![]() | Tortbert le 20 avril 2021
J’ai voulu donner mon avis sur l'un de mes poèmes de Rimbaud préférés. C'est le premier poème de Rimbaud que j'ai lu et il figurait dans le premier livre de poésie française que j'ai acheté. Quoi qu'il en soit, comme vous pouvez le deviner d'après le titre, Ma Bohème, ce poème parle d'un style de vie bohème. Il s'agit d'une fantaisie de la vie de bohème, très romantique. Certains grands idéaux romantiques sont présents dans ce poème : les vertus du monde naturel, l'innocence d'une vie non entravée par l'artificialité, la Muse, le poète en tant que serviteur de la Muse… J'aime l'ouverture, car le poète commence en disant "je m'en allais". Je ne suis pas sûr d'avoir eu raison dans ma traduction ici. Parce que le français est à l'imparfait, et qu'il s'agit donc plutôt d'une action continue dans le passé... peut-être aurais-je dû écrire "je m'en allais", mais cela rendait la première ligne trop longue. Quoi qu'il en soit. Il n'y a pas d'objet aux errances du locuteur ici ; il marche simplement, sans destination fixe. Je me souviens avoir lu ce premier vers en boucle lorsque j'ai découvert le poème ; j'aimais la familiarité de la langue, et j'étais étonnée et ravie de son accessibilité. Ses poches sont "crevées", ce qui signifie "déchirées" ou "épuisées". Mais Rimbaud décrit aussi son manteau en lambeaux comme "idéal". Il est idéal, car il signifie que sa pureté n'est pas entachée par la vanité ou l'argent. Il marche sous le ciel, soumis aux caprices de sa muse. C'est une idée très romantique : que les poètes sont presque des vaisseaux, bénis par l'inspiration de la Muse quand il lui plaît de les bénir. Parfois, j'aime cette idée - elle soulage en quelque sorte le poète - mais parfois, je ne l'aime pas, car elle signifie aussi que lorsqu'on écrit quelque chose de bien, c'est vraiment grâce à la muse plutôt qu'à son propre travail... Mais peu importe. Dans la deuxième strophe, la pauvreté matérielle du poète est à nouveau évidente, à cause du grand trou dans son unique pantalon. J'aime l'image de son auberge comme une constellation d'étoiles. Ce sont ses étoiles, dit-il, et elles ont des voix. Évidemment, ses étoiles sont le symbole de son destin. Le locuteur écoute ses étoiles lorsqu'il est assis au bord de la route. Tout cela me donne l'impression que le poète est en contact avec la nature, avec Dieu(s), et avec ce que pourrait être son destin. La nature semble lui fournir tout ce dont il a besoin : la constellation de la Grande Ourse lui donne un abri, il sème ses rimes le long de la route, comme si sa poésie pouvait le nourrir, et il dit aussi que la rosée sur son front est comme du "vin". Il n'a pas d'argent, pas de possessions, mais la nature subvient à ses besoins. Le poème se termine par l'image du poète qui arrache les élastiques de ses vieilles chaussures comme s'il s'agissait de "cordes de lyre". J'aime cette image parce que c'est comme si le poète pouvait créer de la musique (ou de la poésie) sans richesse, ni statut, ni relations, ni rien d'autre dont on pourrait penser qu'il a besoin... C'est un poète pur, qui "sème les chemins/avec des rimes", juste pour le plaisir. |