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EAN : 9782228908177
255 pages
Payot et Rivages (17/10/2012)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Connue pour son appétit des hommes - et non des moindres puisqu'elle a séduit Gustav Klimt et Alexander von Zemlinsky avant d'épouser Gustav Mahler puis Walter Gropius et enfin Franz Werfel, sans oublier une relation avec Oskar Kokoschka - Alma a mené une vie trépidante consacrée à ses génies et gouvernée tout à la fois par la passion et le dépit, la naïveté et le calcul. Elle-même fille de peintre et mère de sculptrice, elle a joué au cours de sa longue existence (... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cela fait un bout de temps que la personnalité d'Alma Mahler m'intrigue, ou plutôt ses relations avec différents hommes célèbres. En 1988, à sa sortie, j'avais acheté l'ouvrage "Alma Mahler ou l'art d'être aimée" de Françoise Giroud, mais j'ai commis l'erreur de le prêter à quelqu'un avant de le lire et il ne m'a pas été retourné. C'est tout récemment que je suis tombé sur la biographie par Catherine Sauvat au titre significatif : "Alma Mahler. Et il me faudra toujours mentir" de 2009.
La première fois que je l'ai croisé, en lecture, c'est dans l'ouvrage d'un de mes grands héros, Varian Fry, "Quand les artistes fuyaient les nazis", lorsque ce jeune Américain a aidé l'auteur Franz Werfel et son épouse à passer en Espagne (voir mon billet du 05-06-2017).

Catherine Sauvat, d'origine hongroise, est une experte en biographies. En ordre chronologique, elle en a écrit sur l'auteur suisse Robert Walser, Stefan Zweig (no comment !), l'écrivain viennois Arthur Schnitzler, le compositeur et pianiste américain Louis Moreau Gottschalk, le génial poète de Prague Rainer Maria Rilke, l'écrivaine suisse d'origine russe Isabelle Eberhardt et Soeur Sourire (pas de commentaire non plus).
Elle a aussi publié un splendide ouvrage sur les grands peintres flamands et hollandais "De Bruges à Amsterdam, lumières du nord", en 2003.

Essayer de cerner cette personnalité et son succès remarquable auprès de la gent masculine n'est sûrement pas évident, bien qu'elle ait laissé 22 carnets de "Journal intime" , paru chez Payot en 2010 et une autobiographie "Ma vie", publiée chez Hachette en 1985. Mais comme Catherine Sauvat nous prévient déjà par le titre de son oeuvre avec le mot fatidique "mentir", je me pose la question sur l'opportunité d'analyser ses propres écrits pour justement la cerner ou comprendre ? L'auteure parle à ce propos de "grand travail d'édulcoration", de "nombreuses inexactitudes " et "loin d'être fiables". Elle a par exemple supprimé ses "divagations antisémites", fait assez choquant pour une femme qui a épousé 2 Juifs !

Mais qui était au juste cette "mante religieuse" ?

Il est incontestable que notre Alma, née Schindler à Vienne en 1879, a hérité certaines caractéristiques de ses parents : de son père, le peintre paysagiste Emil Jakob son esprit de la superbe et le goût du luxe (bien qu la famille ait vécu pendant longtemps très chichement, faute de sous) ; de sa mère, la cantatrice Anna Bergen, elle a vu l'exemple de l'infidélité conjugale. Son unique soeur, Gretl de 2 ans sa benjamine, avait comme père un collaborateur de son père, bien que le couple Schindler fût toujours marié.

S'il est vrai qu'Alma avait elle-même certains dons pour les arts, entre autres comme créatrice de "lieder" (poèmes chantés par 1 voix accompagnés de musique) et peintre amateur, ce n'est cependant certainement pas sa production artistique qui lui a fait sa célébrité. Sa renommée est basée essentiellement sur la qualité de ses époux : le compositeur Gustav Mahler (1860-1911), de qui elle a eu 2 filles Maria (morte à 5 ans) et la sculptrice Anna (1904-1988 et mariée 5 fois) ; le grand architecte et fondateur du "Bauhaus" Walter Gropius (1883-1969), qui lui a donné une fille Manon (morte à 18 ans de polio) et le romancier et dramaturge Franz Werfel (1890-1945), auteur d'entre autres un ouvrage fascinant sur le génocide arménien " Les 40 jours du Musa Dagh" de 1933.

Outre ses époux , il y a eu ses amants, tels le biologiste Paul Kammerer (1880-1926) ; le professeur, prêtre et grand ami du chancelier Kurt Schuschnigg, Johannes Hollnsteiner (1895-1971), mais surtout l'illustre peintre expressionniste Oskar Kokoschka (1886-1980), avec qui elle a eu une passion orageuse. Notre Alma figure sur plusieurs de ses tableaux, dont le plus réputé est probablement "la fiancée du vent" de 1913.

D'autres facteurs ont contribué à sa notoriété, bien sûr, sa beauté (quoique cela soit évidemment subjectif), sa façon de se comporter en public, son allure altière, sa manie d'échanger des sois-disantes confidences, sa garde-robe et bijouterie, les salons qu'elle a organisés d'abord à Vienne et ensuite à New York, où tous les grands de ce monde sont passés. Soucieuse de se tailler une place de choix parmi les grands hommes de son époque, elle a réussi d'être "au centre d'un microcosme bouillonnant ".

Que parmi ses nombreuses connaissances, les avis étaient (très) partagés n'a évidemment rien d'étonnant...le contraire le serait ! Entre ceux qui lui faisaient la cour ou lui couraient après et ceux qui ne pouvaient l'encaisser, l'écart était monumental. le Prix Nobel littérature, Elias Canetti, (pourtant amoureux de sa fille Anna) appartient sans aucun doute à cette dernière catégorie. Cette femme qu'il est supposé admirer l'écoeure.

Même longtemps après sa mort, intervenue en 1964 à New York City à l'âge de 85 ans, les avis restent fort partagés. Allant de dangereuse femme fatale à une artiste méritante "dont l'élan aurait été brisé". À ce sujet Catherine Sauvat note (à la page18) : "La transformer en icône, comme l'a fait il y a un certain temps Françoise Giroud en insistant sur sa vocation étouffée, ne peut rendre toute la complexité du personnage". Affirmation correcte ou fausse, chers amis qui ont lu sa biographie par la journaliste française ?

Quoiqu'il en soit la biographie par Catherine Sauvat se lit comme une histoire à suspense. On tourne et tourne les 236 pages et on est surpris d'arriver sans crier gare aux "Notes" très intéressantes, par ailleurs, en fin de volume. Et l'auteure a une expérience solide en matière de biographies, L'ouvrage compte en plus 8 pages de photos en noir et blanc.

J'ignore comment c'eût été s'il m'était arrivé de croiser son chemin, mais honnêtement je ne crois pas que cette rencontre aurait rempli Alma Mahler d'un enthousiasme délirant pour un simple fonctionnaire à la retraite !
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