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EAN : 9782490098064
396 pages
Les Éditions Inspire (09/11/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Et si la Révolution Française n'avait pas été provoquée par le début des États généraux mais par les manifestations populaires ayant eu lieu à la suite du massacre du boulevard Saint-Antoine ? Y aurait-il eu un complot pour compromettre la réussite de ces États généraux et le roi lui-même ? Qui en serait l'instigateur ? 19 avril 1789, rue Cassette. Un couple est sauvagement assassiné. L'enquête est menée par le lieutenant général de la ville de Paris lui-même. Pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"1789, l'été de sang" est un roman policier historique de Frédéric Michelet, adapté de sa pièce de théâtre "1789 secondes". Passionné d'histoire, cet écrivain, mais aussi metteur en scène et comédien, nous plonge en 1789, non pas au coeur de la Révolution française comme nombre d'autres romans historiques déjà publiés, mais quelques mois avant, à la fin avril.

Car là se trouve l'une des originalités de ce roman, celle de s'interroger sur l'événement déclencheur de la Révolution française. La réunion des États généraux comme on a coutume de le penser ? Et si l'origine de la Révolution était plutôt à chercher du côté des émeutes populaires du boulevard Saint-Antoine des 28 et 29 avril et de la répression qui en résulta ? Et si, comme certains historiens l'ont supposé, le duc d'Orléans était à l'origine de ces émeutes afin d'abattre le pouvoir en place ? C'est par le prisme d'une enquête policière que Frédéric Michelet développe ces deux hypothèses, laquelle se déroule entre le 19 avril et la nuit du 4 août 1789.


L'intrigue
Depuis le décès de ses parents, Joseph Beyraud a repris la direction de l'atelier de joaillerie de son père, même s'il préfère de loin son métier de portraitiste. Marqué par le décès accidentel de son épouse, il s'est enfermé dans une certaine solitude, menant une vie calme et plutôt monotone, tentant de résorber les dettes de l'atelier.

Mais sa vie se trouve bouleversée le jour où il apprend que sa soeur Anne et son beau-frère Jacques Henri Lantelme, un riche avocat, ont été assassinés à leur domicile parisien. Une soeur qu'il ne voyait plus guère, ne pouvant supporter l'attitude méprisante, arrogante et cynique de son beau-frère ainsi que l'éducation "à la dure" qu'il donnait à sa fille Marie-Louise, devenue elle-même hautaine et capricieuse.

Lorsqu'il s'aperçoit que les plus hautes sphères du pouvoir s'intéressent au plus près à ces assassinats et sont à la recherche d'un coffret contenant des lettres et des billets à ordre, Joseph comprend alors qu'il ne s'agit pas d'une simple affaire de maraudeur qui a mal tourné et que sa nièce, seule survivante et témoin du carnage, court un grand danger. En effet, nombreux sont ceux qui souhaitent mettre la main sur cette jeune fille. Et c'est sans compter sur la rapacité de son odieux et rustre oncle paternel qui aimerait bien récupérer l'héritage de Marie-Louise. Joseph prend alors son courage à deux mains et décide de garder avec lui sa nièce et de s'en occuper. Même si Marie-Louise fait preuve d'un caractère pour le moins difficile, Joseph va tout faire pour la protéger et retrouver les meurtriers de ses parents, quitte à mettre sa vie en danger et à la voir totalement bouleversée...


La Révolution vécue par le peuple
L'intrigue, qui débute le 19 avril 1789, soit peu de temps avant les émeutes populaires parisiennes et la convocation des États généraux, s'inscrit très bien dans ce contexte pré-révolutionnaire agité, tendu et électrique où l'on sent que le moindre feu de paille peut conduire à un embrasement immédiat.

En décrivant de manière minutieuse et très sensible les événements tels qu'ils ont été vécus par le peuple et non par la Cour par le biais de son narrateur, Joseph, Frédéric Michelet parvient à nous faire ressentir la souffrance, la colère et l'exaspération du peuple, mais aussi son espoir en la naissance d'une société plus juste. Non, nous ne sommes ni à Versailles ni au Louvre, non nous ne rencontrons ni Louis XVI ni Marie-Antoinette, ici il n'est question que du peuple et de ses représentants (Mirabeau, Robespierre, etc.). Aux côtés de Joseph, on chemine dans Paris, on découvre la vie quotidienne des habitants de la ville, qui peinent à trouver de quoi manger en pleine crise économique, et par contraste celle des nobles, qui semblent totalement hermétiques à la souffrance exprimée par ceux qu'ils côtoient. Ces différences entre classes sociales sont perceptibles de manière claire dès le début du roman lorsque Marie-Louise rencontre son oncle et est amenée à vivre chez lui, le décalage est flagrant !

On est au coeur même des événements puisqu'on entre également dans les salons où se réunissent les révolutionnaires, on découvre les idées débattues, les causes défendues, notamment celle des femmes, combat parfaitement illustré par le personnage de Lucile qui bouscule pas mal les idées toutes faites de Joseph !
Et l'on assiste aux émeutes populaires du boulevard Saint-Antoine des 28 et 29 avril où Joseph et Marie-Louise risquent de perdre la vie. Tout est précisément documenté, ainsi qu'en témoignent la note de l'auteur et la bibliographie situées en fin de roman.


Une intrigue qui tarde à démarrer...
Aujourd'hui, tout un chacun a accès facilement à de nombreuses activités, toutes aussi passionnantes les unes que les autres, la concurrence est donc rude. Et je ne parle même pas du nombre de romans publiés annuellement par les éditeurs ! Aussi a-t-on coutume de dire qu'il faut "accrocher" très vite le lecteur pour qu'il ne lâche plus le roman.

Malheureusement, en tentant d'installer dès les premières pages ses personnages principaux, leur caractère, leur psychologie et les relations qu'ils entretiennent entre eux, l'auteur a produit l'effet inverse : d'une part, je me suis demandé si j'étais vraiment dans un roman policier historique ou bien une romance historique et, surtout, les premières pages sont lentes, beaucoup trop lentes... et cela dure environ trente pages ! L'idée de jouer sur la chronologie est intéressante – on fait la rencontre des personnages quelques jours après le drame –, mais comme l'on ignore tout de la situation et que la présentation est extrêmement longue (et trop mièvre à mon goût), ces premiers chapitres sont comme déconnectés du reste du roman et l'on ne comprend pas le pourquoi du comment, d'où une sensation d'incompréhension, un brin d'impatience et l'envie de sauter des pages. Et je dois avouer que c'est dans ces premiers chapitres – et uniquement là – que certaines tournures de phrases m'ont décontenancée et ont rendu ma lecture plus difficile, plus heurtée ; vous allez tout de suite comprendre : "– Je n'ai plus faim, elle a lancé." Il aurait été plus léger d'inverser le sujet et le verbe, et d'écrire "– Je n'ai plus faim, lança-t-elle." Dans cet exemple comme dans le suivant, l'usage du passé composé en lieu et place du passé simple est vraiment gênant : ainsi, au lieu de "Surprise, Marie-Louise a poussé un petit cri aigu et s'est réfugiée auprès de moi", j'aurais plutôt écrit "Surprise, Marie-Louise poussa un petit aigu et se réfugia auprès de moi".

Au bout de cette trentaine de pages, l'intrigue se met enfin en place, des images bien plus nettes se forment dans l'imaginaire du lecteur et le suspense est maintenu jusqu'à la fin du roman, alternant des phases intenses et d'autres plus calmes permettant d'explorer certaines thématiques (place de la femme dans la société, contexte économique, psychologie des personnages, etc.). Tout au long de ma lecture, j'avais tellement peur que Joseph se fasse berner et souffre que je n'ai pas pu m'empêcher de me méfier de pratiquement tous les personnages, y compris ceux qui semblaient sincères et honnêtes, comme Lucile.


Une attention portée aux personnages et à leurs interactions
Si le décor est soigneusement planté, les personnages ne sont pas en reste : l'auteur a pris beaucoup de soin à installer ses personnages, à les caractériser, à les individualiser, nous montrant leurs forces et leurs faiblesses, leurs certitudes et leurs hésitations. Grâce à un suivi très fin de leur psychologie, on est témoin des bouleversements engendrés par les événements et les troubles qui y ont associés sur les différents personnages : certains personnages, plutôt effacés et soumis, font faire preuve d'un grand courage, d'autres vont se dévoiler sous un mauvais jour, d'autres enfin vont gagner en maturité, tous vont être marqués par les événements révolutionnaires et en sortiront changés, en bien ou en mal.

Le cas le plus évident est celui de la jeune Marie-Louise : enfant capricieuse, méprisante et désagréable au début du roman, surtout avec Joseph, habituée à vivre dans l'aisance, elle s'adoucit au fur et à mesure que le temps avance et qu'elle s'ouvre au monde et aux autres : dans ce roman, elle représente l'espoir, l'espoir d'une société égalitaire dans laquelle le système des classes sociales de l'Ancien Régime aura disparu.

Face à elle, le narrateur, Joseph Beyraud, portraitiste et propriétaire d'un atelier de joaillerie qui croule sous les dettes. Menant une vie plutôt retirée depuis le décès de sa femme, il se retrouve plongé du jour au lendemain dans une histoire dramatique et dangereuse avec une nièce épouvantable en prime ! Beaucoup d'émotions à la clé pour ce personnage seul et démuni qui perd ses repères, qui doute de ses convictions, de ses choix, de ses sentiments... Entre une nièce exécrable, un oncle violent et tenace, des dettes à éponger, une boutique à tenir, des hommes qui en veulent à sa vie et à celle de sa nièce, des émois amoureux incertains, notre pauvre Joseph ne sait plus où donner de la tête ! Et il n'était en tout cas pas prêt à endosser le rôle de "père" auprès de sa nièce, d'autant que celle-ci ne vient pas du même milieu. Les deux personnages vont se jauger, se tester, se donner des coups de griffes, puis finiront par s'apprivoiser et s'aimer. L'un comme l'autre apprendront beaucoup de cette expérience et en sortiront grandis, en bonne voie vers le bonheur...

Mais il est un autre personnage féminin très intéressant, celui de Lucile. Loin d'être un personnage secondaire, elle prend toute sa place dans ce roman, aux côtés de Joseph, et c'est suffisamment inhabituel dans un roman historique pour que cela soit mentionné : en général, quand un roman comporte un héros masculin il y a malheureusement peu de chance pour qu'un personnage féminin émerge avec force à ses côtés. Son évolution est assez exceptionnelle et inattendue étant donné le contexte social et son origine familiale noble : de jeune femme soumise à son père, elle va se révéler à elle-même et devenir une militante féministe, fréquentant les salons philosophiques, aspirant à la liberté de penser, d'aimer, de vivre... un bel espoir pour l'avenir (mais, bon, à relativiser si l'on regarde en détail le statut de la femme par la suite...).
Lien : https://romans-historiques.b..
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La chronique jubilatoire de Dany pour Collectif Polar
Une hypothèse d'historien pour commencer et attribuer la rogne qui s'empare de Paris en avril 1789 à une émeute suivie d'un massacre rue Saint-Antoine plutôt qu'aux Etats Généraux, éclaire la Révolution d'un jour nouveau. L'auteur nous immerge au coeur des événements qui ont changé la France et relate leur succession de façon très réaliste, nous faisant baigner dans les préoccupations vitales de la piétaille et les tentatives des riches à sauvegarder leurs biens.
Joseph, jeune veuf, portraitiste et joailler, humble et sans le sou, n'était pas prêt à endosser ce rôle de « père » auprès de sa nièce éduquée dans un monde privilégié. Ces deux là vont s'affronter, se confronter et s'éduquer mutuellement et faire progresser leurs jugements.
Joseph va rencontrer une jeune militante féministe, adepte des salons philosophiques de ce siècle des lumières.
C'est donc ces trois personnages qui vont évoluer au gré d'une intrigue sordide, dans la foule des révolutionnaires et royalistes.
Une façon originale et bien peu scolaire d'approcher cette année 1789 où Robespierre est encore contre la peine de mort … au vocabulaire délicatement suranné.
Belle fresque historique, qui se termine au lendemain de l'abolition des privilèges, avec sa galerie de personnages illustres ou non et où l'ultime dénouement romantique est peut-être un peu trop improbable. Mais là n'est pas l'essentiel de ce thriller de près de 400 pages où l'on ne s'ennuie pas un seul instant.
Agréable moment de lecture par le biais de la petite histoire baignée cependant de sang, rançon de la révolte.

Pour en savoir plus c'est ci-dessous
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dans la cour, un policier au visage grêlé tenait un flambeau. Devant ces deux hommes, me pressant en pleine nuit, je pris peur que l’affaire ne fut autrement grave. Que me reprochait-on pour m’enlever en pleine nuit ? Allait-on me jeter au cachot ? Je repassais dans ma tête toutes mes actions des jours passés qui auraient pu entraîner cette disposition, mais je ne trouvais rien de plus reprochable que le côtoiement de Bailly, Sieyès et quelques autres personnes devenues des personnalités en vue. Le sergent nous devança à grands pas et nous conduisit à un fiacre qui attendait devant la porte cochère de la rue Mouffetard. Tandis que l’homme au flambeau prenait place au côté du cocher et ébranlait l’équipage, je me tournai à nouveau vers mon mentor en quête de paroles, mais devant son visage hermétique, je me serrai contre la paroi, l’entendement secoué par une peur irraisonnée. Il m’avait posé des questions sur ma sœur Anne. Il s’agissait de ma sœur ! Ma petite sœur Anne ! Que pouvait-il lui être arrivé ? Elle ne méritait point la vigilance de la police. Elle était mariée depuis plus d’une dizaine d’années avec un homme de très bonne condition, l’avocat Jacques Henri Lantelme. Je n’aimais point cet homme, trésorier et homme de loi qui conseillait le précédent surintendant des finances du royaume, monseigneur de Loménie de Brienne.
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— Vous avez dû apprendre que, pour la cérémonie d’ouverture à l’église, le 4 mai, tout semblait se passer au mieux. Les premières journées étaient offertes à la paix et à l’espoir, mais bien vite les choses se sont gâtées. Dès le lendemain, le Tiers-État, que l’on avait fait entrer le premier dans la salle des Menus Plaisirs, avait occupé les rangs de devant. On les fit reculer comme de la valetaille sans aucun ménagement. Déjà, de grands mots furent lâchés, on entendit des tirades contre le luxe de la Cour tandis que le pays comptait tant de malheureux. Un député fit une allusion aux sommes allouées à la construction du Petit Trianon de la reine Marie-Antoinette. Tout le Tiers applaudit à cette tirade. Ce fut une véritable foire ! Pendant ce temps, le roi et la reine, entrés séparément mais tous deux dans le silence et non point sous les acclamations, faisaient l’un, semblant de sommeiller, l’autre, de ne point entendre.
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Pauvre enfant ! Je repensai à Grellier qui talochait usuellement ses enfants, à l’oncle de Dourdan qui frappait d’importance et je me pris à maudire ce siècle qui permettait de tels agissements. Les femmes sous le boisseau, offertes en pâture aux hommes, les enfants dressés tels des chevaux ou des chats sauvages. Les manifestants brûlés au fer et envoyés mourir aux galères. Je serrai les poings, ivre de colère envers les hommes, la police et les gouvernements. Les phrases de Jean-Jacques Rousseau me revinrent soudain en mémoire : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. ». Nous ne pouvions rester immobiles devant tant d’injustice, devant tant de misères. Mais que pourraient les États généraux ? Allaient-ils changer le statut des hommes ? Pour cela, il faudrait bien plus qu’une assemblée qui passait des heures à discourir. 
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En cette matinée du 14 juin, les rues bruissaient d’affairement. Des cris et des appels se répondaient de bas en haut de la rue. Les marchands et les colporteurs exhibaient leurs marchandises comme si, en ce début d’été, le temps ne s’était point suspendu dans la salle des Menus Plaisirs de Versailles. Je me fis la triste réflexion que ces vaines querelles de procédure ne pouvaient pas être l’affaire du peuple, car Versailles était bien loin et les nouvelles annoncées dans La Gazette, le Mercure et les libelles des députés n’étaient point à la portée de la populace. Bien peu d’entre nous savaient lire et écrire. Mais nous ne pourrions être libres, comme le souhaitait Jean-Jacques Rousseau dans son précieux Émile, que lorsque chaque enfant de ce pays et de toutes les nations recevrait une gracieuse instruction.
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Tandis que l’homme au flambeau prenait place au côté du cocher et ébranlait l’équipage, je me tournai à nouveau vers mon mentor en quête de paroles, mais devant son visage hermétique, je me serrai contre la paroi, l’entendement secoué par une peur irraisonnée. Il m’avait posé des questions sur ma sœur Anne. Il s’agissait de ma sœur ! Ma petite sœur Anne ! Que pouvait-il lui être arrivé ? Elle ne méritait point la vigilance de la police. Elle était mariée depuis plus d’une dizaine d’années avec un homme de très bonne condition, l’avocat Jacques Henri Lantelme. Je n’aimais point cet homme, trésorier et homme de loi qui conseillait le précédent surintendant des finances du royaume, monseigneur de Loménie de Brienne.
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