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EAN : 9782742764815
94 pages
Actes Sud Junior (01/03/2007)
4.36/5   7 notes
Résumé :
Révolte, déracinement, exil, identité, amour..., la poésie arabe contemporaine est une parole de notre temps. Nourrie hier du feu des luttes d'indépendance, assumant aujourd'hui l'aventure de la modernité, elle donne vie et chair au désir de liberté de toute jeunesse.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre d'une jolie couleur bleue qui a attiré mon oeil sur l'étagère d'une amie. Dans une édition bilingue arabe-français, nous sont présentés des poètes de pays très divers qui ont en commun la langue arabe.

Maroc, Irak, Palestine... c'est tout un panorama de paysages qui défilent à la lecture. Des paysages comme autant de thèmes traités ! Car certains textes parlent d'amour, d'autre de révolte, d'autre de la vie en société. J'ai apprécié de découvrir ces poètes récents même si je n'ai pu profiter que de la traduction française, ne lisant malheureusement pas l'arabe. Dommage car, en poésie plus encore qu'en littérature, c'est en langue originale que se trouve la vraie force d'un poème !

L'anthologie est hélas un peu courte, et la mise en page ne met pas trop, je trouve, en valeur les textes. Je mets 3/5.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Leçon d’art plastique
extrait 3
  
  
  
  
Mon fils pose devant moi son cahier de dessin
Et me demande de lui dessiner un épi de blé.
Je prends un crayon
Et lui dessine un révolver.
Mon fils se moque de mon ignorance
Et me dit, tout étonné :
Ne fais-tu donc pas la différence
Entre un épi de blé et un révolver ?
Je lui réponds : Écoute, mon fils,
Je savais jadis comment était fait l’épi de blé,
Comment était la galette de pain,
Comment était la rose,
Mais en ce temps métallique,
Où les arbres de la forêt
Se sont enrôlés dans la milice,
Où la rose est en tenue léopard,
En ce temps d’épis armés,
D’oiseaux armés,
De culture armée,
Je n’achète pas une galette de pain
Sans y trouver un révolver,
Je ne cueille pas une rose dans un bosquet
Sans qu’elle me menace de son arme,
Je ne feuillette pas un livre dans une librairie
Sans qu’il explose entre mes mains.


// Nizar Quabbani (1923 – 1998)

/ Traduit de l’arabe par Farouk Mardam-Bey
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Driss El Meliani

Tente de poussière
2A nouveau, les barques défoncées raccommodent l’embouchure des rivières avec leurs aiguilles dorées tandis que l’automne tisse des points d’interrogation sur le visage des passants. Des oiseaux rares rôdent en traversant le ciel et leurs fientes tombent (viennent échouer) sur le front des matinées moroses. J’entrevois de bien funestes augures dans le regard d’un ramier mourant. Diffusées par une radio moussue, des nouvelles confuses de ma destinée, elle-même plus confuse encore. Il m’arrive quelquefois de m’installer aux côtés des gardiens de l’herbe sous la feuillée de mythes gigantesques, tandis que mon souffle haletant s’infiltre dans la gorge profonde de la montagne. D’autres fois, il me suffit d’écouter le cliquetis des clefs métalliques. Si je veux, je peux aussi me rendre à cette grotte lointaine où des savants invalides déchiffrent les énigmes du mouvement des prés. Ou encore aller tenir compagnie à l’ami qui travaille au gisement des larmes noires afin de nous laisser un peu surprendre par la genèse des météores et par les pleurs des pierres orphelines. Mais un soir, des chasseurs retors lui ont tendu une embuscade dans la tente de poussière. Dès lors, j’ai tellement scruté les colonnes vertébrales qui bourdonnent dans un bar et puis chaque mot qui hennit sous ma fenêtre, que j’en oubliai ses traits. Et il en fut ainsi jusqu’à ce que mon chant se perde dans les galeries d’eau. Le sang des écureuils a continué de me rendre visite et puis aussi le messager de l’amertume qui m’apportait des lettres aux allures de chaînes et des cartes postales où les corbeaux toussaient. Les laboureurs des vagues fertiles sortirent de leurs cabanes du fond de l’océan pour protester dans une manifestation qui allait de la place de la grande douleur jusqu’au siège où l’os éclatant réside. Les bergers aveugles vinrent aussi. Et les pipes damnées. Et les prépositions menacées de famine... En ce temps-là, les arrière-ruelles s’enroulaient au cou des farouches gazelles, les astres fougueux se faufilaient dans le pharynx d’un ange endormi. J’ai longé le fleuve jusque là où les lames de la musique scintillaient. Là où derrière le sable mouvant même le désert rêve de mes lambeaux de chair. Mais il faut que je l’atteigne.
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Mithaq Karim Roukabi. Poétesse irakienne

Dans tes yeux ; mille ciels
Et mon baiser
Un pigeon
Planant
Tel une prière … une invocation …
Ö ornement verbal
Sur le front du poème !
Ö printemps dont s’enveloppe ma nuit
Chaque soir… !
Grâce à ton amour,
La terre tourne dorénavant deux fois ,
Foisonnant de parfums et de désirs.
Grâce à ton amour,
Le sable des distances
Édifie dorénavant des forteresses de rêves.
Grâce à ton amour,
En ta présence les jardins
Fleurissent chaque matin…
Et l’histoire se transforme
En des pépites de saphir
Que les prêtres sèment
Dans les temples sumériens
Chaque nuit de pleine lune.
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Mon fils s’assoit sur le bord de mon lit
Et me demande de lui réciter un poème.
Je verse une larme sur l’oreiller.
Il la ramasse et me dit :
Mais c’est une larme, père, et non un poème,
Je lui dis :
Quand tu seras grand
Et que tu liras la somme de la poésie arabe,
Tu sauras que le mot et la larme sont frère et sœur
Et que le poème arabe
N’est qu’une larme qui coule entre les doigts.
Mon fils pose devant moi sa boîte de couleurs
Et me demande de lui dessiner une patrie.
Le pinceau tremble dans ma main
Et je fonds en larmes. 
Nizar Qabbani, Leçon d'art plastique
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Mbarak Wassat

Elégie de l’amour
Le nuage n’a pas rejoint son nid. La stupeur
n’a pas quitté son ombre. L’étoile ne s’est pas réjouie
de sa nuit. Cet homme n’a pas délaissé sa mort
Tous
ont ouvert à la houle une porte, à la nuit une porte
et mille portes à la guerre
Vous
amis, compagnons
de mon verre. Arrêtez
ce saccage
et puis
je n’aime pas les femmes
qui dessinent avec le vent mes pas
j’aime
toutes les femmes
je n’aime pas
les montagnes qui
frôlent le ciel des redondances. J’aime les ruelles
qui mènent secrètement au cœur, celles
qui lient l’âme à ses marches et m’emportent
jusqu’aux confins de la terre.
Non
pas la terre, je veux dire, mais
lèvres de femme, grappe de raisin,
verre, lune, étreinte me dérobant
le soleil d’août ou encore pluie
inondant mes mains.
Non
pas la nuit,
mais son matin.
Et puis
je n’ai souvenir de rien. J’ai souvenir de mon père
quittant les nues de la vie et son âme
sur le palanquin de notre chagrin. J’ai souvenir de son visage
apaisé. De son corps froid.
De ma stupeur. Où s’en iront, à ma mort,
les femmes que je cache en mon cœur ?
Elsa garderait-elle le séjour éternel de son silence ?
Bouthayna apparaîtrait peut-être dans la cour de la maison
Jocelyne serrerait Layla entre ses bras
Et peut-être feraient-elles cercle autour de moi
pour bavarder un peu.
C’était
un ami de toutes les guerres
dit Elsa
Un compagnon de l’air,
poursuit Jocelyne
Il n’a pas quitté son ombre
C’était un sage
un ami
de
tout
ce vide
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Vidéo de Farouk Mardam-Bey
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COLLECTION BILINGUE ARABE-FRANÇAIS. Dès 5 ans, septembre 2022
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