Bonne idée que de se repencher sur ce premier tome, qui est souvent oublié.
En fait, je ne suis même pas sûr que lors de sa réalisation Schuiten et Peeters avaient déjà une idée de ce que serait l'univers des Cités Obscures. D'ailleurs, la fin de l'album a été remaniée quelques années plus tard pour la rendre plus claire et y intégrer Eugène Robik, le héros de la Fièvre d'Urbicande.
je possède cette version remaniée qui se termine par un texte de Benoît Peeters y exposant la genèse du projet, ses satisfactions et ses regrets. Il y glisse d'ailleurs que Shuiten et lui n'ont jamais été pleinement satisfait de ce livre et caressaient (en 1988) l'idée de le reprendre. Il explique Xhystos est une ville construite entièrement selon les principes de l'Art Nouveau, que ce soit du point de vue de l'archtiecture, des accessoires ou des vêtements, alors que pour Samaris, les auteurs ont choisi une architecture plus inspirée par la méditerranée et les villes arabes.
En effet, Samaris représente la matrice de ce que sera les CItés Obscures mais reste inabouti, entre autres parce que trop court pouraller au bout de son propos. Si la mise en place à Xhystos et le voyage vers Samaris sont excellent, une fois arrivé à Samaris, le récit perd de sa densité. Les déambulations dans Samaris auraient gagnées à être plus développées, pour mieux traduire la basculement de Franz.
Cela ne me dérange pas que l'origine de Samaris et de sa structure reste sans réponse. Le sujet n'est pas là. L'idée d'une ville "carnivore" qui attire ses proies est originale et assez effrayante. Les auteurs ne répondent à aucune question que l'on pourrait se poser. Parfois, l'ambiance suffit à assurer la réussite de l'ensemble. Mais dans ce cas, le livre est trop court pour maintenir cette ambiance.
Peeters reconnaît lui-même qu'il lui semble n'avoir pas exploité le thème qu'ils voulaient traiter. Tout est là, mais de manière trop superficielle. Mais ils avaient l'obligation de proposer un récit en 44 planches. C'est d'ailleurs le seul récit aussi court dans l'univers des Cités Obscures.
En relisant cet album, j'ai aussi été une fois de plus frappé par les similitudes entre le monde des Cités Obscures et celui des Contrées de Jacques Abeille. Il ne s'agit que d'une coïncidence. En tout cas, il n'est pas étonnant que Jacques Abeille et François Schuiten se soient associés dernièrement (et je vous conseille de découvrir Les Mers Perdues, les Jardins Statuaires et les autres romans de Jacques Abeille)
http://labdmemmerde.blogspot.be/2012/09/le-cycle-des-contrees-les-mers-perdues_18.html