Une jeune femme européenne, Anglaise, est retrouvée assassinée à Jérusalem, dans les quartiers arabes. Guy et Dany, franco-israéliens tous les deux, policier de l'état hébreux, se voient confier l'enquête. L'anglaise était employée dans une organisation internationale qui fait de la coopération avec la police Palestinienne à Ramallah. Quand le portrait de la victime circule dans l'espoir de rapidement l'identifier, Maïssa, capitaine de la police palestinienne, elle aussi à moitié française (enfin, c'est une façon de s'exprimer car être Palestinien, ce n'est pas reconnu en tant que nationalité), reconnaît l'une de ses meilleurs amies. L'ambiance dans la région est particulièrement chaude. Les relations entre Palestiniens et Israéliens sont des plus tendues, le pays est au bord d'une troisième intifada. Les extrémistes des deux bords prennent fait et cause dans cette affaire. C'est alors que l'enlèvement d'une coopératrice française a lieu à Ramallah. Cette victime est aussi l'amie de la policière palestinienne et de la jeune femme assassinée. C'est alors que la police palestinienne dont Maïssa et la police judiciaire d'Israel, dont nos inspecteurs Guy et David, doivent collaborer ensembles. Les services secrets israéliens tentent de récupérer l'affaire avec leur méthodes radicales, le climat politique et religieux s'épaissit encore dans cette région du monde qui reste une poudrière.
Pour connaître la région, l'accueil glacial à Tel-Aviv quand je dois me rendre à Ramallah, les Check-points, la ville de Ramallah, Jérusalem, un peu la Palestine et la mer morte pour y faire de temps à autre de la coopération, je dois dire que l'auteur nous plonge dans un monde réaliste, qu'il connait merveilleusement la région et que ses descriptions des lieux et de la vie qui s'y déroule sont époustouflantes, criantes de vérité et d'actualité. L'exploit de l'auteur est de savoir conserver malgré tout une certaine neutralité, ce que je crois ne plus savoir faire quand je parle de la Palestine. le style est fluide, rythmé, sans accroche. le suspens est étouffant, sans temps mort, riche en rebondissement jusqu'à la dernière ligne. En plus des descriptions d'un hyperréalisme, l'histoire vous entraîne, vous aspire. Les personnages ne sont pas trop nombreux, ce qui nous permet de ne pas perdre le fil. Les Israéliens et les Palestiniens ont tout deux leurs méchants et leurs gentils, ce qui équilibre le récit. Les caractères des personnages sont bien tranchés, parfois, une pointe d'humour vient alléger l'ambiance lourde du récit. L'auteur nous offre une histoire passionnante, sans longueur inutile, bien ficelée et bien écrite. Un roman noir, politique, écrit à l'encre de sang et plus que jamais dans l'actualité. Ce livre peut également nous éclairer un peu sur les problèmes récurrents de Cisjordanie et d'Israel. Bref, un livre qu'il ne faut pas rater, qui mérite cinq étoile.
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Au niveau du premier étage, de longues toiles plastifiées doublées de filets à mailles serrées cachaient la vue sur la ruelle où commerçaient les Arabes : les restes du bazar traditionnel. —Ils ont peur qu’on saute ? Son compagnon lui répondit d’un rire. —Non, c’est pour les Bougnoules en bas. Ils veulent se protéger. On a essayé de les faire dégager de là en jetant des ordures, ou des eaux de vaisselle, voire mieux... Et la municipalité les a protégés comme ça. Ce sont des animaux, après tout, ils méritent bien un filet de protection, conclut-il d’un rire presque heureux.
Lors de sa construction, le mur de protection érigé par l’État hébreu pour délimiter zones arabes et juives avait opportunément épousé le contour de cette nouvelle enclave pour l’englober dans le territoire israélien. Un vol de quelques kilomètres carrés, récupérés sur les accords d’Oslo, une philosophie du « pas vu pas pris » assez coutumière, et destinée à assurer au gouvernement des électeurs en plus. Le genre d’action qui donnait raison aux colons, en leur prouvant qu’il n’y avait pas de petite lutte et que chaque mètre carré gagné était une victoire sur le camp opposé.
On ne sera jamais capable de vivre en bonne intelligence. Dans ce pays , il n'y a pas un mètre carré qui n'a pas été foulé par les babouches d'un prophète ou d'un de ses fidèles . Et chaque communauté veut se l'approprier, comme étant un héritage divin. C'est la raison de cet éternel combat.
Sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, le Dôme du Rocher resplendissait de tout son or sous le soleil. Plus bas : le mur des Lamentation. Et plus à l’ouest : le Saint-Sépulcre. La cité –de moins d’un kilomètre carré –focalisait les trois grandes religions monothéistes, excitait les convoitises et semblait se nourrir du sang de ses habitants, prompts à le verser pour défendre croyances et racines.
Comme tous les célibataires, Fahrid logeait chez papa et maman... En Palestine, l’oiseau ne quitte le nid que s’il fonde le sien.
Dans cet épisode, c'est Annaïk, libraire au rayon polar de Dialogues, qui nous partage ses coups de coeur de la rentrée.
Bibliographie :
- le Tableau du peintre juif, de Benoît Séverac (éd. Manufacture de livres)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20654028-le-tableau-du-peintre-juif-benoit-severac-manufacture-de-livres
- L'Or vert du Sangha, de Pierre Pouchairet (éd. Filatures)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20911097-l-or-vert-du-sangha-pierre-pouchairet-filatures
- cupidité, de Deon Meyer (éd. Gallimard)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310372-cupidite-deon-meyer-gallimard
- Les Sentiers obscurs de Karachi, d'Olivier Truc (éd. Métailié)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/21362642-les-sentiers-obscurs-de-karachi-truc-anne-marie-metailie
- Obscuritas , de David Lagercrantz (éd. HarperCollins)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/21401049-obscuritas-le-nouveau-polar-nordique-de-david--david-lagercrantz-harpercollins
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