AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848052021
284 pages
Sabine Wespieser (03/03/2016)
3.82/5   17 notes
Résumé :
Au petit matin du 18 août 1936, non loin de Grenade, au lieu baptisé « ainadamar » – la fontaine aux larmes –, Federico García Lorca est lâchement assassiné par des phalangistes. Il meurt à l’âge de trente-huit ans, en compagnie de deux banderilleros anarchistes et d’un instituteur, chacun de ces hommes à sa manière engagé dans le renouveau républicain.
En de brefs et poignants chapitres, Serge Mestre retrace les sept dernières années de leurs vies.
En... >Voir plus
Que lire après Ainadamar : La fontaine aux larmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
18 août 1936 quatre hommes sont extraits d'un fourgon cellulaire pour une dernière "promenade" de quelques mètres au petit matin. Des phalangistes tirent sur les silhouettes. Parmi eux, un instituteur unijambiste, et deux banderilleros plombiers et anarchistes. Leur mort aurait pu rester anonyme, comme tant d'autres si Garcia Federico Lorca n'avait pas été le quatrième. Une mort au lieu-dit "La fontaine aux larmes".
Trois anonymes assassinés et coupables du fait de leur engagement socialiste ou anarchiste, et un poète célèbre, exécuté pour ses écrits et son homosexualité..
Des milliers d'autres subirent le même sort, arrestation violente, tortures et une balle au petit matin;
Le franquisme dans toute son horreur.
Quatre hommes qui ne se connaissaient pas, qui se sont rencontré dans ce fourgon, quatre vies, quatre engagements que Serge Mestre met à l'honneur dans ce roman.
Il jongle avec les époques, de 1929 à 1936, sans aucun ordre, on reconstruit progressivement chacune de ces vies, sans jamais être perdu. Des vies replacées dans l'actualité du moment, le roman en miroir avec l'histoire. Ces retours en arrière, ces bons en avant, ces voyages de l'Espagne à New-York ou Cuba, des hôtels de Manhattan à la salle de classe et aux arènes espagnoles rythment l'écriture et nous permettent de mieux connaître et comprendre cette période, la mentalité et l'histoire de l'Espagne.
Comme la fin nous est connue dès les premières lignes, on s'attache à comprendre le pourquoi, le comment en est on arrivé là.
On ne peut qu'admirer ces trois hommes, qui auraient pu rester dans l'ombre, réprimés par les phalangistes franquistes pour leur idées, représentatifs de milliers d'autres anonymes que Serge Mestre met à l'honneur. Serge Mestre, lui-même fils de réfugié, admire ces hommes et leurs engagements, aime leur simplicité.
Les écrits de Garcia Federico Lorca, ont certainement formé sa personnalité; les extraits repris nous font découvrir ou mieux connaitre les engagements de l'écrivain en faveur de l'art, de la culture, de tous les opprimés, qu'ils soient cubains, américains ou ouvriers agricoles en Espagne. Un homme libre et courageux qui n'a jamais caché son homosexualité..et réprimé aussi pour cela. Quel courage à l'époque dans cette Espagne dont la pensée officielle, contre laquelle ces hommes libres s'élevaient, était la parole de l'Église et de ses curés!
La liberté et l'éducation face à l'obscurantisme. "L'ignorance soumet. L'Eglise le sait, en a fait son pré carré qui fleurit de toute son influence. L'instruction aguerrit, elle enrayé la suggestion des soutanes. Depuis la nuit des temps, dans ce pays, les politiques, les militaires l'ont compris, qui courtisent le religieux [...] Leur complicité date de Mathusalem."
Une lecture utile...et qui ne peut laisser indifférent
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          160
Federico Garcia Lorca est mort, assassiné par des phalangistes le 18août 1936 près de Grenade, sa ville natale, à l'âge de trente-huit ans, en compagnie de deux banderillos, anarchistes, et d'un instituteur, Dioscoro Galindo. le lieu de sa mort s'appelle « ainadamar », la fontaine aux larmes, d'où le titre de ce récit de Serge Mestre.
Ce récit est un hommage à la vie et à l'oeuvre de Federico Garcia Lorca et retrace les sept dernières années de sa vie .Le premier chapitre décrit le voyage du poète à New-York en 1929 , entrepris pour se ressourcer , retrouver de l'inspiration dans la musique du continent nord-américain .A bord, les nombreuses conversations avec son ami Fernando de los Rios l'occupent et ce dernier le revoit, lui, Federico, en train de jouer quinze ans plus tôt au Centre artistique de Grenade la Sonate N°14 de Beethoven . Les deux amis de Lorca, sont présentés dans le récit : dans l'art de toréer, et aussi dans leurs choix. Joaquin Arcollas et Francisco Galadi sont membres de la CNT, cette organisation anarchiste.
La dictature de primo de Rivera s'est installée en Espagne, et les deux militants n'ont de cesse de participer aux grèves et de lutter contre les grands exploitants agricoles et industriels.
On le voit il est toujours question dans la vie de Federico Garcia Lorca, de libération, d'émancipation, de besoin d'une liberté créatrice .Son ami l'instituteur Discoro Galindo le rôle de l'instruction à l'un de ses élèves Rafael : « L'instruction ouvre la voie du libre-arbitre, la route du penser oui, du rétorquer non, du prendre sur soi de feindre quelquefois d'obéir, pour ne pas finir le voyage en martyr (…)Elle dégage le chemin du penser que tout se bouleverse un jour, se bouleversera (…) Ce jour-là, il convient d'être présent , bien réveillé, parfaitement droit. »
Sur son impression générée par le spectacle de la vie new-yorkaise, Federico énonce une certitude, en répondant à sa mère, critique sur l'aspect bohème de sa vie : « C'est ici que j'ai pu me faire une idée claire de ce que signifie une foule en train de lutter pour l'argent .C'est une véritable guerre internationale, empreinte d'une légère trace de courtoisie. »
A la vue d'une danseuse de Harlem, Federico est saisi d'une évidence : la parenté entre ces gens qu'on réprime, les parias du quartier du Sacromonte à Grenade, les Gitans d'Andalousie. La ressemblance, c'est, selon lui, celle qui les fait résister tous à l'oppression et à l'esclavage : « Je crois qu'être originaire de Grenade(…) me confère une certaine compréhension envers les opprimés, une sympathie légitime envers le Gitan, le Noir, le Juif …le Maure que chacun porte en soi… »

Un propos ô combien actuel, qui résonne à nos oreilles .Serge Mestre parvient, fort bien, à rendre l'hommage dû à l'oeuvre et à la personne de Federico Garcia Lorca ; il associe à bon droit son oeuvre à la liberté et à l'espoir, incarnés de diverses façons, par les personnages de son récit.
Commenter  J’apprécie          50
Livre fort intéressant retraçant les heures précédentes à la déclaration de la République espagnole, la vie brève de celle-ci et l'enclenchement du franquisme. Nous sommes donc dans les années 30 en Espagne, principalement, mais aussi à New York, Cuba puisque le roman raconte ce pan de l'Histoire ibérique à travers la vie de l'illustre Frédéric García Lorca.

J'ai beaucoup aimé les chapitres dédiés au voyage de Lorca en Amérique. Sa rencontre réelle avec le jazz nous fait subitement comprendre le lien très fort entre celui-ci et le flamenco. le gitan d'Espagne est le noir d'Amérique et vis versa. Ils se reconnaissent mutuellement.

J'ai aussi aimé les digressions de Serge Mestre. Il y en a très peu. Elles sont volontaires, en aparté, revendiquées par l'auteur. Elles créent une connivence avec le lecteur, l'instruisent au travers d'anecdotes sur la vie de Lorca et le monde de l'art.

Le découpage non chronologique (lui aussi revendiqué par Mestre) est original mais pas toujours facile à suivre. La brièveté de certains chapitres n'aide pas. Mais ce roman reste brillamment construit, richement documenté et fourni en données historiques. L'écriture est aussi enrichissante, la forme est assez classique mais le lexique est fouillé, recherché. Qu'il est bon de lire en ayant besoin de jeter un oeil dans le dictionnaire pour apprendre!

Pour la forme, grand merci à l' éditrice S. Wiespesier: elle a compris le besoin de confort du lecteur (format, lettrage etc etc...), sans déroger à l'esthétisme (qualité du papier,...).
Commenter  J’apprécie          82
Un roman trés intéressant sur la vie de Federico Garcia Lorca Un roman qui nous décrit les luttes contre le franquisme mais un peu long par moment dans les descriptions . Les retours en arrière dans le temps sont un peu perturbant au début car les chapitres sont courts
Commenter  J’apprécie          40
Serge Mestre écrit magnifiquement bien, et sa prose est servie par la qualité de l'édition, impeccable ; Sabine Wespieser fait un boulot de fou.
Que dire de cette histoire ? Même en sachant la fin, même en ne croisant certains personnages que le temps d'un chapitre, je me suis prise à savourer chaque phrase.
Un seul bémol : c'est un peu court. Mais cela donne du coup envie de lire d'autres romans de Serge Mestre... Ou bien du Federico Garcia Lorca.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans un instant, ce sera le tour des bandilleros, l'un après l'autre, rituel parfaitement réglé, manières raffinées, efficaces, pour ce qui est de distiller la souffrance, ordonnées, lentes, meurtrières. Pour cette fois on ne décrit pas le supplice. On est tout simplement en train d'incendier la République. Il n'y a rien à sauver dans l'épaisseur des braises, même pas la couleur, son reflet, le rouge, le noir, palpitant sous la cendre d'une incandescente fin. (P. 254)
Commenter  J’apprécie          50
L'instruction ouvra la voie du libre arbitre , la route du penser oui, du rétorquer non, de prendre sur soi de feindre quelquefois d’obéir, pour ne pas finir le voyage en martyr, quelle horreur ! [.....] Elle dégage le chemin du penser que tout se bouleverse un jour, se bouleversera. Ce jour là, il convient d'être présent, bien réveillé, parfaitement droit. (P. 48)
Commenter  J’apprécie          30
Je crois qu’être originaire de Grenade(…) me confère une certaine compréhension envers les opprimés, une sympathie légitime envers le Gitan, le Noir, le Juif …le Maure que chacun porte en soi
Commenter  J’apprécie          30
(...) sous la fausse apparence d'une gaieté inébranlable, Frederico est extrêmement inquiet à propos de la situation politique de son pays. A Buenos Aires, il interroge systématiquement les journalistes sur les événements qui se déroulent en Espagne.
Commenter  J’apprécie          20
L'ignorance soumet. L'Eglise le sait, en a fait son pré carré qui fleurit de toute son influence. L'instruction aguerrit, elle enrayé la suggestion des soutanes. Depuis la nuit des temps, dans ce pays, les politiques, les militaires l'ont compris, qui courtisent le religieux [...] Leur complicité date de Mathusalem. (P. 47)
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Serge Mestre (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Mestre
Dans le cadre des Bruits d'Espagne / Banquet de Printemps 2019, consacrés à la Retirada et à l'exil des républicains espagnols, rencontre avec le traducteur et romancier Serge Mestre à propos de son dernier livre, "Regarder", consacré à la photographe Gerda Taro. Entretien Jean-Michel Mariou
autres livres classés : phalangistesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (41) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3143 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}