Le chef viking Valdemar en a plus que marre d'entendre encore et toujours la même histoire de Snoguld et de Jiokl le gardien à huit têtes : il exécute son scalde, et somme ses fils de lui ramener avant un an une nouvelle saga à conter sinon leur mère subira le même sort… le premier engage les services des écumeurs des mers de Roald le Borgne, le deuxième ceux des bras cassés de la strong independant woman Brynhild : la série nous offre donc une course au trésor, mais on se doute bien que le récit qu'ils recherchent sera celui de leur quête (voire que l'histoire du Snoguld est elle aussi le récit d'un quête qui a véritablement existé ^^)… Toutefois je suis un peu perplexe sur le choix de réaliser une odyssée viking à la sauce fantasy vu qu'on pioche largement dans les classiques de la mythologie grecque (ils sont universels certes, mais dans ce cas autant conserver leur univers ^^)…
Mine de rien nous somme dans un récit choral, puisqu'on ne s'attarde pas seulement sur les trois frères Skeggy, le bellâtre à la langue fourchue, Sligand, l'échelas aux grands principes, et Knut, le rusé Petit Poucet ayant plus de bon sens que ses deux aînés réunis, mais aussi sur Almarik le berserker hématophobe, le terrible capitaine Roald, la sémillante capitaine Brynhild, le pilote Osfrid ou l'oracle Dankrad… Un chouette dramatis personnae qui sent bon les BD à la
Christophe Arleston, que l'éditeur a le bon sens de présenter en images avec le résumé des événements en début d'album et tous les éditeurs devraient suivre cet exemple ! (Toutefois, j'aurais bien aimé qu'on ne s'attarde pas sur les délires BDSM de Waldemar et sur le calvaire de Bathilde…)
Le scénario de Hub, les dialogues de
Fred Weytens, les dessins d'
Emmanuel Michalak, les couleurs de Drac : tout est sympa dans cette série, univers à étage et nombreux personnages compris, pourtant elle n'est pas parvenue à m'emballer plus que ça :
- est-ce que je suis plus sensible aux univers et à l'humour d'
Arleston qu'aux univers et à l'humour de Hub ?
- est-ce qu'il manque le petit truc scénaristique ou graphique qui sépare le très sympa du très bon ?
- est-ce que je suis mithridatisé à force d'avoir lu des séries fantasy de ce type ?
- est-ce que je suis définitivement trop vieux pour ces conneries ?^^
J'ai un peu peur qu'on touche une nouvelle fois aux limitations du mode de fonctionnement de la BD franco-belge car la série a été annoncée en 4 tomes, avant d'être annoncé en 6 tomes, si elle n'est déjà pas tombée dans le « tant qu'on gagne on joue »… Comment conserver une continuité dans le récit quand sa durée est fonction des chiffres de ventes ? Sans parler qu'une ou plusieurs années séparent chaque tome de 48 pages, donc les auteurs, les lecteurs et les modes changent au fil du temps et l'histoire semble bifurquer à chaque tome…
Qu'est-ce c'est que cette histoire de livre magique convoité tant par les hommes que par les dieux qui délivre un contenu différent en fonction de son lecteur (ou pas, d'ailleurs !) ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Torv le fou, prédécesseur de nos héros dans le monde du dessous ? Qu'est-ce que c'est que histoire de diablotin qui manipule tout le monde au nom d'on ne sait qui ? Qu'est-ce que c'est ce mystérieux prisonnier qui du fond des enfers utilisent nos héros comme des pions pour obtenir sa libération ? Et qu'est-ce que c'est que demi-dieu grec vêtu d'une peau de lion et arme d'une massue qui s'est perdu dans un univers viking ?
J'ai comme une petite impression d'improvisation vu que la cohérence de ces éléments mis en avant ou mis de côté en fonction des intérêts du moment est mise à l'épreuve… Alors vu qu'on reste dans le flou sur tout ça, la série peut retomber sur ses pieds à la fin comme elle peut aussi tourner à l'eau de boudin… (comme le sentiment que les auteurs ont "La Quête de l'oiseau du temps" dans le rétroviseur, je vais leur laisser le bénéfice du doute ^^)