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    LiliGalipette le 10 mars 2011
    Je vous propose François Villon, premier poète maudit s'il en fut !

    Dans ses Oeuvres complètes , je choisis La Ballade des Dames du Temps Jadis.

    En vieux français, parce que c'est bien plus beau :

    Dictes moy où, n'en quel pays,
    Est Flora, la belle Romaine;
    Archipiada, ne Thaïs,
    Qui fut sa cousine germaine;
    Echo, parlant quand bruyt on maine
    Dessus rivière ou sus estan,
    Qui beaulté ot trop plus qu'humaine?
    Mais où sont les neiges d'antan!

    Où est la très sage Helloïs,
    Pour qui fut chastré et puis moyne
    Pierre Esbaillart à Saint-Denis?
    Pour son amour ot cest essoyne.
    Semblablement, où est la royne
    Qui commanda que Buridan
    Fust gecté en ung sac en Saine?
    Mais où sont les neiges d'antan!

    La royne Blanche comme lis,
    Qui chantoit à voix de seraine;
    Berte au grant pié, Bietris, Allis;
    Haremburgis qui tint le Maine,
    Et Jehanne, la bonne Lorraine,
    Qu'Englois brulerent à Rouan;
    Où sont elles, Vierge souvraine?
    Mais où sont les neiges d'antan!

    Prince, n'enquerez de sepmaine
    Où elles sont, ne de cest an,
    Qu'à ce reffrain ne vous remaine:
    Mais où sont les neiges d'antan!
    Orphea le 10 mars 2011
    Aimé Césaire est connu de tous... mais de nom seulement. Alors :

    "Et venant je me dirais à moi-même :
    "Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."
    kathel le 10 mars 2011
    J'ai ajouté une citation d'Antonio Machado :
    Voyageur, le chemin
    Ce sont les traces de tes pas
    C’est tout ; voyageur,
    Il n’y a pas de chemin,
    Le chemin se fait en marchant
    Le chemin se fait en marchant
    Et quand tu regardes en arrière
    Vois le sentier que jamais
    Tu ne dois à nouveau fouler
    Voyageur! Il n’y a pas de chemin
    Rien que des sillages sur la mer.
    Tout passe et tout demeure
    Mais notre affaire est de passer
    De passer en traçant
    Des chemins
    Des chemins sur la mer
    Orphea le 10 mars 2011
    Venez redécouvrir Aloysius Bertrand, André Chénier et Georges Rodenbach sur la page de mon profil, j'ai ajouté de nombreux poèmes dans mes citations.
    zohar le 10 mars 2011
    Pierre Reverdy, in [url]Main d'oeuvre, 1913-1949
    [/url]

    UNE PRESENCE

    Si rien ne passe en marchant au delà
    Si nous restons sur place
    En regardant derrière
    Ce qu'il y a
    Si la terre est plus basse
    On ne pourra pas revenir
    Le chemin s'efface
    Le vent qui souffle sur vos pas
    Enlève leurs traces
    La lumière brille au retour
    Derrière les branches du jour
    Ce sont les yeux de celui qui regarde
    Orphea le 11 mars 2011
    Charles Cros, bien trop oublié :

    Aux imbéciles

    Quant nous irisons
    Tous nos horizons
    D'émeraudes et de cuivre,
    Les gens bien assis
    Exempts de soucis
    Ne doivent pas nous poursuivre.

    On devient très fin,
    Mais on meurt de faim,
    A jouer de la guitare,
    On n'est emporté,
    L'hiver ni l'été,
    Dans le train d'aucune gare.

    Le chemin de fer
    Est vraiment trop cher.
    Le steamer fendeur de l'onde
    Est plus cher encor ;
    Il faut beaucoup d'or
    Pour aller au bout du monde.

    Donc, gens bien assis,
    Exempts de soucis,
    Méfiez-vous du poète,
    Qui peut, ayant faim,
    Vous mettre, à la fin,
    Quelques balles dans la tête.
    Orphea le 11 mars 2011
    Et les traductions valent ce qu'elles valent mais je ne parlent pas couramment le japonais et vous non plus :wink:

    Quelques haïkus de Basho :

    Herbes de l'été.
    Des valeureux guerriers
    La trace d'un songe


    Sommeil sur le dos d'un cheval,
    La lune au loin dans le rêve qui continue,
    Fumée de la torréfaction du thé.


    De tous les côtés
    Les vents apportent des pétales de cerisier
    Au lac des grèbes.
    Orphea le 11 mars 2011
    La poésie n'a pas la cote ! Dommage !
    LiliGalipette le 11 mars 2011
    Orphea : La poésie n'a pas la cote ! Dommage !


    Oui, c'est dommage.
    Au programme de mon week-end : un recueil de poésie !
    Orphea le 11 mars 2011
    Ben moi aussi tiens !
    Sharon le 13 mars 2011
    J'ai ajouté une citation de Tristan Corbière, un de mes poètes préférés. Ce poème s'appelle Petit mort pour rire et est extrait des Amours Jaunes, son unique recueil :

    Va vite, léger peigneur de comètes !
    Les herbes au vent seront tes cheveux ;
    De ton oeil béant jailliront les feux
    Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...
    Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
    Foisonneront plein ton rire terreux...
    Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...
    Ne fais pas le lourd ; cercueils de poètes
    Pour les croque-morts sont de simples jeux,
    Boîtes à violon qui sonnent le creux...
    Ils te croiront mort-Les bourgeois sont bêtes-
    Va vite, léger peigneur de comètes !
    purplevelvet le 13 mars 2011
    OK.. une texte que j'ai envie de faire connaître

    Donc Robert Desnos, que la majorité d'entre vous connait sûrement pour " une fourmi de dix-huit mètres" appris en primaire...
    et pourtant à côté de ce genre de délires, Desnos a écrit notamment un recueil très éclectique intitulé "corps et bien".
    Recueil que j'adore particulièrement pour la série des poèmes " à la mystérieuse".. Je ne suis pas du tout branchée poésie sentimentale, mais ceux -ci me parlent, et d'autant plus qu'il s'agit de poèmes en prose

    voila donc " j'ai tant rêvé de toi" extrait de "poèmes à la Mystérieuse", in "corps et bien"

    J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant,et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?

    J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
    Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.

    O balances sentimentales.

    J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.

    J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'a être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.


    http://www.babelio.com/livres/Desnos-Corps-et-biens/30119
    steppe le 22 mars 2011
    Alors, le choix du poète d'abord, puis le choix du texte, tout cela ne s'est pas fait sans mal.
    Au final, et à mon sens, un des plus grands poètes du XXième siècle. Un chanteur. Et donc une chanson....
    En espèrant vous donner envie de le découvrir .
    Pas de ponctuation... Ou peu, chanson oblige.... Lisez-le d'abord mais surtout écoutez-le......

    La mémoire et la mer

    La marée, je l'ai dans le coeur
    Qui me remonte comme un signe
    Je meurs de ma petite soeur,
    De mon enfance et de mon cygne
    Un bateau, ça dépend comment
    On l'arrime au port de justesse
    Il pleure de mon firmament
    Des années lumières, et j'en laisse
    Je suis le fantôme jersey
    Celui qui vient les soirs de frime
    Te lancer la brume en baiser
    Et te ramasser dans ses rimes
    Comme le trémail de juillet
    Où luisait le loup solitaire
    Celui que je voyais briller
    Aux doigts de sable de la Terre.

    Rappelle-toi, ce chien de mer
    Que nous libérions sur parole
    Et qui, aveugle dans le désert
    Des goémons de nécropole
    Je suis sûr que la vie est là.
    Avec ses poumons de flanelle
    Quand il pleure de ces temps-là
    Le froid tout gris qui nous appelle
    Je me souviens des soirs, là-bas
    Et des sprints gagnés sur l'écume
    Cette bave des chevaux ras
    Au raz des rocs qui se consument
    Ô l'ange des plaisirs perdus
    Ô rumeur d'une autre habitude
    Mes désirs dès lors ne sont plus
    Qu'un chagrin de ma solitude.

    Et le diable des soirs conquis
    Avec ses pâleurs de rescousse
    Et le squale des paradis
    Dans le milieu mouillé de mousse
    Reviens, fille verte des fjords
    Reviens violon des violonnades
    Dans le port fanfarent les cors
    Pour le retour des camarades
    Ô parfum rare des salants
    Dans le poivre feu des gerçures
    Quand j'allais, géométrisant,
    Mon âme au creux de ta blessure
    Dans le désordre de ton cul
    Poissé dans des draps d'aube fine
    Je voyais un vitrail de plus,
    Et toi fille verte, mon spleen...

    Les coquillages figurant
    Sous les sunlights cassés liquides
    Jouent de la castagnette tant
    Qu'on dirait l'Espagne livide
    Dieux de granit, ayez pitié
    De leur vocation de parure
    Quand le couteau vient s'immiscer
    Dans leur castagnette figure
    Et je voyais ce qu'on pressent
    Quand on pressent l'entrevoyure
    Entre les persiennes du sang
    Et que les globules figurent
    Une mathématique bleue,
    Sur cette mer jamais étale
    D'où me remonte peu à peu
    Cette mémoire des étoiles.

    Cette rumeur qui vient de là
    Sous l'arc copain où je m'aveugle
    Ces mains qui me font du "fla-fla"
    Ces mains ruminantes qui meuglent
    Cette rumeur me suit longtemps
    Comme un mendiant sous l'anathème
    Comme l'ombre qui perd son temps
    A dessiner mon théorème
    Et sous mon maquillage roux
    S'en vient battre comme une porte
    Cette rumeur qui va debout
    Dans la rue, aux musiques mortes
    C'est fini, la mer, c'est fini....
    Sur la plage, le sable bele
    Comme des moutons d'infini.

    Quand la mer bergère m'appelle......
    LiliGalipette le 22 mars 2011
    Très beau choix Steppe !! :-D
    steppe le 22 mars 2011
    Merci Lili.....
    Espère juste que ça donnera envie à des générations plus jeunes de découvrir un "incontournable"....
    LiliGalipette le 22 mars 2011
    steppe : Merci Lili.....
    Espère juste que ça donnera envie à des générations plus jeunes de découvrir un "incontournable"....


    Je prends ça pour moi et, oui, je vais m'y mettre maintenant !! :-D

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