À boire et à manger avec Sonia Ezgulian

Peut-on sérieusement envisager de faire une bande dessinée gastronomique quand on ne sait ni dessiner ni cuisiner ?
C'est ce que tente de faire, avec succès et humour, Guillaume Long dans cette série qui compte déjà quatre tomes et dont celui-ci est le dernier.
Réalisé en partenariat avec Sonia Ezgulian, une chef d'origine arménienne, ce volume est sacrément drôle.
Nos deux compères sont très différents, l'une adore cuisiner, découper, choisir des ingrédients d'exception, mitonner des petits plats durant des heures et l'autre ne fait que rouspéter, regarder sans sortir ses mains des poches, se remplir la panse et attendre le prochain repas avec envie.
Ils passent leur temps à se chambrer, tout en nous faisant partager cet amour commun des bons produits, en échangeant des souvenirs de plats portant la trace des souvenirs d'enfance ou de repas succulents pris en compagnie d'amis.
Bon, pour la partie pratique, si vous n'avez pas d'épicerie fine près de chez vous et un porte-monnaie bien rempli, vous repasserez, car on ne trouve pas partout de l'huile d'olive venue directement de tel coin perdu de Sicile, des citrons caviar ou des aubergines de dix sortes différentes.
Et il vaut mieux aimer la cuisine méditerranéenne car les recettes proposées sont presque toutes composées de tomates, d'aubergines, d'anchois, de câpres et d'huile d'olive.
Cette bande dessinée m'a permis de découvrir Sonia Ezgulian, de saliver et de rire à de très nombreuses reprises.

Ce volume est le quatrième de la série ABAM (A boire et à manger, pour les habitués), et contrairement aux trois premiers, il est un peu plus difficile de définir l'auteur : je dirais que c'est plutôt une collaboration entre Guillaume Long et Sonia Ezgulian, le premier apportant ses dessins pleins d'humour et son expérience culinaire, et la seconde nous dévoilant son art, et je dirais même sa philosophie de la cuisine.
Sonia Ezgulian, qui participe à de nombreuses émissions culinaires, comme « On va déguster » sur France Inter, et qui a écrit beaucoup de livres et d'articles, nous fait entrer dans son monde de saveurs, avec une solide base de cuisine traditionnelle arménienne héritée de ses ancêtres, mais elle nous emmène aussi en Asie, en Italie, ou sur les Halles de Lyon pour y trouver des produits simples, originaux qui donnent aux préparations traditionnelles un cachet inimitable.
Ce n'est pas vraiment un livre de recettes, ou du moins pas pour moi car beaucoup de préparations demandent soit des ingrédients que j'aurai du mal à trouver dans ma région de Bresse, soit beaucoup de temps et de mitonnage … et là, je n'aurai pas la patience !
Mais ce n'est pas grave : ce que je retiens, c'est une conception de la cuisine familiale et traditionnelle, avec des recettes remontant sûrement à des siècles, et qu'on n'a pas besoin de modifier ou de « revisiter » tout simplement parce qu'elles sont délicieuses.
C'est comme le poulet de Bresse à la crème, accompagné de son gratin dauphinois, qui fait toujours partie des repas de fête, à la maison comme au restaurant, dans notre région.
Ces savoir-faire sont le reflet du mode de vie et des traditions de diverses parties du monde, c'est ce qui fait leur richesse.
Tout cela est pimenté par les dessins de Guillaume Long, toujours aussi … savoureux dans leur minimalisme.
Nous avons testé avec mon épouse les aubergines « Imam Bayildi », et c'est vraiment un régal (et en plus c'est un plat végétarien). Et il y a d'autres recettes, ainsi qu'un carnet d'adresses (dans lequel les lyonnais sont privilégiés…) pour trouver certains produits pas très courants.

Bon appétit !

Selon le bout par lequel je le prends, voilà un livre qui oscille entre 1 étoile et 5...

5 étoiles pour la convivialité, l'esprit de terroir, de racine qui dont chaque page est imprégnée. Cette dévotion au produit, à la tradition dans ce qu'elle a de meilleur, de porteur, de révélateur, d'essentiel. de ce point de vue, ce livre magnifie nos origines, mais aussi tout ce qui nous a construits... à l'instar des voyages au Japon ou au Vietnam d'où Ezgulian revient avec des idées sur les aubergines qu'elle va réinterpréter à sa manière. C'est incontournable, magnifique, essentiel (je l'ai déjà dit). Il y a un hymne à la joie, à la chère, à la vie, à la tolérance, à la curiosité, à l'Autre, au respect de soi et d'autrui, au respect des choses aussi.

3 étoiles pour ce qui est de la cuisine... Osons aussi dire que si les recettes sont alléchantes, il y a assez peu de chances pour que le lecteur lambda puisse les reproduire toutes dans leur intégralité. Je ne suis pas un débutant ni un cuisinier chevronné. Je me débrouille... Sur la vingtaine de recettes, je dois arriver à en faire une partie...

1 étoile pour la présentation, la structure et l'aspect BD... C'est navrant. On ne sent que très fugacement la connivence entre Ezgulian et Guillaume Long, l'auteur. Quelques touches d'humour assez poussives sur les horaires d'un dessinateur. Son côté hypocondriaque ou geignard. Bof. La BD n'apporte rien au propos... D'ailleurs, chaque petit gag/bref souvenir était introduit par deux pages qui racontaient mieux que tout l'épisode mis en images ensuite... et souvent de manière imparfaite. Bref, double emploi assuré.

Triple emploi d'ailleurs, dans la mesure où la BD présente la recette qui est réexpliquée en fin de volume. Navrant.

Je pense que l'on est passé à côté de quelque chose de très fort. Et je ne veut retenir de tout cela que cet hommage rendu à nos prédécesseurs, à tout ce qui nous a façonnés tels que nous sommes, à la curiosité face à l'inconnu et à l'amour de la vie.

En plongeant dans les souvenirs, dans le vécu d'Ezgulian, j'ai parfois eu l'impression de manger une madeleine... Rien que pour cela, je remercie les auteurs.

Dans ce quatrième et dernier tome de A boire et à manger, Guillaume Long partage l'écriture avec Sonia Ezgulian qui nous fait découvrir ses recettes fétiches et/ou préférées en nous racontant quelques tranches de vie, des rencontres et des coups de coeur.
De son côté, Guillaume Long se charge du dessin (et de la fondue). Il prend beaucoup de plaisir à se faire passer pour un imbécile, un tire-au-flan et un imposteur et c'est très drôle, je dois l'admettre.
J'ai beaucoup souri et j'ai beaucoup salivé..j'ai inscrit quelques unes des recettes, incluses dans la BD, au menu des semaines qui viennent.
Je regrette toutefois que ce tome soit aussi répétitif. Je ne vois pas l'intérêt de raconter une histoire de façon littéraire puis de la retranscrire ensuite de façon plus détaillée en BD... DE même, quel est l'intéret de faire une planche BD reprennant la recette et les ingrédients si c'est pour ensuite faire un recueil plus classique de ces mêmes recettes en fin de tome?
Mais bon, c'est malin, maintenant j'ai faim...

Pour le 4ᵉ Volume de « à boire et à manger », Guillaume Long change un peu de formule, et au lieu d'un pêle-mêle de délires d'un gastronome errant, cet opus s'axe sur la rencontre entre l'auteur et Sonia Ezgulian, chef d'un restaurant Lyonnais.
Si Guillaume Long ne peut s'empêcher ses petites pointes de folies (et c'est aussi ce que l'on aime), il nous emmène à la rencontre de Sonia Ezgulian qui nous livre, sur un ton plus posé, plus intimiste, quelques-unes des « clefs de voûte » édifiant son univers gastronomique, entre souvenirs d'enfance et rencontres actuelles, on l'y découvre un peu à chaque page, notamment par des textes qu'elle écrit à chaque début partie.
Le plaisir est toujours là à partager cette convivialité qu'on peut parfois (souvent) rencontrer dans un repas, et si le ton change, l'esprit reste là.
Une autre particularité de ce volume, en plus des recettes mise en scène par l'auteur de BD, est de proposer ces recettes et quelques autres évoquées dans les introductions de Sonia, sous une forme plus conventionnelle (une trentaine).
Un volume qui change de saveurs, mais qu'on déguste avec plaisir et qui reste distinct de l'intégrale qui vient de paraître en décembre 2021 !