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Jeremy Narby (Éditeur scientifique)Francis Huxley (Éditeur scientifique)
EAN : 9782226191090
347 pages
Albin Michel (01/04/2009)
3.9/5   25 notes
Résumé :
Rassemblée par deux ethnologues internationalement reconnus, la présente anthologie est la plus complète qui soit sur le chamanisme. Jeremy Narby et Francis Huxley, tous deux docteurs en anthropologie, ont recueilli les textes et témoignages essentiels sur ceux qu'on appelait jadis « sorciers indigènes », « ministres du diable », « magiciens »...
Ces écrits, dont le premier remonte à 1535, donc à la conquête espagnole, nous offrent un aperçu unique sur ces t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Qu'avons-nous compris, nous autres, Occidentaux, du chamanisme, au fil des siècles ? C'est la question à laquelle ambitionne de répondre cette anthologie rassemblée par deux illustres ethnologues. Sur une durée de cinq siècles, par des textes d'environ soixante auteurs tantôt très célèbres, tantôt inconnus ou bien oubliés, disposés quasiment en ordre chronologique et répartis dans une scansion rigoureuse et éclairante en sept parties, on peut parcourir en parallèle deux fils conducteurs : la compréhension, toujours plus fine, nuancée, complète et distinctive, du phénomène chamanique partout dans le monde, mais aussi l'histoire de nos moyens d'acquérir et de mettre en forme discursive une connaissance radicalement autre, longtemps impensable. Je ne saurais dire lequel de ces fils conducteurs m'a le plus intéressé, à moins que ce ne soit justement leur dialectique, dans la mesure où elle constitue un emblème de ce qu'une sémiologie particulière permet ou bien empêche d'atteindre comme quantité et qualité d'intelligence. En outre, si une familiarité préalable avec le chamanisme facilite assurément le repérage de certains thèmes-clefs qui émergent de ces textes – contrairement à d'autres qui sont passés sous silence, sans doute considérés comme moins représentatifs d'une époque ou moins probants de l'état d'esprit du chercheur ou de son époque – il faut avouer que cette connaissance n'est pas du tout indispensable : ni pour apprécier la démonstration, ni pour se faire une idée assez complète du chamanisme et des enjeux qui, encore aujourd'hui, nous semblent les plus difficiles à comprendre, les plus éloignés de notre propre vision du monde.

Sommaire [brièvement commenté] :

- Première partie : « Le point de vue chrétien : "des ministres du Démon" », comprend 4 textes, datés entre 1535 et 1672, dont les auteurs étaient des hommes d'Église soucieux d'évangélisation et d'éradication de toute pensée (et pratique) hétérodoxes.
- Deuxième partie : « De "jongleurs estimés" à "imposteurs" : la vision humaniste devient rationnelle », comprend les textes numérotés 5-9, datés 1724-1785, dont un par Diderot (1765). Bien que les Lumières dénoncent partout l'obscurantisme et la crédulité, a fortiori chez l'Autre, le dernier texte (cf. cit. 1 infra) montre une transition vers un effort de compréhension par l'empathie.
- Troisième partie : « Les anthropologues entrent dans la danse », comprend les textes 10-19, datés 1871-1914, dont deux par le grand anthropologue Franz Boas. La démarche s'efforce de se faire scientifique notamment par des tentatives de définition (qu'est-ce qui est et qu'est-ce qui n'est pas du chamanisme ?), et par les premières réflexions méthodologiques du savant sur sa posture d'observation.
- Quatrième partie : « La compréhension s'approfondit », comprend les textes 20-33, datés 1929-1962. Apparaissent les noms illustres de Knud Rasmussen, Alfred Métraux, et Claude Lévi-Strauss avec une contribution essentielle de 1949 : « Chamanes et psychanalystes » (cf. cit. 2). Un texte de Georges Devereux de 1956 fait hélas un peu figure d'arrière-garde... Nous assistons là à deux grandes nouveautés : les études de cas spécifiques, et la parole laissée explicitement à l'Autre.
- Cinquième partie : « Les observateurs se mettent à participer », comprend les textes 34-40, dont les deux premiers remontent à la fin des années 1950 (dont le célèbre témoignage de Gordon Wasson, 1957), mais qui s'étendent globalement sur les décennies 70 et 80, bien que Bronislaw Malinowski ait théorisé la méthode de l'observation participante dès les années 10. La participation des observateurs a pour effet, naturellement, de prendre les chamanes au sérieux.
- Sixième partie : « Récolte de données sur un phénomène protéiforme », comprend les textes 41-51, datés 1967-1994. Désormais il n'est plus question d'évolution chronologique. Ces textes reflètent la sophistication scientifique actuelle ; néanmoins leurs auteurs renoncent – sans doute suite à la publication de l'immense traité de Mircea Eliade – à traiter du chamanisme au singulier, ils privilégient les spécificités d'un terrain de recherche particulier ou bien d'un thème circonscrit.
- Septième partie : « La culture globale et le savoir indigène s'attirent et se repoussent », comprend les textes 52-64, datés, pour la plupart, des années 1990 (exception faite de « Science et magie : deux voies de connaissance » par Claude Lévi-Strauss, 1962). Ces articles sont caractérisés par l'enchevêtrement ou l'interconnexion entre le global et le local.
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Une bible du Chamanisme – incontournable !



Je ne suis pas chamane, mais le chamanisme m'a toujours intéressé et ce pour plusieurs raisons : c'est la plus ancienne des religions et elle perdure aujourd'hui.
De plus c'est elle qui a construit les mythes fondateurs de chaque civilisation et des moindres peuplades de la terre. Une question se pose : que peut-on encore retirer, apprendre des chamanes d'aujourd'hui, je veux dire ceux se réclamant d'une tradition locale, s'il en existe encore, car mangés par la « modernité » et le New-Age ? A la lecture de cette Anthologie, on verra qu'il n'existe pas nécessairement des lignées de chamanes et que la transmission des savoirs et pouvoirs n'est pas linéaire : c'est un appel des Esprits avant tout, qui décident du candidat.

Par-dessus tout, on se rend compte qu'en Asie, avant les « grandes religions », il y avait des chamanes, en Inde, en Chine, au Japon, au Tibet et dans les Corées, etc. Jusqu'à Bali et l'extrême-orient russe. le Dharma du Bouddha, universel, maléable, a constitué des bouddhismes locaux en assimilant à chaque fois les pratiques religieuses des chamanes qu'il rencontrait (ça c'est une des beautés et forces du Dharma du Bouddha). Vous présenter ce livre que j'ai en haute estime cadre donc tout à fait avec Livres Bouddhistes. C'est un vrai coup de coeur.

J'avais lu en 2017 l'édition de 2009, et voici qu'Albin Michel réédite à ma surprise, dans sa collection Espaces Libres (poche), en 2018, cette fabuleuse Anthologie du Chamanisme sous-titrée : « Cinq cents ans sur la piste du savoir ». On notera qu'Albin Michel l'avait publié la première fois en grand format en 2002.
Cinq cents ans, car voilà déjà un demi-millénaire que les occidentaux, ses savants, ses anthropologues-ethnologues et ses chrétiens missionnaires s'intéressent aux multiples formes de ces expériences religieuses et magiques. Et nous voici donc à lire une histoire du chamanisme sous forme d'anthologie. Enfin il faudrait plutôt dire : cette Anthologie parle de la découverte progressive, dans le temps et dans les esprits occidentaux, du chamanisme, découvreurs qui petit à petit font évoluer leurs points de vue en même temps que naissent les « sciences humaines » (et le bouddhisme en est une !).

Personnellement, ce fut un vrai régal que de lire cet ouvrage. C'est une mine absolue d'informations. J'ai parcouru chaque page avec délice, prenant des notes qui m'ont permis de délimiter le territoire du chamanisme. J'en ai d'ailleurs fais un document.
On apprend dans cette anthologie autant sur les chamanes et leurs pratiques, que sur les perceptions et pensées des savants occidentaux à leurs sujets. C'est absolument passionnant de voir comment les occidentaux ont évoluer dans leur perception, dans leur manière d'aborder le chamanisme et les chamanes, allant du mépris au respect et à la reconnaissance humaine. Personne ne pourra regretter la lecture d'un tel bouquin sur ce domaine du savoir, sujet d'innombrables fantasmes depuis des siècles.

L'Anthologie du chamanisme de Francis Huxley et Jeremy Narby, forte de 352 pages de petits caractères, se divise en sept parties se répartissant 64 textes.
– La première partie : le point de vue chrétien : « des ministres du démon » – fleure l'odeur de l'Inquisition et des efforts fanatiques des missionnaires chrétiens qui voulaient évangéliser les peuples « primitifs » par la force et la croix. Les réactions des missionnaires se passent de commentaires… Il y a toutefois peu de rapports écrits de ces missionnaires. C'est tout de même « savoureux » de lire avec quel esprit archaïque ils traient ces « sauvages » et « primitifs ». J'espère que l'Eglise en a honte désormais ! « A l'époque, les Européens croyaient que les esprits avec lesquels on pouvait entrer en communication étaient forcément démoniaques« , ajoutent les auteurs, « Ces croyances ont conduit les Européens à rejeter et déconsidérer les chamanes. Leurs préjugés furent d'autant plus inflexibles que ce sont la plupart du temps des hommes d'Eglise qui écrivirent sur les chamanes« .
– La seconde partie : de « jongleurs estimés » à « imposteurs » : la vision humaniste devient rationnelle – expose cette portion d'occidentaux du siècle des Lumières, faite de nobles du Vieux-Monde partis en voyage et découvrant ébahis et perplexes ces chamanes qu'ils réduisent avec mépris à des êtres fourbes et prestidigitateurs. Plutôt que de la haine, c'est ici la dérision et le cynisme qu'adoptent les occidentaux… On progresse !
– La troisième partie : Les anthropologues entrent dans la danse – nous amène au seuil de la naissance de l'anthropologie, où ses pionniers donnent à voir avec courage, une autre vision de l'humanité « primitive » et font un effort véritable pour comprendre ce qu'on leur donne à voir. Les rapports scientifiques se font précis : les textes de cette partie apportent de réels éléments de considération du phénomène chamanique. On apprend pas mal de choses ici sur les chamanes.
– La quatrième partie : La compréhension s'approfondit – « Au cours de la première moitié du XXème siècle, les anthropologues se mirent à écouter attentivement les chamanes et à enregistrer ce qu'ils avaient à dire sur eux-mêmes. C'est à partir de là que leur compréhension du phénomène s'est approfondie. » Les grands anthropologues surgissent sur fond d'Histoire : Alfred Métraux, Claude Levi-Strauss, George Devereux, Adolphus Peter Elkin, etc. le structuralisme intègre le champ de recherche. On se rend compte que les chamanes et leurs proches sont eux aussi…des humains. le phénomène est ici abordé et présenté selon un prisme intellectualiste typique de l'époque. le chamanisme est enfin « digne d'intérêt ».
– La cinquième partie : Les observateurs se mettent à participer – c'est enfin le moment où les chercheurs deviennent joueurs : il en aura fallu du temps ! On trouve ici des récits, témoignages et rapports d'anthropologues s'essayant aux « états de conscience modifiés » par l'absorption de substances hallucinogènes. « Les écrits de ces derniers se concentrent toutefois davantage sur l'observation de leur propre personne parmi les chamanes que sur celle des chamanes proprement dits. Il ne suffit pas, en effet, de consommer des plantes hallucinogènes pour comprendre des chamanes.«
– La sixième partie : Récolte de données sur un phénomène protéiforme – les chamanes se retrouvent ici à donner directement de leur voix : dans des discussions menées avec les savants, ils exposent leur vérité. Nous sommes passés à des sauvages et sujets du démon, à des chamanes « intellectuels, traducteurs et habiles négociateurs ». L'approche est ici résolument d'égal à égal : des humains parlent à des humains. C'est réjouissant !
– La septième et dernière partie : La culture globale et le savoir indigène s'attirent et se repoussent – « Claude Lévi-Strauss a ouvert la voie en 1962 avec son livre La pensée sauvage. Il montra que la magie et la science se fondent sur les mêmes opérations mentales, et se complètent. Il a rendu théoriquement acceptable de prendre le chamanisme au sérieux. » C'est aussi dans cette partie de l'Anthologie où se cumulent les critiques envers le Néo-Chamanisme récupéré par le New-Age. Voilà où l'on en est depuis les années 90. Ce serait merveilleux si un jour, cet ouvrage se voyait révisé et augmenté d'une huitième partie pour parler du chamanisme et des chamanes à l'ère numérique et mondialisée.

Pour faire simple, j'affirme que cette « Anthologie du Chamanisme » de Narby et Huxley à la couverture magnifique (apparemment un Bön du Tibet), qui bizarrement ne propose aucun texte de Mircea Eliade mais le cite pourtant, est une bible en soi totalement passionnante, absolument jouissive sur le chamanisme.
Elle est donc pleinement indispensable à tout chercheur en spiritualité. Si vous vous intéressez sérieusement à la chose, vous ne pouvez faire l'impasse sur le livre de poche génial où il y a tant d'informations sérieuses sur le chamanisme. Bien dépouillé, il vous livrera des tonnes d'informations !
Je vous en recommande chaudement la lecture.

Bonne lecture !

Zui Ho.

PS : Je ne suis donc pas né au bon endroit : j'aurais dû être en chamane d'Asie, ou amérindien. Ou anthropologue ici.
Lien : https://livresbouddhistes.wo..
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Voilà un recueil d'une soixantaine de textes d'explorateurs, ethnologues et anthropologues ayant côtoyé des chamanes, et livrant leur témoignage par écrit. Un ensemble de textes précieux, dont certains traduits pour l'occasion, et qui témoigne de pratiques à la fois diverses et répondant à des besoins similaires : la quête de nourriture, la santé, la protection, etc.

Des textes qui amènent forcément à réfléchir à nos systèmes de croyance, souvent corrompus par la doctrine du "je ne crois que ce que je vois" (et l'amour, dans tout ça ?). Ici, il est question de fléchettes gardées précieusement dans le corps des chamanes, de cordes qui leurs sortent de la bouche, d'esprits qui visitent ou sont visités, de guérisons par la pratique rituelle cérémonielle, par l'usage de lianes (ayahuasca) ou de tabac sacré.

Bref, nous sommes à la fois loin du scientisme occidental, et pourtant à sa source, puisque comme le soulignent les derniers textes de l'anthologie, les savoirs des chamanes (des hommes-médecines "appelés" par un sacerdoce peu enviable) résultent d'expérimentations parfois dangereuses donnant lieu à de véritables progrès, notamment dans leur appréhension des bienfaits de certaines plantes.

Une lecture qu'on ne peut conseiller qu'aux lecteurs déjà intéressés, et encore davantage aux plus hostiles. Bravo à Jeremy Narby, Francis Huxley pour ce travail, et aux éditions Albin Michel pour l'avoir réédité cette année (et quelle photo de couverture !).
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Une anthologie bien construite, les explications entre les textes sont très intéressantes et permettent de comprendre l'évolution de la perception de cette forme religieuse par les occidentaux sans pour autant manger l'intérêt et la fraicheur des textes par de trop longs intermèdes.

La réelle utilité d'une telle anthologie tient dans le fait que certains textes rares ou non-traduits peuvent nous parvenir. Je le conseil fortement aux passionnés et intéressés d'histoire, d'ethnologie et de chamanisme !
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Cette anthologie du chamanisme est une mine d'informations pour qui souhaite découvrir une autre vision du monde plus proche de l'intuition et des sensations. Les deux auteurs nous permettent de découvrir l'évolution du regard de l'homme civilisé moderne au sujet de la vision du monde indigène grâce à des textes de missionnaires, de découvreurs et de chercheurs, cette vision du monde plus proche de la nature et pour qui dans l'univers, plantes et objets inanimés compris sont dotés d'un certain type d'existence psychologique ou de conscience.
Les auteurs remontent jusqu'au 16 ème siècle et les missionnaires chrétiens pour lesquels le chamanisme est une oeuvre du diable d'où les nombreuses persécutions qui en résultèrent.
Le chamane sert d'intermédiaire entre les divinités et les hommes ordinaires. Il interagit avec son environnement. Il utilise le chant, le tambour. Il fait retraite (jeun et abstinence sexuelle). Suite à l'intervention des missionnaires, les pratiques religieuses mêlent des éléments chrétiens et indigènes.
Les auteurs ajoutent que dans son oeuvre « La Pensée sauvage », Claude Lévi-Straus met en parallèle la connaissance de la magie et la connaissance de la science, l'une très proche de l'intuition sensible et ancestrale, l'autre plus éloignée mais aussi plus jeune et ancré dans la modernité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
1. « Les voyageurs les plus distants ont été étonnés devant de telles jongleries, parce qu'ils ont vu des succès de la force de l'imagination qu'ils pensaient à peine possibles, et qu'ils ne savaient pas expliquer. En effet, parmi toutes les forces de l'âme humaine, l'imagination est peut-être la moins explorée : étant donné son lien avec la construction du corps entier et en particulier du cerveau et des nerfs comme de nombreuses et étonnantes maladies le démontrent, il ne semble donc pas seulement être le lien pour, et la base de, toutes les forces subtiles de l'âme, mais aussi le nœud des relations entre l'esprit et le corps, de même que la fleur bourgeonnante de toute l'organisation des sens pour les autres utilisations des forces de la pensée. » (Johann Gottfried Herder, 1785, cit. pp. 49-50)
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[Dans la mythologie esquimaude,] il existe un grand nombre d'esprits mineurs. Appelés Tornait, ils se manifestent sous la forme d'hommes, d'ours ou de pierre. C'est grâce à leur aide qu'un homme peut devenir ce qu'on appelle un angakoq, c'est-à-dire une sorte de prêtre ou de magicien. Les esprits l'aident à découvrir les causes de maladies ou de décès, raison pour laquelle il est un homme-médecine. Dans ses incantations, l'angakoq utilise un langage particulier, qui se compose en grande partie de racines archaïques, et il est remarquable que certains des mots que j'ai pu recueillir sur la côte de la baie de Baffin existent également dans le langage des tribus d'Alaska, ce qui démontre qu'un lien étroit existait autrefois entre les Esquimeaux de l'Amérique du Nord-Est et les habitants de l'Alaska.
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3. « C'est vrai que Wasson et ses amis ont été les premiers étrangers qui sont venus dans notre village en quête des "enfants sacrés" [les champignons hallucinogènes], et qui ne les prenaient pas pour guérir d'une maladie. Leur raison était qu'ils venaient trouver Dieu.
[…]
Le jour où pour la première fois j'ai fait une veillée devant des étrangers, je n'ai pas pensé qu'il pouvait en sortir quelque chose de mal […] Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Eh bien, que beaucoup de gens sont venus chercher Dieu, que sont venues des personnes de toutes les couleurs, de tous les âges. […] Mais à partir du moment où les étrangers sont arrivés pour chercher Dieu, les "enfants sacrés" ont perdu leur pureté. Ils ont perdu leur force, on les a gâchés. Désormais, ils ne feront plus d'effet. On n'y peut rien. » (Maria Sabina interviewée par Alvaro Estrada, 1977, cit. pp. 175-176)
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5. « Une fois que tout le monde eut parlé, le directeur aguaruna de l'école nous remercia de notre visite et dit : "Ici, en Amazonie, notre connaissance a souvent été prise par d'autres sans que nous n'en retirions aucun bénéfice. Maintenant, nous aussi, nous aimerions pouvoir y trouver quelques avantages." Il indiqua qu'un accord compensatoire pour le savoir fourni par les indigènes se devait d'être signé avant que toute recherche ne soit poursuivie.
Cette expérience semblait donc indiquer que les scientifiques peuvent apprendre des choses en travaillant avec des chamanes amazoniens indigènes.
Certains observateurs ont suggéré que nous assistons à la fin du chamanisme selon sa définition classique. Mais la rencontre entre chamanes et scientifiques ressemblait plus à un commencement. » (Jeremy Narby, 2000, cit. p. 323, excipit de l'anthologie).
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4. « Les enfants du monde entier connaissent ce jeu qui se trouve à l'origine même du chamanisme – ce désir de retrouver la sensation joyeuse de la perte de moi. L'humanité entière la recherche dans sa soif inextinguible d'amour, dans le chant, la danse, les rêves ou dans la spirale de la dépendance de l'alcool et des drogues. Tous, quoique dilués, sont des états qui nourrissent la transe ou qui s'y apparentent. La transe n'est donc pas un état particulier ou exceptionnel. Toute notre vie émotionnelle se concentre sur un seul point : atteindre l'apogée, l'expérience du flux ininterrompu, dans lequel les mécanismes compulsifs ou rationnels qui lui font constamment barrage sont mis hors circuit. » (Holger Kalweit, 1987, cit. p. 192)
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