12.
Variations sur un thème méxicain
Luis Cernuda
4.00★
(3)
C’est en touriste que Luis Cernuda (Espagnol, 1902-1963) découvre le Mexique le 17 Août et le 22 septembre 1949. Nulle raison matérielle, politique, et encore moins de sécurité, ne le poussait, après des années d’exil et alors qu’il était, depuis deux ans déjà, professeur de littérature espagnole à Mount Holyoke College, dans le Massachussets, à franchir une nouvelle frontière. Pour des vacances universitaires il s’agissait d’une destination naturelle, en direction du Sud.
À cette perspective d’un retour, momentané, vers des réalités perdues dans les exils du Nord, s’ajoutait, pour le poète, celle d’un retour dans la langue maternelle, cet espagnol, rarement entendu au long des dix années antérieures, mais qui constituait - “Car la poésie, en définitive, c’est le mot” - la matière première de son œuvre de langage en cours d’élaboration depuis plus de vingt ans déjà. Seule richesse de l’exilé démuni de tout, “car la langue est la seule chose que nous possédions”, il peut à nouveau s’y plonger, dès le passage de la frontière, dès le premier texte de Variations.
Une bonne part de ce recueil est l’expression de la découverte d’un monde nouveau, autre, et cependant reconnu.
Cette prose, animée de poésie s’organise en textes brefs et autonomes. Ceux-ci, introduisant d’emblée le lecteur dans l’expression, résumée en une ou deux phrases, de l’espace et du temps, le conduisant, au fil de la respiration des paragraphes où alternent, ponctuant un récit minimal, évocations et méditations, jusqu’à la clôture d’une clausule finale, correspondent bien “aux principes essentiels au poème en prose, resserrement, briéveté, intensité, unité organique”.