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EAN : 9782021279962
105 pages
Seuil (01/10/2015)
3.79/5   33 notes
Résumé :
Parmi les espoirs et les craintes que suscite la numérisation de nos sociétés, la constitution de grandes bases de données confère une place de plus en plus centrale aux algorithmes qui gouvernent les comportements de chacun. L'ambition de ce livre est de proposer une exploration critique de la manière dont les techniques de calcul façonnent nos sociétés. Classement de l'information, personnalisation publicitaire, recommandation de produits, orientation des déplacem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cet essai très court et très vulgarisateur a pour but de rediriger vers des bases plus informées les craintes que le grand public ressent à l'égard des algorithmes et des masses de données privées stockées et traitées par voie informatique : les big data. Il est intéressant de noter que ces craintes sont de deux natures contradictoires : d'une part, en redoutant un excès de puissance et de rationalité des nouveaux moyens de calcul, l'on est effrayé par un contrôle totalitaire de l'individu, d'autre part, l'on « s'indigne[...] qu'Internet permette aux idées extrémistes, aux thèses conspirationnistes et aux prêches fondamentalistes de rencontrer un public sur le réseau » (p. 101).
Une critique politique bien fondée devrait partir de l'usage déjà présentement fait et détourné des statistiques et du quantitatif comme fondement de l'évaluation notamment des politiques publiques ainsi que de tant d'autres domaines de notre quotidien ; elle devrait aussi saisir la circonstance préalable que les algorithmes opèrent, actuellement encore, selon quatre modes coexistant et divergeant de classification de l'information numérique : la popularité, l'autorité, la réputation et la prédiction. Ces quatre modes (illustrés au ch. Ier) sont à la fois responsables d'erreurs interprétatives et contestables quant aux valeurs politiques et au type de société qui les sous-tendent et qu'ils promeuvent. Les trois ch. suivants : ch. 2 « La révolution dans les calculs », ch. 3 « Les signaux et les traces », ch. 4 « La société des calculs », sont consacrés globalement à développer en parallèle ces deux ordres de critiques. Bien que l'essai se proclame sociologique et visant à une critique politique, le technicisme du sujet que ne sait dissiper un propos trop succinct empêche une prise de distance suffisante à l'analyse sociologique ; de ce fait, à part quelques aperçus exemplaires et pratiques, la démonstration reste incomplète, ne serait-ce sur la question de savoir la puissance réelle de ces calculs et la validité de leur postulat (philosophique) comportementaliste radical. La métaphore des « rêves » des algorithmes contenue dans le titre, n'est pas non plus suffisamment argumentée.
Les algorithmes sont-ils redoutables ou à peine efficaces dans le marketing ? Seront-ils effectivement effrayants dès que techniquement plus sophistiqués, ou bien leurs limites sont-elles pour ainsi dire ontologiques ? Une intervention législative – à supposer qu'on parvienne à en déterminer les finalités juridiques – peut-elle advenir autrement qu'ex post, quand les « dégâts » sont déjà faits ? Jusqu'à quel point leur opacité – technologique, commerciale – est remédiable sans que la divulgation du fonctionnement (et des buts) n'entraîne la truandise des acteurs qui possèdent leurs propres intérêts à modifier des données qui sont devenues les ressources économiques d'une nouvelle industrie – à l'instar des hydrocarbures dans la précédente révolution industrielle ?
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Thèmes abordés : statistiques et sociologie ; modalités d'exploitation du big data. Esprit critique face aux statistiques.

L'ayant intitulé « à quoi rêvent les algorithmes», Cardon nous laisse espérer un côté spéculatif, mais ce n'est pas le cas. Autre revendication qui m'a laissé sceptique : l'auteur prétend : « le propos de ce livre n'est pas mathématique, il est pleinement politique », p14. Il est vrai qu'il nous encourage à rester critiques face aux chiffres du web et aux "parcours balisés" que le web nous suggère, mais à mon sens il reste loin d'un regard politique.

Pour un livre qui parle de chiffres, je déplore le manque de rigueur. Un exemple : tout au début, il expose quatre catégories de calcul numérique (sic), basées sur quatre principes - popularité, autorité, réputation et prédiction. Il prétend que ces approches se situent respectivement à côté, au-dessus, dans et au-dessous du web. Eh bien, cette tentative de les situer me semble arbitraire … ou alors pas argumentée.
Ci-dessous un lien sur Télérama – une interview avec l'auteur.
http://www.telerama.fr/idees/les-algorithmes-sont-ils-vraiment-tout-puissants,133304.php


Notes de lecture :
** Une sur-concentration de l'attention autour de certaines infos via le nombre de vues, p91
** La distribution selon la loi de Pareto à 20% d'une population 80% des biens à repartir est devenue sur le web une répartition plus inégalitaire : elle donne à moins de 1% des acteurs 90% de la visibilité, p95 (chapitre La sécession des excellents)
** En page 67 : le filtrage du newsfeed effectué sur Facebook (Edgerank) : d'un côté, c'est FB qui filtre via son algorithme ; de l'autre côté c'est l'internaute utilisateur de FB qui filtre via son paramétrage. Résultat, « une bulle », autrement dit « l'enfermement volontaire » dans une bulle d'affinités
** La prédiction n'est qu'une estimation statistique, il n'y a pas de théorie sous-jacente ; on parle de corrélation sans cause, p51
** « C'est parce que nous sommes prévisibles que les calculateurs calculent bien ». Internautes de tous les pays, déjouez les anticipations des algorithmes !
** En guise de conclusion, page 83 : « le développement d'une culture des algorithmes devrait nous aider à interpréter la manière dont ils façonnent nos représentations ».
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Un bon essai sur ces algorithmes qui façonnent nos vies à travers le web et les réseaux sociaux... Une explication bienvenue qui permet d'acquérir une distance critique avec les ranking et autres classements de l'information... Laisse songeur face à toutes ces traces que nous laissons et qui servent de base au big data... Un brin complexe parfois mais pose une bonne base de réflexion...
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Un essai passionnant qui détaille les mécanismes des algorithmes de la mesure d'audience à la recommandation prédictive en passant par le pagerank et le nombre d'amis.
Les algorithmes chiffrent le monde, le classent et prédisent son avenir.
Un essai essentiel pour prendre conscience de nos comportements et des conséquences numériques sur ce qui nous est montré sur nos sites préférés.

Une vulgarisation nécessaire aujourd'hui.
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Essai très interessant sur le risque politique des bigdata et des entreprises qui les manipulent et les commercialisent ...
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Comme l'ont souligné beaucoup de travaux d'histoire et de sociologie, les objets techniques ne fonctionnent que parce qu'ils opérèrent dans un "milieu associé" qui les rend efficaces et pertinents. Les calculs ne calculent vraiment que dans une société qui a pris des plis spécifiques pour se rendre calculable. Aussi faut-il comprendre comment nos sociétés sécrètent certaines manières de se chiffrer plutôt que d'autres. Que valorisent-elles dans leur façon de compter et de classer ?
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L'obligation de loyauté interroge non pas une vaine objectivité ou vérité de la représentation des informations , mais l'alignement, ou le désalignement, entre le service que la plateforme prétend rendre et la réalité de ce qu'elle offre. Que Google privilégie ses propres services dans son classement (alors que ceux-ci ont moins d'"autorité" que d'autres), que Facebook donne une forte visibilité à certains contenus (alors que l'utilisateur n'a pas un fort "engagement" avec eux), qu'Amazone ajoute des livres à promouvoir dans ses recommandations (alors qu'ils ne correspondent pas à des utilisateurs ayant un profil d'achat similaire), et le service rendu par les algorithmes apparaîtra "déloyal". Les algorithmes hiérarchises les informations, et c'est pour cela qu'ils sont utiles et mêmes essentiels. Mais il est indispensable que les services puissent expliquer à l'utilisateur les priorités qui président aux décisions de leurs calculateurs; et qu'on puisse vérifier, en toute indépendance, que des intérêts cachés, des déformations clandestines ou des favoritismes n'altèrent pas le service rendu.
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Les mesures fixent des règles pour calculer les événements qu'elles enregistrent. Elles leur donne une forme. Twitter a décidé que les mouvements d'opinion devraient être immédiats et simultanés, associant ainsi la culture du direct télévisuel à celle de la viralité sur Internet. Comprendre et critiquer cette culture du "pic" attentionnel, c'est aussi encourager d'autres manières de mesurer et de donner de la visibilité à la circulation des opinions sur la Toile. Le développement d'une éducation et d'une culture partagées des algorithmes devrait nous aider à décoder et interpréter la manière dont ils façonnent nos représentations. A la suite de protestations des mouvements féministes, Amazone a retiré en mai 2015 de l'interface de son site la possibilités de rechercher des jouets " garçons" ou des jouets " filles. Sous la pression des utilisateurs, Facebook a dû revenir sur plusieurs de ses initiatives visant à introduire dans le fil d'actualité des informations qui n'étaient pas associées aux conversations des utilisateurs. C'est en soumettant les modèles à des audits indépendants qu'il est à la fois possible de prendre de la distance à l'égard des verdict des algorithmes et de leur opposer des calculs alternatifs.
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« Le comportementalisme radical joue ce rôle à la fois lucide et démoralisant de montrer à des sujets qui pensaient s'être émancipés des déterminations que, en ce qu'ils pensent être des singularités inassignables, ils continuent à être prévisibles, petites souris mécaniques dans les griffes des calculateurs. Vue depuis les algorithmes, la société ne repose plus sur de grands systèmes de déterminations, mais elle est une sorte de micro-physique des comportements et des interactions que des capteurs placés à bas niveau savent décoder. » (p. 69)
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Mais ils (les algorithmes) contribuent aussi à assujettir l'internaute à cette route calculée, efficace, automatique, qui s'adapte à nos désirs en se réglant secrètement sur le trafic des autres. Avec la carte, nous avons perdu le paysage. Le chemin que nous suivons est le " meilleur" pour nous.
Mais nous ne savons plus bien identifier ce qu'il représente pa rapport aux autres trajets possibles, aux routes alternatives et peu empruntées, à la manière dont la carte compose un ensemble. Nous allons pas en revenir aux voyages de groupe et à leur guide omniscient. En revanche, nous devons nous méfier du guidage automatique. Nous pouvons le comprendre et soumettre ceux qui le conçoivent à une critique vigilante. Il faut demander aux algorithmes de nous montrer et la route, et le paysage.
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