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EAN : 9782868477408
327 pages
PUR, Presses universitaires de Rennes (11/12/2002)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre n'est pas une édition et traduction commentée d'Anacréon et des poètes anacréontiques : pas davantage un essai sur l'anacréontisme. Pas seulement. Il les dépasse pour offrir une synthèse dans laquelle les textes et fragments trouvent la place qui leur revient logiquement, tandis que parallèlement apparaît la cohérence d'une pensée si vieille, et parfois si moderne.
Car on comprendra mieux aussi pourquoi, sans les poèmes anacréontiques ou sans Anacréo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'essai de Gérard Lambin nous fait connaître un ancien poète grec du VI° s av. J.C., Anacréon, dont l'oeuvre connut un destin bizarre, puisqu'elle fut imitée et prolongée par plusieurs générations de poètes de langue grecque écrivant des siècles après leur modèle, à l'époque hellénistique, romaine et byzantine. Plus tard, à la Renaissance, sa redécouverte féconda la poésie française et allemande. L'auteur s'efforce d'abord de restituer la poésie d'Anacréon proprement dit, poésie sensuelle, gaie, à l'éloge du plaisir, du vin et des beaux jeunes gens et jeunes filles. Lambin excelle à mettre cet univers en valeur et à en dévoiler la secrète mélancolie. Dans un second temps, Lambin étudie les "Anacréontiques", ces poètes tardifs qui s'inspirèrent d'Anacréon pour faire, sur son modèle, leurs propres poèmes. Lambin manifeste dans les deux cas une science et une érudition profondes, mais en même temps un sens aigu de l'analyse littéraire. Son livre enfin est une sorte d'anthologie bilingue de la poésie grecque qui ne peut que parler au contemporain, helléniste ou non.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le banquet n'était pas, dans sa forme idéale, une simple réunion où l'on buvait. Il était l'élément central de la vie sociale, le lieu par excellence où l'on se rencontrait, parlait, échangeait des idées - d'où le genre littéraire, si remarquable, du Banquet, encore illustré par Plutarque, Athénée, l'empereur Julien, bien après Platon ou Xénophon ; il était le prétexte et le moyen d'une convivialité, plus ou moins aristocratique à l'origine, reposant sur une véritable Trinkkultur. Les règles du bien boire furent souvent transgressées, et le banquet se réduisit plus d'une fois à une beuverie où la complicité, la bonne humeur, purent être remplacées par "le tapage et les cris", voire les disputes ou propos trop libres, qu'il fallait oublier. Mais toujours il resta lié à l'identité grecque, qu'une vision hellénocentrique et dichotomique du monde opposait à la barbarie, notamment, des Scythes sauvages et nomades, portant bien connus à Athènes, où certains assuraient la police des rues.

pp. 96-97
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Amour, Aphrodite, les Nymphes et, nommé seulement dans le dernier vers [du poème cité] Dionysos, le dieu libérateur qui, dans l'ivresse, fait oublier toute réserve : divinités souriantes et compagnes de jeu, liées entre elles par le jeu, comme si leur nature même avait quelque chose de ludique, comme si aimer jouer, aimer jouer à aimer était, d'une certaine manière, se rapprocher du ciel. Mais n'est-ce pas ce que dit Anacréon d'une autre façon lorsque ... il répondit à qui lui demandait pourquoi il n'écrivait pas des hymnes aux dieux, mais aux jeunes gens : "parce que ce sont eux, nos dieux."

Il y a peut-être dans ces mots plus qu'une boutade. Non pas qu'il faille soupçonner Anacréon d'athéisme. Mais il semble avoir éprouvé de manière particulièrement aiguë le sentiment, partagé sans doute avec beaucoup de ses protecteurs, que le bonheur n'est pas dans un Au-Delà supraterrestre ni dans le vaste monde et la vie des hommes ordinaires, mais dans un cadre étroit, resserré, protégé -- faux. Ce bonheur, il savait le trouver principalement entre les murs de la salle des banquets, dans les cercles mondains réunissant pour quelques heures, dans une atmosphère joyeuse et distinguée, une société qui pouvait n'être pas dupe de la pauvreté de son idéal.

p. 68-69
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Anacréon n'avait donc pas besoin de composer un Art Poétique ou de s'interroger, dans ses vers, sur la fonction du poète pour être un novateur et défendre une conception de la poésie qui est, en fait une conception de la vie. Il fut "le sage Anacréon" plus qu'on ne l'a dit, et le digne produit de l'Ionie du VI°s. Simonide, Bacchylide, Pindare sont encore les tenants d'une morale traditionnelle, aristocratique, qui les rattache à la Grèce des héros, à celle d'Homère ; Anacréon, bien que leur aîné, n'appartient plus à cette Grèce-là. L'idéal héroïque, porteur d'une vision du monde, finalement optimiste, où le temps est durée, où le savoir est mémoire, n'a plus cours dans son oeuvre. Son univers est neuf et profane, purement terrestre. Et pauvre. Et, d'une certaine manière, désespérant. Nulle grandeur, nul espoir, rien qui transcende une réalité médiocre. Les dieux et les mythes ne protègent plus les hommes dont l'horizon s'arrête à la lisière de la polis.

p. 138
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Florence Dupont rappelle justement, après Jesper Svenbro, que "la Grèce classique se méfie de l'écriture quand elle prétend transcrire et conserver la parole des vivants, et de la lecture qui asservit le lecteur à la volonté du scripteur, car la fonction la plus ancienne de l'écriture grecque n'était pas d'enregistrer les paroles des hommes mais de faire parler les choses muettes, coupes ou stèles funéraires, grâce à l'oralisation de l'inscription par le lecteur."

p. 49
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