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EAN : 9782707343079
176 pages
Editions de Minuit (03/01/2017)
  Existe en édition audio
3.99/5   1574 notes
Résumé :
Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer.
Encore faut-i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (391) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 1574 notes
Premier coup de coeur 2017 !

L'article 353 du Code de Procédure pénale permet d'en appeler moins aux preuves qu'à la conscience des juges et jurés de la cour d'assise, en somme se fier à l'intime conviction .
Un village du Finistère nord, les années 90.
Suite à une arnaque immobilière, Martial Kermeur jette à l'eau Antoine Lazenec durant une partie de pêche. Lazenec se noie, Kermeur est arrêté.
Face au juge il déroule tout le film de sa vie qui l'a mené là. Son licenciement de l'arsenal, le départ de sa femme et l'apparition de Lazenec, "amené par la providence".......et comment il s'est fait " avoir en beauté ".
J'ai été saisi par le mode d'expression puissant de Kermeur, se souvenant, racontant et analysant ce film où il voit progressivement se développer la vérité et l'inéluctable fin . Des expressions et métaphores improvisées sur le moment, langage d'un homme simple, tout sauf un intellectuel, (....au fond, plus vous faites une chose absurde et plus vous avez de marge de manoeuvre, parce que l'autre en face, l'autre, tant qu'il n'a pas mis ça dans sa machine à calculer à lui, tant qu'il n'a pas fabriqué une petite machine à lui pour domestiquer l'absurdité, il est paralysé"), face à un juge qui, lui emploie la langue officielle, celle du code pénal.
Ce face à face,où Kermeur voit le juge en psychologue, va l'aider à " tout déterrer jusqu'à la poussière des os" et à faire de la lumière sur le cours des choses ("Peut-être même, la lumière, c'est vous, j'ai dit au juge, peut-être vous aimantez mes souvenirs et vous les faites tourner en moi comme des anneaux autour de Saturne.").

Un livre qui touche à la question fondamentale de la justice naturelle qui ne tombera peut-être jamais ou l'injustice qui ne sera jamais réparée.
Un livre au langage foisonnant avec une note politique dans le fond et l'humour en bonus, que je ne voudrais pas analyser plus, car rien ne vaudrait sa découverte par vous-même.
Un vrai plaisir de lecture , le meilleur que j'ai lu de lui !


C'est toujours une certaine forme d'ignorance qui produit des pensées neuves.( Tanguy Viel )
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La pluie tombe, les volets sont fermés. le vent souffle. Je suis comme dans un huis clos avec ce livre où j'ai vécu une tempête émotionnelle dans mon antre, pourtant pas en Chambre du conseil… je lâche l'affaire, je rends ma chronique de l'article 353 du Code Pénal de Tanguy Viel…

L'histoire vous la connaissez Martial Kermeur, ancien ouvrier de l'arsenal de Brest a tué Antoine Lazenec, à bout, suite à une monstrueuse escroquerie immobilière, il a tout perdu.
Il a été victime de manipulation, englué dans l'adversité, vécu l'impuissance face à la culpabilité de son silence, la douleur faite aux siens : il a fini par prendre conscience du jeu de dupe dans lequel il est tombé et qu'il se refusait de s'avouer.

Etrangement, son fils Erwan, observe, absorbe comme une véritable éponge, tous les déboires de son père…

Alors Kermeur après avoir réglé son compte à Lazenec,
Il doit rendre des comptes à la justice. Il est déféré devant un juge d'instruction. Il a rendez-vous avec sa vie.

Dans un face à face inédit rendu par la narration, une atmosphère feutrée d'un bureau de palais de justice du Finistère, l'accusé se rassemble dans une confession profondément émouvante, nous livre un plaidoyer qui fait mouche, donnant l'impression qu'il a revêtu une robe d'avocat, pèse le pour et le contre avec sa conscience, fait état des dommages collatéraux, explique comment il en est arrivé là….

Et le juge silencieux, écoute, engrange, se raidit. Pour séparer l'ivraie du bon grain, il prend la parole à des moments stratégiques, le pousse dans ses retranchements pour aller aux tréfonds de Kermeur, semblables à ceux de l'océan.

La tension est palpable à travers l'écriture, un moment de vérité, solennel entre deux hommes….

J'ai été brassée par le talent d'orateur de Tanguy Viel, tel un homme qui plaide…

Au cours de ma lecture, je me suis surprise à me demander qui est le narrateur, Kermeur, l'écrivain ? surtout après avoir entendu son lapsus à LGL, souligné par François Busnel….

Cette histoire est maginifique….troublante, elle aborde en filigrane tellement de sujets qui nous renvoient à nous-mêmes. Ce n'est pas un livre de droit pourtant, mais cela me rappelle étrangement un procès en Cour d'Assises à laquelle j'ai assisté en audience publique, où dans leur âme et conscience, dans le recueillement et le silence, les jurés ont rendu leur décision….

Accusé, levez-vous !
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Voici un roman hautement déstabilisant par son côté hypnotique et cette précision d'orfèvre dans le psyché humain.

Qu'est ce qui a poussé Martial Kermeur a balancé à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec ? Kermeur devra s'expliquer avant d'être jugé pour homicide. Il le fera en huit clos devant le juge à l'affût de chaque détail.

Une confession habile et noire où Kermeur détricotera le fil de l'histoire, l'emprise de cet agent immobilier qui promet le nouveau saint tropez du Finistère dans un complexe immobilier mais ne sera qu'une grossière arnaque dévastatrice.

Tanguy Viel passe à la loupe chaque centimètre d'un homme acculé, manipulé, jugé par son propre fils et jugé par sa propre conscience. Un homme qui suite à une mauvaise rencontre sera amené à se rencontrer lui-même dans la plus âpre et noire sincérité, dénouant le fil de ses dernières années où à force de déboires (un licenciement, un divorce), cet homme accueillera la providence sans se douter que sous ses airs affables se cache le corbeau de la nuit.

Un huit clos prenant, intelligent, ardu qui mérite une pleine concentration pour cerner l'ampleur du désastre d'un homme trompé.
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Je n'ajouterai pas grand -chose , car tout a été dit, déjà!
Voici un huit- clos magistral entre deux hommes que tout sépare....

Ce récit ou plutôt cette longue confession à l'unique narrateur, à la parole libre, parsemée de doutes, d'interrogations, d'omissions , de renoncements, d'une admirable densité, semblable à l'enchaînement de mauvaises réponses à un très grand questionnaire pose la question essentielle du sens de la justice des hommes !
La parole libre, anarchique, humble et vraie d'un homme brave, d'une pénétrante humanité , son parcours psychologique, avec ses mots simples, sa crédulité , la "Honte "de cet homme arnaqué, floué, sali, ruiné, accablé par l'immonde manipulation qu'il a subie . Un homme las et défait !

Face au juge, il se souvient, ajuste, raconte, déroule le film de sa vie : licenciement, départ de sa femme, survenue de Lazenec, retrace désespérément "la ligne droite des faits", le poids des échecs et des infortunes......
Un récit remarquable , une réflexion, une méditation sur le mal en l'homme, la responsabilité individuelle, les choix moraux, le destin et le mécanisme d'un scénario menant d'une manière implacable au drame !
Au final la conscience d'un Juge peut changer votre vie!!!
Un livre lu en une journée !
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Enfin, j'ai pu découvrir l'objet de tant de critiques élogieuses !
C'est d'abord la curiosité qui a motivé l'empressement pour me procurer ce livre.
Tanguy Viel : j'ai " fait sa connaissance " il y a quelques années avec "Paris- Brest", j'avais bien aimé.
Mais là, une telle expression de son talent me laisse sans mots !
... et, c'est gênant quand on veut écrire une critique !

En vérité, je suis sous le choc, envahie par l'émotion face au magnifique plaidoyer d'un homme simple, Kermeur , ouvrier de l'arsenal de Brest ,sans emploi désormais et face à un juge pour une affaire de meurtre.
Kermeur est un homme simple et il ne va pas chercher à se dérober; Il va se présenter au juge avec ses mots à lui, suivant sa pensée directe, parfois brute, sans faux-semblants et peu à peu, sous la simplicité ,l'auteur laisse percevoir toute la profondeur et l'humanité de cet être granitique ,cet homme dont le récit va droit au coeur car il a en lui la force des sages.

C 'est un huis clos rendu vivant par le style : on sort des sentiers battus de la narration ,on épouse totalement les méandres de la pensée de Kermeur qui peu à peu invite le juge à partager son univers ,ses pensées, ses convictions . le juge, et donc le lecteur...
Quant à l'article 353 , il apparaît seulement en conclusion.
Mieux valait donc en ignorer le contenu pour ménager le suspense même si "nul n'est sensé ignorer la loi "!

Puis, comme pour tout petit bijou ,il faut un écrin et l'auteur a choisi pour cela la rade de Brest et la beauté sauvage de la presqu'île ,le pays de Plougastel et de Crozon. Des zones encore relativement préservées du béton, protégées par la loi littoral mais outre l'intérêt de la fiction, ce récit met l'accent sur le combat sans fin qui doit perdurer pour préserver la beauté du lieu.
Cela dit , le récit de Tanguy Viel offre bien sûr quelques ponctuations poétiques inspirées par la beauté des paysages et surtout par la lumière exceptionnelle qui baigne le pays d'Iroise ,là où naît l'océan...

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critiques presse (7)
LeJournaldeQuebec
06 février 2017
Une «confession-fleuve» souvent jubilatoire, l’auteur nous invitant en douce à jouer les médiateurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
19 janvier 2017
Le nouveau roman de Tanguy Viel raconte l'histoire d'un ancien ouvrier de l'arsenal de Brest arnaqué par un promoteur immobilier. Bouleversant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
10 janvier 2017
Ce roman est fort comme un conte de 2017, comme une parabole.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
06 janvier 2017
Un polar social diabolique, doublé d'une confession chabrolienne.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
06 janvier 2017
Un roman d'une intensité inversement proportionnelle à la sécheresse de son titre. L'un des romans à ne pas rater de cette rentrée d'hiver.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
04 janvier 2017
Embrouilles et brouillard sur la rade de Brest.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
04 janvier 2017
La confession d'un ouvrier breton floué par la vie et conduit à l'irréparable. Puissant roman d'un auteur passé maître dans l'usage de toutes les nuances de gris.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (291) Voir plus Ajouter une citation
Et quel cerveau......quel cerveau il nous faut, à nous autres les gens normaux, pour admettre qu’il existe sur terre une catégorie de personnes comme ça, dépourvues de cette chose que vous et moi, j’ai dit au juge, je suis sûr qu’on partage, quelque chose qui normalement nous empêche ou nous menace,quelque chose –une conscience peut-être, et qui naît assez vite pourvu qu’on ait dans la tête ce miroir mal fixé qui fait que même Adam s’est couvert d’une feuille de vigne, quelque chose qui nous entrave, oui, mais peut-être aussi, nous honore. Et le fait est que certains en sont dépourvus, de cette chose-là, comme d’autres naissent avec un bras en moins, certains naissent atrophiés de, je ne sais pas, de...
Et le juge a dit : D’humanité ?
Oui, peut-être au fond c’est ça, d’humanité.
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- Toute cette histoire, a repris le juge, c'est d'abord la vôtre.
- Oui, bien sûr, la mienne. Alors laissez-moi la raconter comme je veux. Qu'elle soit comme une rivière sauvage qui sort quelques fois de son lit, parce que, j'ai pas comme vous l'attirail du savoir ni des lois, et parce qu'en la racontant à ma manière, je sais pas, ça me fait quelque chose de doux au coeur, comme si je flottais, ou quelque chose comme ça. Peut-être comme si rien n'était jamais arrivé, ou surtout comme si là, tant que je parle, tant que j'ai pas fini de parler, alors oui, voilà, ici même devant vous, il ne peut rien m'arriver. Comme si pour la première fois je suspendais la cascade de catastrophes qui a l'air de m'être tombée dessus sans relâche, comme des dominos que j'aurais installé moi-même patiemment pendant des années et qui s'affaisseraient les uns sur les autres sans crier gare.
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Et puis voilà, l’imbécile, mon fils, il a bien réfléchi, il a bien pesé chaque geste qu’il allait faire et puis il s’est penché sur le taquet fixé au ponton, il a pris l’aussière trempée de sel dans sa main, et il a commencé à desserrer le nœud, tranquillement, à faire glisser le bout dans sa propre boucle pour en défaire l’étreinte et lentement il a retiré la pointe qui empêchait le bateau de reculer. Il a dit : c’est la mer qui m’a demandé de le faire, toutes ces vagues qui s’abattaient sur nos côtes, toutes ces amarres qui maintenaient cet affreux Merry Fisher dans le trop dur clapot, c’était comme un cheval sauvage harnaché dans son box et qui ne demandait qu’à partir, je vous jure, madame la présidente, il hennissait sur l’eau à force de trop de mouvements, oui, franchement, madame la présidente, il fallait que je le fasse.
Et moi je l’entendais raconter ça, et je me disais, à chaque image si précise qui s’installait dans ma tête, je me disais, non, ce n’est pas possible, il n’a pas fait ça. Mais bien sûr que si. Il l’a fait. Il s’est avancé sur le ponton le long de la coque, il s’est approché des autres aussières qui continuaient de retenir le bateau, il s’est accroupi auprès de l’une puis de l’autre et il a desserré chaque nœud, défait un à un tous les bouts qui retenaient le bateau, oui, il les a détachés, détachés dans la tempête.
Et de fait, il fut libre, le Merry Fisher.
J’imagine, comment il a dû cogner comme un fou sur le bois des pontons, comment il a hésité peut-être entre avancer ou bondir ou reculer comme si seulement c’était lui, le bateau, qui décidait quoi que ce soit, comme s’il avait la moindre souveraineté à faire valoir mais en réalité, sur n’importe quelle mer un peu nerveuse, un bateau, qu’il appartienne à Lazenec ou au premier imbécile venu, ni la coque bien propre ni les quatre cent chevaux qui reposaient sous les deux moteurs aux hélices relevées, rien de décidait de quel côté il se ferait balancer, ni quel rocher ou digue ou coque il irait cogner en premier, maintenant qu’il était comme un jouet d’enfant dans une baignoire agitée par tous les dieux de la vengeance et de la justice réunis, bientôt déchiqueté sur la côte et se remplissant d’eau.
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Parce que le problème, c’est que même un gars mauvais, même la pire des crapules, il y a des moments où elle n’est pas une crapule, des moments où elle ne pense pas à mal. Et croyez bien que ça ne simplifie pas les choses pour les gens comme moi. Les gens comme moi, ils ont besoin de logique, et la logique voudrait qu’un gars méchant soit méchant tout le temps, pas seulement un tiers du temps.
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En tout cas j'étais bien placé pour le voir arriver, lui, Antoine Lazenec, avec ses chaussures à bouts pointus - je ne sais pas pourquoi j'ai toujours eu du mal avec les chaussures à bouts pointus, les chaussures italiennes qui brillent même sous la pluie, comme si j'avais l'habitude de commencer par les pieds pour aborder les gens, normalement non, mais là, j'étais à tondre la pelouse du parc et donc la tête plutôt basse à surveiller l'avancée de la tondeuse sur le gazon sans trop entendre ce qui se passait autours, et ce que j'ai vu en premier, eh bien ce sont ses chaussures de cuir posées dans l'allée, aussi parce qu'elles étaient si bien cirées et si noires sur le gravier blanc, alors j'ai levé la tête et j'ai vu ce type pas très grand et presque chauve avec une veste noire et puis une chemise un peu ouverte comme un Parisien, et il me regardait sourire, attendant que j'arrête le moteur de la tondeuse.
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