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Clin d'oeil "Ambiance" : à l'époque, certains chanteurs disco pressentent les emmerdes : dès 1978, Eruption ne voit qu'un aller simple vers le blues (One Way Ticket to the blues). Tragedy, annoncent les Bee Gees en février 1979, tandis que Gloria Gaynor proclame sa volonté de survivre. *** Qu'importe: à l'Eurovision 1979, c'est l'allégresse pour les israéliens Milk and Honey, avec Alléluia. "La colombe va se poser pour toujours sur l'olivier, où les champs de batailles seront des champs de blé - Alléluia, pour demain, Alléluia, la main dans la main", clament les paroles. Israël a jusqu'alors toujours vaincu ses ennemis et vient même de signer un traité de paix avec l'Egypte: Hallelujah ! Et en France ? La France se rend-elle compte de la rupture qui s'installe en 1979 ? Chez nous, Patrick Hernandez clame en anglais sa soif de vie (Born to be alive), Christophe dessine le doux visage d'Aline sur la plage et verse ses larmes sur le sable mouillé - Francis Cabrel prend Les Chemins de traverse: il rêve et aime à mourir - Laurent Voulzy a le coeur grenadine et Johnny Hallyday célèbre le bon temps du rock'n roll. Mais plus que tout, pour le Français moyen de 1979, pour la fameuse "ménagère de moins de 50 ans", pour la génération Goldorak, c'est l'exubérante Annie Cordy qui revient en mémoire. Elle squatte les plateaux TV de Danièle Gilbert et de Maritie et Gilbert Carpentier, et nous chante les tourments de la bonne du curé (1978), et prépare déjà Tata Yoyo (1980).

Pendant ce temps là, la Chine s'éveille. Après sa victoire au Comité Central du Parti Communiste Chinois en décembre 1978, Deng Xiao Ping parvient à supplanter Hua Guofeng et fait adopter ses réformes économiques libérales. Son programme politique des Quatre modernisations (agriculture, industrie, sciences et technologies, défense nationale) débute en 1979. La voie avait été tracée avec sa fameuse formule de 1960 "Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, s'il attrape la souris, c'est un bon chat". Quant à la cinquième modernisation (démocratisation), il a été décidé que cela pouvait attendre. En 1949, le socialisme a sauvé la Chine. En 1979, le capitalisme a sauvé la Chine. En 2009, avec un gigantesque programme de dépenses publiques, c'est même la Chine qui est venu au secours d'un capitalisme foirant dans ses criminelles et funestes subprimes. La Chine est aujourd'hui incontournable sur le plan politique, économique, militaire, scientifique et technologique. Un duopole mondial Etats-Unis / Chine semble se dessiner.

Février 1979: après la fuite du Shah d'Iran, l'Ayatollah Khomeiny quitte son exil français de Neauphle-le-Château (Yvelines) et proclame le 11 février la République Islamique. Cette onde de choc politique entraîne une longue guerre avec l'Irak, le deuxième choc pétrolier (après celui de1973) ainsi qu'une grave crise avec les Etats-Unis, avec la prise d'otages de diplomates et civils américains dans l'ambassade des États-Unis de Téhéran, du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981. Quarante ans plus tard, ce régime est parvenu à former un contrepoids chiite au Proche-Orient à l'influence sunnite de l'Arabie Saoudite. Il est la bête noire des Israéliens et des néoconservateurs américains. Les Etats-Unis cherchent à provoquer la chute de ce régime, en l'empêchant d'accéder à l'arme nucléaire et en l'isolant par un embargo économique renforcé. Cette politique crée de fortes tensions entre les Américains, d'une part, et l'Union européenne, la Russie, la Chine et l'Inde, d'autre part.

Les premiers craquements datent du premier choc pétrolier de 1973. Mais la révolution iranienne de 1979 entraina la même année le deuxième choc pétrolier et installe définitivement une grave crise économique. Dans la plupart des pays occidentaux, un chômage très important apparaît, le taux d'inflation augmente à nouveau dramatiquement et l'endettement des États s'accroît fortement et durablement. Les coûts de l'énergie explosent. C'est l'époque des campagnes ministérielles de "chasse au gaspi" dans l'Hexagone. Elles sont toujours en vogue, bien mieux recyclées que ne le sont les déchets nucléaires. Avec une efficacité souvent discutée ...

13 mars 1979: entrée en vigueur du Système Monétaire Européen (SME), décidé par 8 Etats européens. Ce système prévoit la mise en place d'une unité de compte commune, l'ECU, qui n'est pas encore une monnaie à part entière, mais un panier de devises (incluant la livre sterling). Il représente l'ancêtre de l'euro, véritable monnaie introduite 20 ans plus tard. En 1979, il s'agissait de lutter contre les fluctuations monétaires. Ce sera chose faite avec l'euro, même si ce dernier est loin d'avoir tenu ses promesses de rapprocher les pays de la zone euro, en favorisant leur convergence économique et sociale. C'est le contraire qui s'opère sous nos yeux, en créant un fossé grandissant entre les pays de l'ancienne zone Mark (Allemagne, Autriche, Pays-Bas) et les autres pays ayant adopté cette monnaie unique. La question de la pérennité de l'euro est désormais clairement posée ...

Jusqu'en 1979, le nucléaire effraie par ses terrifiantes dévastations militaires, après les bombardements d'Hiroshima et Nagazaki, en 1945. L'année 1979 marque dans l'opinion publique l'extension du domaine de la peur au nucléaire civil, avec l'accident survenu le 28 mars à la centrale nucléaire de Three Mile Island aux États-Unis. "Les images des 140 000 personnes quittant la région de l'accident firent le tour du monde. Les experts qui avaient garanti la sûreté de l'énergie atomique se trouvèrent discrédités, tandis que de simples témoins qui expliquaient leur peur étaient projetés sur le devant de la scène médiatique". Cette thématique est illustrée au cinéma avec le film Le Syndrome chinois. Sorti par hasard 3 semaines après l'incident de Three Mile Island, cette concomitance contribua au succès populaire du film aux Etats-Unis. -- D'autres accidents nucléaires majeurs encore plus graves suivront : en 1986, à Tchernobyl, en Ukraine (URSS) et en 2011, à Fukushima au Japon, notamment. L'usage de l'énergie nucléaire dans le secteur civil est plus que jamais mis au débat ...

Celle par qui le scandale arrive: "Le 3 mai 1979, Margaret Thatcher est élue avec un vigoureux programme conservateur et libéral. " (...) "une personnalité contestée et contestable, mais essentielle, et qui ne cesse de hanter notre époque". Contestée ET détestée. Contestable ET détestable. François Mitterrand lui trouvait tantôt "la bouche de Marilyn et le regard de Caligula", tantôt "les yeux de Staline et la voix de Marylin". Alors que Ronald Reagan voyait en elle "the best man in England". La Dame de fer, protectrice de Pinochet, malédiction pour les Irlandais, véritable plaie pour l'Europe, a profondément marqué les années 1980. Elle est à l'origine d'une révolution économique libérale dont nous ressentons toujours les effets. Indéfectible alliée des Etats-Unis de Ronald Reagan (élu en novembre 1980), elle approuvera le programme de Guerre des étoiles du président américain et participera au financement des rebelles afghans, précipitant la chute de l'URSS ("l'empire du mal") et l'avènement du régime des Talibans. Beaucoup ont fêté l'annonce de sa mort en 2013, qui était même espérée par certains (Hefner, 2000: We will laugh the day that Thatcher dies, Even though we know it's not right, We will dance and sing all night."). Plutôt que le repos en paix (Rest in peace), c'est l'épitaphe Rot in peace qu'on aurait voulu lui décerner, tellement son souvenir est mauvais et son legs douloureux.

Institué par le conclave d'octobre 1978, Jean-Paul II a été un pape de choc et très politique. Il a été le premier pape non italien depuis le 16e siècle, ainsi que le premier pape polonais et slave de l'histoire du catholicisme. Ses nombreux voyages à l'étranger à partir de 1979 ont rassemblé des masses considérables et ont assigné un nouveau rôle à la religion dans la vie publique. Il a été un opposant de premier plan au communisme, en particulier en Pologne. Son voyage dans son pays natal, en juin 1979, constitua un tournant majeur. Plusieurs millions de personnes se déplacèrent, et davantage encore suivirent son apparition dans les médias. L'année suivante était créé le syndicat Solidarnosc, dont le leader Lech Walesa se référait publiquement à Jean-Paul II. Son rôle politique dans la désintégration du bloc de l'Est et la chute du communisme est historique.

décembre 1979: l'URSS intervient militairement pour soutenir le régime pro-communiste en place à Kaboul. C'est le début d'une guerre qui n'est toujours pas éteinte, et qui marque l'un des derniers théâtres d'affrontement Est-Ouest. Cette décision annonce le début de la fin pour l'URSS. En 1979, Leonid Brejnev est déjà en fin de règne et engage son pays sur la voie d'un destin fatal, en intervenant militairement en Afghanistan. Cet effort de guerre, aggravé par "la Guerre des étoiles" lancée peu après par Reagan en 1983, va précipiter l'effondrement du système soviétique totalement sclérosé et miné de l'intérieur par la dissidence. Après le décès de Brejnev en 1982, le pouvoir soviétique devient instable et les efforts de Mikhaïl Gorbatchev (Perestroïka et Glanost) seront vains et n'empêcheront pas la dislocation du bloc de l'Est et la fin de l'URSS en 1991.

Avec le succès mondial de la série TV Holocauste (1978 - 1979 en France), l'année 1979 constitue aussi une coupure. En l'espace de quelques années, elle fut diffusée dans au moins cinquante pays et toucha dès les premières diffusions environ 250 millions de personnes dans le monde. Dans la seule Allemagne fédérale, plus de 20 millions de personnes regardèrent au moins un épisode. La série renforça surtout la réflexion sur les crimes du national-socialisme contre les Juifs. - - En même temps émergent en France les opinions révisionnistes, niant l'existence des chambres à gaz. Robert Faurisson publie le 29 décembre 1978 une lettre tribune dans le quotidien Le Monde, intitulée « Le Problème des chambres à gaz, ou la rumeur d'Auschwitz". Le même journal publie le 21 février 1979 une riposte des historiens contre Robert Faurisson et les négationnistes : « Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de débat sur l'existence des chambres à gaz » . -- Et pourtant, quarante ans après, on patauge toujours dans l'ignominie nauséabonde, avec M. Etienne Chouard (professeur et, incidemment, grand partisan du RIC), qui s'est déclaré incapable d'une opinion sur l'existence des chambres à gaz, car Monsieur n'a pas étudié la question ! (cf. Le Media, juin 2019).