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EAN : 9782362792113
144 pages
Alma Editeur (05/01/2017)
3.68/5   17 notes
Résumé :
Dans la maison Modat, on rit, on blague, on s’insurge, on affronte. Tout commence par la rédaction d’un enfant de huit ans. « J’aimerais raconter mes vacances si ça dérange personne, où plutôt une chose qui m’est arrivée pendant les vacances et qui a failli gâcher ma belle jeunesse. »
La vie étant ce qu’elle est sur l’échelle du temps, résumons les épisodes : la paternité, la responsabilité, l’art d’exister et de disparaître… Tout cela : grave, et furieusemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'aime pas les recueils de nouvelles, surtout quand ils sont bons. Et celui-ci est très bon. À tel point qu'en le lisant j'ai quelquefois pensé à Annie Saumont – qui vient de nous quitter – et qui était considérée comme la soeur française de Raymond Carver, ainsi qu'à J. D. Salinger, autre nouvelliste hors-pair. J'imagine du reste que dans l'autoportrait qui clôt ce recueil, la citation tirée de L'Attrape-coeurs est un clin d'oeil à une source d'inspiration de ce jeune nordiste installé à Strasbourg.
Non, si je n'aime pas les recueils de nouvelles, c'est que ma frustration croît au fur et à mesure que j'entre dans les histoires, que je comprends les personnages, que je suis leur parcours. Prenez La Mer dans le ventre qui ouvre ce recueil.
Il vous suffira de quelques lignes pour vous sentir bien, pour vous imaginer aux côtés de ce petit garçon dans cette réunion de famille houleuse. Racontée par l'enfant, ce drame va vite prendre la dimension d'une épopée déjà esquissée lors du voyage effectué au volant d'une Fiat Tipo : « Papa conduit comme si demain n'existait pas et il double dans les ronds-points, pris de colère ancestrale. Il passe les vitesses sans arrêt. Il a des problèmes dans ses rapports. Papa pilote comme un chien enragé parce qu'on doit se pointer sans faute à un apéro. »
On se régale de cette altercation verbale, puis physique qui prend des allures d'opéra et qui culmine sur le grand air de la rupture. Je ne peux m'empêcher d'imaginer le plaisir que nous autres lecteurs aurions eu à suivre cette famille et à voir ce garçon grandir. Laisser ainsi le lecteur en plan est bien cruel. D'autant que je soupçonne la préméditation. Rappelons que ce recueil s'intitule Arrêt non demandé et qu'en effet nous n'avons pas demandé que l'histoire s'arrête au bout de 28 pages !
Plus grave encore : le cas d'Arnaud Modat s'aggrave avec les nouvelles suivantes, tout aussi brillantes. Raoul raconte l'étape cruciale pour de nombreux couples, celui du premier enfant. Pour Aurore et Quentin, cet épisode survient « après trois ans de vie commune, la perte de nos amis respectifs, l'adoption d'un chat de merde, un mariage clef en mains et un crédit immobilier mal négocié ». Au baby-blues viendront s'ajouter tous les tue-l'amour inhérents à la post-grossesse. Quand Raoul aura montré le bout de son nez, il faudra faire preuve d'imagination pour retrouver une vie amoureuse épanouie. Faites confiance à l'auteur et à son double (le narrateur s'essaie au roman) pour trouver le truc. Une seconde fois, cet embryon de roman devient formidablement addictif et nous laisse sur notre faim.
Et que dire de Tapage nocturne et neige précoce ? de J'existe (je ne fais que ça) ?, de la dernière nuit du hibou ? et de la fourchette à poisson ? Que ces quatre autres nouvelles sont de la même veine. Qu'on s'y amuse beaucoup, que l'on a sans doute tous déjà rencontré des voisins bruyants qu'il a fallu calmer, que l'on adore le côté transgressif de cet employé d'agence intérimaire chargé de répondre au courrier adressé au père Noël, que l'on se délecte du dialogue entre le candidat au suicide et la mort (après l'appel quasi surréaliste à SOS amitié) et qu'enfin on «voit» déjà sur grand écran le joli film proposé dans l'ultime nouvelle, avec tous les extraits de films référencés ici.
Non, décidément, je ne pardonnerai ce crime de lèse-lecteur à Arnaud Modat que le jour où paraîtra son premier roman. le plus vite sera le mieux!

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Dans son autoportrait qui clôt ce recueil, Arnaud Modat nous apprend qu'il est "beaucoup moins que la somme de ses personnages." il ajoute "physiquement, je me situe entre Roger Moore et un glissement de terrain. (...) Si j'étais une fleur, je serais bien embêté pour me servir des digicodes, mais sinon, un coquelicot." (p.139/140) Son portrait chinois qui continue sur deux pages est aussi barré que l'ensemble de ses histoires.

- La mer dans le ventre : les joies de la famille et plus particulièrement des fêtes de famille vues par un enfant qui n'hésite pas à digresser, à apporter sa pierre à l'édifice familial en pleine démolition.

- Raoul : Aurore, la femme du narrateur est enceinte et lui absolument pas prêt à être père. En plus, il ne veut plus faire l'amour à Aurore et vont consulter une sexologue.

- Tapage nocturne et neige précoce : le voisin de dessous met sa musique très forte et empêche Henry et Chloé de dormir, Chloé qui doit se lever tôt. Aussi demande-t-elle à Henry d'intervenir, ce qu'il a du mal à faire.

- J'existe (je ne fais que ça) : lorsqu'un gars diplômé ne trouve comme boulot qu'une mission courte consistant à répondre aux lettres envoyées au Père Noël, ses réponses ne sont pas très académiques.

- La dernière nuit du hibou : Cézar Garcia est au bout du rouleau. Avant de se suicider, il appelle tout son carnet d'adresses, même les gens perdus de vue depuis le CE2.

- La fourchette à poisson : un producteur hollywoodien est spécialisé dans les figurants, mais attention, pas n'importe lesquels, les meilleurs. Ceux qui font tellement bien leur boulot qu'on ne les remarque pas.

Attention, ce recueil de six nouvelles plus un autoportrait est hautement fréquentable, voire même indispensable. J'ai ri comme je ris rarement en lisant. D'abord franchement dans les deux premières nouvelles, avec une mention particulière pour Raoul dans laquelle j'ai frôlé le fou rire. le style, les tournures de phrases, les mots rendent cette histoire irrésistible : "Avant qu'elle ne tombe gravement enceinte, Aurore et moi faisions l'amour chaque lundi soir. le reste de la semaine, nous nous aimions sans les mains. Ce n'était pas toujours simple. Il m'arrivait de songer à la culbuter en dehors de la fenêtre de tir. Parfois j'avais envie d'une tendresse buccale au beau milieu d'un week-end, par exemple. J'étais même susceptible de bander un mercredi, journée consacrée traditionnellement à la course à pied et à la restitution des documents à la médiathèque." (p.29) Je pourrais la citer toute, tant j'ai aimé cette histoire on ne peut plus banale, la peur de la paternité qui approche, mais tellement délicieusement racontée.

J'existe parle de la difficulté à trouver du travail et de l'obligation de prendre ce qu'on trouve pour payer les factures et La dernière nuit du hibou de la séparation, de la mort, de la dépression. Icelles font état d'un humour noir, très noir, donc très drôle. A chaque fois, Arnaud Modat parle de thèmes banals : la rencontre, la solitude, l'amour, la séparation, la vie de couple, la mort, la famille, mais il le fait avec un angle de vue personnel qui rend les situations décalées, barrées. Toutes ses nouvelles sont excellentes -même si mon petit faible pour Raoul est bien présent, c'est dire qu'elle est encore mieux qu'excellente.

Certains lecteurs ont peur dès qu'on parle de nouvelles, je leur dis, n'ayez crainte, Arnaud Modat vous emmènera dans son monde, vous rirez franchement, parfois jaune mais vous rirez sur des situations que vous avez pu vivre ou vivez ou vivrez. Avec certains écrivains, on peut rire de tout, sans pour autant rester léger, Arnaud Modat pose de bonnes questions, y répond parfois mais laisse chacun libre d'y apporter ses propres réponses.
Lien : http://www.lyvres.fr
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Arrêt non demandé est un très bon livre. Je l'ai attaqué dès que je l'ai reçu et l'ai lu d'une traite en un après-midi.
Ce sont des morceaux de vies choisis parmi les étapes importantes de l'existence et dans l'ordre chronologique: l'enfance, la paternité, les responsabilités du chef de famille, la mort.
Tous ses moments choisis, de vies différentes, ont en commun de montrer le côté sombre de l'existence, les peurs, les doutes, le poids du temps qui passe, tout en apportant de l'espoir voire une certaine morale anti-nombriliste. Arrêtez de vous lamenter, voyez plutôt ce que vous avez! Votre vie est-elle aussi nulle que vous vous complaisez à le croire? NON!
Voilà ce que dit l'auteur. Une sorte d'avertissement, sur lequel fini ce livre: Ne gâchez pas votre temps à vous plaindre et vous morfondre, vivez!
Un thème et une façon de voir les choses auxquels j'adhère particulièrement, mais ce ne sont pas les seules choses qui m'ont fait aimer ce livre. Il est bourré d'humour.
J'en ai fait la lecture à ma grande fille et nous avons beaucoup ri. Elle a particulièrement aimé le chapitre sur l'homme dont le travail consiste à écrire les réponses aux lettres au Père Noël.
Il est difficile de parler de thèmes aussi sombres que la mort et la dépression en faisant rire sans les tourner en ridicule et pourtant, l'auteur y réussit sans problème.
Un livre à lire, sans aucun doute.
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Trouvé à la bibliothèque, épinglé comme étant un coup de coeur bibliothécaire, je me suis emparée de ce livre publié par le même éditeur que "Les vérités provisoires" d'Arnaud Dudek que j'avais lu juste avant et bien apprécié.

Avec ce recueil de nouvelles, impossible de piquer du nez ! Des sujets inattendus, des bons mots, parfois un peu choquants. Je n'ai pas apprécié toutes les nouvelles de façon égale, certaines m'ont même assez déplu (la première par exemple, a failli me faire arrêter ma lecture). Mais j'ai été tellement enthousiasmée par certaines autres que je conseille vivement la lecture de ce livre !

Des situations du quotidien avec des personnages qui ne se comportent pas comme on aurait pu s'y attendre, s'expriment sans mâcher leurs mots : un savoureux cocktail, ascendant Molotov ! La joie de vivre n'émane pas spécialement de ces nouvelles, c'est le moins qu'on puisse dire... Les personnages sont assez souvent déprimés, pour ne pas dire dépressifs avec des tendances suicidaires assez prononcées parfois. Au bout du rouleau, on se demande comment cela va bien pouvoir finir et comment l'histoire va être racontée car l'auteur a un vrai talent narratif !

J'ai été touchée par l'histoire du père de famille qui a du mal à trouver des raisons de se lever le matin et qui retrouve goût à la vie, une petite étincelle d'espoir, en allant sonner chez son voisin du dessous qui met la musique trop fort...

J'ai été fascinée par l'histoire cet homme qui veut en finir, qui connaît tous les bénévoles de la ligne d'écoute destinée aux suicidaires, et dont l'histoire se termine de façon totalement inattendue !

L'homme qui travaille à la rédaction de réponses aux courriers envoyés au Père Noël m'a moins convaincue même si j'ai apprécié la mise en situation, une belle trouvaille.

Et alors ma favorite est sans conteste la dernière nouvelle, histoire de finir en apothéose ! Quelle excellente idée de mettre les figurants à l'honneur, un en particulier.

En fin de compte, j'ai ressenti des émotions assez variées à la lecture de ces nouvelles, un peu d'effroi, de la surprise, de l'empathie, j'ai souri et même parfois ri... Je suis presque conquise, à quelques détails près, et demande à en voir (lire) davantage !
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C'est derrière une couverture austère, un titre ascétique, et une étiquette "roman" erronée, qu'Arnaud Modat a caché ses pépites. Force est de constater que la nouvelle peut trouver, elle aussi, ses titres de noblesse et que même une langue éborgnée peut créer la ferveur.

Car notre auteur a bien plus d'une corde à son arc. S'il manie l'ironie comme personne, la verve et la causticité ne lui font pas défaut... Mais c'est dans l'art de la distorsion qu'il excelle, là où tant ont pu échouer. A révéler sans dissimulation nos pensées les plus enfouies, il nous tend, à bout de bras, le reflet fidèle (un tantinet provocant) de notre indigne psyché.
Récréatif, donc, mais pas que, il porte un petit quelque chose de dérangeant, de décalé et d'une fraîcheur inespérée !
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critiques presse (1)
Actualitte
21 juin 2017
La légère mélancolie qu’on peut déceler dans ce roman ne dissimule pourtant en aucun cas la furieuse envie de vivre qui s’en échappe. Bref, encore un auteur à suivre chez Alma.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il ne faut surtout pas prendre les mômes pour des demeurés monocellulaires consanguins de souche. Une majorité d’entre eux a aujourd’hui accès à Internet. Quatre- vingt-cinq pour cent des 13-15 ans se connectent au moins trois fois par semaine sur Youporn, c’est une statistique officielle et une vérité qui ne dérange personne. Comment les convaincre de fréquenter le catéchisme, dans de telles conditions ? On voit bien qu’il existe un lourd décalage entre le mythe et la technologie moderne de l’information. Ma tâche, néanmoins, consiste à vendre du rêve. J’ai promis sur mon contrat de travail.
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Jusque là, j'avais toujours trouvé la force de pardonner à Aurore son 85B. Pourtant, adepte comme tout un chacun de séries américaines mettant en scène des sauveteurs en mer, j'avais longtemps espéré me mettre en ménage avec une formidable paire de seins. Mais qu'advient-il de nos rêves d'enfant? Je voulais aussi être pilote de chasse... Bref. Les modifications structurelles ne se sont pas fait attendre. Aurore a commencé à prendre des nichons. J'ai immédiatement tenté de joindre le Vatican mais aucun prêtre assermenté n'était disponible pour attester du prodige et faire sonner les cloches
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Sylvie ne rate jamais une occasion d'insulter son compatriote. C'est quelqu'un qui pourrait vivre des années dans un embouteillage, sans s'ennuyer une minute.
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Je ne demande pas mieux qu'alimenter des cercles vicieux pour le restant de mes jours.
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