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L'art de la peinture : Peinture et théorie à Séville au temps de Francisco Pacheco
Lauriane Fallay d'Este
Cet ouvrage a pour but de présenter une étude du milieu artistique sévillan dans les dernières décennies du XVIe siècle et ceci jusqu'en 1640, en relation avec les théories et l'art italien.
Durant cette période, l'art andalou et particulièrement sévillan a été pénétré par les conceptions et formes nouvelles venant d'Italie, issues du maniérisme qui triomphe dans la Péninsule. De nombreux artistes espagnols iront s'abreuver aux sources italiennes, romaines surtout, renouvelant totalement, à leur retour en Andalousie, les thèmes d'inspiration et le vocabulaire des formes. Francisco Pacheco, maître et beau-père de Velázquez, jouera un rôle majeur : peintre, théoricien et poète humaniste, il illustre parfaitement les valeurs qui s'attachent à définir une nouvelle image de l'artiste. C'est celle du peintre érudit, incarnant les tendances de l'art maniériste : conceptisme et froide élégance. Son traité, El Arte de la PIntura (L'Art de la Peinture), reste le meilleur témoignage que nous ayons sur la vie artistique sévillane, les artistes et leurs oeuvres. Cet ouvrage est aussi le fruit des préoccupations d'un artiste soucieux d'envisager tous les grands problèmes qui se posent à l'art, à la manière des théoriciens italiens, afin de légitimer la noblesse de la peinture dans un pays où cet art n'est pas encore reconnu. A ce titre, Francisco Pacheco jouera, dans le processus de cette reconnaissance, un rôle déterminant et fondateur. Il était aussi particulièrement intéressant de suivre le théoricien, d'analyser les composantes d'une pensée qui se définit, au fil des pages, avec ses ressemblances et ses différences, en relation avec les théoriciens italiens qui l'ont précédé. En bien des points, cette pensée suit ses illustres prédécesseurs comme cela est de règle alors, mais elle sait aussi se dégager, donnant à L'Art de la Peinture une spécificité purement hispanique où la saveur de l'anecdote et l'expérience de l'atelier restent essentielles. La pensée de Francisco Pacheco oscille entre archaïsme et modernité mais, sans cette figure éminente, la peinture sévillane, en son temps, n'aurait pas eu le même éclat.