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EAN : 9782714451828
528 pages
Belfond (16/05/2012)
3.68/5   174 notes
Résumé :
Après le succès d'Enfant 44 et de Kolyma, la quête haletante et désespérée d'un homme pris dans l'étau de la paranoïa et de la violence, sur fond d'URSS poststalinienne, de maccarthysme et d'invasion russe en Afghanistan.

1965. Pour apaiser les tensions entre leurs deux pays, États-Unis et URSS réunissent quelques étudiants pour un concert pacifique à Manhattan. Parmi les membres de la délégation russe : Raïssa Demidova et ses deux filles.
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 174 notes
Comme j'étais heureux d'avoir, grâce à Babelio, à ses Masses Critiques et aux éditions Belfond, l'occasion de découvrir un thriller politique sur fond oppressant de Guerre froide. J'ai mis le temps, mais j'ai enfin fini ce petit pavé pour proposer cette critique dans les temps.

Disons-le tout de suite, j'ai été vraiment gêné par ce roman, que j'ai trouvé bien long à terminer (je l'ai donc clos juste à temps pour le délai imparti par la Masse Critique). C'est avant tout un problème de cohérence dans l'enchaînement de l'intrigue qui m'a le plus interloqué. En effet, nous débutons par une ambiance digne d'un thriller d'espionnage (j'avoue qu'au départ, je m'attendais à du Jason Bourne ou du Spinter Cell, avec plaisir évidemment), sans surplus d'action malgré tout ; puis, nous obliquons violemment vers un récit social orienté sur les différences à la fois entre Noirs et Blancs d'un côté, et entre « pauvres communistes » et « consuméristes américains » de l'autre ; pour finir, nous revenons à une escapade au long cours, plus classique, qui prend sa source dans Afghanistan occupée par l'U.R.S.S. Notons qu'entre ces différentes parties, quinze ans passent à chaque fois ! Là, niveau cohérence, cela m'a gêné.
Il y a heureusement quelques bons points : je ne jette pas tout en bloc, loin de là. du point de vue du rythme déjà, le choix des chapitres courts peut sembler simple, mais cela rend au moins l'ensemble résolument nerveux. de plus, Agent 6 semble être le troisième tome des aventures de Leo Demidov, après Enfant 44 et Kolyma ; or, malgré le fait que l'intrigue se déroule avant et après ces autres opus, sur plus de trente ans de la vie du héros, il est tout à fait possible de lire ce roman sans aucune autre connaissance de ses personnages, Léo Demidov en premier évidemment. Les personnages, puisqu'on en parle, sont plutôt intéressants, mais il est dommage de ne les voir seulement quelques chapitres chacun, car ils ne font en fait que graviter autour du héros principal.
Mais bon, ces quelques aspects appréciables ne sont pas des arbres assez gros pour cacher la forêt. Qu'il est dommage aussi, par exemple, et vraiment préjudiciable, de voir chaque chapitre débuter par l'emplacement de l'action, par le moment également : à quoi sert-il de donner des informations que nous retrouverons de toute façon dans le texte du chapitre ? Quand on voit le nombre incroyable de chapitres, pourquoi donc y retrouver à chaque fois des informations comme le nombre de kilomètres qui nous séparent d'Islamabad ou de Kaboul ? Enfin, j'ai eu beau lire et relire les différentes critiques déjà élaborées sur Babelio et je ne comprends vraiment pas où se trouve le suspense vanté dans ce roman ! Tout simplement, la quasi totalité des éléments fondamentaux de l'intrigue sont en fait dévoilés à la fin du premier tiers, lors de la mort d'un personnage (petit spoiler certes, mais il est annoncé dans la quatrième de couverture…). le reste à découvrir n'est que broutilles sans grand intérêt à côté du sens à donner à cette mort. Or, évidemment, notre héros, Léo Demidov, lui, n'est au courant de rien et subit la propagande qui vante une vérité officielle différente. Ce simple décalage est rattrapé à la toute fin puisqu'il découvre le pot-aux-roses, mais nous, lecteurs, ne savions pas déjà tout cela, ou presque, depuis trois cent pages ?
De la même façon, ce cher Lehane-fan nous fait remarquer, à juste titre, que la quatrième de couverture retrace bien au moins deux cent pages du roman, pour moi on peut même y trouver le résumé des 450 premières, ni plus ni moins ! D'ailleurs, le titre-même me semblait incongru jusqu'à cette rassurante page 462 qui explique (enfin !) son intérêt… Intérêt-mystère qui ne tiendra, en tout et pour tout, que treize pages exactement pour que l'on découvre qui se cache derrière ce sobriquet. Et pour vraiment nous finir bien comme il faut (oui, je n'ai pas encore terminé, en fait !), nous avons la désagréable surprise de trouver des pages interverties : ce n'est pas très gênant au bout du compte, mais ajouté au reste, ça la fout mal quand même.

Pour conclure (parce qu'il va être temps d'arrêter quand même !), je reviens de cette lecture avec un fort goût amer, car cet ouvrage fut long à terminer et j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps : m'arrêter aux deux cents premières pages, voire au résumé (que je n'avais pas lu au départ), aurait très bien pu me suffire. Comme je l'ai dit ce n'est pas le style qui m'a bloqué, mais bien l'agencement global de l'intrigue. Peut-être que c'est moi qui n'ai rien compris, au vu des autres critiques, ou bien peut-être les deux autres romans de cette série sont plus nécessaires qu'ils n'y paraissent pour la compréhension, je ne sais vraiment pas. En attendant, il va être urgent pour moi que je me refasse un vrai bon polar des familles car celui-ci n'en est pas un, c'est sûr, et je reste sur ma faim…

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Premiers petits pas timides dans l'univers complexe de Tom Rob Smith que je ne connaissais que de réputation , Enfant 44 ayant fait couler pas mal d'encre , le constat est d'une évidence sans appel , j'ai aimé , point barre !
Aimé , oui , excepté de découvrir pour la énième fois en 4e de couv' un pitch bien trop bavard couvrant allègrement les 200 premières pages ! Amis du suspense , bonsoir !
Autre délicate surprise du chef amusante sans réelle conséquence , un petit jeu bien involontaire consistant à rechercher fébrilement certaines pages placées dans le bouquin de façon totalement aléatoire et n'ayant absolument aucun rapport avec la précédente mais prêtant plus au sourire qu'à l'énervement , la rareté aidant . Wonder et Montagné pour la relecture , on oublie illico !
Le dernier petit regret , n'avoir pas découvert les deux précédents opus intégrant ce triptyque afin d'y constater l'évolution attachante des divers protagonistes composant la famille Demidov .

Leo , pater familias et pierre angulaire de ce récit , va se muer en véritable petit guide du routard et ce de façon bien inopportune .
La guerre froide bat son plein . Les relations USA / URSS ne sont pas vraiment au beau fixe . Sur fond d'attentat anticommuniste incriminant mortellement Raissa , sa femme , alors délibérément choisie pour accompagner ses deux filles et leur classe au pays de l'Oncle Sam , Leo va dès lors tout mettre oeuvre pour lever le voile nimbant cet épais mystère familial .
Quête absolue de vérité , aveuglement maladif , amour inconditionnel , autant d'éléments moteur constituant dès lors chaque parcelle de son être et lui procurant encore le sentiment d'être vivant .
Un thriller politique haletant qui , d'un continent à l'autre , intrigue et instruit un lecteur pleinement happé par la tourmente .
Couvrant une période d'un peu plus de 30 ans ( 1950 – 1981 ) , ce roman mixe talentueusement tragédie personnelle sur fond de guerre froide sans jamais susciter le moindre décrochage de mâchoire intempestif .
De l'URSS à l'Asie Centrale en passant par les States , autant de douloureux périples pour l'ami Demidov avec en seul et unique point de mire la réponse à cet entêtant questionnement : quid de l'implication politique de sa femme , objet de sa presque totale déchéance...

Des chapitres courts , une écriture nerveuse , des personnages consistants au service d'un récit dépaysant et didactique parfaitement maîtrisé , mon premier TRS ne sera certainement pas le dernier !

Merci à Babélio et aux éditions Belfond Noir pour cette nouvelle révélation !

Agent 6 : à dévorer lors d'un p'tit 5 à 7 !
http://www.youtube.com/watch?v=1G4isv_Fylg
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Tom Rob Smith boucle sa trilogie « Leo Demidov » avec Agent 6. Loin de s'inscrire dans le prolongement chronologique des deux précédents romans, la trame d'Agent 6 englobe une période élargie allant de 1950 à 1981, c'est donc tout le parcours de Leo Demidov, de Moscou à New-York en passant par Kaboul et Peshawar qui est retracé ici, exceptés les épisodes de sa vie racontés dans Enfant 44 et Kolyma, les romans précédents ; chaque livre peut donc être lu séparément.
La carrière mouvementée de Leo oscille entre périodes de gloire et de disgrâce. Communiste convaincu et fonctionnaire zélé du régime soviétique, ses convictions politiques vont évoluer au fil du temps. Officier du MGB sous Staline, conseiller politique et instructeur en Afghanistan sous Brejnev, il a également connu quelques traversées du désert (au propre comme au figuré). Mais trop en dire conduirait à dévoiler une partie de l'intrigue.
La vie privée de Leo est tout aussi compliquée. Une jolie femme, Raïssa, et deux filles adoptives, Zoya et Elena, composent sa famille que nous connaissons déjà à travers les précédents romans. Léo veut être un bon mari et un bon père de famille. Mais sa profession et ses convictions incitent à observer le monde extérieur sous un oeil soupçonneux confinant à la paranoïa. Malgré ses bonnes intentions, Léo est donc difficile à vivre. Face aux innombrables dangers qui menacent ses proches, d'ailleurs plus réels qu'imaginaires dans le roman, parviendra-t-il à protéger les siens ? Là encore, en dire trop dévoilerait une partie de l'intrigue.
Disons simplement que des complots vont se tramer et que des meurtres à répétition vont se produire ; mais bien malin qui saura dire si les commanditaires sont du côté du FBI ou du côté du KGB.
En matière de révélations intempestives, le pas est pourtant allègrement franchi sur la quatrième de couverture qui tue dans l'oeuf un suspense bien mené qui aurait pu planer sur les deux-cent premières pages. Signalons également pour cette édition d'autres petits problèmes tout aussi agaçants : quelques coquilles et surtout l'inversion des pages 135 et 140, rendant la lecture un peu délicate à cet endroit.
De bonnes idées de scénario, des angles de vue originaux, des détails qui font vrais, parsèment le récit de Tom Rob Smith, découpé en chapitres courts qui donnent à la narration un rythme soutenu. Les scènes très visuelles et les indications de lieux utilisées comme titres de chapitre plongent le lecteur dans une ambiance rappelant les films d'action.
Mais malgré ses indéniables qualités, ce troisième roman m'a pourtant laissé une impression mitigée, sans doute due aux personnages trop manichéens, parfois jusqu'à la caricature, et au dénouement un peu faible (j'aurais aimé voir ressurgir quelques personnages qui disparaissent trop vite du récit et j'avais imaginé une fin plus surprenante quant à l'identité de l'Agent 6). Par ailleurs, le style de Tom Rob Smith s'apparente davantage à l'écriture en Rangers d'un Tom Clancy, plutôt qu'à la plume élégante et subtile de son compatriote John le Carré (qui porte des Church, à mon avis).
Nombreux sont les thrillers et les romans policiers qui plongent le lecteur en pleine guerre froide. Moins nombreux sont les écrivains qui disposent d'un héros récurrent soviétique et moscovite pure souche. Tom Rob Smith est l'un d'entre eux, mais sachez qu'il en existe un autre. Assez curieusement, son nom est Smith, Martin Cruz Smith. Son héros récurrent est l'inspecteur Arkadi Renko, de la milice soviétique, sept romans à son actif. Et franchement, amateurs et amatrices de polars, si vous avez lu et apprécié Tom Rob, précipitez-vous sans attendre sur Martin Cruz. Une autre façon de découvrir l'Urss depuis l'autre côté du rideau de fer, boljemoï !
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Un thriller foisonnant qui va de l'URSS aux États-Unis, en passant par l'Afghanistan, un pavé qui évolue des années 50 aux années 80.

Tout commence à Moscou, avec un chanteur américain en visite et Leo, un agent du KGB, qui tombe amoureux de Raïssa. Quinze ans plus tard, Raïssa a épousé Leo et est en visite aux États-Unis lorsque le chanteur est assassiné et c'est elle qui sera accusée du meurtre (un ressort de l'intrigue un peu maladroitement dévoilé par le 4e de couverture…)

Au fil des pages, on appréciera les atmosphères très différentes : le climat de suspicion moscovite et les séquelles du régime stalinien, l'Afghanistan d'avant les Talibans, occupé par l'armée « alliée » des Soviétiques, ainsi que la « chasse aux sorcières » anticommuniste aux États-Unis.

D'ailleurs, pour le personnage de l'américain Jessy Austin, l'auteur s'est inspiré de la vie du chanteur Paul Robeson, populaire en URSS et même en Chine, mais aussi persécuté sous le Maccarthysme. le roman s'écarte ensuite de l'Histoire puisque Robeson fut réhabilité à la fin des années cinquante et put même faire des tournées internationales au début des années soixante.

En cela, l'aspect historique du roman m'a un peu gêné, car si, en 1965, l'assassinat était toujours à la mode aux USA, l'étau du Maccarthysme s'étant relâché, le contrôle de la musique populaire et des médias ne me semble plus tout à fait aussi crédible. Et le doute, s'il s'installe, nuit à la l'enthousiasme avec lequel la lectrice (ou le lecteur) accepte l'ensemble des événements qui lui sont présentés par la suite.

Au final, cela donne quand même un thriller intéressant, mais qu'on lira davantage pour y goûter des ambiances que pour sa crédibilité historique.
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Contexte : La guerre froide : anglais : Cold War, russe : холодная война, khalodnaïa vaïna. La période de tensions et de confrontations idéologiques et politiques telle que le capitalisme VS le communisme. Entre les deux superpuissances que furent les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Supplément offensif : L'invasion soviétique en Afghanistan.

Leo Demidov, un ex-agent du MGB (Futur KGB) ne fera jamais le deuil de sa femme feu Raïssa. Il n'avait plus le droit de sortir du pays et n'était pas là quand elle fut assassinée après avoir été accusée du meurtre d'un chanteur noir communiste engagé, le jour d'un concert symbolique en 1965 à Manhattan. C'était le jour d'un meeting au siège des Nations Unies qui avait pour but de maintenir une paix durable entre les États-Unis et l'Union soviétique. Un concert organisé par les deux nations dont madame Demidov et ses deux filles participaient avec les chorales d'étudiants américains et russes. Une image d'union, de respect, d'espoir. Un cauchemar pour Leo commence. le désir maladif de retrouver le véritable meurtrier. Car pour lui, c'est l'évidence même, il y a anguille sous roche. Après une sanction disciplinaire pour avoir tenté de joindre l'Amérique, il erra plusieurs années en Afghanistan au service du communisme. L'opium, la guerre, le climat hostile dans lequel il vivait le rendit asocial, nu de sentiment, désillusionné, errant. Un homme vide sans buts à part ceux d'obéir machinalement à la transe de ses nuits opiacées et à l'observation de ses journées poussiéreuses. Que sont devenues ses filles restées au pays qu'il n'a plus vues depuis près d'une dizaine d'années ? Comment réagir alors qu'il est sous pression coincé dans une invasion armée injustifiée qu'il est censé favoriser ? Qui a tué sa femme dans le pays capitaliste ? Croire en quoi, en qui ? Leo, bloqué en Afghanistan, voit ses chances de revoir sa famille et venger l'élue de son coeur s'amenuiser à petit feu.

La boîte à outil de la propagande, qu'elle vienne du côté rouge Lénine ou du flag étoilé McCarthy. Peur importe sous qui de toute manière. Il s'agit ici de la tension qui s'incruste dans les esprits suite à un jeu d'espionnage, de manipulation, de folie outrancière qui dura un peu plus de 40 ans. L'un considérant l'autre comme extrême. La guerre froide, un tragique délire. le décor planté, l'ambiance paranoïaque, l'intensité de la rigidité des esprits, l'auscultation et l'occultation des idéaux, les actions punitives, le nettoyage, les interrogatoires… Tout est là pour animer la carte. La haine étouffée, l'implosion de l'être humain impuissant devant le pouvoir indomptable, les victimes définies comme des dommages collatéraux pour une cause plus grande.
Le montage est très bien agencé de sorte que la lecture file. Chapitres brefs accumulés, une ambiance page turner assurée. Pas de long épanchement, de débat obèse et écoeurant d'un point de vue des stratégies politiques ou des interactions complexes entre des systèmes autoritaires et arbitraires. C'est l'avantage du roman. Tout est bien morcelé pour susciter la curiosité. Les personnages ont leurs opposés, il y a de l'émotion sans sentimentalisme, de la rage sans en faire dans le scénario du Rambo débilitant, de la justesse des propos, de la logique dans l'histoire sans ficelle aussi grosse qu'une amarre. Une dénonciation d'une souffrance, d'une injustice. Un coup d'oeil efficace.
Le bémol. le titre donne bien, mais peut tromper le lecteur. Il est accrocheur, mais loin d'être central dans l'aventure. Une manière de manipuler celui qui pince les pages pour brouiller une piste ? L'intrigue n'est pas révolutionnaire : un assassinat peu de temps après celui de Malcom X et pas loin de celui de JFK, à une longueur de mai 1968, une vengeance interdite sous des régimes fumeux, une chute moins explosive. Un rassemblement de classique en somme...
Malgré tout cela, ce n'est pas grave. L'évolution du personnage principal, le plantage des éléments de l'intrigue sont placés de sorte qu'on ne lâche pas le bouquin jusqu'à la fin. Moi qui ne suis pas un assidu des romans d'espionnage, j'ai passé un très bon moment. Une lecture décontractée, sans m'exclamer debout sur mon fauteuil, le livre brandit vers le plafond : Arnaque et foutaise ! OU La larme à l'oeil : Merci ! Hallucinant ! Fabuleux. Non, rien de tel. C'était rapide et précis sans vouloir surprendre, c'est passé vite.
Pour moi, la réussite tient dans le fait qu'après coup je suis resté interloqué de manière peu fraîche, peu profonde, mais spontanée : Merde. Combien ont lâché leurs tripes sur le sol où nous nous pavanons ! Grincheux, pour un caprice de consommateur, pour une liberté bafouée parce qu'on nous a insultés, parce que les taxes sont trop élevées, parce qu'on doit partager le territoire et les droits avec des étrangers alors qu'on a ouvert nos frontières, parce qu'il y a trop de pauvres et trop de riches, et trop de tout, parce qu'on a peut-être appuyé sur les détentes des armes que nous finançons pour soulever des révoltes un peu partout dans le monde, en votant mal. Alors, après coup, je me dis que oui, merde. Je suis libre. N'est-ce pas un délice ? Rien que pour ça, je trouve ce livre intéressant. Il est même accessible pour les non férus de complots militaro-politiques.
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Une femme n'était pas censée prier au sein d'une assemblée de fidèles ; elle devait privilégier le recueillement solitaire . Bien qu'aucune raison théologique n'interdise à Nara de prier à la mosquée , les conditions à remplir étaient si strictes qu'elles rendaient éprouvantes toute nouvelle tentative . Lors de sa dernière visite , accusée de porter du parfum , elle avait dû concéder s'être lavé les mains avec une savonnette sans doute responsable de cette odeur . Après l'humiliation d'avoir été reniflée par un tribunal d'hommes , elle priait désormais chez elle .
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Le major Kuzmine mit un disque et tous se calèrent sur leurs sièges pour l’écouter. Leo ne comprenait pas les paroles, mais devinait pourquoi son supérieur, le plus méfiant des hommes, avait confiance en Jesse Austin. Jamais Leo n’avait entendu de voix plus sincère ; les mots semblaient jaillir du cœur du chanteur, sans passer par le filtre de la prudence ou de la stratégie. Kuzmine arrêta l’électrophone.
— M. Austin est devenu l’un de nos principaux agents de propagande. À ses textes engagés et à son succès commercial s’ajoutent ses talents d’orateur connu dans le monde entier. Ses chansons l’ont rendu célèbre, donnant une audience internationale à ses opinions politiques.
Le major fit signe au projectionniste.
— Voici des extraits d’un discours prononcé à Memphis en 1937. Regardez attentivement. Il n’y a pas de sous-titres, mais surveillez les réactions du public.
On changea de bobine. L’appareil ronronna de nouveau. Sur l’écran apparut une salle de concerts emplie de milliers de personnes.
— Notez que tous les spectateurs sont blancs. Dans les États du Sud, des lois imposent la ségrégation. Le public doit être soit entièrement blanc, soit entièrement noir.


Le major Kuzmine mit un disque et tous se calèrent sur leurs sièges pour l’écouter. Leo ne comprenait pas les paroles, mais devinait pourquoi son supérieur, le plus méfiant des hommes, avait confiance en Jesse Austin. Jamais Leo n’avait entendu de voix plus sincère ; les mots semblaient jaillir du cœur du chanteur, sans passer par le filtre de la prudence ou de la stratégie. Kuzmine arrêta l’électrophone.
— M. Austin est devenu l’un de nos principaux agents de propagande. À ses textes engagés et à son succès commercial s’ajoutent ses talents d’orateur connu dans le monde entier. Ses chansons l’ont rendu célèbre, donnant une audience internationale à ses opinions politiques.
Le major fit signe au projectionniste.
— Voici des extraits d’un discours prononcé à Memphis en 1937. Regardez attentivement. Il n’y a pas de sous-titres, mais surveillez les réactions du public.
On changea de bobine. L’appareil ronronna de nouveau. Sur l’écran apparut une salle de concerts emplie de milliers de personnes.
— Notez que tous les spectateurs sont blancs. Dans les États du Sud, des lois imposent la ségrégation. Le public doit être soit entièrement blanc, soit entièrement noir.
Sur la scène, en smoking, Jesse Austin s’adressait à la foule. Certains spectateurs quittaient la salle, d’autres le huaient. Kuzmine désigna ceux qui partaient.
— Ce qui est très intéressant, c’est que la plupart de ces spectateurs blancs écoutent le concert avec plaisir. Ils restent assis, applaudissent, font même une ovation à M. Austin. Mais celui-ci ne peut terminer un concert sans faire un discours. Dès qu’il commence à parler du communisme, les gens s’en vont ou l’insultent. Et pourtant, observez son expression.
Le visage du chanteur ne trahissait aucun embarras. Il semblait savourer la polémique ; ses gestes se faisaient plus véhéments au fil de son discours.
Kuzmine ralluma et s’adressa à l’auditoire :
— Votre mission est capitale. Les autorités américaines accroissent leur pression sur Jesse Austin, à cause de son soutien sans faille à notre pays. Vos dossiers contiennent des articles écrits par lui et publiés dans des journaux socialistes américains. Vous verrez par vous-mêmes quelle provocation représentent pour un régime conservateur ces appels au changement, à la révolution. Nous craignons que son passeport lui soit retiré. Cette visite pourrait être la dernière.
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Aux yeux de la police secrète, le simple fait de dissimuler son journal intime, quel qu'en soit le contenu, représentait un délit, une tentative du citoyen pour séparer sa vie publique de sa vie privée, alors qu'elles étaient indissociables. Aucune pensée, aucune expérience ne devait échapper à l'autorité du Parti. Si bien que la découverte d'un journal intime soigneusement dissimulé constituait la meilleure pièce à conviction dont pouvait rêver un agent de la police secrète. Ce journal n'étant pas destiné à être lu, son auteur écrivait en toute liberté, sans méfiance, et se livrait à cœur ouvert. Du fait de cette sincérité, ce genre de document permettait de juger non seulement son auteur, mais aussi les amis de celui-ci et sa famille. Un journal pouvait aussi donner une quinzaine de suspects supplémentaires, de nouvelles pistes, souvent bien plus qu'un interrogatoire serré.
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Un océan est une sorte de lac aussi grand qu’un pays. Au lieu des terres, il y a de l’eau, et cette eau est aussi profonde que les montagnes sont hautes. Elle est pleine de poissons, certains énormes, aussi gros que cet immeuble.

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"A la jeune fille russe qui, quelques heures plus tôt, voulait savoir pourquoi il avait sacrifié tant de chose pour le communisme ; aux inconnus, aux amis ou aux proches qui lui avaient demandé pourquoi il ne profitait pas de son argent sans se mêler de politique, jamais il n’avait dit la vérité. La raison qui avait fait de lui un communiste n’était ni la haine à laquelle sa famille s’était retrouvée en butte à son arrivée à New York, ni les insultes qu’on avait pu lui jeter au visage, ni la pauvreté, ni tous les efforts de ses parents pour réussir à joindre les deux bouts. Le soir de son premier grand concert, dans une salle bondée, en voyant applaudir tous les Blancs aisés qui le regarder chanter et danser, il avait compris : ils l’aimaient tant que ses jambes respectaient le rythme, tant que ses lèvres chantaient au lieu de prononcer des discours. Sitôt le spectacle terminé, dès que ses jambes ne dansaient plus, ils ne voulaient plus rien avoir à faire avec lui.
Etre aimé sur scène ne lui suffisait pas. Chanter ne lui suffisait pas."
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Vidéo de Tom Rob Smith
Enfant 44 (Child 44), un thriller américano-britannico-tchèque de Daniel Espinosa, sorti en 2015. C'est l'adaptation cinématographique du roman de Tom Rob Smith Enfant 44, publié en 2008. Bande-annonce VF
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