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EAN : 9782818052693
256 pages
P.O.L. (01/04/2021)
3.72/5   51 notes
Résumé :
"Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n'avait d'autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression ?"Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d'un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d'une ville, dont la riche culture se nourrit des perso... >Voir plus
Que lire après 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ryōko Sekiguchi a grandi dans le quartier de Shinjuku à Tokyo. Ses études et son goût lui font mêler langue et cuisine française et s'intéresser ici à ce petit pays toujours assez proche de nous.
Coïncidence, 961, c'est l'indicatif du pays du Cèdre. C'est donc un appel largement international au voyage dans la capitale du Liban qui s'appuie sur sa cuisine pour nous en donner un aperçu plus général. Pas de recette mais des goûts et des odeurs, des rencontres et des références littéraires, historiques...
« Tu sais, les gens d'ici, ils ne te demandent pas de les comprendre. Ils sont contents de ta venue, que tu voies les choses avec tes yeux, que tu parles dans ton livre de ce que tu as toi-même vu et entendu »
C'est réussi, car l'auteure reste très modeste et livre avec sincérité ses ressentis des quelques semaines passées là-bas (961 jours euh non heures) pour réaliser ce livre.
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J'ai beaucoup aimé ce livre court et très agréable à lire. Il est en effet découpé en minuscules chapitres et le tout compose un livre assez singulier au croisement de l'essai, du livre de voyage, du livre de gastronomie, de l'enquête journalistique. Mais après tout qu'importent les cases ?
L'autrice est une traductrice japonaise vivant en France (et a priori le livre est écrit directement en français, chapeau !). Elle nous parle ici de Beyrouth et de ses habitants, et souvent elle leur parle. Elle évoque la cuisine (un des grands sujets du livre !) , et surtout, japonaise vivante en France, grande voyageuse, elle ne cesse de comparer de réfléchir sur ces petits riens qui font nos singularités, mais aussi parfois nous rapprochent.
Moi cela m'a passionné et si l'on ne savait le pays si mal en point, on n'aurait qu'une envie suivre ses traces dans Beyrouth dont elle parle si bien !
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Ni livre de cuisine, ni carnet de voyage, mais un peu des deux. Des pensées, aussi douces que savoureuses et poétiques, que Ryoko Sekiguchi nous fait partager, comme autant de petites bouchées de son séjour de 961 heures à Beyrouth. Des anecdotes récoltées sur la cuisine familiale, sur la guerre, sur l'évolution de la ville ; des constats déroutants, des observations piquantes, des parallèles entre Beyrouth, Paris et Tokyo.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, les recettes de voyage de Ryoko Sekiguchi ne m'ont pas simplement donné le goût de Beyrouth, mais également de Tokyo, ville dont j'ignore à peu près tout. Car un voyage, c'est aussi se confronter à ses souvenirs, c'est se laisser porter par des saveurs, des couleurs et des odeurs, qui nous renvoient à nos propres expériences, à nos souvenirs et qui viennent s'y percuter. Beyrouth rappelle à l'auteure sa ville natale, bien souvent là où elle ne s'y attend pas, et la renvoie à des souvenirs, à des impressions de jeunesse, des ambiances de cuisine familiale.
Elle confronte également cette ville à Paris, fait état de leurs contradictions et complémentarités, des différences entre la perception qu'un peuple peut se faire d'une ville par rapport à un autre, sur la base pourtant des mêmes éléments culturels.
Un livre sur le geste, la sensualité, sur la tradition et l'ouverture, le conservatisme, sur l'immigration, sur les mains tendues.
Un livre sur les saveurs, sur la découverte, sur la mémoire, sur les changements, sur l'inéluctable et l'imprévisible.
Un livre de recettes, les recettes d'un voyage, ou comment se déroule le fil de nos impressions à travers des pérégrinations dépaysées.
Un kebbeh savoureux.
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Dans un monde où la nourriture se met en scène à chaque heure, Ryoko Sekiguchi se rend à Beyrouth, capitale des capitales, au sein de laquelle les habitants ne savent même pas que leur cuisine fait fureur partout en Europe. Elle s'y rend, et dans ses 321 fragments, nous décrit la manière dont cette ville peut être appréhendée, à travers autre chose que son histoire, son architecture ou encore la guerre et autres catastrophes.

Ryoko Sekiguchi est accueillie au printemps 2018 en résidence à la Maison des écrivains de Beyrouth. Elle chronique ses 961 heures à Beyrouth dans ce livre composé de 321 courts chapitres, le nombre de plats que la poétesse et traductrice cuisinière a goûtés pendant son séjour.

Pas ou très peu de recettes pratiques dans ce livre mais un hommage ému à des saveurs aimées, qui témoignent de la ville d'avant : avant la révolution de 2019 et avant l'explosion du 4 août 2020 qu'elle met en perspective avec la catastrophe du 11 mars 2011 à Fukushima qui avait inspiré son précédent livre « Ce n'est pas un hasard ». Comment écrire, se demande-t-elle, sur ce qui peut sembler aussi secondaire que la cuisine, alors que se sont déroulées et se déroulent encore de grandes tragédies nationales ?

C'est un livre - avec un format particulier - qui se déguste lentement, par petits chapitres, 321 au total, comme autant de plats imprégnés de saveurs, d'ingrédients, de rencontres et de lieux découverts durant le séjour de Ryoko Sekiguchi au Liban qui aura duré du 7 avril au 15 mai 2018, soit 961 heures exactement.

Les amateurs de cuisine risquent d'être déçus car – contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser - l'auteure ne donne pas de recettes et décrit au fond peu de plats libanais. Elle s'attache à rendre hommage à l'hospitalité et la convivialité libanaise. C'est avant tout une déambulation dans la ville qui est proposée par l'auteure : moments de vie, repas, discussions, comparaisons entre mondes oriental et occidental, souvenirs personnels et littéraires, considérations urbanistiques… à côté d'esquisses des goûts, des textures, des savoir-faire culinaires locaux.

Un portrait gourmand de Beyrouth et une manière unique de percevoir la cuisine. Un livre à picorer comme des mezzé, plutôt qu'à lire d'une traite. On prend le pouls d'une ville qui n'est plus tout à fait la même : si la révolution puis l'explosion ont ostensiblement altéré l'essence de Beyrouth, Ryoko Sekiguchi offre ici le témoignage d'un patrimoine qu'aucune catastrophe ne peut annihiler, à savoir l'amour et le savoir-faire de la cuisine libanaise.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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On doit reconnaitre à ce recueil son originalité. Il ne s'agit pas d'un livre de cuisine, comme le sous-titre pourrait le faire croire, mais d'un livre sur Beyrouth avec la cuisine comme point d'entrée. Et la cuisine, c'est le partage et la joie dans un pays plus connu pour la guerre, la crise économique, la corruption de ces dirigeants et la catastrophique récente explosion dans le port. L'auteur y était présente avant le drame qui a eu lieu avant sa publication. Il s'agissait d'une commande de la maison des écrivains de Beyrouth.

Il s'agit souvent de tout petits textes relatant une rencontre, une réflexion, plus souvent autour d'un plat mais pas exclusivement. Cela donne un récit de voyage à Beyrouth, assez personnel avec quelques belles réussites d'évocation comme ce père de famille qui préparait des margaritas pour les voisins lorsqu'il fallait descendre aux abris ou celle d'une vieille couverture de la Croix Rouge retrouvée. Elle y révèle aussi la capacité fantastique des vie des beyrouthins.

Pour autant, cela ne restera pas très long temps dans ma mémoire, car beaucoup d'autres sont assez peu intéressantes et un peu superficielles, à mon sens.
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critiques presse (2)
FocusLeVif
18 juin 2021
En résidence d'écriture à Beyrouth, Ryoko Sekiguchi rend tangibles les saveurs et l'urgence de vivre de la ville à la veille d'une révolution et d'un drame.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
LaCroix
06 avril 2021
L’écrivaine japonaise Ryoko Sekiguchi, dont on aime le regard joyeux, littéraire et entraînant, célèbre la culture libanaise.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Certains parfums arrivent en douce, d’autres accourent vers vous. Le tabbouleh est un plat d’explosions. À chaque bouchée, vous écrasez des cellules et des fibres d’herbes, et ce qui surgit, ce sont des éclats, non d’épices, mais de la vie des plantes. Ce plat national peut être qualifié de petite bombe de vie explosive.
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« Lorsqu’on parle d’un plat, il est immanquablement question du goût. Si l’on compare un ingrédient à un mot, le goût pour un ingrédient serait l’équivalent des significations pour un mot. Mais à Beyrouth, plus qu’une « cuisine du goût », c’est une « cuisine du parfum » que je déguste tous les jours. Le parfum pour un ingrédient, est-il l’équivalent de la sonorité pour un mot ? La comparaison peut paraître trop simpliste, mais de même que la question de la sonorité se révèle plus importante dans la poésie, de même le parfum acquiert dans cette cuisine un rôle décisif. Il s’agit d’une cuisine chantante. »
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Il y a dans ce geste quelque chose du travail du potier, lors du modelage d’un bol, plaçant la main à l’intérieur de la cavité et faisant tourner l’argile. Un doigt s’insère, façonnant un creux qui sera l’abri de la farce.
Le creux est évidemment destiné à être farci, mais parfois, on le laisse tel quel et on referme la boulette avec un vide à l’intérieur. Et ainsi, les kebbeh nous sont servis avec ce vide en eux comme une énigme, sans plus d’explications.
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« Quelle doit être l’odeur d’une brasserie ? Je connais l’odeur d’une distillerie de whisky, car il y avait une distillerie Nikka à une dizaine de minutes en voiture de chez mes parents, et nous passions souvent à côté lorsque j’étais jeune. Je connais l’odeur d’une brasserie de saké, celle d’une brasserie de xérès, mais je crois ne jamais avoir senti l’odeur d’une brasserie de bière.
Quelle odeur colorait ce quartier de Mar Mikhael ? »
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Ce qui ne cesse de me surprendre et de me faire peur, sans doute la seule peur que je ressente ici, c'est la route. Tout le monde conduit n'importe comment. C'est comme si cette intensité de la vie dont parlent les Libanais apparaissait sous un mauvais angle : leur façon de conduire est presque suicidaire. Comme je n'arrête pas de crier chaque fois qu'une voiture frôle la nôtre, on ne me laisse plus monter devant.
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Videos de Ryoko Sekiguchi (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryoko Sekiguchi
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