Accéder à l'essence de nos rêves...
Voyages intérieurs d'un géographe sentimental, écrivain amateur, "provincial" et universel.
Romancier sans égal, inventeur d'espaces-temps sensuels et minéraux, sans doute intemporels... Auteur discret s'il en fût, également celui de très beaux textes critiques, d'essais historiques et poétiques, il fut également romancier (dès 1938) puis dramaturge (en 1948) de sa très riche "Matière de Bretagne".
Non accessoirement "mordant" pamphlétaire, infiniment cohérent en son "incompréhensible" refus des prix-goncourt et autres su-sucres à chien-chiens... De "La littérature à l'estomac" (1949) à son "éclat" paisible de 1951 : simple illustration d'une rare cohérence...
Puissance d'une écriture perfectionniste forgée à la lumière du culte de la Littérature : celle de son cher "grand" XIXème siècle français...
Viennent ces souvenirs lumineux de cette fin août 2007, lorsque nous fumes si simplement reçus — deux heures durant et toutes émotions tues — dans "le petit salon face à la Loire" par notre hôte, M. Poirier. Pélerinages réguliers de la mémoire : si l'on pouvait se souvenir de chaque mot, chaque détail de l'après-midi... Ecoute attentive, bienveillance, authenticité, cohérence, envergure, humanité... Mystères, aussi.
De son "Château d'Argol" à ses "Carnets du Grand Chemin", son bel archipel à aborder patiemment...
Cet homme si pudique fut-il "Notre dernier romantique" jusque dans ses silences ?
A cette question finale de l'entretien réalisé par Dominique Rabourdin à Saint-Florent-le-Vieil début 2007 pour "Le magazine littéraire" : " — Etes-vous stoïcien ? N'avez-vous pas peur de la mort, de votre propre mort ? ", Julien Gracq répondra : — " La perspective de ma disparition ne me scandalise pas : la mort semble partout inséparable de la vie, individuelle ou collective. La mort survient, un jour ou l'autre ; quoique très proche pour moi, sa pensée ne m'obsède pas : c'est la vie qui vaut qu'on s'en occupe. ".
Monsieur Louis Poirier (1910-2007), professeur agrégé de géographie, "de" Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) : si tôt devenu "Julien GRACQ" pour toujours.