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13 à table ! tome 4 sur 10
EAN : 9782266279529
336 pages
Pocket (02/11/2017)
3.64/5   322 notes
Résumé :
Ouvrage collectif

Treize nouvelles sur le thème de l'amitié écrites à la demande de l'association Les Restaurants du Cœur par des écrivains français tels que Françoise Bourdin, Michel Bussi, Maxime Chattam, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, François d'Epenoux ou Eric Giacometti.
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Critiques, Analyses et Avis (97) Voir plus Ajouter une critique
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sur 322 notes

"L'amitié demande beaucoup d'efforts, elle exige surtout de savoir offrir ce qu'on a de plus cher : du temps !"
Catherine Deneuve. 

L'amitié est le thème qui a été choisi pour ce nouveau millésime 2018 du recueil 13 à table ! dans lequel on retrouve tant les auteurs fidèles à chacune ou presque des éditions ( Maxime Chattam, Françoise Bourdin, Karine Giébel, Romain Puértolas ... ) que de nouveaux visages venus se joindre à ce beau projet caritatif ( Leïla Slimani, Marcus Malte ou encore Christian Jacq ... ). 
L'amitié, chacun en a sa définition. Pour certains, le mot n'a pas d'autre signification que connaissance ( pourquoi appeler "amis" les deux cents liens ou plus que nous avons sur facebook ? ), mais les amis réels se comptent le plus souvent sur les doigts d'une main. 
Ce sont ceux avec qui on partage réciproquement nos bonheurs et davantage encore nos soucis, ceux qui restent présents même en cas de coup dur. 
Ceux avec qui on a créé un lien parfois plus inaltérable que l'amour.
En tout cas c'est à ce genre d'amitié que se sont intéressés les auteurs, rivalisant d'ingéniosité et d'imagination pour nous offrir des nouvelles uniques en leur genre. 

A part peut-être Romain Puértolas, qui ne fait jamais rien comme tout le monde. 
"Oui, le stylo était le meilleur ami de l'écrivain."
Dans "L'incroyable stylo Bic quatre couleurs de Benjamin Bloom", le personnage principal est un romancier à succès qui refusera de participer à la séance de dédicaces à laquelle il était convié à Berlin parce qu'il a perdu son crayon fétiche. Parallèlement, le lecteur pourra suivre le parcours original de ce fameux Bic quatre couleurs d'un caniveau allemand jusqu'à la Maison Blanche. Totalement barré comme à son habitude, l'auteur de Tout un été sans facebook nous offre donc les pérégrinations d'un stylo à bille. Mais au travers de son humour, un message est délivré et relate les préoccupations de chacun au vu de la puissance de certains dirigeants mondiaux actuels potentiellement dangereux. 

Original, Marcus Malte l'est également. Dans un court poème de deux pages, "Bande décimée", le narrateur se souvient de tous ses amis désormais décédés et semble désormais attendre son tour. 

Dans "L'escalier", c'est d'amitié intergénérationnelle dont va nous parler Karine Giébel dans un texte très fort et très touchant, comme à son habitude. En effet, elle nous parle d'un jeune garçon de huit ans, Mahdi, d'origine franco-malienne, qui tous les soirs se retrouve dans l'escalier de son immeuble à faire ses devoirs dans la pénombre en attendant le retour de ses parents. Sa mère fait de longues journées de ménage tandis que son père prétend chercher un emploi. Jusqu'au jour où Madeleine Thibault, une vieille voisine de quatre-vingt-cinq ans, lui ouvrira sa porte. 
S'en suivra une intense complicité entre deux personnes que tout semblait opposer, unis également par les tragédies respectives de leur vie. 
Une nouvelle réellement émouvante, profonde, durant laquelle on espère que cette fois, Karine Giébel résistera à son habitude de rédiger une conclusion noire tant les deux personnages ont déjà été abîmés par la vie et tant ils ont à s'apporter mutuellement. 

Fidèle aux Egyptiens, Christan Jacq va quant à lui rédiger plusieurs petits textes historiques dans "Amitiés égyptiennes", dans lesquels il mentionnera les plus belles ou les plus marquantes amitiés antiques, comme celle entre le pharaon Djéser et son maître d'oeuvre Imhotep ou entre Hatchepsout et son administrateur et précepteur Senenmout. Mais mis à part démontrer que la notion d'amitié existait bien des siècles avant Jésus Christ, j'ai trouvé ces anecdotes complexes de par un vocabulaire et des coutumes avec lesquels je n'étais pas assez familier.

Eric Giacometti et Jacques Ravenne semblent quant à eux évoquer leur propre amitié dans "Best-seller". En effet, les célèbres auteurs de la série mettant en scène le commissaire de police et franc-maçon Antoine Marcas ont imaginé une intrigue dans laquelle deux coauteurs, Adrien Rosquen ( qui s'occupe de la ligne narrative historique ) et Pierre Giletti ( qui rédige quant à lui la partie contemporaine ) seraient peut-être impliqués dans le meurtre de leur éditrice. Morte par strangulation, le noeud coulant qui a été utilisé date de deux siècles et sa fabrication est justement mentionné dans leur dernier livre commun. 
J'ai trouvé très originale cette idée de se projeter ainsi en incarnant ces deux personnages amis, tels qu'ils doivent l'être dans la réalité, comme un clin d'oeil à leur propre complicité. 
A noter aussi qu'ils évoquent beaucoup le monde éditorial ( et l'égratignent quelque peu au passage ), rappelant notamment que ce sont les gros auteurs qui permettent à de plus modestes d'être publiés à leur tour.

L'amitié à distance est celle qui est évoquée par Michel Bussi dans sa nouvelle "Je suis Li Wei". A Fécamps, Abby - quatorze ans - reçoit un courriel énigmatique fait d'idéogrammes mandarins qu'elle va se décider à traduire. Une étrange correspondance va alors voir le jour entre Abby et Li Wei, une jeune chinoise habitant Suzhou, dans le sud de la Chine. 
Abby est surprise par son interlocutrice qui évoque une guerre avec des millions de morts, ou sa vie dans une cave en compagnie d'autres femmes, les hommes étant partis combattre.
Si un tel carnage avait lieu à l'autre bout du monde, n'en n'aurait-elle pas entendu parler ? 
Et pourtant tout sonne tellement vrai dans les messages qu'elle reçoit. 
"Pas la peine de vous mettre en danger pour une petite chinoise qui va bientôt mourir."
Avec Michel Bussi, c'est souvent difficile de voir venir les twists dont il a le secret. 

L'ami est le dernier espoir de l'excellente nouvelle de Maxime Chattam, "L'anomalie". le narrateur, Olivier Trefoe, évolue dans un monde futuriste où les machines semblent au commande. A l'ère du tout numérique, il se demande même si les livres "papier" ne vont pas bientôt être interdits. Et son cauchemar peut alors commencer. 
Après sa journée de travail, il s'apprête à rentrer chez lui à Blairville par le train, mais cette ville est inconnue. Il appelle alors sa femme pour lui expliquer la situation : le numéro n'est pas attribué. 
"On lui volait son existence."
Petite incursion de Chattam dans la science-fiction ? Pure paranoïa ? Machination ? 
C'est Thomas, le vieil ami d'Olivier, qui détient la clef de l'énigme. 

Vous souvenez-vous de l'histoire qu'Agnès Martin-Lugand avait rédigé dans le précédent volume ? Dans "Merci la maîtresse", elle avait évoqué deux parents d'élève amenés à collaborer pour faire le goûter d'anniversaire de leur enfant lors du dernier jour d'école. Après des débuts houleux, une tendresse respective avait lié Eric et Sophia, qui en étaient restés là de par leur situation maritale. Eh bien dans "Le monde est petit", l'auteure rédige la suite de ce premier récit, qui va se dérouler quelques années plus tard. On retrouve Sophia, divorcée, ses amis lui ayant tourné le dos à l'exception d'un couple .... qui fera son maximum pour jouer les entremetteurs entre Eric et elle. 

Et que penser de l'ami(e) qui se rapproche un peu trop du conjoint ? 
C'est ce que va explorer Françoise Bourdin dans "Tant d'amitié" qui évoque un couple de restaurateurs à Cabourg : Max et Céline. 
Max commence à avoir des doutes sur les liens que son épouse entretient avec son meilleur ami Adrien. Pourquoi a-t-elle si souvent le sourire aux lèvres ? Où s'en va-t-elle quand elle s'absente si régulièrement ? de qui sont tous ces sms qu'elle reçoit ? 
"Cinq ans de mariage et vingt-cinq ans d'amitié balayés par un adultère à la sauvette. Quelle pitié !"
Mais Max a-t-il réellement bien interprété les signes ? 
Quant à Adélaïde de Clermont-Tonnerre, elle prend ce sujet à contrepied en se demandant si on peut rester amie avec la femme qui a épousé son ex-mari. 
Dans son texte intitulé "Mon cher cauchemar" a d'abord lieu l'enterrement de Jean-Marc d'Apremont, évènement auquel assistent son épouse Catherine et leurs deux enfants, ainsi que sa première femme Irina Volkanski, célèbre actrice. Les funérailles sont encore plus émouvantes lorsque les deux femmes se rapprochent lors de la mise en terre de l'homme qu'elles auront toutes deux aimé, elles qui avaient autrefois été amies. 
Elles se reverront pour évoquer le passé et leurs rancoeurs respectives. 
"Ton fantôme a plané vingt ans sur nous."
Le pardon est-il encore possible ? 

Et puis parfois, l'amitié a une fin. Elle n'est pas toujours éternelle mais c'est comme une rupture et la fin peut être douloureuse. 
J'ai beaucoup aimé l'introduction du texte d'Alexandra Lapierre, "Pyrolise", qui est un beau clin d'oeil au recueil :
"En ce soir de novembre 2017, nous nous retrouvions à treize filles autour de la table."
La quatorzième, Sophie, était la meilleure amie de Claudine. Et elle ne donne plus signe de vie. 
C'est Claudine qui va raconter comment est né leur rapprochement, alors que tout les opposait. En effet, Sophie était belle, riche, intelligente : Tout l'inverse de Claudine issue d'un milieu plus modeste. Et pourtant, Sophie va être irresponsable à plus d'un titre et c'est son amie qui va lui venir en aide jusqu'au jour où un incident viendra définitivement briser un lien déjà devenu fragile. 
Leïla Slimani a quant à elle rédigé "Zina", une histoire très triste d'amitié brisée. Lorsqu'elles avaient quinze ans, la narratrice et Zina étaient très proches. Elles vivaient à Casablanca au Maroc et étaient d'inséparables amies. 
Mais le temps et la distance sont venus s'en mêler. 
Aujourd'hui, à Paris, il n'y a plus vraiment de place pour Zina qui est venue rendre une visite surprise à son amie, devenue étudiante. 
"Et j'étais furieuse contre elle car elle éveillait en moi des sentiments laids et mesquins. J'avais honte de ma propre honte."
"Ce qui, chez elle, me fascinait quand nous avions quinze ans me paraissait désormais triste et inconsistant."
C'est ce texte fort de la récente lauréate du Goncourt qui conclue le recueil. 
Enfin, il me reste à évoquer la nouvelle de François d'Epenoux intitulée "Oeil pour oeil" où l'amitié a littéralement laissé place à la haine. Paul a la vue complétement déformée depuis que son ami de CM2 Frédéric l'a opéré au laser de sa myopie.
"C'est une bouillie de lumières, de flashs, de halos."
Mais à chacune des consultations, l'ophtalmologue Frédéric prétend que tout est normal et n'accorde pas plus de temps à son camarade qu'à un patient lambda. 
Mais depuis, la vie de Paul va de désastre en désastre ( "Je suis devenu irascible, irritable, odieux. Triste." ) et il semble déterminé à se venger pour tout le mal qu'il a subi. 
Jusqu'où ira-t-il ? 

A nouveau, je ne peux conclure qu'en faisant l'apologie de cette anthologie 2018 de 13 à table ! Pour l'initiative qui a encore de beaux jours devant elle je pense, pour tous les auteurs de renommée qui n'hésitent pas à s'investir pour écrire des nouvelles de qualité ( et c'est d'ailleurs ainsi que j'en ai découverts quelques uns par le passé ) et pour m'avoir redonné ne serait-ce que provisoirement le goût de lire : les treize nouvelles se dévorent véritablement. 

Bien sûr quelques histoires ne me laisseront pas de souvenir impérissable, mais il n'y en n'a pas de réellement mauvaise et au contraire, une majorité laissera son empreinte de par sa chute, la justesse de son analyse ou ses réflexions. Comme chaque année le thème est respecté mais avec des teintes très différentes à chaque fois, et des genres très divers ( c'est souvent l'occasion d'ailleurs pour les écrivains de sortir de leur terrain de prédilection ) passant de la littérature dite générale au thriller, à l'histoire,à l'humour ou à la poésie. 
Bonne lecture à tous !

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Une critique courte, pour vous inciter à acheter ce livre, ce recueil de nouvelles. Comme vous l'avez déjà fait les années précédentes, ou pour la première fois. Pour soutenir les Restos du Coeur et leur cause généreuse, et pour lire des nouvelles très diverses.
Si certaines nouvelles sont un peu noires ou amères, j'ai trouvé l'ensemble plus réussi et moins triste que les années précédentes, j'ai aussi trouvé que la plupart des nouvelles avait su respecter le thème choisi pour cette année : l'amitié. J'ai aimé "Je suis Li Wei" de Michel Bussi, "L'Anomalie" de Maxime Chattam. "Mon cher cauchemar" d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre et "L'Escalier" de Karine Giebel ont aussi su me toucher.
Bonne lecture
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13 à table pour l'édition 2018.
13 à X claviers et Y crayons pour 12 nouvelles variées autour d'1 thème : l'amitié.

Sachant que :
- 4 auteurs ne sont pas sortis de leur registre habituel, certains pour le meilleur, d'autres pour le pire
- il y en a 3 ou 4 que je ne connais pas suffisamment pour savoir s'ils se sont aventurés hors de 'leur zone de confort' comme on dit
- 1 m'a agréablement suprise sans tomber dans la déconne relou auquel il nous a accoutumés
- 1, qui y va d'habitude à la louche côté violence, m'a émue aux larmes avec une belle histoire d'amitié entre générations
- 1 a fait joliment d'1 pierre 2 coups en évoquant à la fois l'amitié et l'indifférence des médias (et donc de l'opinion publique) à l'égard des drames lointains
- 1 est parfaitement en phase avec la cause servie par cet ouvrage, évoquant le triste sort des démunis et des exclus
- parmi ces 12 histoires, il y a du polar, de l'Histoire, de l'eau de rose, des trahisons, de la vengeance qui pourrait bien faire mal aux 2 n'oeils, des surprises, du convenu...

-> calculez combien de ces nouvelles vont vous plaire.
Hé hé, exercice ardu, puisque je n'ai pas donné de noms, et même si je ne pratique pas l'écriture inclusive. Des chiffres, rien que des chiffres ! 😏

Pour moi, c'est 7/12, et le compte est très bon.

Et sinon, 1 livre acheté (5 €) = 4 repas distribués.
C'est pas énorme, en fait, on a vu mieux dans la multiplication des pains : s'adresser directement à www.restosducoeur.org pour savoir quel petit geste on peut faire...
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Je découvre avec plaisir le cru 2018, et salue encore cette belle initiative...

Le thème est cette fois l'amitié :" Existe-t-il plus grand bonheur que de trouver des amis avec qui on partage le souffle comme le destin?" Au début de sa nouvelle ,Christian Jacq évoque ainsi une citation de Carl Spitteler, un poète suisse. Jolie définition ,en effet.

Chaque auteur développe ce thème si consensuel, à sa façon. Et comme d'habitude, l'ensemble se révèle très varié ...et inégal!

Pas d'inventaire, non. J'irai à l'essentiel, quant à mon ressenti.

Deux nouvelles m'ont particulièrement plu. Gros coup de coeur d'abord pour " L'escalier" de Karin Giebel. Une émotion très forte m'a saisie à la lecture de ce beau et improbable lien d'amitié qui se tisse entre Madhi, petit métis de huit ans, en manque d'affection ,et sa vieille voisine, Madeleine, minée par la perte et le chagrin. Tout sonne juste dans cette histoire, magnifique d'humanité et de tendresse.

J'ai beaucoup apprécié aussi le texte de Romain Puertolas " L'incroyable stylo bic quatre couleurs". L'amitié se révèle ici exister entre un écrivain...et son stylo! La perte de celui-ci entraînera le lecteur dans une série d'aventures très drôles, où le stylo si précieux passe de mains en mains ...mais je vous laisse découvrir ces péripéties où Donald Trump finit par " décoiffer sa houppette blonde" Eh oui!

Certaines nouvelles ont également des chutes inattendues, comme " Tant d'amitié" de Françoise Bourdin ou " Best-seller" de Giacometti et Ravenne.

Deux histoires sont d'une émotion poignante et vibrante:" Je suis Li Wei" de Michel Bussi et " Zinna" de Leïla Slimani.

Pour les autres, j'ai un peu moins accroché, et n'ai pas aimé du tout ( c'était prévisible, le seul livre que j'ai lu d'elle est du même genre) la nouvelle mièvre et convenue d'Agnès Martin-Lugand.

Mais qu'importe! Ce qui compte, c'est bien que l'écriture s'associe à un collectif de solidarité ! L'écriture au coeur de la vie et de ses difficultés, au coeur de la société et du désir d'entraide!

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13 à table! Ou comment concilier le plaisir des livres et une bonne action. Pour quatre repas distribués par les Restos du Coeur, on a la joie de découvrir réunis Michel Bussi, Leïla Slimani, le duo Ravenne-Giacometti, Françoise Bourdin et bien d'autres.

Le recueil 2018 porte comme thème l'amitié. Elle est mitonnée à diverses sauces dont certaines se révèlent piquantes, aigres-douces voire totalement amères. J'ai rencontré quelques plumes pour la première fois avec ce collectif. Notamment Françoise Bourdin ou encore Adélaïde de Clermont-Tonnerre, dont j'ai infiniment apprécié son récit sur deux rivales en amour ex grandes amies réunies autour du cercueil de l'homme aimé. Une écriture fine où l'ironie se taille une jolie part. Et une chute très sensible.

Mais ma plus grande - et belle - surprise fut avec L'Escalier de Karine Giébel. Une histoire tres différente et à contre-emploi de son genre habituel. Mais le même brio pour se fondre dans la peau du jeune Mahdi, huit ans, de mère malienne et de père français. le même talent pour raconter l'improbable amitié avec Madeleine, quatre-vingt-cinq ans. C'est beau, raconté avec beaucoup de finesse et de véracité. Et, surtout, quelle émotion est véhiculée par son texte! C'est vraiment mon coup de coeur en plus d'un coup au coeur.

Comme dans nombre de recueils collectifs, on en trouve pour tous les goûts. J'ai adhéré à certains récits. Moins à d'autres (la bluette sentimentale de Agnès Martin-Lugand surtout). C'est également un bon moyen de sortir de ma zone de confort littéraire, aussi large soit-elle, pour m'essayer à des auteurs vers lesquels je ne serais pas forcément allée. Notamment Mme de Clermont-Tonnerre, que je compte bien découvrir un peu plus. Ou Marcus Malte dont le récit sous forme de court poème m'a joliment marquée.

En résumé : cinq euros, une petite bonne action, quelques heures d'agréable lecture et des découvertes. Comment résister?
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
C'est étrange les actualités, tu sais, ici. S'il y a un mort en France, ou même juste un blessé, dans un attentat par exemple, ça va faire la une de tous les journaux. En boucle ! Si l'attentat a lieu en Europe, ou aux Etats-Unis, on en parlera énormément aussi. Mais si une bombe explose sur un marché en Afrique, si des terroristes tirent à la mitraillette dans des écoles en Irak, ou si des filles qui cousent des robes sublimes doivent se réfugier dans des caves en Chine, personne n'en sait rien. Ou juste une seconde. 78 morts. Hommes femmes enfants, dans l'explosion d'un hôpital au Pakistan. Passons au sport maintenant.
Parfois, je me dis que c'est étrange qu'un mort, quelqu'un qu'on ne connaît pas, je veux dire, nous rende triste s'il habite près de chez nous, et que sinon, ben, on s'en fout. Parfois je me dis que c'est ça qui explique les guerres. Que quand on ressentira la même tristesse pour tous les morts du monde, alors, on aura fait un grand pas vers la paix.

Michel Bussi - Je suis Li Wei
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[Chez nous] c'est un petit appartement avec une seule chambre, celle de mes parents. Moi, je dors dans le salon, sur un lit pliant. Je n'ai pas de bureau, encore moins d'ordinateur. Mes copains, à l'école, se foutent de moi parce que je n'ai ni portable, ni Internet. Mes parents sont pauvres et parfois, je les déteste pour ça. Simplement pour ça... C'est stupide et injuste, je sais. Parce qu'on ne choisit pas d'être pauvre et que mes parents auraient sans doute préféré se vautrer dans le luxe et se la couler douce. Alors, quand ces mauvaises pensées m'envahissent la tête, j'embrasse ma mère un peu plus fort, comme pour me faire pardonner cette faute qu'elle ignore.
(p. 160-161)
'L'escalier', Karine Giebel
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L'autre jour, j'ai demandé à mon père comment on faisait pour se trouver des amis. Il m'a répondu qu'il n'y avait pas de réponse à ma question. Que l'amitié était comme l'amour : une question sans réponse.
- Et toi, papa, tu as des amis ? ai-je demandé.
- J'en ai eu. Mais je n'en ai plus.
- Pourquoi ?
- Parce que je n'ai pas su les garder.
Après ça, il est parti dans son ailleurs et a avalé un grand verre de son ignoble whisky. Et j'ai vu une larme rouler sur sa joue.
- Je n'ai pas su les protéger, a-t-il murmuré.
(p. 174-175)

• 'L'escalier', Karine Giebel
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Il fouilla dans ses poches toujours encombrées de bêtises pour en extraire son vieux téléphone portable. Lui n'avait pas cédé aux sirènes de la technologie esclavagiste, celle-là même qui produisait des moutons prêts à travailler durement chaque journée pour avoir le droit de reverser leur salaire à cette déesse capricieuse et changeante, exigeant toujours plus, toujours mieux. Le sien de portable fonctionnait à peine, une antiquité.
(p. 58)

• 'L'Anomalie', Maxime Chattam
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Tu sais, j'ai parlé de toi à ma meilleur amie, ma meilleur amie d'ici je veux dire. Ambre. Tu ne m'en veux pas ? Enfin si, tu peux m'en vouloir parce qu'elle m'a servi en retour une méga leçon de morale. Du genre de ne pas engager de conversation sur Internet avec un inconnu, que tu n'étais peut-être pas une fille, peut-être même pas chinoise, juste un barbu qui habite dans le quartier, ou en Arabie, et qui cherche à m'embobiner d'abord, puis à me radicaliser ensuite. Les gens sont tous fous avec ça ici ! Dès que t'es un peu solitaire, gentille, naïve... t'es une cible potentielle ! A croire qu'on devrait tous se balader en troupeau, rester groupés à brouter la même herbe avec les mêmes têtes de veau. De toute façon, ton message vient de Chine, pas de Syrie ou de Libye, et je ne sais même pas s'il y a des musulmans en Chine... et puis je ne crois pas que l'islam soit la seule excuse au monde que les gens ont trouvés pour s'entretuer.

Je suis Li Wei, Michel Bussi.
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