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EAN : 9782818046005
448 pages
P.O.L. (23/08/2018)
3.5/5   839 notes
Résumé :
Prix du Livre Inter 2019

"Si l’on n’aimait que les gens qui le méritent, la vie serait une distribution de prix très ennuyeuse."

Farah et ses parents ont trouvé refuge dans une communauté libertaire qui rassemble des gens fragiles, inadaptés au monde extérieur tel que le façonnent les nouvelles technologies, la mondialisation et les réseaux sociaux. Farah pense être une fille mais découvre qu’elle n’a pas tous les attributs attendus. C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (157) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 839 notes
Liberty House ?

C'est à peine âgée de six ans que la jeune Farah fait son entrée dans ce lieu hautement symbolique nommé « Maison de la Liberté ». Elle est accompagnée de ses parents en fuite d'un monde qui les agressse : sa mère, « emmaillotée de tissus blindés » par peur des ondes, menacée « d'une extinction à petit feu dans les souffrances atroces de l'électrohypersensibilité », son père angoissé pour sa femme et sa grand-mère, naturiste patentée dont le sexe est orné d'un piercing bien placé.

C'est toute cette petite famille qui rejoint en pleine nuit ce « refuge pour freaks », la tête pleine d'espérances et de désirs inassouvis. Comme la sécurité, vivre dans une « zone blanche » vierge de toute substance toxique, vivre en autarcie en cultivant et se nourrissant des légumes du jardin, mais surtout vivre loin de leur peur du monde extérieur.
Ils sont une trentaine à cohabiter dans cette communauté hétéroclite. Tous réfugiés d'une société qui les refusent.

L'illusion peut alors commencer. Arcady en est le maître d'oeuvre. C'est lui qui tient les rênes de la liberté, donnant ou refusant son assentiment. Un des premiers commandements est « vivre et jouir sans entraves », ce à quoi s'emploient la plupart des membres de la communauté. Ici, point d'amour exclusif et réservé, l'amour doit être commun et débridé.

C'est assez vite, à l'âge de ses premiers émois de jeune fille, que Farah tombera totalement amoureuse d'Arcady, le gourou de son âme. Commencera alors pour elle une quête de l'amour qui ne la quittera pas.

Mais la recherche de l'amour est du bonheur sera semée d'embûches pour Farah. C'est son corps qui parle en premier : elle se transforme comme tous les adolescents, mais pas elle le voudrait. Son corps prend en effet les atours de plus en plus visibles de la virilité. Virilisme, c'est le nom donné à cette métamorphose. On la surnomme Farah Fawcett, mais elle a le physique de Silvester Stallone.

Elle complète la galerie des « monstres » mais en pire, car même si un des premiers principes est de « s'accepter tel que l'on est, avec ses tares éventuelles », celle de Farah est trop choquante pour être supportée.

Seule et abandonnée, sont les sentiments qui l'envahiront peu à peu. Ses parents l'ont confiée à la communauté et ne s'en soucient guère. Chacun vaque à ses occupations et selon son propre ego. Tous ensemble, chacun pour soi, semble être la règle de vie des habitants de « Liberty House »

Arcady l'oublie, après avoir su profiter de son corps, il préfère s'adonner à d'autres plaisirs dans les bras de jeunes hommes. Elle qui voulait « s'oublier dans cette servitude ». « Biberonnée à l'amour fou » dès le plus jeune âge, elle s'aperçoit vite que c'est un amour faux. « La langue ardente du désir » prend parfois des tournures qui chasse la vérité pour se réfugier dans le mensonge. Elle préfère se cacher et se retrouver dans la nuit : « cette volonté de gagner du temps sur la vie », et la quête éperdue pour l'amour passionné. C'est la nature qui lui fera prendre conscience petit à petit de la réalité.

Drolatique, enlevé, le ton d'Emmanuelle Bayamack-Tam l‘est, et cette dénonciation sans vergogne du phénomène sectaire est sans appel. Utilisant le mode de la dérision ou de la parodie, parfois irrésistible, comme à propos du naturisme, dont « l'un des bienfaits est de dissiper toute illusion sur les ravages du temps », peut aussi en choquer certains. Son récit est cependant parfaitement maîtrisé et limpide aux yeux de tous, car au fond la seule chose que cherche tous ces laissés-pour-compte, c'est l'Amour !

Lu en novembre 2018.

Ma chronique complète à retrouver sur mon blog le conseil des libraires/Fnac :


Lien : https://www.fnac.com/Arcadie..
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Le roman débute avec l'arrivée, au domaine de Liberty House, de la narratrice Farah, avec ses parents, dans la voiture conduite par sa grand-mère Kirsten. le domaine, situé en zone blanche, aujourd'hui refuge pour freaks, était autrefois un pensionnat pour jeunes filles. Cette communauté libertaire et bucolique compte environ une trentaine de pensionnaires avec des obèses, des dépigmentés, des ¬bipolaires, des électro¬sensibles, des grands dépressifs, des cancéreux, des poly¬toxicomanes et des déments séniles. Les téléphones portables et autres technologies de communication y sont bannis.
La vie champêtre, le végétarisme, le naturisme et l'amour libre permettent à ces exclus de s'épanouir. Ils ont fait leur, la devise virgilienne "Omnia vincit amor" : L'amour triomphe de tout. Arcady est le mentor charismatique de cette communauté. Farah, se trouvant laide s'assimile à tous ces êtres fragiles. de plus, à l'âge de la puberté des problèmes sur son identité sexuelle vont se présenter à elle, Elle qui se pensait fille est en train de vivre une virilisation galopante et le syndrome de Rokitanski sera médicalement reconnu.
Qu'à cela ne tienne, Arcadie n'est pas seulement le roman d'une fillette qui devient un homme, c'est aussi celui d'une adolescente en quête d'elle-même, curieuse du monde extérieur. L'intrusion d'un jeune migrant sans papiers venu d'Érythrée va créer un bouleversement et la réaction du gourou et de ses pensionnaires sera pour le moins inattendue dans ce havre de paix ouvert à tous où la nature luxuriante est omniprésente et enchanteresse, véritable éden.
Emmanuelle Bayamack-Tam réussit à décrire la beauté luxuriante des lieux avec réalisme et beaucoup de poésie. Elle nous livre là, un roman audacieux, cru, trivial, une véritable utopie libertaire où, malheureusement va s'inviter la violence extérieure.
Arcadie est une ode à la beauté du monde et des hommes où se côtoient de superbes envolées lyriques et un parler cru tout aussi poétique, un roman très contemporain et en même temps intemporel. C'est aussi un roman politique, il aborde tous les enjeux contemporains, qu'ils soient éducatifs, technologiques, sexuels, écologiques, migratoires.
Arcadie d'Emmanuelle Bayamack-Tam a remporté le Prix Livre Inter 2019, un prix bien mérité pour un roman qui sort franchement des sentiers battus !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Freaks de tous les pays, unissez-vous!

Créez , contre toute tentative de normalisation, une utopie de l'anormalité, une arcadie du monstrueux, un phalanstère des rebuts, des rebelles et  autres reubeus, une zone blanche impolluée et inviolée, hors radar, hors sol, hors réseaux, une zone de libre échange sexuel où s'expriment,  royalement libertaires,  phéromones et cyprines,  une  jungle édenique où bêtes et gens,  loin des peurs et des haines, proclameront la grande égalité du vivant.

Proclamez la liberté du jouir  et jouissez- en!

Non, je n'ai pas fumé la moquette!

 Liberty House, l'Arcadie varoise d'Arcady, c'est à peu près cela.

La jeune Farah nous en décrit les charmes- ambigus- les hôtes- étranges- ,  les us et coutumes- si particuliers.

Non sans humour - et même avec un humour ravageur!- , car son amour inconditionnel pour le gourou fondateur des lieux,  Arcady en personne,  n'empêche pas cette jeune et sagace narratrice de conserver lucidité et quant à soi à l'egard de son éden libertaire.  Même si elle y vit depuis sa tendre enfance.

D'autant que l'enfance, justement, est en train de la quitter et que la puberté la tourmente de bien étrange façon : plus elle sent naitre en elle un impérieux désir de femme pour son gourou chéri, plus son corps la trahit , optant quant à lui pour une virilité disgracieuse, décevante,  plutôt velue même.

Les meilleures utopies ont une fin, c'est-à-dire,  si l'on joue sur la sémantique, qu'elles ont une limite,  un achèvement et une finalité.

Une limite qui est celle, toute triviale, de la frontière. le meilleur des mondes , même lui, ne peut accueillir toute la misère du monde. Et quand Farah prend la mesure de cette frilosité-là, c'est toute sa mythologie personnelle qui s'effondre. Déception. Désacralisation. Candide quitte Thunder-ten-Tronck...Liberty House ne serait donc qu'une secte parmi tant d'autres?

Un achèvement. "Et in Arcadia ego" dit la Camarde, et cette grande Faucheuse , on le sait, a toujours le dernier mot.

Une finalité aussi, et bien forte. Car l'éducation libertaire laisse des traces, réveille des faims, lève des attentes. Et tout paradis perdu porte en soi le désir d'être retrouvé,  voire recréé,  remodelé. 

Un peu comme ce corps sauvage qui veut assigner à Farah un rôle qu'elle refuse.

Farah n'a pas connu l'utopie seulement pour la renier ou la perdre: elle lui a appris à écouter ses désirs,  sa soif de justice et d'amour. Elle lui à appris à vouloir. 

Et tous les diktats du monde, fussent-ils ceux de son propre corps, ne sauraient infléchir cette loi-là, une loi non-écrite,  impérieuse comme celle d'Antigone.

Une lecture fascinante, rondement menée, fichtrement bien écrite, crue, drôle et décapante, qui secoue bien des cocotiers, abat bien des marronniers,  mais vous laisse des graines et des pousses plein la tête.

De quoi faire pousser un jardin sauvage et beau, prêt pour une nouvelle utopie.

Une  jungle édenique où bêtes et gens,  loin des peurs et des haines, proclameront la grande égalité du vivant...


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Dans Arcadie, la narratrice s'appelle Farah. Elle et ses parents ont poussé les grilles d'une vieille demeure dans le sud de la France, près de la frontière italienne, - Liberty House, alors qu'elle n'avait que six ans. C'est là qu'elle a grandi, entouré des siens, ses parents et sa grand-mère tout d'abord, mais aussi des autres, les membres d'une communauté libertaire pour ne pas dire d'une confrérie. Surtout, ne dites pas secte, car ce serait totalement inexact et cela choquerait ses résidents, à commencer la narratrice...
Il serait réducteur de n'y voir qu'un roman libertaire ou libertin, car dès les premières pages et durant plusieurs chapitres, cela lutine sérieusement dans les coins...
Liberty House est un refuge, un nid, un coin de verdure, un lieu coupé du reste du monde, une zone blanche qui rassemble des gens fragiles, inadaptés au monde extérieur.
Les gens qui vivent ici sont coupés du reste du monde, vivent dans un havre de paix et d'harmonie, vivent nus, font l'amour entre eux sans entrave. Farah, quant à elle, grandit au milieu des arbres, des fleurs et des bêtes alentour, notamment les vaches, - peut-être mon animal préféré après les chats, vous avez déjà vu de près les cils d'une vache ? – les oiseaux, les insectes, les papillons...
Un homme dirige avec charisme le lieu, il s'appelle Arcady. Farah grandit dans l'amour qu'elle porte secrètement pour lui... Ce n'est pas un gourou, on pourrait le croire... C'est autre chose...
Arcady aime autant les hommes que les femmes...
Farah grandit et son corps se transforme. Farah ressemble à une sorte de rencontre entre Farrah Fawcett et Sylvester Stallone. Elle dispose de la force de l'un et de la fragilité de l'autre... Presque une drôle de dame en devenir. Tiens ! Quand j'évoque Sylvester Stallone, je pense souvent à sa maman. Mais oui, car la mère de celle-ci, -donc la grand-mère de Sylvester Stallone, vécut à Brest durant quelques années... Je me souvins qu'en 2009, la maman de Sylvester Stallone, -dont le métier était de lire l'avenir dans les fesses de ses clients, fit un séjour à Brest, rencontra le maire de la ville, toujours encore maire d'ailleurs aujourd'hui, qui spontanément descendit de son bureau à l'accueil lorsque l'hôtesse lui indiqua au téléphone ce message qu'il n'oubliera jamais : « Monsieur le Maire, j'ai ici devant moi une dame qui prétend êyre la mère de Sylvester Stallone et qui souhaiterait s'entretenir avec vous. »
On pourrait sourire, rire de cette communauté en totale contradiction avec les valeurs qu'elle semble prôner...
Et puis, et puis, un événement vient et puis d'autres... À commencer par le surgissement dans le paysage de ce tout jeune migrant érythréen, beau comme Adonis... ayant cheminé dans les Alpes en tongs... Les belles valeurs de cette jolie communauté humaine sauraient-elles accueillir la misère du monde qui vient frapper aux portes de Liberty House ?
Je découvre ici Emmanuelle Bayamack-Tam et son écriture inventive qui m'a enthousiasmé dès le début de ma lecture. Je découvre son ton magnifiquement insolent, irrespectueux contre l'ordre stupide des choses, politiquement incorrect.
Émouvant aussi, car ce roman épris de transgression et de résistance est une très belle histoire d'amour chargée d'humanité.
« C'est bien joli de se faire lutiner, mais je n'aurai pas toujours la chance de tomber sur des amoureux omnivores et pas regardants : si je veux une suite à ce bel été, je dois déterminer si je suis une fille ou un garçon au lieu de rester dans l'indétermination à laquelle mon corps incline irrésistiblement. »
J'ai découvert ici le trouble des émois et des émotions qui façonnent Farah... J'ai découvert son côté vorace, féroce, vers l'amour.
Je me suis heurté à l'opinion publique et sa stupidité. Mais j'ai tant aimé l'irrévérence si élégante et si gracieuse de ce texte.
J'ai tant aimé les personnages si généreux et attachants, à commencer par la narratrice, rebelle, qui ne cède rien, sauf à l'amour.
J'ai tant aimé cheminer dans ce roman et découvrir que son message sublime est celui de la tolérance.
J'ai tant aimé cette ambiguïté sexuelle sur laquelle joue et surfe la narratrice, Farah, surjoue parfois, mais c'est tellement drôle et empli aussi d'émotions, qu'on le lui pardonne...
J'ai brûlé mes doigts dans l'incandescence des pages. J'ai brulé mes yeux dans la lumière des mots et lorsque les larmes me sont venues... J'ai trouvé l'écho du message, du seul message délivré dans ce roman et je l'ai accueilli dans mon coeur fébrile...
Ce seul message d'amour consolatoire et réconfortant qui peut unir les êtres si différents, les uns des autres...
Je referme les pages de ce livre si beau, je referme les grilles de Liberty House. Derrière moi, j'entends encore les voix sublimes et fragiles de ceux qui se sont aimés avec tant d'amour, sans entrave, malgré le cri des hyènes, j'entends des coeurs qui battent comme des battements d'ailes.

Un grand merci à Anna-Choute (@AnnaCan) qui m'a invité à lire ce livre dans le cadre de notre collier de perles littéraires.
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Vagabondages d'une jeune fille dans une secte libertaire
*
C'est un roman très singulier que j'ai eu entre mes mains. Je dirais même plus, une lecture intrigante mais qui m'a mise mal à l'aise.
Des thèmes intéressants sont abordés : l'environnement avec ses dérives, l'intersexuation, les migrants, les nouvelles technologies et leur nocivité ainsi que le véganisme.
*
Mais qui est Arcadie? C'est le petit nom du gourou (enfin le leader) d'une communauté utopique située le long de la Cote d'Azur. De l'extérieur, ça m'a tout l'air d'une secte bien que la jeune narratrice le nie. Endoctrinement pensez-vous? Farah, adolescente au physique ingrat veut perdre sa virginité avec Arcadie, quinquagénaire très dynamique. Autour de ce duo vivent les autres membres très baroques (dont la moyenne d'âge se rapproche des 80 ans).
Dans cet eden sauvage et libre, cette jeune demoiselle est toujours en quête de sexualité joyeuse. Elle voudrait venir en aide à un Erythréen, perdu dans le jardin mais la communauté désapprouve fortement. Déçue par "sa famille", elle cherche ailleurs cette liberté d'expression.
*
Malgré la plume joyeuse et moderne, cette histoire m'a ennuyée. J'ai eu l'impression que l'auteure s'est éparpillée dans des sujets pourtant dans l'air du temps. J'avoue que j'ai sauté plusieurs paragraphes (beaucoup de redites). Je m'attendais surtout , d'après le pitch, à une histoire sur la communauté . Mais c'est plutôt une quête initiatique (et d'identité) d'une adolescente précoce.
*
Néanmoins, le portrait de l’héroïne est touchant de sensibilité et de grâce. C'est ce qui a sauvé ma lecture :)
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critiques presse (9)
Lexpress
01 juillet 2019
On n'oubliera pas "Arcadie" (P.O.L) d'Emmanuelle Byamack-Tam, roman libertaire et libertin, aussi subversif qu'érudit, qui vient d'être récompensé par le prix du Livre.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
17 juin 2019
L’autrice traite avec finesse le queer (individu à ­l’identité non hétéro­normée) non comme sujet, mais plutôt comme personnage romanesque à part entière.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
14 juin 2019
Les auditeurs de Radio France ont couronné, lundi 10 juin, ce roman subversif et poétique sur la recherche d’identité d’une adolescente vivant dans une communauté libertaire, distinguant par la même occasion une écrivaine à la voix singulière.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Lexpress
29 octobre 2018
Alternant ironie mordante et douce bienveillance, langue poétique et parlé cru, Emmanuelle Bayamack-Tam aborde tous les enjeux contemporains, qu'ils soient éducatifs, technologiques, sexuels, écologiques, ou encore migratoires. Du bel ouvrage.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaCroix
26 octobre 2018
Le cheminement identitaire, subversif et poétique, d’une adolescente intersexuée évoluant au sein d’une communauté repliée sur elle-même.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Actualitte
17 septembre 2018
À travers le récit d'une adolescente drôle et subtile, inquiète de son corps et qui découvre ses désirs, Emmanuelle Bayamack-Tam nous plonge dans une utopie gaie et farfelue. Mais Arcadie réserve des surprises de taille. A l'instar de la folle adolescence. A l'instar de tout le genre humain. Une lecture qui fera empreinte.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
17 septembre 2018
Emmanuelle Bayamack-Tam [...] signe un manifeste pour l'abolition des frontières, qu'elles soient sexuelles, géographiques ou même littéraires puisque le roman hybride sans complexe des citations de Musil, Michaux, Ellroy ou La Fontaine. Une ébouriffante utopie transgenre.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
31 août 2018
A Liberty House vit une belle bande d’inadaptés hédonistes. Jusqu’à quand ? « Arcadie », délicieux roman qui célèbre les noces de l’écriture et de la vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
24 août 2018
Dans une communauté libertaire et bucolique, grandit une ado hors norme. Un roman d’apprentissage d’une grande liberté, ultra contemporain et politique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (151) Voir plus Ajouter une citation
Comme quoi grandir sur une colline radieuse, sans parents attitrés ou presque, avec comme seule consigne d'aimer et de jouir sans entraves, n'empêche ni la crise d'adolescence ni l'art de la fugue.
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Des couilles, on va bien finir par m'en trouver, exploration médicale aidant. Si ça se trouve, elles se planquent dans mon abdomen, guettant le moment opportun pour descendre dans mes grandes lèvres et les transformer en scrotum rouge, pendouillant et plissé -vu la propension masculine à l'exhibition, je m'y connais en scrotums, et ceux de Liberty House n'ont pas plus de secret pour moi que l'éponge pectorale de nos dindons, à laquelle ils ressemblent beaucoup.
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Contrite ma grand-mère a battu en retraite, mais la leçon n'a pas porté et elle persiste à exhiber une anatomie osseuse et boucanée, dont il faut bien reconnaître qu'elle n'a rien d'obscène pour la simple raison qu'elle n'a plus rien d'humain. Il faut beaucoup d'imagination pour se figurer que ce pubis déplumé, ces téguments ocre, ces affaissements livides, ce réseaux veineux devenu serpentiforme jusque dans son aspect écailleux, ont appartenu non seulement à une femme mais à une des plus belles de sa génération. Et sa poitrine... Ayant toujours clamé que le soutien-gorge était la mort des seins, elle ne semble pas réaliser que les siens coulent désormais parallèlement à son thorax, mamelons en bout de course à trente centimètres de leur lieu de naissance et battant la breloque au moindre mouvement.

p15, éditions P.O.L
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Sans partager intégralement les phobies de sa fille et de son gendre, elle était tout de même d'accord avec eux pour reconnaître que nous étions une espèce en voie d'extinction. Nous avions peur et nos peurs étaient aussi multiples et insidieuses que les menaces elles-mêmes. Nous avions peur des nouvelles technologies, du réchauffement climatique, de l'électrosmog, des parabènes, des sulfates, du contrôle numérique, de la salade en sachet, de la concentration de mercure dans les océans, du gluten, des sels d'aluminium, de la pollution des nappes phréatiques, du glyphosate, de la déforestation, des produits laitiers, de la grippe aviaire, du diesel, des pesticides, du sucre raffiné, des perturbateurs endocriniens, des arbovirus, des compteurs Linky, et j'en passe. Quant à moi, sans bien comprendre encore qui voulait nous faire la peau, je savais que son nom était légion et que nous étions contaminés. J'endossais des hantises qui n'étaient pas les miennes mais qui frayaient sans peine avec mes propres terreurs enfantines. Sans Arcady, nous serions morts à plus ou moins brève échéance, parce que l'angoisse excédait notre capacité à l'éprouver. Il nous a offert une miraculeuse alternative à la maladie, à la folie, au suicide. Il nous a mis à l'abri. Il nous a dit : « N'ayez pas peur. »

Pages 24-25, P.O.L, 2018.
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La vie en communauté, l'amour collectif, c'est bien joli, mais j'aimerais un peu d'exclusivité. Or à Liberty House, l'amour est diffus et indifférencié : chacun en a sa part et tous l'ont tout entier — ce qui me convient mieux en théorie qu'en pratique. Depuis mon arrivée ici, je partage tout avec tous : les douches, les repas, les corvées ménagères, les soirées au coin du feu, ou les salutations au soleil. Même mes parents ont cessé de m'appartenir, et je les surprends parfois à poser sur moi un regard perplexe, comme s'ils avaient complètement oublié mon existence, absorbés qu'ils sont par la leur. Quant à leur autorité parentale, ils l'ont complètement déléguée à Arcady, comme ils se sont déchargés du reste, de toutes leurs responsabilités et préoccupations d'adultes. Quand je leur tombe dessus au détour d'un couloir ou dans les allées du potager, ils répondent à mes caresses de chiot haletant d'assez bonne grâce, mais toujours avec une pointe d'étonnement, comme s'ils se demandaient ce qui leur vaut une telle démonstration de tendresse.
On comprendra donc que j'aie envie d'inspirer à quelqu'un des sentiments plus passionnés et une prédilection plus marquée que l'affection sans ferveur que me dispensent les membres de ma confrérie, parents et tuteur compris. J'essaierais volontiers les sites de rencontre, mais le CDI de mon collège en bloque l'accès, comme s'il était complètement exclu qu'un adolescent veuille chercher l'amour. Non, si Arcady persiste à ne pas vouloir de moi, ma seule chance de tomber sur un partenaire à la hauteur de mes aspirations, c'est de continuer à arpenter les rues de la ville, ces rues qui clignotent sous la pluie comme pour me dire de ne pas désespérer : patience, l'amour viendra.

Pages 96-97, P.O.L, 2018
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