Roman historique : voici deux mots qui, accolés l’un à l’autre, ont quelque chose d’insolite, presque d’antinomique : le roman, essentiellement est une œuvre d’imagination ; l’Histoire, en revanche est une science humaine, basé sur le concret, le véridique. L’association de ces deux mots a de quoi surprendre. Et pourtant, depuis des siècles (il y en a qui remontent à la Chanson de Roland !) le roman historique nous berce de ses chevauchées héroïques, de ses romances passionnées, de ces figures inquiétantes, ou pathétiques, ou sympathiques, qui ont marqué l’Histoire de France et celle du monde, de ces grands évènements qui ont changé la face de l’univers. Question de dosage, me direz-vous, entre le réel et l’inventé, entre l’Histoire et la fable. Pour certains et certaines ; l’Histoire est un décor dans lequel se greffe le roman : « un clou où j’accroche mes tableaux » disait Alexandre Dumas ; pour d’autres l’Histoire est la trame même du roman qui n’est là que pour l’illustrer. Et qu’importe après tout : l’essentiel est le double plaisir que nous avons, nous, amateurs d’Histoire et de littérature – et donc de belles histoires – à nous abreuver goulûment à cette source inépuisable.
Les listes présentées ici, par périodes historiques, ne sont bien sûr pas exhaustives : si elles réunissent (en gros) ce qui s’est écrit de mieux sur le sujet, elles restent largement subjectives, vous aurez sûrement d’autres suggestions, ne vous gênez pas, mes amis, pour m’en faire part.
Aujourd’hui : L’Egypte ancienne
Dans notre imaginaire collectif, l’Egypte tient une place à part : ce pays des hommes et des dieux, si proche et en même temps si éloigné de nous, porte en lui une impression d’éternité, je dirais même de permanence : si l’on y regarde bien, nous nous représentons les Egyptiens également de la même manière au temps des Pyramides qu’à l’époque de Cléopâtre. Et pourtant trente siècles composent l’histoire de l’Egypte antique, depuis les premiers pharaons jusqu’à l’annexion dans l’Empire romain.
Quelle aubaine pour les auteurs de romans historiques ! Eh bien non, pas tant que ça parce que le matériau historique a fait longtemps défaut : les rares documents que nous avions sur l’Egypte ancienne étaient écrits en hiéroglyphes, c’était donc de l’hébreu pour nous (euh, je veux dire de l’Egyptien) et n’ont été accessibles qu’à partir de 1822 (découverte de la pierre de Rosette et travaux de Champollion). Jusque-là il n’y avait que les récits de voyageurs et les sommes des historiens de l’Antiquité (Hérodote en particulier), et tout le reste relevait du légendaire. Et bien entendu la Bible. Mais nous savons que la Bible n’est pas d’une grande fiabilité concernant les évènements historiques (les historiens se divisent encore pour savoir si Moïse – dont l’historicité n’est pas prouvée – est contemporain ou pas de Ramsès II). Comme le roman historique « romain » a fait son apparition moderne avec les fouilles de Pompéi, le roman historique « égyptien » vient des récits des voyageurs européens (pour nous Chateaubriand, Nerval ou Flaubert, par exemple), alimentés bien entendu par les fouilles et les expéditions qui ont suivi la découverte des hiéroglyphes.
L’antiquité égyptienne est faite d’un autre tissu que l’antiquité grecque ou romaine : elle est de nature religieuse et mystique. Et les romanciers doivent en tenir compte dans leurs œuvres consacrées à ce pays : c’est pourquoi il y a toujours une part de religiosité, de mystère, de cérémonie, d’initiation dans la plupart des romans « égyptiens ». C’est aussi la raison pour laquelle l’Egypte a inspiré nombre d’œuvres fantastiques (le mythe de la momie en est l’exemple le plus connu)
Trente siècles d’histoire et quatre figures majeures : la reine Hatshepsout (XVIIIème dynastie), Amenhotep IV (ou Amenophis IV), appelé aussi Akhénaton (XVIIIème dynastie également mais un peu plus tard) et enfin Ramsès II (XIXème dynastie). Bien plus tard c’est l’incontournable Cléopâtre, qui tiendra également un rôle important dans l’histoire de Rome
Trente siècles de complots, de guerres, d’invasions, de rivalité politiques, religieuses, ethniques… De quoi nourrir la trame de bien des romans, n’est-ce pas ? En voici un peu plus d’une vingtaine parmi les plus connus, des origines à l’intégration dans l’empire romain. N’hésitez pas à en proposer d’autres dans vos commentaires
Bonne lecture à tous et à toutes
Le Roman de la momie – Théophile Gautier – 1858
Pharaon – Boleslaw Prus – 1897
L’Esclave reine - Henry Rider Haggard - 1918
Sinouhé l’Egyptien – Mika Waltari – 1945
Néfertiti ou le rêve d’Akhénaton – Andrée Chédid – 1974
La dame du Nil – Pauline Gedge - 1977
Les Vergers d’Osiris – Guy Rachet – 1981
Vers le bel Occident – Guy Rachet - 1981
Néfertiti, reine du Nil – Guy Rachet - 1984
Akhenaton le renégat – Naguib Mahfouz – 1985
Imhotep – Pierre Montlaur - 1985
Le Phare d’Alexandrie – Gillian Bradshaw – 1986
La reine Soleil – Christian Jacq - 1988
Le Dieu-Fleuve – Wilbur Smith – 1993
La Pyramide assassinée (Le juge d’Egypte 1) – Christian Jacq – 1993
La cité de l’horizon (Les mystères égyptiens du scribe Huy 1) – Anton Gill – 1994
Le Fils de la lumière (Ramsès 1) – Christian Jacq – 1995
La main droite d’Amon (les enquêtes du lieutenant Bak 1) – 1997
Les mémoires de Cléopâtre tome 1 La fille d’Isis – Margaret George – 1997
Les mémoires de Cléopâtre tome 2 Sous le signe d’Aphrodite – Margaret George – 1997
Les mémoires de Cléopâtre tome 3 La morsure du serpent – Margaret George – 1997
Sous le masque de Rê (Les enquêtes du juge Amerotkê 1) – Paul C. Doherty – 1998
La Vengeance des dieux – Christian Jacq - 2006
Une mystérieuse égyptienne (Les enquêtes d’Alexandros l’Egyptien) – Violaine Vanoyeke - 2007
La tombe maudite (Setna 1) – Christian Jacq – 2014