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EAN : 9781021010452
180 pages
Tallandier (03/05/2018)
4/5   4 notes
Résumé :
Peu de régions auront autant que l'Andalousie sollicité l'imagination et le rêve. Peut-être même est-elle la région d'Europe où les vérités et les légendes ont fait le plus de ravages dans les esprits parfois les plus éminents. On a fini par attribuer à toute l'Espagne certains de ses traits : les patios, le flamenco, Carmen, les gitans, les courses de taureaux, l'architecture hispano-mauresque, la fiction d'un lieu où chrétiens, juifs et musulmans auraient vécu en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'Andalousie, ses Gitans, ses toreros, ses danseuses de flamenco, Carmen, les contes de l'Alhambra d'Irving, caractéristiques et clichés devenus peu à peu associés à l'Espagne toute entière.
Dans cette étude qui se lit d'une traite, l'historien Joseph Pérez s'attaque aux « Vérités et légendes » associés au passé des trois grandes villes que sont Séville, Grenade et Cordoue.
De la Bétique à l'Andalousie, Pérez part de l'Espagne telle qu'on la perçoit au XIXè siècle pour arriver à l'Espagne médiévale et bien sûr à al-Andalus qui reste au coeur de sa démonstration, ce mythe de la "convivencia ». Al-Andalus éden perdu des trois religions et des trois cultures a ici du plomb dans l'aile et sa thèse n'est pas sans rappeler l'ouvrage de l'arabisant Serafín Fanjul (Al Andalus, l'invention d'un mythe)
Dans cet ouvrage assez différent donc de ce qu'on a pu lire chez l'Espagnol Juan Vernet (Ce que la culture doit aux Arabes d'Espagne) l'auteur montre que cette vision du passé relève du fantasme plus que de la réalité
Andalousie est un essai succinct mais fort intéressant qui offre des pistes de lecture et des points de vue divergents et montre de quelle manière s'est construit le mythe d'une province espagnole très ancrée dans l'imaginaire européen, parce qu'on a voulu en faire assez rapidement la préfiguration du multiculturalisme.
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critiques presse (1)
LeMonde
25 mai 2018
L’historien rétablit dans sa complexité le devenir tumultueux de la province espagnole, du califat à l’Europe, du folklore à l’entrée dans la modernité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
La littérature dite aljamiada du XIVè siècle est le fait de mudéjares ou de juifs qui écrivent en langue romane (romance), mais utilisent l’écriture arabe ou hébraïque. on connait ainsi, en hébreu, des manuscrits des Proverbes moraux de don Sem Tob (1290?-1360), rabbin de Carrión, et les Strophes de Yoçef -en arabe, le poème de Yùçuf; autrement dit, l’histoire de Joseph vendu par ses frères. C’est à propos de Juan Ruiz, l’archiprêtre de Hita, auteur du Livre du bon amour (XIVè siècle), que la polémique sur le mudéjarismo s’est concentrée. Juan Ruiz était-il aussi imprégné de culture musulmane qu’on l’a dit? Il a pu connaître par des traductions beaucoup de contes orientaux qu’il inclut dans son poème sous forme d’apologues: ce que pourrait être notamment le cas pour Calila et Dimna . L’influence du Collier de la Colombe sur le même Juan Ruiz serait aussi problématique. Il s’agit de l’oeuvre d’un poète cordouan, Ibn Hazm (994-1064), en partie autobiographique, qui constitue en vingt-neuf chapitres une sorte de traité sur l’amour et les amants. Plus sérieuse parait la thèse soutenue par Asin en 1919, sur les sources arabes de la Divine Comédie de Dante. Le lien serait un livre, L’Echelle de Mahomet, dont on connait trois versions: une en français, les deux autres en latin, toutes trois faites à partir d’une traduction en castillan de l’original arabe que le roi Alphonse X avait commandée à son médecin juif Abraham Alfaquin (al-Hakim).
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La victoire de Grenade a eu un retentissement extraordinaire dans toute la chrétienté; on y a vu la revanche sur la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Partout on célèbre l'évènement. A Paris, on imprime le récit d'un témoin oculaire; on chante le Te Deum de même qu'à Londres. C'est en Italie que les festivités sont les plus nombreuses et les plus fastueuses; A Naples, au palais de Castel Capuano, Sannazaro fait jouer deux pièces, La Prise de Grenade et Le Triomphe de la renommée. A Rome, où l'on apprend la nouvelle le 2 février, les cloches sonnent dans toutes les églises; on organise des feux d'artifice; on se rend en procession de Saint-Pierre à Saint-Jacques-des-Espagnols; le pape Innocent VIII célèbre une messe solennelle et donne sa bénédiction aux fidèles. Les réjouissances se poursuivent jusqu'à la fin du mois d'avril: tournois, joutes, récitations publiques, concerts, distributions de repas et de boissons; sur la place Navona, on construit une tour de bois et l'on simule le siège de Grenade; des défilés représentent les rois Catholiques dans un carrosse avec Boabdil à leurs pieds; l'Espagnol Rodrigue Borgia -qui, six mois plus tard, sera élu pape sous le nom d'Alexandre VI-offre une course de taureaux.
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Ce n'est pas un hasard si la corrida se développe plus particulièrement à ces trois moments privilégiés: la fin du XVIIIè siècle, la fin du XIXè et le régime de Franco. Il s'agit à chaque fois de périodes de crise où l'Espagne s'interroge sur la voie à suivre: refus des réformes imposées d'en haut par l'élite éclairée, difficile installation d'une monarchie constitutionnelle qui coïncide, en 1898, avec la perte des dernières colonies, et enfin victoire d'un régime pour lequel les Lumières, les libertés publiques et la démocratie sont incompatibles avec l'essence de l'Espagne. Chaque fois, la modernisation est présentée comme contraire à la tradition; pour la rejeter, on en appelle au peuple contre lés élites qui prétendent lui imposer des institutions ou des coutumes inspirées par l'étranger, contraires, par conséquent, au génie de la nation. Chaque fois aussi, la corrida est proposée comme conforme à la tradition -typical spanish, dira t-on, vers 1960- et, en même temps qu'elle, des formes de divertissement jugées "populaires".
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L'exemple le plus caricatural de cette Espagne antichambre de l'Orient est offert au public français lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1900. Les Espagnols ne voulaient pas entendre parler d'un pavillon qui aurait présenté les pires clichés sur l'Andalousie; ils redoutaient à juste titre une "espagnolade". Mais les Français y tenaient. Devant le refus des Espagnols, ils créèrent une société par actions, qui se chargea de financer un pavillon intitulé "L'Andalousie au temps des Maures". Les décors en étaient Grenade, Cordoue et Séville. On avait reconstitué l'Alcázar, la Giralda -où l'on pouvait monter à dos d'âne-, l'Alhambra. Bien entendu, on voyait défiler des toreros, des brigands, des Gitanes qui chantaient du flamenco et qui dansaient des zambras. Le comble du ridicule, c'était l'affiche sur laquelle figurait un charmeur de serpents! Les organisateurs avaient confondu Séville et Marrakech...
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On présente volontiers l’Espagne musulmane comme un pays où les trois religions monothéistes -l’Islam, le christianisme et le judaïsme- auraient vécu en bonne intelligence. Il est vrai qu’en terre d’Islam, le pacte dit de la dihmma prévoit des dispositions particulières pour les « gens du Livre »: juifs et chrétiens bénéficient d’un statut: ils sont « protégés »; on ne les force pas à se convertir. Cela ne veut pas dire qu’ils sont placés sur un pied d’égalité avec les musulmans. ils sont soumis à des discriminations fiscales, civiles et juridiques: on les oblige à porter des signes distinctifs -habits, bonnets grotesques, ceintures, marques d’identité en tissu jaune; ils doivent habiter dans des quartiers clos, n’utilisent comme montures que des ânes, avoir des maisons plus basses que celles des musulmans, s’écarter devant eux dans la rue; devant les tribunaux, leur témoignage est nul et non avenu… Malgré ces restrictions, leur statut les mettait théoriquement à l’abri de la persécution. C’est ce qui explique qu’ils aient pu conserver la liberté de pratiquer leur culte et une relative autonomie juridique. Juifs et chrétiens s’administrent eux-mêmes dans leurs communautés respectives.
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