Avant de critiquer "l'envoyé d'Alpha" de
Jan de Fast, j'ai écris une petite bio critique globale de son oeuvre au FNA pour servir de renvoi et éviter les redites.
Jan de Fast (de son vrai nom Jean Buré) était médecin et a commencé sa carrière d'auteur aux éditions de l'Arabesque au tout début des années 1960 sous les pseudos de Karol Bor et Noel Ward puis dans "l'écurie" Gil Darcy chargée des aventures de l'espion Luc Ferran dont la vraie mission - jamais avouée - était de concurrencer le Francis Coplan du Fleuve Noir...
Il y écrira 29 volumes sur les 120 de la collection.
C'est donc un auteur déjà bien rodé qui entre au Fleuve Noir après la disparition de l'Arabesque en 1970 où il retrouve certains de ses acolytes, GJ Arnaud notamment. Il change de genre et de pseudo pour se consacrer exclusivement à la collection Anticipation qui devait sans doute manquer de bras (ou de plumes). Sa production - 43 romans - s'étale de 1972 à 1981, soit une moyenne soutenue de 4 par an.
Après deux ouvrages qu'on pourrait qualifier de liminaires et qui vont surtout permettre à Jan de Fast de définir le contexte et d'introduire le héros récurrent d'une majorité de ses futurs romans - le fameux docteur Alan - l'auteur écrira une dizaine d'ouvrages qui constituent le meilleur de sa production. Malheureusement, la qualité générale ira par la suite en se dégradant, la marque peut-être d'une lassitude, d'un désintérêt ou tout simplement d'une volonté de boucler le plus vite possible des ouvrages alimentaires.
Son oeuvre peut se diviser en trois catégories :
Aventures du docteur Alan, envoyé spécial de l'Organisation des Planêtes Unies (26 ouvrages)
Aventures de l'Erika 111, de son IA Théodore et de son équipage Jorge, Ava et Wolan (2 ouvrages)
Divers space-operas isolés sans lien entre eux (15 ouvrages)
Comme souvent avec les auteurs qui abordent la SF et surtout le space-opera à l'âge mûr, Jan de Fast va essayer de biaiser en écrivant ... des romans d'aventures qui multiplient les références à l'histoire antique, aux sagas scandinaves, à l'époque médiévale jusqu'au début du 20ème siècle.
Il évitera pour l'essentiel de décrire des civilisations avancées autres que l'OPU et ses aliens sont quasiment tous humanoïdes.
Mais paradoxalement, Jan de Fast va aussi se donner la peine de créer un contexte technologique et spatial beaucoup plus exigeant et cohérent que la moyenne de ses collégues de la FNA de l'époque. Là où d'autres nous auraient balancé sans explications un héros en collant métallisé, pistolaser à la hanche, Jan de Fast imaginera une société rappelant (vaguement) une sorte de pré-Culture "Bankienne" et manifestera un souci constant d'exactitude dans la description de l'environnement spatial.
Mais certains critiques qui saluaient l'apparition d'un (futur) auteur français de (hard) space-opera déchanteront rapidement.
Un dernier mot à propos du héros principal de son oeuvre : le docteur Alan
Ce médecin - quelle surprise - est l'agent itinérant que l'OPU envoie sur le terrain pour élucider les crises planétaires ou contacter les civilisations extra-terrestres qu'elle détecte.
Il fera également des piges pour de mystérieuses entitées galactiques.
Croisement improbable entre un James Bond intello et un Docteur Justice bionique, il évoluera progressivement au fil des ses aventures en une sorte de SAS (Malko Linge pour les intimes) augmenté, façon délicate de suggérer qu'il n'avait plus besoin de collant ni de pistolaser pour vaincre et que, même dans le plus simple appareil, il était encore lourdement armé.