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Essais sur le capitalisme tardif au troisième millénaire
Liste créée par steka le 31/01/2017
41 livres. Thèmes et genres : société , politique , essais critiques , écologie politique , histoire

On trouvera ici des essais de provenances diverses, écrits en ce vingt-et-unième siècle, et tentant d'éclairer les vestiges de société qui composent notre monde contemporain asservi par la logique marchande. On comprendra que cette liste n'est pas faite pour plaire à ceux qui veulent continuer à diriger ce monde là et à leurs serviteurs. Ni même à ceux qui, par opportunisme, préfèrent s'en satisfaire.

Ne seront pas recherchés ici les chefs-d’œuvre ni des ouvrages incontestables - d'ailleurs il n'y en a pas. Toutefois, les ouvrages ici sélectionnés sont l’œuvre de gens qui se sont donnés les moyens de réfléchir en profondeur, ne sont pas mus par de sordides questions d’intérêt ou de "célébrité" médiatique. Tenter d'éclairer honnêtement notre monde est devenu chose incertaine et inconfortable du fait même de ce que chacun doit faire comme effort pour y vivre avec un minimum de cohérence et parfois simplement pour respirer...

Le capitalisme va finir; la question qui se pose c'est, va t'il nous entraîner dans sa fin.



1. Les mots sans les choses
Eric Chauvier
4.03★ (42)

2014 - "Des mots calibrés sortent désormais des laboratoires de recherche pour être bradés au plus offrant des gouvernants : "éco-responsabilité, mixité, durabilité, ville-monde, planétaire, ville globale, ville diffuse, ethno-marketing, féminicide, care, ordre genré, justice environnementale" , liste non limitative. " "Le capitalisme (en actes et en paroles) n'a pas seulement pénétré la place universitaire sur un plan économique. (...) Continuer à vendre l'invendable et l'inique sur un plan écologique, social, économique ou sur celui de la recherche n'est possible qu'en mobilisant une logique culturelle susceptible de rendre acceptable auprès des citoyens cet état des lieux que chacun, avec une acuité retrouvée, jugerait désastreux. " "Telle est la version tardive du capitalisme, à laquelle les sciences humaines et sociales contribuent très largement. Il a suffi que de nouvelles compétences soient validées : que les étudiants se plient à un modèle de sciences sans négativité pour obtenir des financements; que les enseignants leur apprennent à breveter et à diviniser en conséquence. " "Que l'on produise des connaissances en les imposant par le haut ou en récoltant des savoirs par le bas, voilà une question qui n'intéresse plus les chercheurs." "Il faut observer comment, en quelques décennies seulement, la conflictualité de classes est devenue inaudible, puis indicible. Le langage de la gouvernance nous pousse désormais à confondre un monde social sans tension et un monde social sans mots évoquant des tensions."
2. La Fabrique du Musulman
Nedjib Sidi Moussa
3.88★ (20)

2017 - « La fixation permanente sur les présumés musulmans, tantôt dépeints comme des menaces à l’ordre public ou des victimes du système – parfois les deux à la fois –, s’inscrit complètement dans le réagencement en cours de la société française. Car le vrai “grand remplacement” concerne celui de la figure de l’Arabe par celle du “Musulman”, de l’ouvrier immigré par le délinquant radicalisé, du “beur” engagé par le binational déchu. » En revenant sur les processus à l’œuvre depuis une quinzaine d’années, cet essai souligne le rôle des politiques, toutes tendances confondues, dans la propagation d’une fièvre identitaire qui brouille les clivages économiques et sociaux.
3. Ce cauchemar qui n'en finit pas
Pierre Dardot
4.06★ (57)

"La réalité la plus prosaïque s'impose aujourd'hui à nous : cet empire heureux qui entendait tourner la page des totalitarismes n'a pu se construire que dans le dos des peuples, par dépossession lente mais sûre des ressorts de la souveraineté populaire. " "Il n'y a plus en France de cloison étanche entre la haute finance privée et la haute finance publique. Toutes deux sont peuplées par les mêmes personnes. (...) On ne compte plus les directeurs et autres personnels du Trésor, de droite comme de gauche, qui sont passés à la banque privée. (...) Cette consanguinité de l'administration et de la banque permet de comprendre la logique interne qui commande la "politique unique" suivie par tous les gouvernements à l'égard de la concentration des banques ou des rémunérations des PDG. Du coup on saisit mieux ce qui, au cœur de l'appareil d’État, interdit toute lutte sérieuse contre la financiarisation de l'économie considérée comme une donnée naturelle incontournable. "
4. Les enfants du chaos
Alain Bertho
3.50★ (17)

2016 - " Le chaos qui pointe est très loin d'avoir le djihad pour seul moteur : c'est d'abord l'ébranlement de la légitimité des États par la mondialisation, la crise généralisée de la représentation politique, la recherche d'une légitimité sécuritaire par les puissants qui ont fait le lit de la violence du monde. Et qui expliquent pourquoi, depuis les années 2000, se multiplient sur tous les continents des émeutes et des attentats aux motivations multiples, dont l'auteur brosse ici un tableau saisissant."
5. Suburbia
Bruce Bégout
4.10★ (24)

2013 - "Ce qui domine la "sensibilité moderne" c'est l'hyperexcitabilité (...). Sous les spasmes, c'est l'asthénie qui règne."
6. Que faire des classes moyennes ?
Nathalie Quintane
3.88★ (100)

2016 - voir mon commentaire "Revenons brièvement sur la réduction de l'école au travail, puis à l'emploi : ce fut une sombre tactique, et mauvaise; une tactique de classe moyenne. (...) Car l'école ne peut procurer un emploi que s'il y a des emplois, somme toute. Et l'école ne peut instituer une vie bonne que si l'organisation dans son ensemble s'est fixé pour but le bonheur de la population (pas seulement sa satisfaction immédiate), et s'en est donné les moyens - ou qu'au moins elle ne se contente pas d'aménager le malheur, avant de finalement s'en foutre. Quand l'organisation sociale, dans son ensemble, se fixe pour but de chiffrer les coûts et bénéfices, eh bien l'école chiffre les coûts et bénéfices comme tout le monde. "
7. La machine est ton seigneur et ton maître
Jenny Chan
4.47★ (46)

2015 - "Chaque détail du quotidien de ces ouvriers de l’électronique rappelle l’extrême mesquinerie sur laquelle repose le grand capital : en particulier dans le secteur manufacturier, les petites économies font les grandes fortunes. Les réunions obligatoires de début et de fin de journée ne sont pas payées. Il est interdit de parler à son voisin de chaîne et de lever la tête. La nourriture est insipide et insuffisante. A l'usine Jabil de Wuxi, le recrutement est payant à chaque étape, y compris la visite médicale, et dans les dortoirs, l'eau potable n'est pas fournie. Sur tous ces sites, cancers, maladies respiratoires et neurologiques sont légion, résultats de l'exposition aux poussières d'aluminium, fluides de coupe et solvants. "
8. La santé mentale : Vers un bonheur sous contrôle
Mathieu Bellahsen
3.86★ (55)

2014 - "Comprendre que la santé mentale s'insère dans une légitimation du discours de l'adaptation est important pour comprendre les enjeux : "La santé mentale est la capacité de s'adapter à une situation à laquelle on ne peut rien changer." Que penser des personnes qui ne s'adaptent pas à une situation à laquelle elles ne peuvent rien changer, qui refusent de s'adapter, voire qui concourent à changer la situation ? Dans cette définition normative les révolutionnaires peuvent aisément être considérés comme porteurs de problème de santé mentale, disqualifiant par là les luttes sociales au profit d'une vision du monde réactionnaire et aseptisée." "En psychiatrie, l'importation du discours industriel et entrepreneurial entend résoudre les contradictions qui étreignent l'ensemble des acteurs du champ de la santé mentale et permettre à chacun de faire face à un cadre imposé. Ce cadre est celui de la mise en concurrence généralisée des États, des institutions, des services et des personnes avec tout ce que cela entraîne de contraintes douloureuses sur l'individu (patient ou soignant) et de solutions applicables pour tous."
9. Qu'est-ce qu'un dispositif ?
Giorgio Agamben
3.53★ (113)

2007 - "J'appelle dispositif tout ce qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer, d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants."
11. Commun : Essai sur la révolution au XXIè siècle
Pierre Dardot
4.43★ (56)

2015 - "Cette norme de la concurrence ne naît pas spontanément en chacun de nous comme un produit naturel du cerveau, elle n'est pas biologique, elle est l'effet d'une politique délibérée. C'est avec l'aide très active de l’État que l'accumulation illimitée du capital commande de façon de plus en plus impérative et rapide la transformation des sociétés, des rapports sociaux et des subjectivités." "L'avenir semble interdit. Nous vivons cet étrange moment, désespérant et inquiétant, où rien ne parait possible. La cause n'en est pas mystérieuse, et elle tient non pas à quelque éternité du capitalisme, mais au fait que ce dernier ne trouve pas encore en face de lui les contreforces suffisantes. Le capitalisme continue de déployer son implacable logique lors même qu'il démontre chaque jour sa redoutable incapacité à apporter la moindre solution aux crises et aux désastres qu'il engendre." "Cette tragédie ne tient pas au fait que l'humanité ignore ce qui l'attend, elle tient à ce qu'elle est dominée par des groupes économiques, des classes sociales et des castes politiques qui, sans rien céder de leurs pouvoirs et de leurs privilèges, voudraient prolonger l'exercice de leur domination par l'entretien de la guerre économique, le chantage au chômage, la peur des étrangers."
12. Le piège Daech
Pierre-Jean Luizard
3.52★ (132)

2015 - Loin de pacifier le monde, la domination marchande par son avidité sans limite et ses visions à court terme ne fait que propager la haine entre les peuples, le fanatisme et la destruction; nous enfonçant dans une guerre permanente où les massacres de civils deviennent progressivement la norme. Mais comme ce terrorisme prévisible est commode pour justifier les logiques policières et la surveillance généralisée de tout un chacun dont ce système a besoin pour perdurer. Tout ce que Orwell illustra déjà très bien dans son 1984.
13. Théorie du drone
Grégoire Chamayou
4.24★ (96)

2013 - "Avec le drone armé, entre la gâchette sur laquelle on a le doigt et le canon d'où va sortir le projectile, ce sont des milliers de kilomètres qui s'intercalent. Cette mise à distance fait éclater la notion même de guerre: qu'est-ce qu'un combattant sans combat ? où est le champ de bataille ? et peut-on vraiment parler de guerre quand le risque n'est pas réciproque, quand des groupes humains entiers sont réduits à l'état de cibles potentielles – en attendant de devenir légitimes ?"
15. L'or du temps
Michel Bounan
4.00★ (9)

2015 - "Le prédateur individualiste actuel, en élevant sa prééminence personnelle au-dessus du sujet universel qui en est la source vive, a détruit la planète et bientôt ses propres possibilités de survie. "
16. L'Eclipse du savoir
Lindsay Waters
4.00★ (14)

2008 - "Il n'est plus question que de forme, jamais de contenu. Voici la racine du problème de ce désastre écologique qui frappe l'université. " "Y a-t-il un lien quelconque entre le marasme actuel de l'université et l'essor et la victoire de la révolution gestionnaire des trente dernières années ? Je pense que oui. L'une des questions qui me préoccupe le plus est celle de savoir pourquoi il y a une telle immobilité intellectuelle dans tant de disciplines du monde académique. Pourquoi le triomphe de la révolution gestionnaire nous a-t-il conduits à un moment à ce point réactionnaire au plan de la pensée ? " "L'université et le libre usage de l'intelligence ne marchent pas bras dessus bras dessous, elles sont le plus souvent aux prises en une lutte à mort. Il y a quelque chose comme un amour des cloisons dans cette institution."
17. La domination policière
Mathieu Rigouste
4.59★ (192)

2012 - "La police distribue la férocité des classes dominantes."
18. La Perversion ordinaire : Vivre ensemble sans autrui
Jean-Pierre Lebrun
4.19★ (27)

2007 - "L'absence de rencontre avec l'autre, son évitement répété, ne peut que laisser intacte la toute-puissance infantile du sujet." "C'est ici que peut dès lors émerger ce que nous appellerons le "démocratisme". C'est une illusion d'optique qui laisse croire au citoyen de la modernité démocratique accomplie que son autonomie est un donné d'emblée. Mais l'illusion fonctionne et il n'a de cesse que de vouloir se faire reconnaître dans sa singularité par un collectif à qui il estime ne plus rien devoir. " "La vie psychique des néo-sujets de la modernité, en ces temps actuels où la force organisatrice et répressive du patriarcat n'est plus opérante, possède des caractéristiques qui la distinguent profondément de celles de leurs aînés. L'essentiel : ce n'est plus tant chez eux le refoulement qui est à l’œuvre, comme c'était le cas chez le "névrosé normal" auquel on était habitué, mais plutôt le déni ou le démenti. "
19. La fabrique de l'homme endetté : Essai sur la condition néolibérale
Maurizio Lazzarato
3.12★ (24)

"La confiance, condition de l'agir, se métamorphose en défiance de tous envers tous et se cristallise ensuite en demande de "sécurité". "
20. De la misère humaine en milieu publicitaire : Comment le monde se meurt de notre mode de vie
Groupe Marcuse
4.05★ (40)

2010 - "De manière directe, la publicité ment régulièrement sur l'origine et la qualité des marchandises qu'elle nous vante. Que l'on pense à tous ces spots présentant les produits industriels comme issus du terroir. On nous montre le bon vieil artisan, non l'usine dont les produits sortent en réalité. On peut d'ailleurs y voir une sorte d'hommage que l'industrie inhumaine rend en permanence à ce qu'elle a supprimé - cet hommage ayant bien sûr fonction d'occulter la réalité industrielle, et de favoriser son développement au détriment de la production à échelle humaine. "
21. Sans objet. Capitalisme, subjectivité, aliénation
Franck Fischbach
3.80★ (17)

2009 - "Que découvre en effet le salarié d’aujourd’hui, constamment interpelé comme sujet libre, et appelé à se montrer à tout moment comme le sujet autonome qu’il a à être, comme le sujet supposé capable de définir par lui-même ses objectifs et de conduire par lui-même ses projets ? Il découvre, le plus souvent dans l’échec, la douleur et la souffrance, qu’il ne possède aucun des moyens qui lui permettraient d’affirmer son autonomie, de conduire ses projets à leur terme et d’atteindre les objectifs fixés par lui-même […]. L’accès aux conditions et aux moyens objectifs qui lui permettraient [d’agir en sujet libre et autonome] lui est systématiquement soustrait et refusé. "
22. Tueries : Forcenés et suicidaires à l'ère du capitalisme absolu
Franco Berardi
3.50★ (17)

2016 - "Le terrorisme suicidaire frappe aujourd'hui aussi bien à Columbine ou Utoya, que dans les rues de Paris. Sa violence multiforme surgit de partout et repousse chaque fois les frontières de l'horreur. Soutenir que les assassins sont des forcenés ou encore des soldats fous d'une armée ennemie ne suffit plus à comprendre un phénomène aussi effarant. Franco Beradi s'intéresse ici à la psychopathologie, mais aussi aux origines économiques et politiques de ces meurtres de masse de plus en plus fréquents. Il démêle minutieusement l'enchevêtrement de désespoir, de ressentiment, de nihilisme, d'affirmation identitaire et de quête de célébrité qui pousse ces hommes à faucher la vie des autres avant de mettre fin à la leur. En ressort cet examen d'un corps social déchiqueté par le pouvoir absolu."
23. Pour en finir avec l'économie
Serge Latouche
4.67★ (14)

2015 - " La vie économique qui nous apparaît comme la base naturelle de toute vie humaine et le fondement de toute vie sociale existait-elle dans les sociétés précapitalistes ? L'objet même de la réflexion des économistes n'est-il pas plutôt une «trouvaille de l esprit», une invention, un imaginaire qui a désormais colonisé notre esprit et nos vies ? Si l'économie est une création historique finalement assez récente, comment fonctionnaient les sociétés pré-économiques ? Comment s'est inventée, au fil du temps, cette économie dans la pratique comme dans la réflexion ? Réfléchir à un futur différent pour notre société implique de penser l'impensable, de réaliser l'improbable, pour enfin selon le mot de Serge Latouche «sortir de l'économie». Un enjeu majeur pour notre avenir..."
24. Aliénation et accélération
Hartmut Rosa
4.15★ (232)

2012 - "La vie moderne est une constante accélération. Jamais auparavant les moyens permettant de gagner du temps n'avaient atteint pareil niveau de développement, grâce aux technologies de production et de communication ; pourtant, jamais l'impression de manquer de temps n'a été si répandue. Dans toutes les sociétés occidentales, les individus souffrent toujours plus du manque de temps et ont le sentiment de devoir courir toujours plus vite, non pas pour atteindre un objectif mais simplement pour rester sur place. (...) Sous la pression d'un rythme sans cesse accru, les individus font désormais face au monde sans pouvoir l'habiter et sans parvenir à se l'approprier."
25. Le petit bourgeois gentilhomme : Sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes
Alain Accardo
3.94★ (44)

2009 - "L'immense majorité semble communier spontanément dans une culture où le marketing des désirs solvables a substitué à tout autre devoir celui de se faire plaisir. En d'autres termes, le système capitaliste ne fonctionne pas seulement par l'exploitation et l'oppression mais aussi par l'adhésion de la plupart au système qui les exploite, les spolie et les opprime, c'est-à-dire qu'il fonctionne à l'aliénation psychologique et morale, entretenue par des espérances de succès individuel le plus souvent fallacieuses. Nos luttes ne doivent pas se livrer seulement aux niveaux politique et économique mais doivent s'accompagner d'un autre combat, tout aussi nécessaire, dont l'enjeu est la réappropriation par chacun de sa propre subjectivité. On peut appeler ce travail une " socioanalyse ", en ce sens qu'il a pour objet la mise à jour et la maîtrise de l'" inconscient social " que notre socialisation a incorporé et qui conditionne notre adhésion spontanée à l'ordre établi."
26. La nouvelle raison du monde : Essai sur la société néolibérale
Pierre Dardot
4.18★ (54)

"Mieux vaut dire que le capitalisme s'est réorganisé sur de nouvelles bases dont le ressort est la mise en œuvre de la concurrence généralisée, y compris dans l'ordre de la subjectivité." "L'État est désormais tenu de se regarder lui-même comme une entreprise, tant dans son fonctionnement interne que dans sa relation aux autres États. Ainsi, l'État, auquel il revient de construire le marché, a en même temps à se construire selon les normes du marché."
27. L'aliénation : Vie sociale et expérience de la dépossession
Stéphane Haber
4.33★ (14)

2007 - Cet ouvrage propose d'abord un bilan critique de l'histoire contrastée de la problématique de l'aliénation depuis Marx. Mais il vise surtout à réhabiliter et à reconstruire cette problématique de manière non essentialiste, selon une inspiration psychosociologique et existentielle. Bien comprise, elle seule permet de concevoir directement le propre d'une vie qui passe à côté de soi-même et éprouve cette perte dans la souffrance et la limitation de soi. De ce point de vue, l'aliénation apparaît comme l'expérience concrète d'une dépossession de notre puissance d'agir individuelle qui reflète et exprime à sa manière, et sous des modes variables, quelques unes des différentes pathologies affectant la société.
28. Maintenant
Comité invisible
3.97★ (187)

2017 - "Ce que l'on appelle "débat" de nos jours, n'est que le meurtre civilisé de la parole.
29. Manifeste des Chimpanzes du Futur Contre le Transhumanisme
Pièces et main-d'oeuvre
4.83★ (19)

https://www.youtube.com/watch?v=YVLeBTkeo0g&t=44s Un débat particulièrement intéressant dans la seconde heure de cette vidéo.
30. Frères migrants
Patrick Chamoiseau
3.72★ (112)

Les migrants, les migrations en général, sont la réalité critique incontournable de ce monde, le nôtre, tel qu'il s'est construit avec la prise de pouvoir de la domination marchande sur la quasi totalité de son organisation. La légitimité des migrations, qu'elles soient consécutives aux guerres ou aux oppressions de toutes sortes (économiques et sociales), aux dégradations climatiques, est absolue. Vouloir rejeter les migrants, c'est rejeter le monde, c'est rejeter la vie. C'est aussi rejeter les conséquences de nos actes, de nos choix ou tout aussi bien de notre passivité; c'est rejeter l'histoire. Les migrants sont l'expression la plus visible de la nécessité du renversement d'une société régit par la logique marchande, par l'argent roi et l'égoïsme promu valeur dominante. Les migrants sont nos frères humains. La peur ne peut faire oublier que c'est juste un hasard que nous ne soyons pas à leur place. D'un coté il y a un devenir humain qui s'annonce difficile mais de l'autre, il n'y a que l'inhumanité, la barbarie et la honte.
31. Impérialisme d'exclusion et état d'exception
Robert Kurz
4.50★ (3)

Publié en Allemagne en 2003 mais édité en France en 2018, un texte d'une grande lucidité sur la nouvelle donne par laquelle le capitalisme mondial espère perdurer et "qui a déjà tous les traits de la nouvelle barbarie qui vient." "Partout où les mouvements sociaux et intellectuels contre la guerre et les brutales restrictions du capitalisme en crise menaçaient de franchir un seuil critique et de briser la pseudo-loi naturelle de la subordination de toutes les ressources sociales au principe irrationnel de la valorisation, les appareils démocratiques laissèrent apparaître l'hideuse face violente de l'état d'exception. (...) Le construit de la "souveraineté du peuple" s'avéra dans la pratique une contre-vérité et le travestissement idéologique d'un principe de réalité profondément répressif sous les impératifs duquel l'individu-citoyen n'est molécule de souveraineté que dans la mesure où il se livre inconditionnellement, sur le plan socio-économique, aux formes évolutives de la fin en soi irrationnelle du capitalisme et, en ce sens, s'opprime lui-même." "L'ensauvagement progressif des appareils sécuritaires débridés, les atteintes au droit à tous les niveaux et la "mafiaisation" de la politique se superposent à la "normalité" démocratique : la société devient une image trompe-l’œil où des moments de dictature et de représentation parlementaire, de violence délimitée et de positivisme juridique se fondent les uns aux autres. "
32. En attendant la fin du monde
Baudouin de Bodinat
4.17★ (56)

2018 - "& aussi que la plupart certainement n'avaient pas réclamé, n'avaient pas voulu en personne ces déprédations, n'avaient pas exigé en leur nom cette mise au pillage, tout ce cyclopéen d'extraction et de razzias, de récoltes à blanc, cette dénudation brutale de la vie terrestre - ni rien en particulier de ce qui a fait le lit de ce désordre menaçant; néanmoins qu'ils voulurent bien ce qu'on leur procurait, et non seulement le strict utilitaire mais encore le très superflu par rotation de porte-containers, les commodités flatteuses à la négligence et au manque de goût, toute cette profusion sous blister ou en armoires de congélation; qu'ils furent preneurs volontiers de ces innovations de l'informationnel à porter sur soi qui leur sont maintenant des indispensables à épanouir leur individu; qu'ils aient peu renâclé à cet envahissement : "Je ne suis pas le donneur d'ordre", s'exonèrent-ils ("Je n'y suis pour rien si c'est devenu comme ça", "On n'avait rien demandé, mais c'est là autant s'en servir", etc.) Qui est assez en duplicité le "Je n'ai pas demandé à vivre" de l'adolescent maussade. On lui répondra : Mais si, tu ne serais pas là sinon; et aux autres : Mais si, on n'en serait pas là sinon."
33. La voie pauvre de la rébellion
Jacques Fradin (II)
4.50★ (5)

"Puisque l’enrichissement, croissant et pour tous, est impossible, puisque le projet de l’économie est une impasse, il ne reste que la possibilité de l’enrichissement, qui peut alors être extravagant, pour quelques-uns ; une très faible croissance (ou même une décroissance) associée à une répartition fortement inégalitaire, et dont l’inégalité croît, tout cela fera l’affaire. Pour continuer à défendre l’économie, mise au service exclusif des ultras riches. Mais ce programme du nouveau gouvernement économique doit être caché et, publiquement, dénié. Il faut continuer à faire croire en la possibilité de l’enrichissement croissant et pour tous, tout en sachant qu’une telle chose est impossible et que les politiques économiques maintenues sont des politiques d’appauvrissement de parties de plus en plus croissantes de la population et d’enrichissement monstrueux de parties de plus en plus restreintes de cette population (l’inégalité croît). Le nouveau gouvernement économique doit donc pratiquer le mensonge systématique, au nom de la défense de la foi économique (le nouveau nom de la raison d’État).
34. La société ingouvernable
Grégoire Chamayou
4.49★ (224)

" Si l'on veut saisir le véritable sens de la "crise écologique" contemporaine, il faut la replacer dans cette histoire-là, celle d'un système économique dont l'expansion a eu l'appropriation destructrice de la nature pour condition consubstantielle, et la resituer dans la continuité de la prédation coloniale et de l'accumulation primitive du capital. "
35. Politique des multiplicités : Pierre Clastres face à l'État
Eduardo Viveiros de Castro
4.33★ (11)

"L'idée selon laquelle le capitalisme globalisé a entraîné une diminution du pouvoir de l’État me paraît invraisemblable. Hormis le fait qu'il a fallu et qu'il faut toujours un gigantesque appareil régulateur et interventionniste, administré par l’État, pour produire la "dérégulation de l'économie, ainsi que pour soutenir politiquement et militairement un "marché libre", qui n'est ni l'un ni l'autre, il n'est pas nécessaire d'être un "anarcho-autonome" fanatique pour percevoir que jamais l’État n'a été si présent, si près de la vie quotidienne. "
36. De virus illustribus
Sandrine Aumercier
4.33★ (5)

"Le Covid-19 fournit une réalité identifiable à la menace d'une catastrophe innommable qui couvait déjà de tous les cotés." voir mon commentaire sur l'ouvrage
37. La Révolution et nous
Alexander Neumann
"Aujourd'hui, la France est une république qui reprend plusieurs traits du modèle bonapartiste. Sa présidence d'abord, omniprésente, plébiscitaire. (...) . Son sénat conservateur, qui n'est pas élu directement, est une institution davantage territoriale que démocratique. Surtout, certains articles constitutionnels permettent de dessaisir le parlement, des lois complémentaires sont autorisées à suspendre légalement les libertés par l'état d'urgence. (...) Bien entendu, Bonaparte est mort, mais son héritage étatique est loin d'être complètement dépassé. Il s'agit ici de comprendre comment le modèle de l'armée bonapartiste préfigure l'administration publique actuelle, le système de la fonction publique et la structuration de l'État. "
38. Antimatrix
Alèssi Dell’Umbria
4.00★ (8)

2021 - "Tout doit être fait pour nous distraire, le pas décisif ayant été franchi avec la production d'appareils conçus pour que chaque individu soit constamment distrait, de son environnement, de ses proches, de sa propre vie ... La distraction cultive alors l'absence au monde. "
39. La nature contre le capital : L'écologie de Marx dans sa critique inachevée du capital
Koheï Saïto
4.00★ (14)

"Avec le mode d'appropriation capitaliste, le "métabolisme" individuel et social s'est considérablement appauvri, précisément à cause du caractère de classe caché, parce que la masse des travailleurs y est soumise à un pouvoir étranger, celui de l'argent, indépendamment de ses besoins concrets."
40. Le mur énergétique du capital
Sandrine Aumercier
4.50★ (11)

"La composition organique du capital peut varier grandement d’une époque à l’autre et d’une région à l’autre, mais la tendance absolue est à l’épuisement de toutes les sources d’énergie, de manière soit additionnée, soit successive. Le capital n’a de préférence que pour la source d’énergie la moins coûteuse à tel moment de sa trajectoire historique." "Les énergies "vertes" sont le pur produit d'un capitalisme en bout de course essayant de se présenter comme "renouvelable" alors qu'il n'est rien d'autre qu'extractiviste et néocolonial."
41. L'impasse capitaliste: Travail, besoins et urgence écologique
Tom Thomas
4.00★ (4)

2022 - L’impasse capitaliste se résume en une double crise : économique et écologique. Soit relancer la croissance quelles que soient les conséquences sur la nature, soit préserver l’environnement au détriment des profits.
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