain.
    franceflamboyant le 06 mars 2023
    Lanisha et le coffre mystérieux

    2

    Ville désert ABZ VII 
    Planète Herisem
    xxv° siècle.

    En guise de punition, Lanisha avait hérité de la pire des villes. Elle y était depuis longtemps, bien trop longtemps. Les immeubles, dont elle supervisait la rénovation, avaient tous des couleurs ocres, jaunes et rouges. Ils ne servaient que pour l'administration. On vivait sous terre. Au début, elle s'était moqué des corps denses des habitants qui érraient dans des enfilades de couloirs peu éclairés. On aurait dit des corps de terre séchée. Certains étaient verts, d'autres bleus, d'autres violets...Des taches zébraient leur peau. Se sentant différente, elle n'avait pas compris tout de suite qu'elle aussi avait des tâches et qu'on les  remarquait plus sa transparence. Puis, elle s'était sentie mortifiée. Elle avait alors vécu de la manière la plus discrète possible, travaillant beaucoup puis se retirant chez, dans la pénombre. Elle ne participait jamais aux fêtes sous terre. Son exil avait une punition cruelle. Sa transformation physique était plus humiliante encore. Jamais plus elle ne serait conforme à l'idéal des villes côtières. Et jamais elle ne plairait à ceux que, désormais, elle devait supporter.

    Excédée un jour par cette existence servile et monotone, elle décida de désobéir. A quoi bon travailler comme une folle, se plier à tous les usages et se sentir rejetée à ce point ? Au moins, si elle faisait sa mauvaise tête, elle saurait pourquoi on la méjugeait. Elle s'écarta donc de la ville, prit de mauvais chemins, subit les foudres d'un soleil violent puis aborda la nuit. Elle tombait tout juste.
    -Le crépuscule ! Comme je l'aimais à PRS II ! Il pouvait être d'un bel orange lumineux ! Ici, il est rose doré. C'est bien aussi.
    Elle marcha encore puis fut arrêtée par la noirceur environnante. Elle n'avait rien pris avec elle, par imprudence et par défi aussi. Elle s'allongea et dormit malgré tout. A plusieurs reprises, il lui sembla qu'on reniflait sa combinaison blanche, ses chaussures de sûreté et même ses cheveux. On la poussait aussi, on lui tirait les cheveux malgré son casque de protection. On lui avait bien dit que dans des temps anciens, avant l'apparition du Grand Univers des îles, il y avait eu des continents, des océans et des bêtes qui vivaient sur terre et dans la mer. Plus rien de tout cela n'existait désormais mais que ce fut à PRS II ou à ABZ VII, elle ne connaissait personne qui sut renifler, humer un autre être. Quant à se toucher, c'était prohibé...
    Bon an mal an, elle dormit jusqu'à l'aube et eut le temps de faire un rêve étrange. Elle entrait dans une grotte où elle trouvait, posé sur une stèle, un beau coffre rouge fabriqué avec ce qu'on avait appelé dans les temps anciens, du bois. Elle portait une robe blanche toute fraîche, un grand sautoir doré et avait lâché ses cheveux qui, de courts et rares, étaient devenus longs et blonds. Elle tendait les mains vers le coffre dont la couleur rouge devenait flamboyante. Elle allait découvrir son mystère quand elle s'éveilla. Un être étrange, un quadrupède au regard doux et au pelage roux la regardait. Elle hurla, se sentant menacée. Dans le Grand univers, toute forme vivante était répertoriée. Cette « chose » n'entrait dans aucun cadre.
    -J'ai fait une faute, je vais rentrer. Cette expédition est folle.
    Et inquiète, elle se mit en chemin. Une autre nuit vint où elle dut dormir là où elle tomba de fatigue. Et une autre encore. La créature inconnue apparaissait et disparaissait. Elle avait, sur le front, une corne dorée et sculptée de couleur ivoire. Sa taille allait augmentant. Percluse de courbatures, affamée, divaguant à cause de la soif, Lanisha parvint à un petit plan d'eau où elle put enfin se laver et se désaltérer. Elle put s'y contempler aussi et ce qu'elle saisit d'elle la fit hurler : elle n'était guère transparente mais couverte de taches de couleurs variées. C'était un verdict dur : comment retournerait-elle à PRS II ? Comme elle se lamentait, elle avisa de gros rochers amoncelés. Il la protégeraient pour la nuit à venir. En s'en approchant, elle devina l'entrée d'une grotte et entra. Ce qu'elle vit était très différents  des divers habitats souterrains qu'elle avait observés. Faisant face à ses peurs, elle continua d'avancer. Sa transformation fut immédiate et conforme à son rêve. Elle était une fuyarde au visage émacié, elle devint une belle jeune femme. Face à elle, le coffre rouge brillait. Elle le contempla longuement avant de s'en saisir et de l'ouvrir. Il était plein de petits compartiments, chacun d'eux contenant un message enroulé sur lui-même. Au moment où elle ouvrait le premier, l'animal à la corne doré entra dans la grotte  et attendit placidement.
    -Sais-tu d'où tu viens ?
    Lanisha le savait bien sûr et elle répondit d'emblée à cette stupide demande. Rien ne se passa et elle déroula le second message.
    -Six, un. Adama, Eva, un jardin, des arbres. Orgueil. Faute. Montée des eaux.
    Derrière la licorne se tenait un homme et une femme presque nus. Ils resplendissaient de beauté avant de paraître accablés. Elle voyait un grand jardin où croissaient des arbres fruitiers et des plantes tropicales.
    -Je ne comprends pas.
    L'animal cornu la fixait :
    -Tu comprends.
    Il entrait dans la grotte d'autres hommes et d'autres femmes, comme il en existait dans les temps anciens. Certains, les derniers, tendaient les bras vers elle. Curieusement, ils ne lui étaient pas inconnus. On lui avait toujours dit qu'elle ne ressemblait qu'à elle-même et elle l'avait cru mais voilà que maintenant, deux de ces femmes, l'une plus âgée que l'autre, et deux de ces hommes, l'un plus âgé que l'autre, la renvoyaient à son apparence physique. Elle se sentit touchée.
    -Qui sont-ils ?
    -Ils ont été ta famille. Celle de tes ancêtres.
    -Des ancêtres? Personne n'en a.
    -Si.
    -Alors quand ?
    -Avant qu'on ne décide de t'incarner encore et encore dans cette architecte efficace du Grand Univers des îles.
    -Et ceux et celles qui les entourent ?
    -Des parents à eux et aussi les frères et sœurs que tu as eue au fil du temps.
    -Même les plus jeunes ?
    -Les plus jeunes sont tes enfants. Avant que tu n'entres dans le cycle des transformations, tu en as eu plusieurs...
    -Il y en a quatre ! Ils sont jeunes...
    -Tu les as perdus chaque fois au même âge. Tu ne le sais plus. Tu as perdu deux maris. Tu les as oubliés aussi. Pourtant, ils sont là.
    Lanisha était perplexe mais émue.
    Elle déroula un à un tous les messages, réfléchit puis dit:
    -Tu sais que j'ai eu une autre histoire, une famille qui m'a élevée, une autre que j'ai formé par moi-même à deux reprises. Mais ce que je lis maintenant sur ces petits parchemins ne fait pas rappel de moi.
    -Non, c'est le but de ce coffret.
    -Quel but ?
    -D'ouvrir la mémoire des Hommes. Quand tu auras tout lu, ce coffre là disparaîtra et un autre se présentera à toi. Tu liras un à un les messages qu'il te présentera.
    -Mais pourquoi ?
    -Tu croyais ne pas être humaine. Tu l'es.
    -L'Humanité a disparu.
    -Non. Tu es là.
    -PRS II est là aussi.
    -Plus pour longtemps. Cet univers là a déjà commencé de s'effriter. Il va disparaître. Les villes du désert vont demeurer, elles. Tu n'as pas voulu le savoir pendant longtemps mais elles sont le creuset d'un monde nouveau, qui réparera les erreurs de l'ancien. Du reste, les habitants de ces villes de poussière qui, théoriquement, te méprisent le savent aussi. Certains sont déjà là...
    -Un monde nouveau ? Comment naîtra -t'il ?
    -Par la Mémoire. Du reste, belle et blonde comme tu es, et imposante aussi, tu es désormais la Grande Prêtresse des usages anciens, des traditions, des mythologies, des mythes, des textes fondateurs, de la Création du monde et du souvenir, de la compassion et du sentiment national.
    Lanisha, étourdie, faisait mal le lien entre tous ces éléments mais le fait est que la grotte devenait immense, qu'il en entrait et sortait des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants, qu'on y parlait de multiples langues, qu'on y priait, qu'on y agitait des oriflammes et qu'on y établissait chartes et traités, actes de naissances et actes de décès. En outre, les tableaux et les musiques les plus splendides s'y laissaient voir et entendre, on y dansait avec grâce, on y sculptait.
    -Il va falloir tout reconstruire !
    -Mais tu es architecte...
    On applaudissait maintenant Lanisha  à tout rompre et elle finit pas s'en inquiéter. Serait-elle aussi forte qu'ils le voulaient?  S'adressant à la licorne, elle lui dit :
    -De quoi parlent-ils surtout ?
    -Ils se racontent leurs vies. Ils voudraient qu'on s'en souvienne. Tu vois, la Mémoire !
    -J'ai ouvert tous les coffres ?
    -Non.
    -Je veux me reposer.
    -Bien sûr. Demain et dans les jours qui viennent, tu donneras à cet endroit une allure belle et noble et ensuite tu nous reconstruiras des villes.
    -Mais j'écrirai mon histoire aussi car je l'ai retrouvée ! Peu m'importe maintenant de ne plus être transparente. D'ailleurs, ces taches dont je ne pouvais me débarrasser là-bas, c'était bien cela qu'elles voulaient dire. Des souvenirs dont je ne savais que faire s’incrustaient en moi...
    La licorne hocha la tête.
    -Viens te promener. La nuit tombe. Le ciel est rose.
    -Oui, je viens.
    -Demain, tu ouvriras un autre coffre de la Mémoire...
    Lanisha redevint soudain une femme enfantine et rieuse.
    -On n'est pas encore demain !
    Elle sauta sur le gracieux animal et, délaissant la grotte où on s'agitait encore beaucoup, elle partit avec lui  pour une promenade magique.
    Mon_carnet_de_lecture le 06 mars 2023
    Bonjour juliebabelio   Ci-dessous mon texte.
    Bonne lecture et belle journée, 

    La Musique du Saladier ! 
    C’est dimanche ! Je me réveille dans la petite chambre du haut. Le soleil filtre à travers les persiennes. Mémé est déjà dans la cuisine. Je l’entends au bruit des casseroles qui se mélangent à la voix de l’animateur d’RTL et qui me parviennent depuis le rez-de-chaussée.

    Comme tous les jours, mémé s’est levée de bonne heure. Elle a enfilé ses bas de contention, sa blouse et sans doute avalé un bol de chicorée. Je dis sans doute, car je n’ai jamais vu déjeuner mémé.

    Ensuite, chaque matin, elle s’affaire en cuisine tout en écoutant attentivement l’émission « La Valise » dont elle ne perd pas une miette.

    « La Valise », c’est un jeu diffusé à la radio et qui permet de faire gagner de l’argent. Chaque jour,  l’animateur annonce la somme d’argent contenue dans une valise virtuelle. Un numéro de téléphone est tiré au sort dans l’annuaire. Si le candidat, appelé en direct, décroche et qu’il est capable de donner le montant exacte de la somme annoncée, il la gagne. A l’inverse, la cagnotte est remise en jeu, pour le lendemain. Une bonne façon de fidéliser les auditeurs. En tout cas, ça fonctionne plutôt bien avec mémé !

    Mais quand le candidat appelé ne décroche pas ou qu’il ne connait pas le montant contenu dans la valise, ça l’agace vraiment mémé ! Alors elle râle parce que, elle, elle le connait.

    Je crois que chaque jour, mémé espère secrètement que c’est son téléphone qui va sonner. Parce qu’elle aimerait bien gagner mémé.

    En descendant l’escalier, je suis enveloppée par un air de musette qui s’échappe maintenant du poste de radio et anime la petite maison d’une gaité contagieuse.

    Mémé, qui m’a entendue arriver, cesse momentanément de s’activer.

    —Bien dormi ma chicorée ? me dit-elle en me souriant et me couvrant de son regard bleu bienveillant.

    Je m’avance vers elle pour l’embrasser. Sa peau est douce et lisse. Plus lisse que celle de maman. Plus fine et fragile aussi.

    Mon bol est déjà sorti et posé sur un coin de la table. Mémé ajoute le lait chaud au cacao qui a déjà trouvé sa place à l’intérieur du récipient.

    Tout prêt de mon bol, il y’a un saladier. Le même, comme à chaque fois que je mange chez mémé. Au fond, repose déjà une vinaigrette sans moutarde, dont le nombre de cuillérées d’huile et de vinaigre a scrupuleusement été respecté et mesuré. Elle est comme ça mémé. Elle cuisine dans le respect des recettes qu’elle suit à la lettre et dont chaque modification fait l’objet d’un ajustement minutieux dans son carnet. Parce que mémé, elle met beaucoup d’amour dans tout ce qu’elle fait.

    J’observe ce saladier, prêt à accueillir la salade du jardin que rince soigneusement mémé. Elle n’y déposera cependant les quelques feuilles qu’au moment de déjeuner, pour éviter qu’elles ne perdent de leur fraîcheur et de leur croquant.

    Un peu avant midi, alertées par un coup de klaxon, nous sortons pour aller à la rencontre du boucher-charcutier qui vient d’arrêter son camion devant la maison. Mémé lui achètera de la viande et du saucisson car, le saucisson, elle sait que j’adore ça, ma mémé.

    Quand vient l’heure de manger, mémé dépose le saladier sur la table de salle à manger, autour de laquelle nous prenons place pour le repas. Mémé est vraiment douée pour mélanger la salade. Elle remue avec des gestes habiles les feuilles qui, jamais, ne tombent à côté. Moi, ce qui me plaît, à cet instant précis, c’est le doux son du bruit émis par les couverts en bois qui se heurtent aux parois du saladier. Un bruit sourd, familier, et rythmée, un peu comme une chanson qu’on aime écouter et qui dégage quelque chose d’apaisant et rassurant à la fois.

    Dans ces moments-là, j’ai hâte de grandir pour pouvoir à mon tour mélanger la salade et ainsi pouvoir jouer la même musique que mémé avec le saladier.

    Plus tard, dans la journée, mémé s’installera derrière sa machine à coudre, au bout de la même table sur lequel nous avons mangé. Car c’est petit et exigu chez mémé. Elle travaillera tissus et étoffes avec minutie. Quand le bruit émis par la machine cessera temporairement, seul le « tic-tac » régulier de l’horloge, accrochée au mur juste au-dessus de la télé, viendra troubler le silence de la pièce.

    Parce que la télé, chez mémé, on ne l’allume que pour la regarder, quand vient l’heure du programme qu’on a choisi de regarder. Le reste du temps, la télé, elle est éteinte laissant ainsi toute la place aux autres bruits de la maison.

    Après sa besogne, mémé me proposera de faire de la pâtisserie. Le saladier, sera lavé, séché et prêt à accueillir pâte à gaufres ou pâte à beignets. Je la regarde faire avec ses mains habiles et ses gestes assurés. Je l’aide aussi quand elle m’y autorise et ajoutant, chacun leur tour, les différents ingrédients. Pendant ce temps, mémé supervise, m’encourage et m’apprend.

    Au moment du goûter, nous dégusterons ensemble les délicieuses pâtisseries préparées. Elle est gourmande mémé, mais comme elle le dit tout le temps, elle ne mange que des miettes ! Sauf que moi, je la vois bien picorer plus qu’elle ne veut bien l’admettre.

    Le saladier reprendra ensuite sa place dans le placard jusqu’à la prochaine recette.

    Cet objet-là n’est pas beau à proprement parler. C’est un simple saladier en grés qui a la particularité d’émettre des sonorités qui m’évoquent la vie chez mémé. Un peu comme une chanson qu’on a plaisir à entendre et qui raviverait nos souvenirs les plus tendres.

    Aujourd’hui, je suis assez grande et j’ai maintenant le droit de mélanger la salade avec les couverts en bois. La couche de vernis qui recouvrait le saladier et lui donnait un aspect luisant s’en est vite allée. Sans doute la cause du lave-vaisselle que mémé, elle, n’a jamais utilisé.

    Sans sa couche de verni, il apparaît maintenant quelque peu terni. La fissure sur le côté s’est légèrement agrandie aussi. Mais il joue toujours la même musique. La musique du bonheur réconfortant d’avant, quand mémé était encore-là.

    Car des deux, aujourd’hui, il n’y a plus que le saladier qui soit encore en vie. Et désormais, c'est dans mes placards qu'il est placé et rangé.

    A ma mémé adorée et à nos bonheurs partagés.
    franceflamboyant le 06 mars 2023
    Coparo : une jolie petite clochette simple et patinée, le son qu'elle produit et les images qui jaillissent. Et le "languisson"de la mère. Simple, très juste et beau.

    Mon_carnet_de_lecture : Le saladier, objet simple, et le personnage de la grand mère tant aimée. "La musique du bonheur réconfortant d'avant, quand mémé était encore là. Bel éloge installé dans le présent.
    Mon_carnet_de_lecture le 06 mars 2023
    Merci beaucoup franceflamboyant  . Votre commentaire me fait très plaisir.
    EleenanOu le 06 mars 2023
    Bonsoir ! (Ou Bonjour :P) 

    Je n'ai jamais écrit de texte, mais ce soir j'avais envie de tester. Soyez indulgent, surtout si vous voyez des fautes ^^"  Voici donc ma création, en espérant être dans le thème sans trop m'en éloigner 



    Énervant. Frustrant. Inatteignable. Ces mots tournaient en boucles parmi d'autres dans la tête d'Helena. Plantée devant son ordinateur portable, elle scrutait l'écran bêtement. Une page internet était ouverte dans la barre des tâches, prête à être utilisée. Une musique en fond dans son casque tentait de l'apaiser, mais rien n'y faisait. Elle ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain, il avait décidé de couper toute discussion avec elle. Alors elle attendait bêtement, devant le jeu multijoueur auquel elle jouait depuis plus de dix ans, essayant désespérément de le joindre par message privé. Cette situation lui faisait penser au casino : c'était du pur hasard de réussir à lui envoyer un message privé, puisque ne l'ayant plus dans sa liste d'ami, elle n'avait aucun moyen de savoir à l'avance s'il serait connecté. Alors comme la trentaine d'essai qui précédaient, elle réessaya de lui renvoyer un message. Le plus stressant était lorsqu'elle réussissait à l'atteindre, mais que dans la foulée il se déconnectait. Entre cet échec et les messages spontanés "n'est pas connecté" reçu généralement en retour par le serveur, elle s'attristait. Décidant de passer à autre chose pour le reste de sa matinée, Helena voulu éteindre son ordinateur, mais une petite voix l'incitait à laisser le jeu ouvert "au cas où". Foutue expression qui ne servirait sûrement qu'à la faire languir d'une réponse qui n'arriverait probablement pas.

    Elle ne comprenait pas et cela la mettait dans un état qu'elle n'appréciait guère, sans parler de cette saleté de sentiment négatif qui lui tournait autour : blessée et ignorée. Voilà comment elle se sentait. Helena se leva donc et se dirigea vers sa petite cuisine pour y prendre un café avec une pointe de lait. Elle vivait dans un appartement de 30m2 qui lui suffisait amplement à elle et à son chat. Moderne, les éléments de la cuisine était de couleur noir avec un plan de travail de couleur bois. La cafetière à filtre et la thermos trônaient sur ce dernier et appelaient à la dégustation. S'appuyant contre ses meubles à côté de sa machine préférée, elle sirota son café en ruminant ses pensées négatives. Elle était têtue certes, mais ne voulait pas devenir invasive et insister. Mais ce n'était pas dans sa nature de passer à côté d'un problème comme celui-ci. Elle a toujours été du genre à avoir besoin de comprendre les situations clairement. Pourquoi tourner autour du pot ?

    Elle avait besoin de se débarrasser de cette frustration. Voulant se changer les idées une énième fois, elle décida de feuilleter les bouquins, feuilles volantes et cahiers de recettes entreposés sur ses étagères de cuisine. Le premier qu'elle prit en main fut inconsciemment un cahier paraissant abîmé par le temps, tacher à quelques endroits et corné. Ce n'était vraiment pas celui qui donnait le plus envie visuellement parlant, mais pourtant, un réconfort l'envahit instantanément. Ce cahier, elle le tenait de sa grand-mère. Cette même grand-mère avec qui elle passa beaucoup de temps à l'époque. A chaque sortie d'école, Helena lui rendait visite. Il arrivait très souvent que, ne voulant pas rentrer trop vite, le soleil soit déjà couché lorsqu'elle reprenait la route pour rentrer chez elle, accompagnée de ses parents qui venaient la récupérer.

    Durant ce laps de temps, elles profitaient pour se livrer mutuellement leur journée passée, et finissaient par choisir quel repas elles allaient préparer ensemble pour le dîner.
    C'est ainsi qu'Helena appris une grande partie des recettes, qu'elles connaissait dorénavant sur le bout des doigts. Plus besoin de relire les recettes tant faites au côté de sa grand-mère, mais lire l'écriture de cette dernière, suivre le pas à pas, la réconfortait. L'apaisait.
    Se perdant dans ce cahier, son esprit se vida et erra sur un flot tranquille rempli de souvenirs chéris.
    L'écriture était loin d'être belle, mais elle parlait. Elle enchantait les mots à sa manière.

    Elle se décida à choisir une recette rapide et excellente, qui avait pour titre : Fregula.
    Un bouillon avec quelques légumes et de la semoule agglomérée avec de la farine et de l'eau salée. Délicieux.
    Elle referma ce cahier de recette si cher à son cœur, le rangea et s'apprêta à commencer à faire la cuisine en remontant ses manches, lorsque quelqu'un sonna à la porte.

    Surprise et encore dans ses pensées apaisantes, elle sursauta, avant d'aller ouvrir.
        - Alors, prête pour notre sortie ? Lui dit demanda Adelya, sa meilleure amie.
        - Oups, fut la seule chose qu'Helena put répondre, avec ses yeux ronds d'étonnements.

    Se tournant vers l'horloge fixé au mur de son entrée, elle se rendit compte qu'il était déjà 14h.
        - Désolée, j'ai perdue la notion du temps je crois, dit-elle tout sourire. Je m'habille illico presto, et on peut y aller !

    5 minutes plus tard, la porte se refermait sur les deux amies qui partait en virée shopping. Adelya lui raconta ses dernières aventures de la semaine passée pendant qu'Helena écoutait et hochait la tête de temps à autre, tout en mangeant la pomme qui lui servirait de repas, et en se disant tout de même que ce soir, le dîner était déjà tout trouvé.
    KotolineBastacosi le 06 mars 2023

    Mon carnet de lecture  Une belle écriture qui touche l’âme et fait revivre nos chères mémés disparues. J’ai pleuré, merci. 

    Mon_carnet_de_lecture le 07 mars 2023

    Bonjour Catalina   Kotoline,
    Merci beaucoup pour vos mots qui me touche très énormément. . Désolée de vous avoir fait pleurer. Belle journée  

    Coparo le 07 mars 2023
    Mon_carnet_de_lecture  Joli texte !
    franceflamboyant  Merci pour l'appréciation.
    Mon_carnet_de_lecture le 07 mars 2023
    franceflamboyant   , quelle imagination. Une bonne façon pour évoquer un objet ancien !

    Coparo ,  merci beaucoup. Je trouve que votre texte est touchant. J’aime beaucoup le choix de la petite clarine.





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