Les sirènes sont des créatures fascinantes : femmes-oiseaux dans la mythologie grecque et romaine, elles deviennent, au Moyen Âge, des femmes-poissons. Voici une sélection d'ouvrages sur ces héroïnes littéraires, des néréides aux ondines.
Le héros Ulysse, au cours de son Odyssée (racontée au VIIIe siècle avant J.-C. par le poète Homère), a vécu bien des aventures et affronté bien des dangers, dont les Sirènes.
Les sirènes sont des créatures fascinantes : femmes-oiseaux dans la mythologie grecque et romaine, elles deviennent, au Moyen Âge, des femmes-poissons. Comment s’est effectuée cette métamorphose ? C’est ce que vous saurez en lisant les Sirènes de A à Z, le dictionnaire à plumes et à écailles dont les sirènes sont les héroïnes !
L'écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896-1957), qui est surtout connu pour son unique roman, le Guépard, a aussi composé des quelques nouvelles, parmi lesquelles le Professeur et la sirène. Ce récit met en scène un vieux professeur de grec, Rosario La Ciura, qui raconte une étrange histoire d’amour, vécue du temps de sa jeunesse. Le professeur se souvient : c’était pendant l'été 1887, alors qu’il était étudiant… Près du rivage d'Augusta, en Sicile, il rencontra une sirène.
Dans la Divine Comédie, composée au début du XIVe siècle, le poète italien Dante raconte son voyage (imaginaire) dans le monde des morts, de l’Enfer au Paradis, en passant par le Purgatoire, lieu de purification des âmes, selon les croyances chrétiennes du Moyen Âge. Au Purgatoire, Dante a une vision effrayante : « m’apparut en songe une femme bègue, aux yeux louches, courbée sur ses jambes torses, mutilée des mains, et de couleur blafarde. […] Elle se mit à chanter de telle sorte que je n’eusse pu qu’avec peine détourner d’elle mon attention. "Je suis, chantait-elle, je suis la douce Sirène qui, au milieu de la mer, égare les mariniers, tant de m’ouïr le plaisir est grand. De sa route errante j’attirai Ulysse à mon chant : qui s’approche de moi, rarement me quitte, tant je l’enchante." » Cette sirène, hideuse, est l’incarnation de la tentation : de sa voix enchanteresse et trompeuse, elle promet aux hommes volupté et plaisirs, et ceux qui cèdent à cet appel se trouvent entraînés sur la pente des vices et de la perversion, dont l’apparence hideuse de la sirène donne une image effrayante.
Le poète Robert Desnos (1900-1945) s’est inventé une sirène. Écoutons-le…
"Ma sirène est bleue comme les veines où elle nage
Pour l’instant elle dort sur la nacre"
La sirène la plus célèbre de la saga Harry Potter (de J.K. Rowling) est celle représentée sur un tableau de la salle de bains des préfets. Elle appartient aux « êtres de l'eau », dont il est question dans Harry Potter et la Coupe de Feu. Dans ce quatrième tome, Harry participe au Tournoi des Trois Sorciers et, pour la deuxième tâche, il doit délivrer son ami Ron, prisonnier des êtres de l'eau au fond du lac de Poudlard. Harry doit ramener Ron en moins d'une heure… Mais comment tenir aussi longtemps sous l'eau ? En cherchant la réponse, Harry s'endort et fait un cauchemar : la sirène blonde du tableau rit aux éclats en agitant un Éclair de Feu (un balai volant) au-dessus d'Harry… Finalement, grâce à l'elfe Dobby, Harry Potter peut accomplir la tâche : il mange des « Branchiflores », qui lui permettent de respirer sous l'eau, comme les poissons. Au fond du lac, Harry rencontre des Strangulots, qui sont des démons des eaux. Sur un rocher, il voit des dessins gravés représentant des sirènes et des tritons. Mais les êtres de l'eau ne ressemblent pas à la belle sirène de la salle de bains des préfets : ils ont la peau grise, les cheveux hirsutes, les yeux et les dents jaunes… Ils sont armés d’une lance, et battent l'eau avec leur « puissante queue de poisson argentée ». Malgré les obstacles, Harry Potter réussira l'épreuve.
En consultant, dans la bibliothèque de Poudlard, le dictionnaire des Animaux fantastiques, nous apprenons que les êtres de l'eau appartiennent à la catégorie XXXX, c'est-à-dire « Dangereux / Exige une connaissance spécialisée / Maîtrise possible par un sorcier expérimenté ». Parmi les êtres de l'eau se trouvent les sirènes, les selkies d'Écosse et les merrows d'Irlande, qui, s'ils ont le même goût pour la musique que les sirènes, sont moins beaux qu’elles. Les êtres de l'eau rencontrés par Harry dans le lac de Poudlard, en Écosse, sont donc des selkies...
Iris est une sirène myope qui chante faux ! Sur une île vagabonde, elle rencontre Oliver qui cherche ses parents explorateurs, mystérieusement disparus...
À Amidé, au Japon, un jeune homme, Yôsuké, fils d’un prêtre Shintô, veille sur un œuf… C’est l’œuf de l’Ondine, une créature de la mer, une sirène. Une légende raconte en effet qu’un ancêtre de Yôsuké a scellé un pacte avec l’Ondine, et promis de garder son œuf, en échange d’une pêche toujours abondante pour les habitants de la ville…
Un des Sonnets du poète anglais William Shakespeare (1564-1616) commence ainsi : « Que de fois je me suis abreuvé de larmes de sirène »… Donc, les sirènes auraient des larmes.
Le diplomate, écrivain et dramaturge Jean Giraudoux (1882-1944) crée la pièce Ondine en 1939 au théâtre de l?Athénée sous la direction de Louis Jouvet, d'après le conte de Friedrich de La Motte-Fouqué.
Issu d'une famille française, l'écrivain et officier prussien Friedrich de La Motte-Fouqué (1777-1843) figure parmi les remarquables conteurs de la littérature allemande. Sa célébrité est certainement due à son conte Ondine, publié en 1811, qui eut un grand succès et inspira auteurs (comme Giraudoux) et illustrateurs (dont Arthur Rackham). Pour assurer une âme à sa fille, le prince des eaux fit enlever l'enfant d'un couple de pêcheurs et leur fit adopter sa fille, Ondine...
L’image de l’ondine surtout est très présente dans la littérature romantique du XIXe siècle, où cette fille de l’eau, jeune et belle, fait rêver les poètes, qui l’imaginent (sans queue de poisson) assise au bord d’une fontaine, en train de peigner ses longs cheveux d’or, ou se baignant dans une cascade… Voici par exemple Ondine, un poème en prose composé par Aloysius Bertrand et publié en 1842 dans le recueil Gaspard de la nuit.
Dans ses Métamorphoses, ouvrage composée au début du Ier siècle, Ovide suggère que les filles d’Achéloos, c’est-à-dire les Sirènes, auraient elles-mêmes demandé à avoir des ailes.
Le poète grec Apollonios de Rhodes a composé au IIIe siècle avant J.C. les Argonautiques, une épopée qui raconte les aventures mythologiques de Jason et des Argonautes, c’est-à-dire des héros partis, à bord du navire Argo, à la conquête de la Toison d’or (la dépouille d’un fabuleux bélier ailé, dont la laine et les cornes étaient d’or). Parmi les Argonautes, il y a l’illustre Héraclès (Hercule), le roi Pelée, père d’Achille, et les jumeaux Castor et Pollux, fils de Zeus, et Augias, fils du Soleil, ou encore Orphée, le héros musicien, qui par ses chants charme et apaise les bêtes féroces et les hommes sauvages… Et Orphée, grâce à ses dons, va sauver les Argonautes d’un des pires dangers qui soient en mer : le chant des Sirènes.
Le chirurgien Ambroise Paré est l’auteur, au XVIe siècle, d’un ouvrage intitulé Des monstres et des prodiges. Il consacre un chapitre de cet ouvrage aux monstres marins, à commencer par les tritons et les sirènes.
Peter Pan, personnage créé par l’écrivain écossais James Matthew Barrie (1860-1937), est un garçon qui ne veut pas grandir. Il vit à Neverland, le pays de l’Imaginaire, mais parfois, la nuit, il rend visite à Wendy, qui habite avec ses parents et ses deux petits frères, John et Michael, dans une maison de Londres. Peter aimerait que Wendy vienne avec lui à Neverland. Comme la fillette hésite, Peter Pan lui parle des sirènes...
Dans la mythologie germanique, les filles du Rhin sont des ondines ou nixes chargée de veiller sur l?or caché par leur père, le fleuve Rhin, dans le fond de ses eaux. Le compositeur Richard Wagner a composé, au XIXe siècle, une série de quatre opéras inspirés de cette légende. Trois filles du Rhin, Woglinde, Wellgunde et Flosshilde, apparaissent dans le premier opéra, qui s?intitule "l?Or du Rhin". Ce fameux or, pur et lumineux, est volé et fondu en un anneau magique, que plusieurs personnages convoitent. L?opéra s?achève sur les lamentations des filles du Rhin, qui pleurent l?or perdu.
Pièce de théâtre inachevée, la Sirène, ou Roussalka (ondine de la mythologie slave), du Russe Alexandre Pouchkine (1799-1837), est l'histoire d'une jeune fille abandonnée par un prince. En effet, la fille d'un meunier ne peut épouser un prince, même si elle est enceinte de leur enfant. Désespérée, la jeune fille s'est jetée dans un fleuve et est devenue une sirène froide, calme et puissante qui cherche à se venger...
La figure de la sirène – mi-femme, mi-monstre – ne pouvait que plaire aux auteurs de fantasy. En partenariat avec le festival d'Epinal – les Imaginales – les éditions Mnémos propose une anthologie de onze récits avec des sirènes et des bardes. En effet, si les sirènes fascinent par leur chant, les bardes sont ceux qui transmettent les légendes en musique.