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EAN : 9782262041427
288 pages
Perrin (09/01/2014)
3.6/5   5 notes
Résumé :
D'une grande figure de la philosophie à une école de pensée, des maîtres aux disciples, d'un discours sur sa méthode à une leçon d'histoire, Lucien Jerphagnon nous plonge aux sources les plus originelles de notre temps et de notre culture. Avec son érudition savoureuse, et cet art fulgurant d'exhumer le passé et d'incarner les textes, le grand historien nous rappelle pourquoi les penseurs de l'Antiquité - Platon, Plotin et saint Augustin en tête - ont porté jusqu'à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comme en toute période secouée par des crises, on se tourne parfois vers le passé pour en tirer les enseignements et on se rend alors compte que les Anciens étaient confrontés aux mêmes difficultés que nous, à ceci près qu'en histoire, il est impératif de resituer toute chose en son contexte, et d'éviter un jugement définitif, ce que certains ont parfois tendance à oublier de nos jours. Lucien Jerphanion n'est pas de ceux-là et c'est ce qui fait précisément la qualité des grands historiens.
Christiane Rancé, romancière et essayiste, qui a publié des entretiens avec l'auteur, nous le présente d'ailleurs dans sa préface comme un archéologue de l'esprit et des lettres. Elle souligne l'importance qu'accorde Lucien Jerphanion au principe de la « discordance des temps », lui qui veillait toujours à replacer ses lectures dans leur contexte historique, afin de parer à toute simplification et à tout cliché qui aboutissent inévitablement à des erreurs d'interprétation.
Une préoccupation que l'on retrouve dans les textes de Jerphanion qui sont publiés ici par l'éditeur, de manière posthume, puisque l'auteur est décédé en 2011 à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Il s'agit plus précisément d'analyses érudites, écrites entre 1978 et 2005, et rassemblées en cinq parties. Dans la première, des textes dans lesquels Lucien Jerphanion nous livre en quelques pages son analyse des maîtres de la philosophie antique que sont Héraclite, Empédocle et Socrate et des grandes philosophies de l'époque, le platonisme et le néoplatonisme, l'épicurisme, le stoïcisme. Dans la seconde partie consacrée aux disciples, le lecteur découvre notamment un texte très intéressant consacré à l'image du philosophe dans l'Empire romain : Lucien Jerphanion y établit une typologie des penseurs de la Rome antique, qui va du philosophe par vocation, jusqu'au conférencier mondain. Sont ensuite présentés différents écrits sur Plotin , auquel Jerphanion a consacré de nombreuses années d'études et plusieurs publications. Puis Saint-Augustin dont l'auteur était également un grand spécialiste : des pages érudites qui s'adressent à des spécialistes.
Viennent enfin quelques lettres échangées avec un ami historien, où l'on apprend notamment que sa passion pour Saint-Augustin est née alors qu'il n'avait que onze ans et que ce sont en partie les goûts qu'il avait en commun avec celui-ci qui le lui ont rendu sympathique. Jerphanion évoque également Heidegger et s'interroge sur la curiosité qu'éprouvait Hannah Arendt à l'égard de Saint-Augustin.
La partie de cet ouvrage la plus accessible aux non-spécialistes reste celle consacrée aux maîtres. Jerphanion nous parle avec brio d'Héraclite, dont on sait finalement peu de choses mais qui a inspiré de nombreux philosophes qui ont vu en lui un précurseur de leur propre pensée –c'est le cas d'Heidegger- et qui l'ont interprété de différentes manières, sans d'ailleurs toujours comprendre sa prose allusive. Héraclite qui, selon l'auteur, garde aujourd'hui encore un « fort pouvoir de suggestion ». Empédocle fait également partie de ces maîtres, lui pour qui le monde tourne autour d'une joute constante entre l'Amour et la Haine, joute dont dépendent à la fois les hommes et les éléments. S'agissant de Socrate, Jerphanion dépasse les clichés pour aller à l'essentiel : Socrate « sait qu'il ne sait pas » et veut acquérir un savoir vrai et accomplir une bonne action. C'est dans l'unité de ces deux éléments que la vie se réalise et la philosophie doit y conduire.
Jerphanion fait également tomber des clichés au sujet du platonisme, lorsqu'il insiste sur la chronologie essentielle chez Platon, car celui-ci a beaucoup évolué au fil du temps. L'épicurisme est aussi sujet à de nombreux contresens : une philosophie trop souvent utilisée pour justifier le fait de jouir de la vie avant tout, alors qu'Epicure prônait la recherche du bonheur par le biais d'une vie simple et frugale. Enfin, le stoïcisme, qui se veut connaissance de la nature, donc de la raison, ce qui passe par le contrôle de ses passions et qui, pour Jerphanion, fut une « philosophie de la liberté » :
« La morale stoïcienne n'a rien, absolument, d'une passivité fataliste : c'est au contraire la conviction du savant qui, comprenant que les choses ne peuvent être autrement, estime que le plus sage est encore de s'en accommoder, et donc de les prévoir et de les supporter, avec bonne grâce s'il le peut. le philosophe ne va pas se proposer de changer le cours des choses, mais bien plutôt l'opinion qu'on s'en fait. »
Au total, ce recueil de textes posthume est une somme impressionnante d'érudition, qui ne s'adresse pas au néophyte . Certains passages sont en effet particulièrement ardus. L'intérêt réside également dans le fait que Jerphanion joint à l'érudition, une lecture de l'histoire qui a une valeur scientifique dans la mesure où son auteur reste toujours prudent , se gardant d'interprétations hâtives et ne voulant pas faire endosser aux philosophes qu'il évoque une postérité qu'ils n'auraient peut-être pas acceptée : « chaque philosophe est de son temps et les problématiques ne se superposent pas » !

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Un livre très intéressant mais également très ardu. J'ai du à maintes reprises me plonger dans le Grand Larousse et autres dicos de définitions pour préciser du vocabulaire parfois obscur pour moi et c'est aussi ce qui a rendu cette lecture agréable car un vrai parcours d'apprentissage de grands noms de la philosophie. Au travers le portrait de Socrate, Plotin, Saint-Augustin et autres, on parcourt une histoire de la philosophie assez fascinante (être philosophe dans l'Antiquité ne ressemble en rien à être philosophe au XXIème siècle, soyons clair!) et qui, finalement, dirige bien plus que l'on veut bien le voir notre vie quotidienne, dans le sens où des courants de pensées nous suivent implicitement.
Une première partie qui rappellent à tous les cours de Terminale, en reprenant les théories des grands penseurs tels Héraclite, Socrate, les Épicuriens, le Platonisme, le Stoïcisme et le Néoplatonisme.
Puis, Lucien Jerphagnon nous parle des disciples de ces philosophes, leur vie, ce que c'était qu'être philosophe dans l'Antiquité, partie courte mais très intéressante.
Et suite à cette "introduction" pourrait-on dire, on s'enfonce dans le dur, le vrai, la vie et la philosophie de Plotin, homme du IIIème siècle et dont L.Jerphagnon est un grand connaisseur. Partie parfois très compliquée que j'ai mis du temps à lire car voulant tout de même comprendre un minimum de ce que l'auteur me racontait mais dans l'ensemble bien vulgarisée et comportant même des touches d'humour qui allège le propos dense et spécialisé.
Et enfin, l'auteur nous entraîne avec Saint-Augustin et se plaît à le présenter non comme un homme qui s'est converti du jour au lendemain, comme la "légende" le voudrait, mais qui a suivi tout un parcours de pensées et de réflexion grâce à divers auteurs que le livre nous fait suivre également (de façon plus condensée évidemment mais tout aussi intéressante!).
Pour finir ce livre compliqué et plaisant à la fois, on nous livre un échange de lettres avec un ami de L.Jerphagnon et que ces échanges sont drôles et spirituels!!
Un livre sur la connaissance de nous-même au travers de grands noms de la philosophie antique qui m'a beaucoup plu même si parfois, comme je l'ai déjà mentionné, le niveau était trop élevé pour mes petits neurones!
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Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération MassCritique. Depuis le temps que j'entendais parler de Jerphagnon...Eh bien ce ne sera pas pour moi. J'ai très rapidement abandonné n'y trouvant aucun plaisir de lecture. le style est ennuyeux et je ne m'y suis même pas retrouvé dans mon vieux Socrate et son disciple Platon. Abandon rapide sans aucune velléité de m'y remettre.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans cet univers où chaque être conspire avec tous les autres à l'harmonie générale, la morale n'a rien d'un code abstrait de devoirs; exprimant la physique, elle inspire à l'homme la volonté d'apporter à l'ordre naturel sa contribution individuelle. On voit donc que la morale stoïcienne n'a rien d'une passivité fataliste: c'est au contraire la conviction du savant qui, comprenant que les choses ne peuvent être autrement, estime que le plus sage est encore de s'en accommoder et donc de les prévenir ey de les supporter, avec bonne grâce s'il le peut. Le philosophe ne va pas se proposer de changer le cours de choses mais bien plutôt l'opinion qu'on s'en fait.
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Ainsi, la Cité heureuse a besoin de principes exacts selon lesquels fonctionner; ses dirigeants doivent se retirer de la foire aux opinions pour accéder à la pure objectivité, essentielle, immuable, guide et règle de toute pensée et de toute action.
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S'engager en philosophie, c'était donc décider du sens qu'on allait donner à sa vie. Comment devenir maître de soi, se réaliser, être heureux?
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Dans la philosophie d'Occident, Socrate apparaît comme beaucoup plus qu'un homme: c'est un symbole, un "totem". C'est le héros éponyme de la philosophie, et eux-mêmes qui n'auront jamais de cette science la moindre idée se souviendront au moins d'un étrange bonhomme dont le savoir consistait à ne rien savoir, et qui but la cigüe avec une dignité souriante - la plupart ignorant d'ailleurs au juste pourquoi. Il faut donc dépasser ces clichés.
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Mais attention: en ce temps-là, la philosophie, ce n'était pas une matière parmi les autres, en terminale. Philisophia, en grec philo tès sophias, cela veut dire "amour de la sagesse".
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