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EAN : 9782021402568
192 pages
Seuil (07/02/2019)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Nous avons fait notre coming out ensemble.

Au collège, quand nous nous sommes rencontrés, Anne-Sarah n’osait pas porter d’appareils auditifs ; moi, je n’osais pas avouer que j’aimais les garçons. À vingt ans, nous nous sommes affichés. Nous avons appris à faire de nos hontes des forces intimes et politiques. Ensemble, nous sommes devenus juristes. Anne-Sarah a créé la première permanence juridique en langue des signes. Ensemble, nous sommes devenus éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après avoir réalisé un documentaire consacré à Anne-Sarah Kertudo, Mathieu Simonet a choisi le roman pour coucher leur histoire sur le papier. le récit de leur rencontre et de leur amitié devient celui de leurs combats et de leurs engagements.

Cela commence comme un roman d'amour, une quête initiatique. Quand le narrateur, encore collégien, rencontre Anne, il est immédiatement sous le charme. « Je me souviens du choc que j'ai ressenti. Anne était incroyablement belle. Elle avait une classe, avec ses bras, ses jambes, ses mains, qui me sidérait. Même ses yeux, ses grands papillons noirs, la rendaient belle. Tout son visage était classique (nez droit, belle bouche, cheveux bouclés, mâchoire féminine et affirmée), seuls ses yeux étaient atypiques, et c'était cette fausse note, ce truc en plus, ce truc bizarre, qui la rendait incroyablement lumineuse. » Ce verre pris ensemble va transformer sa vie. Ce qu'il va appeler «un vrai coup de foudre amical» marque le début d'une relation, d'une intimité, d'un échange qui va durer toute la vie.
Très vite, ils partagent tout, à commencer par leurs «secrets», son homosexualité et son handicap. Anne, qui a décidé de se faire appeler Anne-Sarah, perd progressivement l'ouïe jusqu'à devenir sourde. Mais elle refuse d'être stigmatisée, de parler de handicap. Comme nous sommes aussi durant les années où le virus du sida se propage, on comprend très vite que ce sont leurs hontes qui les rapprochent, qu'ils vont en faire des forces. Mieux, le combat d'une vie auxquelles leurs relations respectives vont devoir s'adapter. C'est l'époque du militantisme, c'est aussi celle où tous deux choisissent d'embrasser une carrière juridique. Avec bien des obstacles pour Anne-Sarah. Ensemble, ils vont lutter, intenter un procès pour qu'Anne-Sarah soit autorisée à devenir avocate, créer la première permanence en langue des signes, refuser le handicap, à la fois comme mot et comme objet de discrimination.
Bien qu'intéressante sur le plan politique et social, cette partie du récit tient davantage de l'essai que du roman. Je préfère les parties plus intimes. Quand par exemple, Anne-Sarah perd la vue. «Anne-Sarah et moi dormions dans la même chambre, dans le même lit. On aimait bien se toucher pendant qu'on se parlait. Raconter des horreurs sur les gens qu'on aimait. Hurler de rire. Notre humour me semblait universel, ouvert sur les autres. Il ne l'était pas. On se repliait dans notre tanière. Là où personne ne pouvait nous atteindre.»
C'est dans ces lignes que Mathieu Simonet retrouve sa plume de romancier et réussit à faire partager ses émotions.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Dans son dernier roman, qui est plutôt un récit, Mathieu Simonet nous raconte Anne-Sarah K, amie rencontrée au collège, comment leur amitié s'est forgée et sa force de caractère pour être comme les autres, avec eux. Handicap ou non.
"Anna était un bloc.
Je la fuyais comme je fuyais toutes les personnes atypiques. On se moquait d'elle aussi mais elle semblait hermétique à la violence, à la critique".

Anne-Sarah a un handicap qu'elle cherche à cacher, mal-entendante elle devient peu à peu sourde, lorsque nouveau coup du sort elle perd peu à peu la vue, impossible pour elle d'accepter la canne blanche. Mathieu Simonet s'est fait réalisateur pour raconter le drame et le combat de son amie dans un documentaire touchant .

On retrouve dans ces pages les personnages qui ont fait les écrits de Mathieu Simonet. Son père ( Barbe rose), sa mère ( La maternité), des débuts difficiles dans la vie ( Les corps fermés) Tout ceci se retrouve un peu peu en désordre, sans chronologie, dans des paragraphes courts mais percutants.

Dans ce livre on parle beaucoup de Anne-Sarah, de son courage et de sa force rayonnante mais moins que l'on pourrait le croire. Mathieu y raconte aussi ses amours et rencontres, sa vie dans ce microcosme parisien si étonnant. Il a beaucoup hurlé de rire dans ce livre avec son amie dit-il.

Ce qui m'aura marquée, ce sont les copies d'Anne-Sarah, lors de son examen d'entrée à l'école d'avocats, barrées d'un grand H, et non corrigées comme le découvrira par la suite l'auteur. On lui avait dit pourtant qu'elle n'aurait pas cet examen, tenté trois fois….

Un livre intéressant où l'auteur nous parle de handicap, de discrimination, de vies atypiques comme il sait si bien le faire avec sincérité sans doute même si quelquefois cela nous bouscule un peu.

Dans Les carnets blancsMathieu Simonet écrivait
« L'écrivain est un impudique en quête de pudeur, un menteur en quête de vérité »

Belle route à Anna-Sarah Kertudo qui se bat avec succès aussi pour les autres et pour que les choses bougent.
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Un recueil de confidences personnelles d'où émerge comme un puzzle le portrait parcellaire de la meilleure amie de l'auteur, Anne-Sarah Kertudo. Un journal du soir* titrait à propos d'ASK « Pour le droit au handicap » et le bandeau de l'éditeur reprend platement « L'avocate du handicap ». Pourtant ce livre n'est pas un témoignage sur son combat social. Ses idées — l'aide judiciaire adaptée aux malvoyants et aux malentendants, le démontage des définitions hasardeuses du handicap, « le procès (dans le) noir », « la culture sourde » — ne sont mentionnées qu'en passant. Seulement les images d'une confidente « qui a des problèmes aux yeux et aux oreilles », d'une personnalité alternant le déni, le courage, la fantaisie et la provocation. le récit est fragmenté : audioprothèses, apprentissage de la langue des signes que la cécité rendra inutile, canne blanche, stages d'adaptation à la malvoyance, aperçus d'actualité, anecdotes personnelles de l'auteur, ses projets, ses amours, ses étapes, un tissu de vie présenté en microchapitres qui dépassent rarement dix lignes. L'auteur et ASK hurlent souvent de rire, mais le lecteur s'ennuie. Quelques passages posent question : « Parfois, j'éprouvais l'envie d'écrire sur Anne-Sarah ; quand j'évoquais ce projet (toujours légèrement, à la manière d'une farce, comme si moi-même je n'y croyais pas vraiment), Anne-Sarah dressait un mur entre nous : il n'en était pas question. Sa vie n'avait pas d'intérêt ; elle n'intéresserait personne. Et, de toute façon, elle ne voulait pas que sa vie privée soit étalée dans les pages d'un de mes romans » (p 136).
*https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/05/13/anne-sarah-kertudo-pour-le-droit-au-handicap_5298360_1650684.html
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Dans ce texte qui tient plus du récit que du roman Mathieu Simonet nous raconte son amie Anne-Sarah Kertudo.

Mathieu et Anne-Sarah se sont rencontrés en sixième. L'auteur décrit ainsi celle pour qui il aura un coup de foudre amical à l'âge de dix-huit ans : "Anne était un bloc... Elle était un monstre de certitudes, de convictions, d'engagements; moi je n'étais que doutes, je voulais m'effacer."

Ils sont unis par leurs différences, homosexualité pour Mathieu et handicap pour Anne-Sarah. La jeune femme est atteinte d'une maladie rare et mystérieuse qui atteint sa vue et son audition. Accepter à vingt ans de porter des appareils auditifs correspond pour elle à un coming out " Être sourd c'est comme être gay. C'est apprendre à s'assumer. Être à la fois différent et comme les autres". Au même âge,, Mathieu ose enfin afficher ses orientations sexuelles balayant son sentiment de honte. "Nous avons fait notre coming out ensemble."

Devenu avocat, Mathieu plaidera pour son amie, victime de discrimination quand elle a passé l'examen d'avocat. Quant à Anne-Sarah, devenue juriste, va mener une vie d'engagements, militer pour le droit au logement, s'engager pour les restos du coeur. Refusant la stigmatisation et la compassion envers les handicapés, cette femme qui a perdu la vue vingt ans après avoir perdu l'audition crée la première permanence juridique en langage des signes, se bat pour obtenir la présence d'un interprète en langue des signes dans toutes les procédures judiciaires. Elle va réussir à monter un procès fictif dans le noir sur le principe des restos dans le noir pour sensibiliser la justice aux ressentis des justiciables aveugles, elle s'engage aussi pour l'amélioration des conditions de vie des sourds en prison. Elle veut créer des ponts pour que le monde de la justice et celui des sourds et des aveugles se comprennent. C'est une battante pour qui tout est simple et léger et pour qui le rire est un allié précieux. " Je me souviens qu'on hurlait de rire quand elle me racontait ces histoires. Hurler de rire était la seule preuve tangible que le handicap ne nous touchait pas, resterait un accessoire, un gadget dans notre amitié. "On n'utilisait jamais ce mot “handicap” ; il était tabou. "

Mathieu a toujours voulu être écrivain, il n'imagine pas une vie sans écriture, il nous livre de très belles réflexions sur son travail d'écriture, sur ses objectifs " Assumer de montrer mon intimité, ne pas avoir honte du dévoilement, je voulais me confronter à ces données fondamentales de l'écriture. Pour tester ma capacité à devenir écrivain "," On écrit pour proposer des miroirs aux lecteurs, des miroirs déformants"," Je n'aimais pas bousculer. J'aimais toucher." Il publiera son premier livre en même temps qu'Anne-Sarah qu'il aura fortement encouragée à écrire. "Anne-Sarah est celle qui me prend par la main pour écrire, qui me prend par le bras pour que je devienne éditeur"

Ce texte est un magnifique hommage à une femme engagée qui a fait preuve d'une énergie incroyable, qui s'est battue pour l'amélioration de l'accessibilité de la justice pour les personnes aveugles et sourdes, des améliorations dont les non handicapés pourront aussi bénéficier. Cette femme fascinante à la personnalité étonnante sera nommée en 2012 au Conseil national du handicap. C'est aussi l'histoire d'une très belle amitié entre Mathieu et celle qu'il qualifie de "l'excroissance au féminin de ma personnalité" , "Anne-Sarah était mon prolongement. Mon accessoire. J'étais son prolongement. Son accessoire. Nous étions interdépendants." J'ai aimé découvrir Anne-Sarah et cette belle histoire d'amitié entre deux êtres qui s'appellent tous les jours depuis vingt ans, qui se racontent tout. le seul bémol que j'ai sur ce livre concerne les passages en milieu de récit où Mathieu Simonet s'étend sur ses aventures sexuelles et ses amants. Pour moi, ces passages n'apportent rien au récit, j'aurai préféré qu'il les consacre à son amie ou à sa passion pour l'écriture.
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Anne Sarah Kertudo, c'est une femme qui se bat pour conserver la dignité, la sienne, celle des autres, une femme qui n'abandonne pas malgré l'adversité parfois vraiment terrifiante qui s'acharne sur certains. Une femme magnifiée par l'amitié que lui porte l'auteur, une histoire qui vaut le détour par la force qui en résulte et l'exemplarité d'humilité qu'elle transporte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Anne-Sarah et moi dormions dans la même chambre, dans le même lit. On aimait bien se toucher pendant qu'on se parlait. Raconter des horreurs sur les gens qu'on aimait. Hurler de rire. Notre humour me semblait universel, ouvert sur les autres. Il ne l'était pas. On se repliait dans notre tanière. Là où personne ne pouvait nous atteindre. On lisait en écoutant de la musique. 
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INCIPIT
La première fois que j’ai vu Anne, c'était dans le métro; je me souviens de ses yeux qui ressemblaient à des papillons. Je l'avais vue à la station Église-d'Auteuil. Je montais les escaliers; elle les descendait. C’était en 1983. Nous étions en sixième. Nous n’étions pas dans la même classe, mais nous avions une amie commune, Perrine, qui nous a présentés. Anne me faisait un peu peur. Elle était plus grande que moi, portait des vêtements colorés, avait un avis sur tout.
Elle était un monstre de certitudes, de convictions, d'engagements; moi je n’étais que doutes, je voulais m’effacer, être ami avec tout le monde (je n’avais aucun ami; plus je voulais partager l’amitié des autres, plus les autres me fuyaient).
J’avais eu honte d'avoir obtenu, à la fin de l’école primaire, le prix de camaraderie; j’y avais vu la confirmation que j’étais un fayot, c'était comme un prix de consolation. Je n’étais ni le plus intelligent de la classe ni le plus beau; j’étais le plus fayot, et on avait fini par le reconnaître.
Je rasais les murs. Certains garçons criaient très fort: «Tiens, c’est Mathieu! Le pédé!» Même des enfants plus jeunes que moi se moquaient: des élèves de sixième quand j'étais en quatrième. J'avais honte. J’aurais aimé être plus fort, plus grand, avoir une voix plus grave, avoir des manières de garçon. J’étais fragile, un peu efféminé, transparent. Je traversais la vie.
Anne était un bloc.
Je la fuyais comme je fuyais toutes les personnes atypiques. On se moquait d’elle aussi, mais elle semblait hermétique à la violence, à la critique. Certains lui disaient qu'elle serait plus tard comme sa mère: «Toi aussi tu auras des enfants handicapés.»
Les rires couraient dans les couloirs.
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Les parents d’Anne avaient, eux, je crois de l'argent. En tout cas, ils avaient un immense appartement avec des œuvres d’art. À l'époque, il me semblait que le statut social protégeait de tout. Je rêvais d'avoir des parents normaux, avec de l'argent (car tous les enfants que je croisais dans le 16e arrondissement avaient des parents fortunés). Je n'avais aucune conscience que j’évoluais dans un microcosme, que sur le plan social j’étais finalement le seul à être un «Français moyen», le seul dans la norme. »
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Je me souviens du choc que j'ai ressenti. Anne était incroyablement belle. Elle avait une classe, avec ses bras, ses jambes, ses mains, qui me sidérait. Même ses yeux, ses grands papillons noirs, la rendaient belle. Tout son visage était classique (nez droit, belle bouche, cheveux bouclés, mâchoire féminine et affirmée), seuls ses yeux étaient atypiques, et c’était cette fausse note, ce truc en plus, ce truc bizarre, qui la rendait incroyablement lumineuse. 
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Videos de Mathieu Simonet (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Simonet
Ancien avocat et désormais romancier très singulier, Mathieu Simonet propose des actions poétiques, comme dans son livre "La fin des nuages". C'est d'abord un récit de deuil, car Mathieu Simonet a perdu un être très cher, Benoît, qui a fondé un grand festival de musique chaque été sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris. Chaque année, l'angoisse de Benoît, c'était qu'il pleuve… Ce qui n'arrivait jamais. Benoît est décédé en 2020 d'un cancer et cette année-là, le festival a été annulé pour cause de pandémie. L'auteur invité sur le plateau de la Grande Librairie était alors en deuil, a cette idée folle et magnifique, qu'il pleuvrait ce jour-là, que le dernier souffle de Benoît provoquerait de la pluie. Et le jour du festival, il a plu. Ce livre est aussi une enquête, qui raconte comment des faiseurs de pluie ensemencent les nuages, et plaident pour que ces nuages aient des droits et soient même inscrits au patrimoine de l'Unesco. Cet ouvrage pose des questions environnementales, géopolitiques, sanitaires, légales... avec toujours cette question en tête : à qui appartiennent les nuages ? 


Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous :
https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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