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EAN : 9782081411555
464 pages
Flammarion (23/08/2017)
3.77/5   81 notes
Résumé :
Une nouvelle guerre a éclaté aux États-Unis opposant le Nord aux États sudistes rebelles à tout contrôle des énergies fossiles. Sarat Chestnut a six ans quand son père est tué et qu’elle doit rejoindre avec sa famille un camp de réfugiés. Cette tragédie signe la fin d’une enfance ensoleillée, près du Mississippi. D’une fillette curieuse et vive, Sarat se mue au fil des épreuves et des injustices en une héroïne bouleversante : imparfaite, féroce, révoltée. Bientôt, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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2074. États-Unis. Une nouvelle guerre de session fait rage entre les états du nord, conscients de la nécessité de se débarrasser des énergies fossiles afin de limiter les impacts (déjà dramatiques sur les côtes américaines) du réchauffement climatique, et ceux du sud, désireux de conserver l'avantage que leur procure la présence de pétrole et en rupture totale avec le reste du continent. le conflit durera près de vingt ans car, si les « Bleus » (les nordistes) sont très clairement supérieurs en terme d'effectifs et d'avantages techniques, le « Pays rouge » (le Sud, donc) continue pourtant de résister, que ce soit par le biais du semblant de gouvernement instauré dans les états dissidents, mais aussi par celui de petits groupes d'insurgés plus radicaux qui multiplient les frappes à la frontière et les sabotages. Si les habitants du nord n'ont que peu à souffrir des conséquences directes de ce conflit, c'est loin d'être le cas de ceux du sud, la région ayant été ravagée soit par des armes biologiques lancées contre la population de certains territoires, soit par les drones chargés d'explosifs qui sèment la terreur partout et frappent aléatoirement rebelles armés aussi bien que civils, soit enfin par la dégradation considérable de leur mode de vie en raison de leur rupture avec le reste du pays. En Louisiane aussi bien qu'en Alabama ou en Géorgie on manque de tout, et ce ne sont pas les quelques produits de première nécessité envoyés par le reste du monde qui va changer la donne. Pour cette raison, de nombreux sudistes, quoique sympathisants de la cause défendue par les rebelles, entreprennent, légalement ou non, de passer la frontière afin de mettre leur famille en sécurité au nord. C'est l'une de ces familles qu'Omar El Akkad nous propose de suivre ici, celle des Chestnut, constituée d'un couple et de leur trois enfants : un garçon et deux jumelles, dont l'une va occuper le rôle central du roman : Sarat. Peu désireuse de quitter leur petit lopin de terre, et ce en dépit des conditions de vie difficiles, Martina, la mère, prend néanmoins la décision de partir afin de mettre ses enfants à l'abri suite à la disparition tragique de son mari. Mais après avoir été accompagnée dans un camp de réfugiés à la frontière, la famille déchante vite : aucun moyen de gagner le Nord, et peu de possibilités de quitter ce camp géré par un organisme humanitaire neutre et qui, de temporaire, va progressivement se pérenniser au fur et à mesure de l'afflux de réfugiés. de drame en drame, on suit donc le parcours de cette famille lancée sur les routes de l'exode, un scénario douloureusement d'actualité mais qui interpelle évidemment ici dans la mesure où les personnages concernés par l'exil et les souffrances qu'il implique sont justement celles qu'on n'imagine pas aujourd'hui subir une telle situation.

L'élection de Donald Trump aux États-Unis a incontestablement sidéré une partie du monde et laissé des traces dans le pays, au point que de nombreuses dystopies, antérieurs ou postérieures à son arrive au pouvoir, sont de plus en plus souvent analysées comme annonciatrices ou révélatrices du fossé qui se creuse entre deux Amériques que d'aucuns jugent irréconciliables. le roman d'Omar El Akkad n'échappe pas à cet angle de vue et il est vrai que, compte tenu des débats et tensions qui divisent actuellement une bonne partie du pays, le scénario dépeint ici paraît globalement plausible, et donc d'autant plus inquiétant. le décor est, il est vrai, assez saisissant dans la mesure où l'on peine à reconnaître l'Amérique que l'on connaît aujourd'hui et que l'auteur nous dépeint pourtant dans un futur proche. Une partie des cotes a ainsi été engloutie par les eaux, victimes prévisibles mais néanmoins tragiques de la montée de l'océan causée par le réchauffement climatique tandis que d'autres territoires ont été totalement annihilés par la guerre et que le mode de vie d'une bonne partie des habitants du sud n'a plus rien à voir avec l'idée que l'on se fait du « rêve américain », fait de consumérisme à outrance. Loin d'être nouvelle, l'idée d'Omar El Akkad n'en est pas moins efficace dans la mesure où, si certains peinent visiblement aujourd'hui à s'identifier aux millions de réfugiés ayant fui la guerre, la misère ou les conditions climatiques dans leur pays, ces derniers ne manqueront pas d'être choqué par la perspective de voir des Occidentaux, pour le moment épargnés par de tels drames, être forcés à leur tour de prendre le chemin de l'exil. Les problématiques liées à l'accueil de ces réfugiés, à leurs conditions de vie et à leurs parcours, globalement très similaires, résonnent évidemment avec l'actualité et suscitent donc d'autant plus l'émotion. le roman ne se limite toutefois pas à ce sujet puisqu'il en aborde un autre, lui aussi brûlant d'actualité, celui de la radicalisation. Comment de jeunes individus tout à fait ordinaires peuvent-ils en arriver à commettre des actes terribles au nom d'une cause qu'on leur a présenté comme juste ? Quels sont les mécanismes et les tactiques utilisés par ceux qui cherchent à recruter ces personnes vulnérables ? Comment les entorses au droit, aux lois et aux valeurs qui sont censés régir nos démocraties participent à l'embrigadement et la radicalisation de ceux qui ont tout perdu lors de la guerre ? Autant de questions difficiles que l'auteur aborde ici avec doigté, sans tomber dans l'écueil de la leçon de morale ou de la philosophie de comptoir, mais en donnant au contraire à voir un exemple de l'évolution d'un individu, détruit par l'exil et les pertes successives et reforgé par la haine et les mensonges d'adultes sans scrupules.

Il ne s'agit en rien de tenter de légitimer ou d'excuser ceux qui se livrent à ce type d'actions terroristes, mais plutôt de donner à voir les mécanismes qui ont amené ces gens à devenir ce qu'ils sont, sans chercher à les faire paraître plus humains ou plus monstrueux. Ainsi, Sarat, la jeune fille que l'ont va suivre tout au long de son périple, de son sud natal au camp de réfugiés jusqu'aux rangs des troupes rebelles, apparaît comme un protagoniste particulièrement trouble et ambigu. Parce que l'on sait d'où elle vient, ce qu'elle a perdu, les épreuves qu'elle a du endurer et quel genre de petite fille elle était avant de devoir grandir trop vite, on ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie pour son personnage qui se rend pourtant coupable d'actes terribles et se montrent odieuses avec ceux qui gravitent autour d'elle. Elle est d'ailleurs loin d'être la seule à semer le trouble dans l'esprit du lecteur, à l'image de celui dont on finit par comprendre qu'il est un recruteur, utilisant les jeunes qu'il parvient à faire tomber sous sa coupe de la façon la plus horrible qui soit, mais dont on sait paradoxalement gré de prendre la jeune fille sous son aile. D'autres personnages sont plus lumineux et apportent une bouffée d'air frais bienvenue au roman, à l'image de Martina, la mère de Sarat, qui tente de faire les meilleurs choix possibles pour sa famille, du jeune Benjamin qui, préservé de la guerre, devient complètement fasciné par cette femme sombre et profondément marquée, ou encore de Marcus, jeune réfugié ami de Sarat avec lequel elle entretient une touchante relation au camp de Patience. En ce qui concerne le rythme, on alterne entre des chapitres au cours desquels l'auteur se contente de rapporter les changements qui se sont opérés dans la vie de la famille, le tout avec quelques longueurs : on nous dépeint d'abord leur quotidien dans leur maison du sud, puis la routine du camp, puis celle de leur nouvelle résidence… Et puis, brusquement, un événement terrible va venir briser cette routine au moment où on s'y attend le moins et de la manière dont on s'y attend le moins. le roman comporte ainsi plusieurs scènes vraiment difficiles qui sidèrent le lecteur autant par leur violence que par leur soudaineté, ce qui ne fait que renforcer l'attachement que l'on éprouve pour les personnages victimes de ces drames. L'auteur a choisi de découper son récit en quatre grandes parties qui se terminent chacune par l'un de ces bouleversements qui viennent rebattre les cartes et obligent l'héroïne et le lecteur à s'acclimater à un autre décor et à d'autres personnages. Les chapitres qui composent ces parties sont quant à eux ponctués d'extraits de documents divers (témoignages de soldats, documents officiels, discours, comptes rendus...) qui permettent de mieux cerner l'évolution générale du conflit sans parasiter directement l'histoire de Sarat qui, bien que partie prenante de la guerre, n'en sait en fait que très peu sur ses enjeux.

Omar El Akkad nous livre avec « American War » un roman percutant et habilement construit. Bien qu'en apparence classique par le choix de son sujet (une Amérique divisée et un futur sombre fait de guerres et de désastres écologiques), l'ouvrage séduit par la complexité de son héroïne ainsi que par la subtilité avec laquelle l'auteur tente d'analyser des sujets aussi brûlant d'actualité que la radicalisation ou le sort des réfugiés. Un texte marquant, qui reste en tête longtemps après la dernière page refermée.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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"Ceci n'est pas une histoire de guerre. C'est une histoire de ruine".

Avertissement qui permet aussi aux âmes sensibles, à ceux qui pensent encore que notre monde va bien, que les guerres sont lointaines et ne nous concernent pas... bref, à tous ceux qui veulent continuer à détourner le regard, de passer leur chemin. Pour les autres, bienvenue à la fin du 21ème siècle, sur le territoire qui abritait encore au tout début des années 2000, l'une des plus grandes puissances économiques et politiques mondiales. Ouf ! Pensez-vous. Une dystopie. Rien à voir avec la réalité... Pas si sûr. L'auteur, canadien né au Caire et surtout grand reporter a couvert nombre de conflits au Proche Orient ainsi que les mouvements que l'on a appelé les Printemps arabes. Alors la guerre, il en connaît les rouages, les mécanismes et les ravages. Une dystopie ? Faut voir...

Nous sommes donc en 2075, aux États-Unis et, une fois encore, le Sud fait sécession... Les motifs ont changé mais il s'agit toujours de s'accrocher à un vieux monde et de refuser la modernité. le Sud ne veut pas abandonner les énergies fossiles déclarées illégales par le gouvernement américain. Les États-Unis sont donc en guerre, sur un territoire déjà très dégradé par les ravages du réchauffement climatique (températures caniculaires généralisées, terres grignotées par les mers, etc. bref, rien de très surprenant lorsqu'on se souvient de la teneur des avertissements des scientifiques dans les années 2010, voire avant). C'est dans ce contexte que nous faisons connaissance avec Sarat, une petite fille de 6 ans qui vit avec ses parents, sa soeur jumelle et son grand frère dans une étendue désertique de Louisiane, pas loin du fleuve Mississippi. Et c'est elle que nous allons suivre sur une vingtaine d'années, sa transformation au fil des drames et des désastres qu'elle va traverser. Une étrange figure d'héroïne, à la fois forte et fragile, au physique hors normes et surtout confrontée à la face la plus sombre de la nature humaine. Un personnage qui permet à l'auteur de montrer ce qu'être en guerre signifie vraiment.

Car il est là le propos. Rendu peut-être plus fort par le glissement temporel qui permet d'englober des menaces qui semblent, soixante ans en amont très abstraites, tout en se contentant d'importer des méthodes déjà expérimentées sur tous les terrains de conflit et à toutes les époques. Dans ce roman, à l'aube du 22ème siècle, les cartes ont été redistribuées. Les faibles du 20ème siècle sont devenus les leaders. Ils se sont adaptés, non sans heurts ni un certain cynisme. L'aide humanitaire n'envoie plus ses cargos chargés de vivres au Proche Orient ou en Afrique mais dans les états sécessionnistes du sud des États-Unis. le parcours de Sarat est celui d'un apprentissage dans des conditions extrêmes et le reflet d'un énorme gâchis. Jusqu'à ce que l'on se dise, en refermant ce livre qu'on a la chance de pouvoir revenir soixante ans en arrière...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et particulièrement cette toile de fond qui ne tire jamais sur la science-fiction mais reste au plus près de la réalité telle qu'on peut se la projeter à travers les conséquences de nos comportements d'hier et d'aujourd'hui. Un effet sidérant renforcé par l'insertion entre deux chapitres de rapports et comptes-rendus d'une commission chargée d'analyser le conflit a posteriori. Son deuxième point fort est sans conteste celui des ressorts psychologiques qui permettent de décortiquer la mécanique de l'enrôlement puis de l'embrigadement, jusqu'à celle qui conduit à la folie la plus totale. C'est parce que tout est vrai que c'est si désespérant.

"... elle comprenait que les malheurs de la guerre représentaient le seul véritable langage universel au monde. Ces locuteurs vivaient à des endroits différents de la planète, les prières qu'ils récitaient n'étaient pas les mêmes, et les superstitions vides de sens auxquelles ils s'attachaient n'étaient pas les mêmes, et pourtant, elles étaient semblables. La guerre les brisait de la même manière, leur inspirait la peur, la colère et la vengeance de la même manière. En temps de paix et de bonne fortune, ils ne se ressemblaient en rien, mais une fois privés de tout, ils devenaient frères. le slogan de la guerre tel qu'elle l'avait appris était simple : si ça avait été vous, vous n'auriez pas agi différemment".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Nous sommes en 2075 et l'ordre du monde a changé : une deuxième guerre de Sécession américaine oppose le Nord aux États Sudistes sur fond d'abandon des énergies fossiles. Ce conflit va durer de 2074 à 2093 et faire 11 millions de morts puis sera suivi par une peste qui engendrera dix fois plus de morts. Les nouvelles superpuissances de ce nouveau monde sont la Chine et l'Empire Bouazizi qui s'étend du Moyen Orient à l'Afrique du Nord. La carte géographique du monde a complètement changé également suite à des changements climatiques qui ont fortement diminué la taille de l'Amérique.

Dans une première partie nous faisons connaissance avec Sarat Chestnut, 6 ans, qui vit avec ses parents, sa soeur jumelle et son frère ainé dans un conteneur au bord du Mississipi qui est devenue une mer dans une Louisiane inondée. Lorsque le père de famille est tué, la famille doit rejoindre un camp de réfugiés, le "camp Patience", en zone neutre entre le pays rouge (les sudistes) et le pays bleu (le Nord). Sarat est complètement différente de sa soeur jumelle qui a la peau claire et les cheveux lisses contrairement à elle. de grande taille, Sarat est une fille qui ne ressemble pas aux autres filles, très vive elle se comporte en vrai garçon manqué.

Dans une deuxième partie nous retrouvons la famille Chestnut 6 ans plus tard dans le camp Patience où ils vivent sous une tente puis dans une troisième partie 5 ans plus tard après un terrible drame. La quatrième et dernière partie se déroule 7 ans plus tard.

Ce roman d'anticipation est assez éloigné de mes lectures habituelles, j'ai été ravie, grâce à lecteurs.com de m'ouvrir ainsi à de nouveaux domaines de lectures. Cependant dans ce roman j'ai trouvé que le côté anticipation était assez peu exploité, les conditions du nouvel ordre du monde, des dynamiques de pouvoir inversées sont très peu explicitées, hormis dans des chroniques historiques ou journalistiques insérées régulièrement dans le récit qui resituent de façon très sèche le contexte et les enjeux. Mais le conflit n'est pas l'essentiel dans ce roman qui a pour objectif de mettre en lumière Sarat et son destin. Nous suivons la vie de Sarat de 2075 à 2093, de ses 6 ans à ses 30 ans. Une succession de drames va transformer la personnalité de Sarat qui va subir l'influence d'un homme décidé à exploiter sa révolte et son désir de vengeance.

J'ai trouvé que le cheminement de Sarat était très bien décrit et malheureusement très plausible, le processus de manipulation est cohérent et ne peut que faire écho à certains évènements actuels. de même en ce qui concerne le double jeu de l'Empire Bouazizi qui livre des cargaisons humanitaires aux réfugiés du camp mais qui fait tout pour prolonger la guerre civile américaine et l'évocation des bateaux de migrants venant d'Europe qui se dirigent vers le Caire, capitale de l'Empire. J'ai apprécié la retenue de l'auteur dans l'évocation des scènes de violence qui sont, on l'imagine, nombreuses dans ce récit, il ne fournit jamais de détails glauques et ne s'étend pas dans leurs descriptions. La quatrième partie racontée par le neveu de Sarat m'a complètement bouleversée, j'ai trouvé cette fin absolument magistrale et j'ai ralenti ma lecture dans les dernières chapitres pour ne pas quitter ce livre. J'émets juste un petit bémol sur ce roman : la réalité de la vie des réfugiés dans le camp m'a échappée, je n'ai pas ressenti l'ambiance qui régnait dans ce lieu. Mais c'est un détail par rapport à toutes les qualités de ce récit.
Pour moi c'est un livre magistral qui fait réfléchir sur la manipulation et l'embrigadement, sur les recruteurs qui exploitent les failles des jeunes. Ce roman vers lequel je ne serai certainement pas allée spontanément est une très belle découverte pour moi.
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Cet oeuvre est à replacer dans le trumpisme. Pour construire son histoire, l'auteur se repose sur ces 2 Amériques qui ne se parlent plus et relance ainsi la matrice conflictuelle de la nation américaine. D'un côté, le Nord (les Bleus dans le livre), démocrates, libéraux et cyniques et de l'autre le Sud (les Rouges), conservateur voire ultraconservateur, bouseux mais intègres dans leurs carcans. Lorsque les premiers cherchent à imposer la fin des énergies fossiles, les seconds se révoltent et font sécession… pour des raisons économiques bien sûr mais aussi pour défendre leur mode de vie et leur culture, selon la même dynamique que pour « The Civil War ». le tout est mis en boite dans un contexte mondial dans lequel les équilibres se sont inversés, l'Europe est en plein déclin alors qu'en face les Panarabisme a fini par se réaliser etc…

L'ensemble est bien mené même si le monde décrit est le résultat de peu de nuances. L'auteur est parti de postulats qu'il a simplement extrapolés à l'extrême. Ça peut se débattre mais ça a au moins le mérite d'apporter une solide cohérence au récit. L'auteur ne choisit d'ailleurs pas vraiment son camp… même si le récit prend le point de vue sudiste, il n'hésite pas à mettre ceux-ci face à leurs propres contradictions.

Le traitement des personnages n'est pas outrageusement original mais l'héroïne se laisse suivre facilement.

Alors bon, de par mes appétences, j'aurai sans doute apprécié une approche un peu plus analytique et moins purement factuelle des évènements mais cela aurait sans doute nui à la fluidité narrative.

Bref.

Globalement, une parfaite lecture de confinement, un livre qui se lit finalement bien qui saura ravir les fans de Thriller badass/survivaliste même si le substrat politique reste somme toute assez consensuel.

La comparaison avec The American Plot est par contre pour moi complètement hors de propos.
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À l'époque, j'étais heureuse.

Les crises écologiques, économiques et politiques ont changé la donne des super puissances du monde, dans cette dystopie à l'avenir proche.
Les États-Unis sont plongés dans une nouvelle guerre de Sécession, où le Nord a banni les énergies fossiles et entend bien asseoir sa domination sur un Sud qui ne veut ou ne peut s'en passer.
Dans ce contexte difficile, fait d'attentats, de bombardements et de représailles, une jeune fille du Sud grandit proche de la frontière entre les deux camps, de son enfance pauvre mais lumineuse à l'âge adulte, dans une terrible évolution.

Les événements et les rencontres vont l'éplucher jusqu'à la pulpe saignante, jusqu'à l'os dur.
L'aiguiser jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle que de la pierre. Une pierre acérée, coupante. Qu'on veut fracasser sur ceux d'en face. Pour faire mal. le plus possible.
D'autres vont tenter de la briser, de la broyer. Peut-être réussiront-ils. Que restera-t-il alors ?
Et quand tout sera fini, aussi inconcevable que ce soit ? Muera-t-elle en une terre résiliente, ou cristallisera-t-elle en un minéral rouge sang vengeur ?

Extrêmement prenant et cinématographique, c'est un récit incroyablement dur, terrible, qui prend aux tripes. C'est une lecture douloureuse ; des coups de poing dans le ventre qui coupent la respiration, au visage qui voit trouble. Un coup au coeur. Un coup de coeur.

On sent que le passé de journaliste de l'auteur, qui a couvert les interventions de l'OTAN en Afghanistan, les procès de Guantánamo, le Printemps Arabe égyptien, ou encore des complots terroristes, a infusé et nourri le roman.
Et c'est d'autant plus terrible à lire qu'on en saisit toute la poisseuse réalité.

Après tout le chemin parcouru, les dernières lignes m'ont dévasté comme une bombe larguée d'un Oiseau et m'ont fait éclater en sanglot.
Un roman d'une force bouleversante.
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critiques presse (4)
Syfantasy
28 juin 2022
Ce que j'ai aimé de ce roman c'est qu'il décrit, de façon neutre, le rôle de Sarat dans cette guerre fratricide. Le lecteur découvre les événements qui l'ont conduit à commettre l'impardonnable. Mais qu'a-t-elle fait de si grave? Peut-on lui pardonner? Pour savoir, il faudra lire American War... Un récit poignant et très personnel !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Liberation
11 septembre 2017
Le roman dystopique d’Omar El Akkad entre en résonance avec l’ère Trump.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaPresse
25 août 2017
L'usage de «documents» intercalés entre les chapitres n'est pas toujours convaincant. L'ensemble possède néanmoins du souffle et propose une réflexion intéressante sur l'avenir de la planète
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
21 août 2017
Un roman coup-de-poing qui a déjà frappé très fort dans les pays anglophones. À notre tour de découvrir pourquoi.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
... elle comprenait que les malheurs de la guerre représentaient le seul véritable langage universel au monde. Ces locuteurs vivaient à des endroits différents de la planète, les prières qu'ils récitaient n'étaient pas les mêmes, et les superstitions vides de sens auxquelles ils s'attachaient n'étaient pas les mêmes, et pourtant, elles étaient semblables. La guerre les brisait de la même manière, leur inspirait la peur, la colère et la vengeance de la même manière. En temps de paix et de bonne fortune, ils ne se ressemblaient en rien, mais une fois privés de tout, ils devenaient frères. Le slogan de la guerre tel qu'elle l'avait appris était simple : si ça avait été vous, vous n'auriez pas agi différemment.
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The waking hours were the most unkind. She lay still in bed, the mind aflame, the body paralyzed, unable to face the day. She clutched her mother’s butterfly brooch in her hand, its faded emerald stones smooth under her fingers. The nurses let her keep it, after they ripped the pin from its back.
This was in the days before – before Julia Templestowe became the rebel SOuth’s first martyr, its first killer, the patron saint of its war. It is often forgotten. There’s always a before.
The rebels recruited her with the bandages still fresh around her wrists. They found her in a bar on Farish Street across from the abandoned Alamo Theatre, its blue vertical sign missing its first and last letters. She was wearing a stranger’s throwaway dress, given to her by one of the nurses. She was drunk and alone once again with the terrible illness in her brain.
They knew how to find the ones who were most likely to do it. They kept watchers in the hospitals, where they looked for suicide attempts, and in the schools, where they looked for outcasts, and in the churches, where they looked for hard-boiled extremists feverish with the spell of the Lord.
From these, they forged weapons.
On the day the President was set to come to Jackson, they drove Julia to an abandoned farmhouse ten miles south of the city, where they outfitted her for death. She was to go in the guise of a pregnant woman. Within the cavity of her false belly they packed a thick paste of fertilizer and diesel fuel, planted with seeds of iron nail. They called it a farmer’s suit. A wire ran up along her chest and back down her left arm, covered by the sleeve of her shirt, and ending at a detonator taped to her wrist.
They’ll remember you for ever, they told her. When this is over they’ll build cities in your name.
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When I was young, I collected postcards. I kept them in a shoebox under my bed in the orphanage. Later, when I moved into my first home in New Anchorage, I stored the shoebox at the bottom of an old oil drum in my crumbling toolshed. Having spent most of my life studying the history of war, I found some sense of balance in collecting snapshots of the world that was, idealized and serene.
Sometimes I thought about getting rid of the oil drum. I worried someone, a colleague from the university perhaps, would see it and think it a kind of petulant political statement, like the occasional secessionist flag or gutted muscle car outside houses in the old Red country – impotent trinkets of rebellion, touchstones of a ruined and ruinous past. I am, after all, a Sautherner by birth. And even though I arrived in neutral country at the age of six and never spoke to anyone about my life before then, I couldn’t rule out the possibility that some of my colleagues secretly believed I still had a little bit of rebel Red in my blood.
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She thought about how much easier it would be for everyone if all these would-be statelets were simply allowed to break free from the Union, to form their own miniature nations along the fault lines of region or creed or race or ideology. Everyone knew there had always been fissures: in the Northwest they were constantly threatening to declare the independence of the proud, pacifist Cascadia; south of Cascadia so much of California, Nevada, Arizona and West Texas was already under the informal control of the Mexican forces, the map of that corner of the continent slowly reverting to what it was hundreds of years ago. In the Midwest the old-stock nativists harbored a barely restrained animosity toward the millions of coastal refugees who descended onto the middle of the country to escape rising seas and severe storms. And here, in the South, an entire region decided to wage war again, to sever itself from the Union rather than stop using that illicit fuel responsible for so much of the country’s misfortune.
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Il lui semblait raisonnable de chercher la sécurité, de chercher un endroit où s'abriter des bombes, des Oiseaux et des dommages quotidiens de la guerre, mais quelque part dans sa tête, une idée commença à germer : peut-être que cette quête de sécurité n'était qu'une autre forme de violence - la violence de la couardise, du silence et de la soumission. Après tout, qu'est-ce que la sécurité sinon le bruit des bombes qui tombent sur la maison de quelqu'un d'autre ?
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Vidéo de Omar El Akkad
À l'occasion du festival America 2018 à Vincennes, Omar EL AKKAD vous présente son ouvrage " American War " aux éditions Flammarion .
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2094643/omar-el-akkad-american-war
Notes de Musique : Free Music Archive.
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