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EAN : 9782072994678
112 pages
Gallimard (11/05/2023)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre s’est imaginé comme une espèce de fronde sensible dont on tend au maximum l’élastique pour qu’elle nous propulse le plus loin possible dans l’espace où naître. Essaie de se dire ainsi une sorte de bond, d’élan fondamental qui traverse notre être et nous entraîne, nous projette vers… Vers qui ? Vers quoi ? C’est ce qu’il est difficile de dire : ce qui n’a pas encore de nom ni de visage et ne se découvre que si l’on se risque.
J. M. S.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
II / Sur le fil
  
  
  
  
                  II /A
Tes mains vont de mon visage à tes genoux. Ton visage est nu
et calme au-dessus de tes deux genoux. Et ça fait comme une
lumière qui se découvre. Je vais vers toi

Vers cette lampe, je vais, je rampe. Même à genoux, quand je vais
vers elle, je suis debout

Elle ne m’éclaire pas, elle m’élève

Entre deux arbres, tu as tendu le fil à linge pour que je m’y étende
les bras en croix, que j’y apaise ma rage

Le fil, moi. Plus le fait que je n’y suis pas. Tout le monde ne
peut pas monter là-haut. Et toi. Qui m’attends ou ne m’attends
pas. Qui fait les cent pas. Comment monter ?
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II / Sur le fil
  
  
  
  
                  III / A
De toi à moi, l’un contre l’autre, il reste entre nous cette distance
d’elle à lui que tu ne franchiras pas. Je tends vers ça

Pas à pas, je vais vers toi, pied à pied tu te défends, me
repousses vers moi. C’est ainsi que peu à peu je me dépasse,
je te deviens

Parfois je te vois, tu t’étends sur le fil de l’horizon. J’ai l’impres-
sion que tu m’attends ou que tu te reposes de m’attendre


Le plus souvent je ne te vois pas. Seule cette distance à ta place,
perpendiculaire à la ligne de l’horizon. Couteau aigu glissant,
s’aiguisant sur la corde qui me retient à toi
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Marche de retour
  
  
  
  
Marche de retour à travers les sous-bois. Fin d’hiver, il faisait froid. Le ciel, au moment du couchant, se rapprochant, rouge, rose et gris.

L’obscurité peu à peu enveloppant le marcheur d’un geste fraternel comme si elle lui mettait un manteau sur les épaules et qu’elle pouvait quelque chose, qu’elle avait le pouvoir de consoler.

J’avançais seul entre les arbres espacés avec la curieuse impression d’être chez moi, d’avancer dans mon propre cœur ajouré, quelque part à l’intérieur loin de là.

Et c’est alors que je les ai entendus.

Je ne pouvais pas les voir à cause de la pénombre et du brouillard. Mais je les ai entendus, juste à côté de moi, ou un peu devant sur le chemin étroit. Leurs bondissements.

Ils ont d’abord bougé, sans doute pour s’écarter — bruissement de feuilles — et puis ils se sont élancés. Quelle cadence alors, quelle élégance, quelle frappe légère et en même temps puissante et déterminée. Tout le sol résonnait. Ils se sont élancés comme s’ils ne devaient retomber jamais. Ou si, ils sont retombés, mais comme on prend appui pour sauter plus haut et librement.
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II / Sur le fil
  
  
  
  
                  III / B
Parfois tu mets ta perche en travers de toi et tu te déplaces,
fragile croix qui va et vient, à laquelle il faut que je m’accroche
et que je croie

La rivière me dit avec son sourire un peu moqueur : tous les
chemins ne vont pas tout droit

Fragile est l’ombre qui vacille, fragile est la silhouette qui va,
fragile et gracile, mais dure est la distance entre les deux, dure
et tendue, indestructible

Vers qui, vers quoi, je ne le saurai qu’en avançant. Mais vers toi
je le sais déjà, c’est ce qui me fait avancer

Aujourd’hui que le ciel est gris je ne veux pas pour avancer du fil
de la mélancolie – uniquement le vol des migrateurs. Eux seuls
vont vers. Le savent-ils ?
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II / Sur le fil
  
  
  
  
                  I
Aujourd’hui est une allée. On y avance sans se retourner

Entre toi et moi tu as tendu l’élastique de la distance

Distance qui se tend et qui s’accroît, où je me tends et me
déploie, mon bel oiseau que ses ailes déchirent

Je marche pieds nus, je vais pas à pas les bras en croix sur le fil
que tu as tendu, répétant après toi : je suis ici, je n’y suis pas

Le simple fait d’aller me rend glorieux. Tout le vent, toute la
lumière se croisent sous mes pieds au-dessus des herbes et des
oiseaux. Je vais vers toi.
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