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EAN : 9782371000827
224 pages
NOUVEL ATTILA (06/09/2019)
3.8/5   66 notes
Résumé :
À la sortie de la guerre, les hommes sont rares, ou en mauvais état… C’est le temps des révolutions, de l’Europe, mais aussi des femmes… des femmes conscientes de leur pouvoir, qui s’émancipent de leurs foyers, tirent les ficelles, et se réapproprient leur destin.

Le jour où Gabrielle Thomas, dans sa paisible bourgade, tend à Adelphe le pasteur un exemplaire de Nêne, prix Goncourt de l’année, que chacun lit et annote à son tour, la vie des personnages... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Un immense coup de coeur !!..

Un style fort, fluide et poétique...des sujets captivants abordés au travers de personnages contrastés , chacun, admirable à sa manière, en dépit de leurs failles et leurs défaillances !!

Une très belle lecture qui prend "aux tripes" ...provoquant de grandes émotions en dépit de la pudeur , de la retenue de l'auteure dans sa narration...!

Fortement attirée par l'originalité du traitement du sujet dont le fil conducteur est un livre publié à l'époque (1920)...qui va chambouler la vie de certains villageois et villageoises...
...Remise en question des idées reçues, et surtout sur la condition des femmes...

Resituons le contexte de ce roman : 1920, en France, en milieu rural...
les bouleversements, les changements de mentalités au lendemain de la Grande Guerre, alors que les Femmes ont pris en mains le pays, l'ont fait "marcher", pendant que tous les hommes valides étaient au front...En 1920, la guerre est finie, mais a laissé la France dans un état lamentable, avec toutes les gueules cassées, les blessures, traumatismes à panser !! Ernest Perochon vient de recevoir le Goncourt pour son roman, "Nêne", qui décrit le sort de soumission et de "bête de somme" d'une servante, qui ose "tomber amoureuse"...et en mourra...!!

Le récit débute lorsqu'une paroissienne, Gabrielle défie le prêtre, Adelphe,qu'elle juge trop traditionnel, trop conformiste, enfermé comme chaque homme dans une appréhension trop limitative du rôle des femmes , dans cette période d'après-guerre...Pour le défier, elle lui remet "Nêne", le livre
d'Ernest Perochon, qui vient d'être récompensé par le Goncourt !...

"C'est une sauvageonne qui lui tend le Goncourt de l'année, un roman d'Ernest Pérochon, en sifflant qu'il est édifiant. Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon… . "(...) (p. 10)

...Adelphe le lit, se trouve ébranlé dans ses convictions; sa cuisinière, Blanche, ne sait pas lire, mais lui exprime son envie qu'il lui lise ce roman...le soir , après sa journée...Blanche, "servante de son état" comme Nêne.. se met à s'identifier , avec excès, à cette dernière... pour son malheur...dont on ne dira rien... Même si elle apprend à lire grâce au pasteur... Elle s'élèvera socialement... mais la mélancolie persistera...en dépit des efforts louables d'Adelphe , devenu son mari...!


Période chahutée, transitoire... où il faut reconstruire le pays...ainsi que la vie des gens....en bousculant les mentalités anciennes ! Et les femmes, à juste tire, veulent qu'on les prenne dorénavant, vraiment en compte, alors qu'elles ont sauvé , en quelque sorte, la marche économique du pays. Elles ont su remplacer les hommes absents, réquisitionnés au front !

"Il ne s'agissait pas de faire la morale à ces gens-là, elle ne les connaît ni d'Eve ni d'Adam et leurs imbroglios religieux l'indiffèrent. Alors quoi ? Les propos d'Ernest Perochon concernait avant tout les femmes. Ah bon ? Oui, c'est l'histoire d'une double soumission, celle d'une part d'une bête de somme, la servante, au service d'un patron dur à la tâche...et
du coeur; de l'autre celle de la femme, comme toujours née dévouée à la cause des hommes. (...) Un sacré paquet de grain à moudre pour un pasteur, une opportunité de réviser ses sermons en questionnant la raison de ce mauvais sort fait aux femmes; Dieu le voulait-il vraiment, Monsieur Delalande ? "(p. 38)

On s'attache à chaque personnage...avec leurs émotions, leurs doutes, leurs rêves, leur combat contre une destinée toute tracée...Ils s'inspirent de ce livre "Nêne" pour en tirer des leçons et ne pas faire les mêmes erreurs que son "anti-héroïne" !...

Parmi ces personnalités aussi attachantes que faillibles, il y a bien sûr Adelphe, le pasteur serviable, bienveillant avec chacun,...mais aussi Marcel,son ami le curé, adorant les discussions, la contradiction...Un personnage grognon, au coeur d'or !...

De très beaux passages sur leur Amitié dont celui qui suit :
"Marcel était son ami, la seule personne à qui il pouvait s'adresser en toute spontanéité, sans le souci de paraître ni de disparaître. Tout entre eux coulait d'une source instinctive, une sorte de reconnaissance immédiate entre deux consciences ne souhaitant pas tricher avec leurs faiblesses même si le reflet n'était pas toujours des plus glorieux.

Deux hommes qui s'épaulaient l'âme quand elle vacillait chez l'un ou l'autre (...) Toujours là par-delà les divergences, c'était même peut-être cela qui les soudait, ce goût de soupeser, d'opposer leurs petites opinions personnelles, celles dont on croit qu'elles engendrent l'hostilité entre les êtres alors qu'elles sont le plus droit chemin vers le voisin pour peu qu'on les considère avec courtoisie. C'était leur fonds de commerce amical, le plaisir d'aller chercher en l'autre de quoi s'éclairer et s'améliorer." (p. 121)

Comme chaque fois qu'une lecture captive,enthousiasme... j'éprouve bien du mal à quitter la vie des personnages...


***Je remercie aussi vivement l'amie, MarianneL[Librairie Charybde2 ] pour avoir attiré mon attention sur ce texte par sa chronique...1ère rédigée pour ce livre et cette auteure. Je ne regrette qu'une chose : ne pas avoir pu me rendre dernièrement à sa librairie pour la rencontre avec Isabelle Flaten...

Avant que je n'oublie... Je remercie aussi les éditions, "Le Nouvel Attila", qui publient des textes de qualité, avec des maquettes très élégantes...!! Je vais m'intéresser également de près aux autres texte d'Isabelle Flaten...Sans oublier , en premier lieu, de lire avec attention le roman de Ernest Perochon, "Nêne"...
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En ce début de 20e siècle Adelphe a embrassé une carrière de pasteur et rêve d'oecuménisme. C'est un personnage idéaliste mais la maturité et l'expérience aidant, il perd ses illusions et doute de sa vocation.

Il vit avec sa gouvernante Blanche, lui lit le Goncourt de l'année qui sert de fil conducteur, livre dont une femme servile est l'héroïne, c'est une paroissienne qui le lui a offert, la troublante Gabrielle.

La lecture du livre déclenche alors des réflexions de la part des personnages féminins sur leur rôle dans la société de l'époque. Des revendications et oppositions vont naître chez elles face à ce que subit l'héroïne du Goncourt.

Blanche, d'abord est transformée par la lecture qu'il lui a fait du livre. Comme s'il lui révélait sa condition dans le reflet d'un miroir en lui lisant ce livre, elle devient alors plus exigeante, sur son service, leur relation en est affectée et devient plus ambiguë, plus complexe et bien plus tard, le livre déclenchera le malheur de celle-ci. C'est comme si elle avait ouvert la boite de Pandore.

Quant à Gabrielle, celle-ci est plutôt une femme libre et féministe avant l'heure, avant Simone de Beauvoir pour ne citer qu'elle est loin de la morale rigoriste et religieuse. Elle est qualifiée de « garçonne » par Adelphe, elle le trouble et bien que la sachant mariée, il en est épris. Elle est la médiatrice, son offrande va déclencher des prises de conscience sur de la condition féminine de l'époque.

Pour ce qui est de l'écriture, la typographie est assez resserrée, l'écriture peu aérée, il n'y pas de temps mort, peu de dialogues coupant la narration, une large place est faite à la narration intégrant les paroles des personnages. On est de plus est face à un narrateur omniscient qui fouille les méandres de l'âme d'Adelphe et des autres personnages nous livrant le flot de leurs pensées, leurs idéaux, leurs désirs avec des envolées lyriques et parfois de belles métaphores filées suivant la musique de l'âme d'Adelphe en rendant le texte plus poétique.
Adelphe est à la fois tourmentée et troublée par les révélations et les changements qu'il entrevoit chez les femmes de son entourage et de son époque.

Dans la première partie, la plus intéressante et la mieux écrite, l'histoire nous est livrée du point de vue d'Adelphe, à la fois initiateur et témoin des attitudes et de certains changements qui s'opèrent chez les femmes de sa paroisse. Il doit se mettre à l'évidence, elles ne sont pas telles qu'ils les imaginaient, elles souhaitent échapper aux carcans de la religion, se libérer de son joug ainsi que de celui des hommes et être sur un pied d'égalité avec eux, du coup, sa vision de la condition féminine prend de l'ampleur et s'élargit, Gabrielle va l'y aider.

Dans les autres parties du livre les choses se concrétisent pour Adelphe, la vie avec son lot de bonheurs en malheurs avec la guerre, l'amour, la paternité, la mort, le chagrin. La descendance prend le relais dans la narration, le personnage d'Adelphe et sa problématique s'éclipsent quelque peu dans la dernière partie du livre, à mon grand regret, mais il nous revient plus en forme en fin de livre bien que rongé par la culpabilité et le vieillissement.

Un livre sur la place faite aux femmes dans la société mais aussi sur le désir, celui qui est interdit à l'époque, la morale religieuse et politique sont là qui veillent au grain, le destin aussi qui rattrape les êtres. Une contradiction entre amour et morale est développé tout au long du livre, cela ira jusqu'à l'engendrement d'un fruit défendu.

Un roman qui livre le regard d'un homme au-delà de sa fonction religieuse sur les femmes de son époque et qui va savoir les aimer même si les choses lui échappent parfois. un livre qui dénonce la condition des femmes de la première moitié du 20e siècle. Un roman subversif sur la question de la morale religieuse quelque peu malmenée par l'amour.
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Il m'est arrivé une drôle de chose avec ce roman. Il m'a d'abord résisté, ou est-ce l'inverse ? Très intriguée par le sujet de départ, je l'ai commencé avec beaucoup d'envie et l'ai pourtant reposé à plusieurs reprises après à peine deux ou trois pages. Une difficulté à entrer dans le texte, le rythme, l'atmosphère peut-être. Je m'apprêtais à passer à un autre livre pour reprendre celui-ci plus tard quand j'ai eu l'impression qu'Adelphe m'appelait. Qu'il s'était en quelque sorte emparé de mon esprit malgré moi. J'y suis donc retournée, me suis peu à peu laissé aller au rythme de la phrase, retrouvant un certain plaisir évoquant la lecture des classiques pour très vite éprouver un réel plaisir à la délicieuse compagnie de cette petite communauté d'où émergent les figures d'Adelphe et de Gabrielle.

L'idée de départ est formidable. Isabelle Flaten exhume de l'oubli le Prix Goncourt 1920, le roman Nêne écrit par Ernest Pérochon dont j'avoue je n'avais jamais entendu parler, et en fait le déclencheur de son intrigue puisque sa lecture va provoquer, au sein d'une bourgade bien tranquille une cascade d'événements imprévus. Nous sommes donc au sortir de la Grande Guerre, moment qui a vu les femmes commencer à prendre leur destin en mains fortes du rôle qu'elles avaient assumé en l'absence des hommes. Mais Adelphe, le pasteur n'en a pas vraiment conscience. A quarante ans, bien qu'entouré de femmes, il ne s'est jamais posé la question de leurs aspirations ou de leurs rêves d'accomplissement. le jour où Gabrielle Thomas, l'une de ses paroissiennes lui offre un exemplaire de Nêne en lui glissant, exaspérée que "tout est là", il ne se doute pas encore des répercussions de sa lecture... ou de la lecture à voix haute qu'il entreprend d'en faire chaque soir à Blanche, sa bonne, rapidement bouleversée par le roman et les leçons qu'il contient. le pauvre Adelphe, lui, ne comprend pas ce que Gabrielle perçoit dans ce livre mais ce qu'il voit bien par contre, c'est la beauté de la jeune femme et l'attirance qu'elle exerce sur lui...

Le charme de ce roman tient sans doute à la douceur du regard de l'auteure qui s'applique à recueillir chaque sursaut des uns et des autres avec une gourmandise que l'on perçoit très bien. Les voies du seigneur sont impénétrables et les sentiments qui habitent Adelphe nous le rendent éminemment sympathique dans sa façon de naviguer dans un océan de doutes sans jamais s'affranchir d'un certain droit au bonheur. Isabelle Flaten explore avec une agréable fantaisie qui ne cède rien au fond, quelques décennies d'évolution de l'affirmation du rôle des femmes. Et leur émancipation sur deux générations et le début d'une troisième. Elle trouve ici un moyen habile de revisiter le thème de la transmission, par l'exemple, l'hérédité ou les mots. Et nous offre un roman délicieux, qui se démarque par la fraîcheur de son ton et la profondeur de son étude des relations entre les êtres.

Une très très belle surprise qui me donne envie de m'intéresser aux précédents ouvrages de cette romancière que je découvre avec ce titre.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Adelphe Delalande est pasteur en province. Nous sommes en 1920, il a quarante ans et il vit seul, avec une servante, Blanche.

Dit comme ça, ça manque de glamour et j'ai quelques difficultés à situer le roman entre chronique familiale et leçon de choses. Je pense que je me serais plutôt ennuyée si l'écriture n'avait pas rattrapé la banalité du récit. Pendant 40 ans, on découvre la vie et les amours d'Adelphe, un homme qui ne m'a été ni sympathique ni antipathique et auquel je me suis peu attaché.

Le seul vrai atout, de mon point de vue, hors la qualité stylistique indéniable, est de traverser une partie du XXème siècle. Sauf que... tout va très vite, trop vite. La première partie prend son temps et puis, tout à coup, on a l'impression que les années sont avalées par les pages. En quelques paragraphes, à coups d'ellipses temporelles, on change de décennie, on survole même les périodes les plus riches comme les conflits mondiaux.

En fait, la lecture n'a pas été désagréable mais je ne sais pas vraiment où l'autrice voulait en venir. Je pense qu'elle s'est inspirée des romans d'Ernest Pérochon dont il est beaucoup question dans le roman (surtout de "Nêne", Prix Goncourt) mais je n'ai pas trouvé dans cette chronique ordinaire la magie de ce grand auteur.


Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge MULTI-DEFIS 2023
Challenge ENTRE DEUX 2023
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En 1920, année où ce roman oublié d'Ernest Pérochon reçut le prix Goncourt, Nêne est offert à Adelphe, pasteur d'une petite bourgade, par l'une de ses fidèles, Gabrielle Thomas. La manière dont elle lui tend le livre, avec une sorte de sauvagerie et de rébellion diffuse, préfigure les vacillements puis les bouleversements que la lecture de Nêne va provoquer dans l'existence de cet homme paisible.

« Ceux qui savent lire voient deux fois mieux », écrivait l'auteur grec Ménandre. Pourtant, initialement, Nêne, lecture potentiellement dangereuse, émancipatrice, embrouille la vision du petit monde d'Adelphe, puis celle de sa bonne Blanche, une femme illettrée qui régente son univers domestique, à qui Adelphe va accepter de lire le livre chaque soir. L'histoire de Nêne, servante entrée au service d'un paysan veuf et de ses deux enfants, finalement abandonnée, rejetée malgré son dévouement, va ouvrir une faille dans le coeur et l'esprit de la coriace Blanche.
Chaque lecteur en sait plus long sur un livre que l'auteur lui-même ; chacun des personnages d'Adelphe lit Nêne différemment, tentant d'infléchir dans la vie réelle le cours tragique d'une histoire qui hoquette.

La situation et l'écriture au charme suranné du neuvième livre d'Isabelle Flaten, à paraître le 6 septembre au Nouvel Attila, semblent refléter en miroir le roman d'Ernest Pérochon tout en renversant sa perspective puisqu'Isabelle Flaten place un homme, Adelphe, au centre de l'histoire.
Isabelle Flaten interrogeait avec ruse, justesse et bienveillance les imperfections du genre humain dans ses précédents recueils de nouvelles (Se taire ou pas, Chagrins d'argent, Ainsi sont-ils) ; elle donne ici vie à des personnages d'une épaisseur formidable, à commencer par Adelphe : un homme à l'existence parcimonieuse, qui ne comprend rien aux femmes, mais d'emblée attachant par sa tolérance et son aptitude à questionner ses propres manquements plutôt que ceux des autres. L'existence d'Adelphe, « petit moineau épinglé sur une branche vacillante, les ailes coupées devant ce monde rugissant », et de son entourage, et en premier lieu de Gabrielle et Blanche, est donc perturbée par l'irruption de ce roman-grain de sable et par ce qu'Adelphe commence d'entrevoir du « coeur obscur des femmes » et de leur volonté de conquérir une place plus juste dans la société.

Loin de se réduire aux limites de la petite bourgade, le roman, à partir de la vie d'Adelphe, raconte l'histoire d'un siècle couturé par les guerres et marqué par les luttes pour l'émancipation des femmes. En 1920, lorsque paraît Nêne, la Grande Guerre n'est pas loin, conflit pendant lequel les femmes ont travaillé dur dans tous les domaines, des anonymes aux champs à Marie Curie et sa fille Irène, activement engagées sur le front avec le développement de la radiologie médicale mobile. Témoin ouvert des changements du siècle, Adelphe rompt la lignée des hommes qui vont « de père en fils sans la clé des femmes, avec l'incertitude pour seule boussole ».

La réussite et le charme du roman tiennent aussi au rythme de sa narration, paisible tout d'abord, au rythme lent de la petite bourgade et de la vie aux horizons réduits d'Adelphe, et qui s'accélère avec le siècle et les tourbillons grandissants dans l'existence du pasteur jusqu'au ralentissement ultime sur les rives de la grande vieillesse.

Avec ce roman joliment féministe, éloge de la lecture et de la tolérance, Isabelle Flaten réussit à enchanter en formant, sur un ton décalé avec l'époque, un roman très actuel.
Nous aurons le plaisir de recevoir Isabelle Flaten le 6 septembre en soirée chez Charybde (81 rue du Charolais, Paris 12ème, à Ground Control) pour fêter la parution d'Adelphe.

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde ici :
https://charybde2.wordpress.com/2019/08/16/note-de-lecture-adelphe-isabelle-flaten/
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Marcel était son ami, la seule personne à qui il pouvait s'adresser en toute spontanéité, sans le souci de paraître ni de disparaître. Tout entre eux coulait d'une source instinctive, une sorte de reconnaissance immédiate entre deux consciences ne souhaitant pas tricher avec leurs faiblesses même si le reflet n'était pas toujours des plus glorieux. Deux hommes qui s'épaulaient l'âme quand elle vacillait chez l'un ou l'autre (...) Toujours là par-delà les divergences, c'était même peut-être cela qui les soudait, ce goût de soupeser, d'opposer leurs petites opinions personnelles, celles dont on croit qu'elles engendrent l'hostilité entre les êtres alors qu'elles sont le plus droit chemin vers le voisin pour peu qu'on les considère avec courtoisie. C'était leur fonds de commerce amical, le plaisir d'aller chercher en l'autre de quoi s'éclairer et s'améliorer. (p. 121)
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C’est une sauvageonne qui lui tend le Goncourt de l’année, un roman d’Ernest Pérochon, en sifflant qu’il est édifiant. Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon… Il a souri, d’un rictus emprunté, le cœur n’y était pas, seulement la pratique, une longue et patiente bienveillance acquise à force de saluer les fidèles à l’issue du culte chaque dimanche que le Seigneur a fait, avec parfois des surprises. Le geste de la jeune femme en était une. (...)
De nouveau il ouvre le livre et crayon en main à part à la recherche du propos souterrain, souligne les phrases suspectes, celle-ci peut-être, ou bien celle-là, et soudain elle est là, page vingt-sept, une droite dans la cervelle : " Maintenant qu'on ne les poignait plus, ils se gringaçaient entre eux. Portés vers l'instruction, ils discutaient les idées nouvelles et aussi leurs croyances. Suivant puis dépassant les pasteurs libéraux, beaucoup coulaient maintenant vers l'irréligion. "(...) (p. 10)
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Ce jour-là, quelque chose sortait de l’ordinaire, les yeux de Gabrielle étaient arrimés aux siens d’une étrange façon. Une manière de faire qu’il ne lui connaissait pas, la paupière haute, volontaire et le chignon mal arrangé, des mèches blondes éparpillées sur un visage d’ange.

C’est une sauvageonne qui lui tend le Goncourt de l’année, un roman d’Ernest Pérochon, en sifflant qu’il est édifiant. Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon… Il a souri, d’un rictus emprunté, le cœur n’y était pas, seulement la pratique, une longue et patiente bienveillance acquise à force de saluer les fidèles à l’issue du culte chaque dimanche que le Seigneur a fait, avec parfois des surprises. Le geste de la jeune femme en était une.
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Tout juste le récit achevé, Adelphe Delalande sort la blague à tabac de la poche de son gilet et bourre sa pipe avec méthode. Il l’allume, la glisse entre ses lèvres et aspire des bouffées voraces qui forment un halo de volutes opaques, une sorte de voile sur l’embarras. Dimanche dernier, déjà, quand elle lui a offert le livre sur le parvis du temps, il s’est empourpré sans raison. D’ordinaire il reçoit les cadeaux de ses paroissiennes de bonne grâce, avec le sourire facile, le remerciement aisé. Lorsqu’il s’agit d’une bouteille de vin, il souligne avec malice les vertus d’un petit verre sur son âme en cas de turbulence. Ce jour-là, quelque chose sortait de l’ordinaire, les yeux de Gabrielle étaient arrimés aux siens d’une étrange façon. Une manière de faire qu’il ne lui connaissait pas, la paupière haute, volontaire et le chignon mal arrangé, des mèches blondes éparpillées sur un visage d’ange. C’est une sauvageonne qui lui tend le Goncourt de l’année, un roman d’Ernest Pérochon, en sifflant qu’il est édifiant. Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon… Il a souri, d’un rictus emprunté, le cœur n’y était pas, seulement la pratique, une longue et patiente bienveillance acquise à force de saluer les fidèles à l’issue du culte chaque dimanche que le Seigneur a fait, avec parfois des surprises. Le geste de la jeune femme en était une.
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Tout juste le récit achevé, Adelphe Delalande sort la blague à tabac de la poche de son gilet et bourre sa pipe avec méthode. Il l’allume, la glisse entre ses lèvres et aspire des bouffées voraces qui forment un halo de volutes opaques, une sorte de voile sur l’embarras. Dimanche dernier, déjà, quand elle lui a offert le livre sur le parvis du temps, il s’est empourpré sans raison. D’ordinaire il reçoit les cadeaux de ses paroissiennes de bonne grâce, avec le sourire facile, le remerciement aisé
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Vidéo de Isabelle Flaten
"Pour cette onzième rencontre qui se déroulera, pour la première fois, dans le cadre de l'opération La Voie des Indés (http://lavoiedesindes2013.wordpress.com/), l'équipe des Soirées de la Petite édition convie la maison d'édition strasbourgeoise La Dernière Goutte. Fondée par Nathalie Eberhardt & Christophe Sedierta en 2007, la Dernière Goutte s'est fait une spécialité de défendre des textes forts aux univers grotesques, bizarres ou sombres (comme le dit si bien leur site web). Rééditions d'auteurs français oubliés, création contemporaine à fleur de peau ou mystérieuse, mais aussi textes rares allemands, hongrois côtoient toute une jeune génération d'auteurs argentins qui, pour autant qu'ils sont sombres, n'en oublient pas moins d'embarquer les lecteurs dans le rêve, la farce ou la mélancolie.
Au programme de cette soirée, on effeuillera les empêchements de la vie quotidienne avec Isabelle Flaten, on partira à la recherche du poète Endsen dans les rues de Prague avec Pierre Cendors, on jettera un œil Derrière le mur de briques hongrois de Tibor Déry, on visitera les prisons de Poritsky, on partira (ou on restera) à Buenos aires, avec Mariano Sisikind, on tâtera La Peau dure de Fernanda Garcia Lao, on parlera d'un Affabulateur, des romans oubliés de Jacques Sternberg, de L'homme de trop, on pénètrera dans la Casa Balboa de Mario Rocchi et l'on produira une Thèse sur un enlèvement avec Diego Paskowski. Et bien entendu, nous finirons la soirée autour d'un verre!
Nous serons accompagnés, dans l'exploration de ces mondes fantasmatiques par Christophe Sedierta, l'un des éditeurs, et ses invités: Pierre Cendors et Isabelle Flaten, auteurs, et Frédéric Gross-Quelen, traducteur de l'espagnol. Il se pourrait que d'autres invités se joignent, un peu plus tard à la soirée.
De plus, l'éditeur a accepté, spécialement pour les Soirées, de proposer son nouveau titre: Enfer, s'écria la duchesse, une satire surprenante de Michael Arlen qui ne sortira en librairie que le 3 novembre. Avis à ceux qui aiment les avant-premières!
Pour en savoir plus sur la maison, les traditionnels liens:
le site http://www.ladernieregoutte.fr/ la page facebook : https://www.facebook.com/pages/Editio...
Pour être informé de l'actualité des soirées de la petite édition, retrouvez-nous sur notre page facebook: https://www.facebook.com/SoireesDeLaP...
ou sur Libfly.com: http://www.libfly.com/soirees-de-la-p...
La Voie des Indés est une opération d'exploration collective de l'édition indépendante. Plus de renseignements ici: http://lavoiedesindes2013.wordpress.com/"
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