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EAN : 9782378340193
283 pages
Stéphane Marsan (16/05/2018)
4/5   96 notes
Résumé :
Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.
Le lendemain matin, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu’Emma a subi. Les réactions h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Whaou… Une lecture pas facile du tout que cette Fille facile, dérangeante même ...
On est dans une toute petite ville d'Irlande et Emma a 18 ans , elle est la fille la plus canon de son lycée (un visage de poupée et un corps de rêve …) , et comme si ça ne suffisait pas, elle travaille super bien. Les filles aimeraient toutes être à sa place ( quand elles ne la jalousent pas) et les garçons… et bien , les garçons : pas besoin de vous faire un dessin .
Ce soir, il y a une fête d'enfer
Et ce soir sera la fête de trop …
Trop d'alcool, un garçon avec qui elle veut sortir, un cachet absorbé de son plein gré, une chambre, dans laquelle elle rentre de son plein gré , et le lendemain …
Oh, le lendemain….
Ses parents la trouveront allongée sans connaissance sur le perron , sans sous- vêtements, la robe relevée. Elle ne se souvient de rien mais…
Mais ces photos qui circulent sur le net… Oh ces photos !!!
et toute la ville qui les a vues…
Et ces commentaires " Trainée, pute, salope"...
Comment faire face , comment se reconstruire après "Ça" ? …

Une Fille facile parle de viol en réunion , de photos compromettantes, de harcèlement selon un angle original. L'auteure n'a pas choisi la facilité pour trois raisons.
La première , c'est que la victime n'est pas la "victime idéale".
Elle couche facilement , elle boit trop , s'habille trop court, certains diront qu'elle l'a bien cherché d'autant qu'on l'a vue aller dans la chambre de son plein gré.
Elle est un peu paumée Emma, on dira qu'elle se cherche ...Et puis, elle n'est pas très sympathique Emma. Elle teste son pouvoir de séduction sur les petits- copains de ses meilleures amies, elle est prétentieuse et du coup la gent féminine lui tombera dessus à bras raccourcis, d'autant que les violeurs en questions sont des potes, des voisins, de braves garçons…
On va pas leur gâcher leur avenir à ces pauvres petits, hein ?
Alors on traite Emma de pute, de salope, de trainée derrière son petit écran d'ordinateur… Parce qu'elle le vaut bien !
Et puis , il y a les parents…
Les parents qui font ce qu'ils peuvent , mais qui ne peuvent pas beaucoup, pas à fond… qui ne réagissent pas comme il faudrait , des parents qui se laissent aller à la facilité…

Oui, je vous aurai prévenus , Louise O' Neill ne cède pas aux ficelles de la facilité . On est dans la tête d'Emma pendant tout le roman, au début vous n'allez pas l'aimer , puis vous la plaindrez.
L'auteur ne décrit rien du viol (Emma ne se souvient de rien …) , mais elle mettra des mots sur les maux, des mots qui claquent , des mots qui dérangent, qui grattent qui piquent, qui piquent les yeux… des mots qui heurtent .
" Nous devons parler sans relâche jusqu'à ce que toutes les Emma de ce monde se sentent soutenues et comprises. Jusqu'à ce qu'elles aient la certitude qu'on les croit."

C'est un roman nécessaire, courageux et puissant.
A mettre entre les mains de grandes adolescentes pour que jamais elles ne connaissent " la fête de trop "...
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Une fille facile de Louise O'Neill m'a été envoyé par les éditions Stéphane Marsan (Bragelonne) que je remercie chaleureusement, via net galley.
Emma a dix-huit ans, c'est la plus jolie fille du lycée. En plus d'être belle, elle est pleine d'espoir en l'avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.
Cette jeune fille n'est pas farouche, elle aime les garçons, tout le monde le sait..
Le lendemain de la fête, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu'Emma a subi.
Les réactions haineuses ne se font pas attendre ; les gens refusent parfois de voir ce qu'ils ont sous les yeux.
La vie d'Emma est brisée ? Certains diront qu'elle l'a bien cherché.
Une fille facile est un roman dont la lecture m'a bouleversée.
Nous avons ici une jeune fille de 18 ans qui aime les garçons, n'est pas farouche. C'est de son age. Elle a un petit coté "salope" dixit certains, qui va faire que les gens vont penser qu'elle l'a bien cherché !
Il est évident qu'elle n'a jamais demandé à coucher avec quatre mecs différents à cette soirée. Les photos sont explicites, et il y a fort à parier qu'elle a été droguée.
Mais bon, elle l'a cherché, elle court après les garçons, a toujours des tenues un peu.. enfin vous voyez n'est ce pas !
Car comme dit un certain proverbe : Il n'y pas de fumée sans feu !
Ce roman m'a touché car je me suis facilement mise à la place de Emma. Très jolie (trop ?), très naïve quelque part, je pense qu'elle veut simplement être aimée. Elle n'a pas réfléchit, ignore ce qui lui est arrivé mais elle comprend bien que ce qui est arrivé ce soir là est grave, très grave, et a totalement gâché sa vie !
Franchement, c'est violent, très violent même. Pas dans les actes eux même mais plus dans la façon dont l'auteur écrit ça, par rapport aux paroles, aux pensées de la jeune fille.
Son entourage perd pied, Emma perd pied, tout le monde la lâche..
C'est une lecture très difficile, sur le thème du viol, mais pour moi c'est une lecture nécessaire à faire lire aux jeunes filles et à leurs parents.
Certes c'est un roman mais on sait très bien que les gens jugent facilement les autres, et qu'une fille un peu trop "gentille" avec les garçons va passer pour ce qu'elle n'est pas forcément. Et le payer au prix fort !
Une fille facile est un excellent roman, il faut avoir le coeur accroché mais je le recommande et je mets quatre étoiles et demie.
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Si vous cherchiez l'équivalent d'un coup de poing dans l'estomac, c'est un livre que je recommande ! J'avais lu "Alsmost Love" de Louise O'Neill, l'année dernière. J'avais apprécié sa manière très lucide de traiter de sujets qui étaient assez peu abordés comme la dépendance affective et les rapports de domination dans les relations homme-femme. Je récidive avec Une fille facile ("Asking for it" en VO), qui l'a véritablement révélée.

L'autrice se base sur des témoignages de ses amies pour construire son histoire. Elle nous propose donc un roman glaçant sur les viols et la façon dont ils sont considérés dans la société. Nous suivons la très belle Emma à deux moments clés de cet événement traumatisant. La fête, le viol et les quelques jours suivent, ainsi qu'un plus tard, avec les répercussions du scandale.

Louise O'Neill a fait le choix intelligent de défier les lecteurs sur leurs propres croyances et perceptions. Pour cela, elle a choisi (comme dans dans Almost Love) de faire du personnage principal une fille difficile à apprécier. Emma est très jolie et très populaire. Prétentieuse, orgueilleuse, compétitrice, elle n'hésite pas à rabaisser ses amies pour paraître sous son meilleur jour. Elle flirte avec les petits amis de ces dernières. Enfin, elle boit beaucoup, aime s'habiller très léger et n'est pas vraiment farouche. C'est la pire victime qu'on puisse imaginer et ses connaissances ne l'épargneront pas.

D'ailleurs, il est très intéressant de voir la grande hypocrisie sociale autour d'Emma dans ce petit village. Hier, admirée, le lendemain, humiliée. Tout le monde voulait devenir son ami ou coucher avec elle. Ce personnage est l'occasion pour Louise O'Neill d'aborder des thématiques délaissées et dont le principe a du mal à être compris par le grand public. le slutshaming évidemment, ou l'humiliation des salopes, qui consiste à dévaloriser une femme parce qu'elle a des moeurs considérées comme légères, ce qui amène bien sûr à la culpabilisation des victimes. On notera que pour les hommes, ça n'existe pas. le consentement aussi, qui semble être une notion qui dépasse l'entendement.

Le manque de soutien et de crédit accordé aux victimes de viol est montré de manière très criante. Si certains professionnels tentent de soutenir Emma, les actes semblent tellement dérisoires comparés au reste de sa situation qu'ils ne peuvent que laisser désemparé. La famille d'Emma tente également de la soutenir, mais ils ne savent pas comment réagir. D'autant plus qu'Emma tombe dans une phase de dépression de culpabilisation très lourdes.

L'écriture de Louise O'Neill soutient son propos à merveille. Comme toujours, le style est à première vue simple et direct. Mais elle parvient à créer l'émotion en plaçant des phrases chocs ou des réflexions très lucides autour de ce que ressent Emma. Cette dernière a d'ailleurs une conscience très aiguë de la difficulté de sa situation, ce qui vient contrebalancer son image de jeune fille superficielle et peste pour un personnage qui connaît parfaitement les codes sociaux et qui parvenait à en jouer.

"Une fille facile" est une lecture éprouvante qui nous amène à réfléchir sur des sujets très graves avec lucidité et une grande maîtrise dans le propos. C'est encourageant de voir ce type d'oeuvre traiter de manière aussi juste des problématiques très présentes dans nos sociétés et qui méritent d'être modifiées en profondeur. Louise O'Neill nous met face à un récit de dénonciation fort et qui reste longtemps en mémoire.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Traduit par Nathalie Guillaume

Emma a 18 ans et vit en Irlande dans la petite ville de Ballinatoom. L'histoire commence un jour de canicule ! Emma vit chez ses parents avec son frère aîné, Bryan. Comme toutes les ados, elle traîne toujours avec sa bande de copines, où elle parle fringues, make up et garçons. Emma est la fille populaire de son lycée, elle a un physique parfait et elle est brillante élève. Seulement, on sait bien que la perfection, ça agace. Emma est consciente des regards qu'elle suscite à son passage et elle en joue.

Un jour, elle participe à une soirée entre copains et copines, comme elle a l'habitude de le faire. Sauf qu'elle ignore que c'est la soirée qui va faire basculer sa vie de l'autre côté du miroir, du côté de l'enfer et du sadisme, de la cruauté gratuite qui s'ajoute à la cruauté de l'acte qu'elle a subi, à savoir non pas un viol, mais plusieurs, lors de cette même soirée. de la part d'inconnus ? Non, pas du tout. de la part de ceux qu'elle fréquente depuis l'enfance, des ados de son âge. Les réseaux sociaux, le machisme, la recherche de l'audience médiatique et la connerie humaine font le reste.

Un roman sur le viol. Ce n'est certes pas le premier. C'est un sujet délicat à aborder. L'écueil a éviter est celui du roman qui est perçu comme faisant dans le sensationnel, dans l'émotion pure.
Louise O'Neill, je vous le dis tout de suite, évite tout à fait cet écueil et vous plonge dans l'enfer de la tête d'Emma et du comportement incompréhensible de son entourage, de ses bourreaux et de la société.
La fin m'a fait hurler mais Louise O'Neill explique pourquoi elle a décidé de finir son histoire ainsi. La faire se terminer autrement lui aurait paru pas très crédible.

Emma fait partie de la digital native, cette génération née avec Internet et smartphone. L'auteure montre des ados qui passent leur temps à se liker sur Facebook, à poster des commentaires, à faire des photos, des vidéos. Lors de la tragique soirée, des photos vont être prises et postées sans vergogne sur les réseaux sociaux, avec tag. Une page dédiée spécialement à Emma va être créée, déversoir de haine, d'insultes, de propos calomnieux. On va la harceler, lui envoyer des textos et mails en ravales pour l'insulter en permanence. Elle devient la menteuse, la pétasse, la traînée, la pute, la salope qui l'a bien cherché, la fille qui porte des robes tellement courtes qu'on voit sa culotte... Et comme si ça ne suffisait pas, une célèbre émission de TV irlandaise s'empare de son cas. Un groupe de soutien se crée aussi sur les réseaux. Elle devient La Fille de Ballinatoom. Désincarnée d'elle-même, Emma voudrait juste qu'on lui fiche la paix.
"Je me réveille en pleine nuit. Je me rappelle. Je suis la chair rose. Je suis les jambes écartées. Toutes les photos, les photos et les photos. J'ouvre mon ordinateur. Je lis les articles du Jezebel, xoJane, le Journal, le Guardian et le New Statesman. Puis je fais défiler l'écran jusqu'aux commentaires.
Elle est allée dans cette chambre.
Elle a trop bu.
Elle a pris des drogues.
Personne d'autres ne sait ce qui s'est passé dans cette pièce à part ceux qui s'y trouvaient.
Elle a dit à la police qu'elle faisait juste semblant de dormir.
Elle est allée à une autre soirée chez Dylan Walsh un mois après ce qui s'est produit. Est-ce qu'elle aurait fait ça si on l'avait vraiment violée ?"

Emma porte plainte. Cependant on l'informe qu'en "vertu de la loi irlandaise, [elle] n'a pas droit à la représentation légale séparée. (...) le directeur des poursuites pénales amènera les accusés en justices et les poursuivra au nom de l'Etat irlandais. Pas au nom d'Emma". Et sachez que "le taux de condamnation est terriblement bas" en Irlande. Il y a bien un centre d'aide aux victimes de viol, mais on ne lui en dira pas trop.

"Je suis remplie de cette honte, et elle m'accable, m'enchaîne les pieds", explique Emma. Ce poids de la culpabilité comme une violence inversée : elle n'est coupable de rien (si ce n'est d'avoir bu et pris de la drogue, comme ses amis), mais tout le monde va lui faire sentir qu'elle était habillée trop provocant, comme si elle une femme n'avait pas le droit de disposer de son corps. Eh oui ! Qui n'a jamais entendu sa dans sa vie de femme : t'es habillée trop truc ou trop machin, fais attention, tu risques des ennuis... C'est tellement ancré dans la tête de tout le monde que beaucoup de femmes se culpabilisent même d'être trop belles !

Louise O'Neill emploie parfois un vocabulaire cru, à la hauteur de la violence et du traumatisme subis par Emma. La force de l'auteure est de vraiment arriver à vous plonger dans l'état d'esprit d'Emma, dans sa souffrance et ses contradictions qui font qu'elle va finir par faire le mauvais choix, sous la pression de la société qui ne rend pas justice aux femmes. J'ai eu envie de claquer ses parents, en plus de tous les autres ! Savoir qu'il y a en gros 1% de condamnation qui aboutissent en Irlande parce que les plaintes restent très faibles me fait m'insurger ! Allez les Irlandaises, vous venez de voter pour le droit à l'avortement, le droit des femmes à disposer d'elle-même, eh bien la prochaine étape sera de tenir la dragée haute à tous ceux qui abusent de vous. La culture du macho, ça suffit ! Et la France peut vous emboîter le pas car on n'a rien à vous envier.

"On nous a toujours répété que celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas. L'alcool au volant, c'est dangereux. L'alcool au volant tue des gens, gâche des vies.
Il y a d'autres manières de gâcher des vies. On ne nous a jamais mis en garde contre celles-là."

A l'heure du #metoo, voici un roman catalogué un peu trop vite young adult qui est à mettre entre toutes les mains.
"Notre société ne semble peut-être pas soutenir les violences sexuelles, mais vous n'avez pas besoin de creuser beaucoup sous la surface pour apercevoir combien nous banalisons le viol et les agressions sexuelles. Celles-ci (qui vont des attouchements sexuels au viol) sont tellement courantes que nous les considérons presque comme inévitables pour les femmes. Nous assommons nos filles de précautions pour éviter de se faire violer, comme s'il s'agissait d'une triste fatalité, comme si c'était un combat perdu d'avance" explique Louise O'Neill. En discutant avec des femmes, seulement 1 sur 20 a signalé les agressions dont elle été victime à la police de peur de ne pas être crues. Comme dit Louise O'Neill "Je n'ai pas de réponse à ça" mais "je ne veux plus vivre dans un monde comme celui-ci".

"Nous devons parler sans relâche jusqu'à ce que toutes les Emma du monde se sentent soutenues et comprises. Jusqu'à ce qu'elles aient la certitude qu'on les croient", conclut l'auteure dans la post-face de son livre. Je ne peux qu'être d'accord.

Je vous conseille donc fortement ce roman irlandais qui restera ancré dans votre mémoire pendant un moment, je pense. C'est le deuxième de l'auteure, est un best seller en Irlande où il obtenu plusieurs prix.
Quant à Louise O'Neill, elle est née en 1985 dans le comté de Cork.

Merci aux éditions Stéphane Marsan de faire connaître Louise O'Neill en France !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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> https://booksandrap.wordpress.com/2018/06/07/une-fille-facile-louise-oneill/


J'attendais que ce livre soit traduit depuis tellement de temps que dès que je l'ai eu entre les mains, j'ai eu toutes les peines du monde pour ne pas tout abandonner et me plonger dedans directement. Je l'ai adoré. Et je sais d'ores et déjà que mon avis sera compliqué à écrire tant j'ai du mal à trouver les mots exacts pour vous exprimer pourquoi il faut lire ce bouquin et pourquoi j'ai pris un réel plaisir à le dévoré. Je dois dire que l'immersion fut rapide. Dès le début j'ai été tout de suite immergée dans cette ambiance très friquée où les apparences comptent plus que tout.
Mais c'est aussi terriblement difficile. L'auteure ne nous épargne pas. On apprends tout les détails, on découvre ce qu'Emma à subit durant cette soirée. On découvre les commentaires que les gens se permettent de faire, les photos qu'ils ont postés. C'était absolument horrible de faire face à tout cela et de découvrir qu'elle se retrouve seule pour tout affronter.
La manière dont le lecteur découvre en même temps que notre personnage principal le contenu de cette page Facebook est très brutal. Rien n'est censuré. C'est un roman qui, bien qu'il mets en scène des ados, est très mature et très soutenu.


Je ne pensais pas avoir autant de mal avec le personnage d'Emma.
Je m'attendais à l'adorer, je m'attendais à avoir beaucoup de compassion pour elle et même si j'ai eu de la peine pour ce qui lui arrive j'ai eu beaucoup de mal durant les 100 premières pages à ne pas lever les yeux au ciel toutes les 5 min face à son comportement. J'ai eu du mal avec son caractère très hautain et très superficielle. J'ai détesté le fait qu'elle se trouve magnifique et qu'elle ne puisse pas s'empêcher de vouloir attirer les regards. Je n'ai sincèrement pas compris cette jalousie qu'elle a envers son groupe d'amies, on sent clairement cette concurrence et tout le côté très hypocrite qui caractérise bien leur petit groupe. Et pourtant le lecteur comprends très vite que ça cache aussi un manque de confiance en soi, un besoin de se rassurer. Elle a besoin d'avoir toute l'attention sur elle. de plaire à tout le monde même si elle même n'est pas intéressée pour se rappeler qui elle est. Ca me faisait de la peine pour elle d'être aussi dépendante des gens.
Et arrive ce moment fatidique. Cette soirée, ce trou noir. Elle fait face seule aux insultes, aux photos d'elles, à l'isolement. Personne ne mérite ce qu'elle a vécu. Quant bien même elle s'est habillée de manière provocante. Quant bien même elle avait bu de l'alcool ou consommé de la drogue, son corps lui appartient.


En plus d'aborder ce thème très sensible qui est le viol on parle aussi de consentement. de l'importance d'un oui et des silences à prendre en considération. de réseaux sociaux et d'image et cela m'a énormément plu. J'ai aussi adoré découvrir que l'auteure va au-delà de ça et aborde aussi dans un autre temps, la complexité des relations familiales. Pour le coup on sent toute cette pression qu'Emma subit au quotidien, de devoir toujours être irréprochable, de toujours devoir être parfaite. On sent que c'est usant et épuisant pour elle de devoir toujours être constamment impeccable pour sa mère plus particulièrement qui est très dure avec elle. C'était étouffant et très anxiogène par moments. Et même si cela n'excuse pas son comportement au quotidien avec les autres, cela nous fait tout de même l'apprécier davantage.
Quand j'ai tourné la dernière page de ce roman je me suis sentie frustrée. Frustrée de la manière abrupte dont tout cela se termine, déçue et frustrée de ne pas voir Emma se battre davantage et faire avancer son histoire. Et puis j'ai lu les remerciements et les mots de l'auteure m'ont tout de suite apaisée. Cette fin peut paraître incomplète et pourtant elle est réaliste.
Vous l'aurez compris je vous recommande cette histoire. Pour le courage qu'à eu l'auteure de faire un roman au thème parfois tabou mais surtout très difficile qu'est le viol et de l'avoir si bien réalisé. le personnage d'Emma est absolument incroyable. Détestable dans un premier temps et terriblement fragile par la suite, j'ai eu envie de la protéger pour tout ce qu'elle se prends dans la tête. Lisez-le si ce sujet n'est pas trop sensibles pour vous car il vaut clairement la peine de se plonger dedans !


Lien : https://booksandrap.wordpres..
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
( J'ai entendu qu'elle portait une jupe si courte qu'on voyait sa culotte… Attendez, j'ai entendu qu'elle ne portait même pas de sous - vêtements.. .), qu'elle avait trop bu ( j'ai entendu qu'elle avait sifflé une bouteille de vodka avant de partir de chez elle… Non, j'ai entendu qu'elle avait pris vingt shots de tequila et qu'ensuite elle avait embrayé sur la vodka), qu'elle avait pris des drogues ( de la coke… des cachets ? … Non, j'ai entendu que c'était de l' héroïne, mais qu'elle l'avait juste fumée.. .) , qu'elle était vraiment trop conne, putain ? Trop conne pour vivre , en fait.
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Je suis restée assise toute seule dans la salle d'attente stérilisée, les yeux rivés au mur sur un poster en noir et blanc , la photo d'une fille allongée par terre, le maquillage étalé sur la figure. Il disait qu'un viol signalé sur trois se produit quand la victime boit. C'était sa faute ( Ma faute. Ma faute.)
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Les jupes au ras des fesses , les hauts échancrés jusqu'au nombril, et elles boivent toutes trop et trébuchent dans les rues, elles poussent au crime, et quand ce qui doit arriver arrive, elles se plaignent et se mettent à pleurnicher. Comme disait votre autre intervenant, à quoi d'autre peuvent- elles s'attendre ?
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" Vous me le diriez si vous aviez encore des pulsions suicidaires , n'est-ce -pas Emma ? " me demande la thérapeute après chaque séance. Je souris et répond que je le ferais. Je mens, . Jamais je ne lui dirais. Elle pourrait tenter de m'en empêcher.
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Emma. (Elle se racle la gorge et reprend plus fermement.) Emma. J’ai surpris deux élèves de troisième en train de regarder des photos indécentes sur Facebook.

Les os de mon squelette se déplacent, se resserrent comme une cage autour de mon cœur, en exprimant tout l’air que j’ai dans les poumons.

― Est-ce que vous voyez de quoi je parle ? poursuit-elle. Tous les murs s’effondrent. Tombent en miettes. (Chair rose. Jambes écartées de force.) Mon corps ne m’appartient plus. Ils ont gravé leur nom partout dessus.

Emma la Salope.

― Oui. Ce mot est comme une limace sur ma langue, épais et baveux.

― Est-ce que vous comprenez pourquoi je m’inquiète ?

J’ignore pourquoi elle ne se contente pas de m’annoncer que je suis virée, que je devrai aller dans l’une de ces boîtes privées en ville pour passer mon diplôme, et que je ne pourrai sans doute pas rester là-bas non plus, parce qu’il y aura quelqu’un qui a une amie d’amie de Ballinatoom, et elle enverra le lien vers la page, cette page, avec toutes ces photos et tous ces commentaires, toujours plus nombreux à chaque seconde qui s’écoule. C’est comme un incendie de forêt, hors de contrôle, qui m’embrase sur son passage.

Ne les lis pas. Ne les lis pas. (Certaines personnes méritent qu’on leur pisse dessus.)

Dans le nouveau lycée, il y aura les mêmes chuuut quand j’entrerai dans une pièce, les mêmes rangées d’yeux rivés sur moi, les mêmes silences qui se creuseront quand je passerai devant une table, les mêmes éclats de rire quand je partirai. Cette pensée me donne envie de m’allonger, m’endormir et ne plus jamais me réveiller.»
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